GRAISSOUX, GRAISSOUSE [ɡʀɛsu, ɡʀɛsuz]
adj. et n.
Variante graphique : graissou, graissoue.
adj. Pop.Sali, taché de graisse, imprégné d’une matière graisseuse.
Avoir les cheveux graissoux, les mains graissouses.
n. RarePersonne malpropre.
Il y a un tas d’articles que j’ai cru que ça valait pas la peine d’emporter en Angleterre, parce que le fret à payer serait trop cher, de sorte que je les ai laissés dans la remise au bois. [...] Il y a deux souricières dont les ressorts sont rouillés [...], une poélonne félée, une boîte à chapeau en carton bleu défoncée, une vieille strappe à rasoir écharognée, [...] un vieux tablier graissoux de la cuisinière et un parapluie de coton avec trois baleines brisées. 1883, Le Grognard, Montréal, 20 octobre, p. [2].
Ici le juge demande à examiner le poing du prisonnier, qui étend le bras en disant : « Excusez-le, M. le juge, y est sale et un peu ‘graissoux’ [»]. 1932, Vieux Doc, Quarante ans sur le bout du banc, p. 95.
– Voudriez-vous me mettre un peu de crème dans le dos? [/] Martine me tend la bouteille, je lui badigeonne généreusement le dos et les épaules. – En voulez-vous? – Pourquoi pas? [/] Elle me frotte à son tour et nous rions de nous voir tellement « graissouses » comme on dit chez nous. 1983, M. Claudais, Un jour la jument va parler..., p. 201.
n. m. VieilliAide-cuisinier. (PPQ 1284b et Lavoie 397).
adj. (Hapax). Qui fait de l’embonpoint.
La bourgeoise est beaucoup mieux de sa jambe. Ça lui a pris beaucoup de temps à se guérir. Vous savez que les personnes graissouses comme elle se guérissent plus lentement que les personnes chéties [= chétives]. 1883, Le Grognard, Montréal, 21 avril 1883, p. [2].
adj. (Hapax). Fig.(En parlant du ciel). Couvert de nuages, sombre.
Le ciel commençait à être graissoux et je craignais qu’il vint mouiller. 1879, Le Vrai Canard, Montréal, 31 octobre, p. 2. Cp. graissé « id. » (s.v. graisser, sens II.1).
(Variante suff., hapax). Graissouilleux adj.
L’humidité rend l’atmosphère pésante, ça convient pas l’yable à méditation, tout est graissouilleux [...]. 1973, J.-M. Poupart, Chère Touffe, c’est plein plein de fautes dans ta lettre d’amour, p. 104.
Histoire
Depuis 1810 (Viger 260). Variante de graisseux, relevée notamment dans les parlers du Nord-Ouest et de l’Ouest de la France (FEW *crassia 2, 1277a, VerrAnj et MinPoit2 356). Pour le sens d’« aide-cuisinier », cp. graisseux « cuisinier de compagnie » dans la langue des militaires français au début du XXe s. (v. EsnArmées).