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HADDOCK [ˈadɔk] ou  HADDECK [ˈadɛk]
n. m.

Rem.

Variantes graphiques : hadock, hadeck, hadec.

  

VieilliNom donné à l’aiglefin (Melanogrammus æglefinus) et, en partic., à sa chair qui est très estimée.

Du filet de haddock. Haddock fumé.

Rem.1. Les pêcheurs du golfe du Saint-Laurent utilisent aussi le nom de poisson de Saint-Pierre (voir poisson, sens II.4). 2. Haddock est employé couramment en France pour désigner la chair fumée de l’aiglefin.

C’était aussi l’avis de l’auditoire; car pour certains pêcheurs il y a des poissons auxquels on ne touche pas. Exemple : l’espèce de morue que le commerce désigne sous le nom de hadock et que le vulgaire appelle le poisson de Saint-Pierre. 1874, Faucher de Saint-Maurice, À la brunante, p. 272.

Un grand obstacle se dressait devant les missionnaires agricoles : l’homme qui se livre à la pêche [...] prend dans son métier de marin une certaine antipathie pour les travaux des champs; sa journée est presque toute employée à recueillir la boète – c’est l’appât pour le poisson – et la morue, le hadeck ou l’espadon. 1920, J.-É. Robitaille, dans Le Canada français, vol. 5, p. 25.

Nous ne serons satisfaits encore que lorsque nos bonnes morues de Gaspé auront reconquis leur place d’autrefois sur nos marchés et fait perdre aux « haddocks » étrangers l’exclusiveté [sic] presque absolue dont ils jouissent actuellement. 1933, L. Bérubé, dans Le Canada français, vol. 20, p. 818.

En Gaspésie, on désignait dédaigneusement l’aiglefin par morue de colle. Par contre, on l’appréciait beaucoup à Montréal. Le nom haddock (prononcé hadec), sous lequel il est généralement connu, semble indiquer que les anglophones l’ont introduit sur le marché. On vend maintenant les filets seuls, mais peut-on oublier le hadec entier, simplement poché et nappé d’une sauce blanche aux oignons? 1967, J. Rousseau, dans Cahiers de géographie de Québec, no 23, p. 236.

Histoire

Depuis 1863 (haddock, v. Rapports annuels de Pierre Fortin [...] pendant les saisons de 1861 et 1862, p. 78; haddeck, depuis 1909, Dionne). De l’anglais haddock (v. Random 1983 et Webster 1986); la variante haddeck, qui n’est pas relevée en anglais, doit s’expliquer par la prononciation du mot (la voyelle de la seconde syllabe peut s’apparenter à un [ɛ] pour une oreille francophone; DARE précise que le mot se prononce comme s’il s’écrivait haddick). En France, on a emprunté le mot dès le début du XVIIIe s. et il sert depuis à désigner spécialement la chair fumée du poisson que l’on nomme par ailleurs aiglefin lorsqu’il se présente à l’état frais (v. BW5, s.v. haddoc, PRobert 1993 et PLar 1995; v. aussi LarGastr, s.v. églefin et haddock; v. enfin Larousse 1866 et Besch 1892, qui sont les seuls dictionnaires à enregistrer la variante hadec). La distinction établie dans l’usage de France entre les mots haddock et aiglefin a été sanctionnée par les lexicographes (v. ReyDAngl3 : « nous préférons avoir deux mots distincts pour ces deux présentations du poisson »), mais, au Québec, elle n’a pas reçu bon accueil auprès des terminologues qui ont plutôt recommandé le seul usage de aiglefin et condamné le mot haddock, dans tous ses emplois, en raison de son origine anglaise (v. OLF-Pêche-1, p. 23, n. 22; v. aussi BNQ-Pêches2 15, s.v. églefin, OLF-Avis4, no 623, et Multi 1992).

Version du DHFQ 1998
Trésor de la langue française au Québec. (1998). Haddock ou haddeck. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 29 mars 2024.
https://www.dhfq.org/article/haddock-ou-haddeck