JARNOTTE [ʒaʀnɔt]
n. f.
Nom donné à diverses plantes indigènes produisant de petits tubercules comestibles, en partic. à la médéole de Virginie ( concombre sauvage) et à l’apios d’Amérique ( patate en chapelet); nom donné aux tubercules eux-mêmes.
Par ext., VieuxPetite pomme de terre.
Lilium sive martagon pusillum, virginianum [...]. Cette plante a la racine charnue et de figure ovale [...]. On l’appelle jarnotte en Canada, elle se trouve dans les forets claires et dans de bonnes terres. Un Jésuite a crû qu’on pouvoit faire du pain de son oignon. 1709 env., BAnQQ, fonds J.-Fr. Gaultier, « Catalogue des plantes du Canada », p. 142-144 (ms.).
À ces produits alimentaires, s’ajoutaient d’autres légumes et fruits : la médéole, dont le nom populaire jarnotte nous est venu de Scandinavie en passant par la Normandie, fournissait un légume à saveur de concombre que l’on cuisait sous la cendre [...]. 1957, J. Rousseau, dans Les Cahiers des Dix, no 22, p. 195.
La dernière excursion de l’été se fait à Lotbinière où l’abbé Brunet herborise dans les champs et sur la grève. Toujours préoccupé de son jardin botanique, il en rapporte non seulement des spécimens d’herbier, mais aussi quelques plantes vivantes, dont des tubercules de « jarnotte » (Apios americana) qu’il plante à son retour dans les jardins du Séminaire. 1960, A. Maheux, dans Le Naturaliste canadien, vol. 87, no 3, p. 57.
La jarnotte, ça c’est sucré, on s’en ramasse des paquets dans la cache. Ah! C’est sucré pareil comme du lait, ça. Ça, c’est bon, bon, c’est merveilleux! […] C’est une plante qui s’arrache avec la glace, pis il s’en traîne de même sur les rigolets. […]. Ça, on voit ça seulement le printemps. 1960 env., Isle-aux-Coudres (Charlevoix-Ouest), AFEUL, P. Perrault 560 (âge de l’informateur : n. d.).
Histoire
Depuis 1709 environ. Héritage de France; jarnotte (variante gernotte) est bien attesté dans les parlers du Nord et du Nord-Ouest pour désigner une ombellifère à petits tubercules comestibles, la terre-noix (v. FEW m. néerl. erdnote 152, 89a, et RollFlore 6, p. 166). Cp. en outre giernote en ancien français, également pour désigner la terre-noix (v. FEW id.).