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GRAISSAGE [ɡʀɛsaʒ]
n. m.

1

VieilliTout corps gras alimentaire (graisse, lard, etc.).

2022, TLFQ, Graissage [photo].

 Résidus de corps gras, employés notam. dans la fabrication traditionnelle du savon.

Trente livres de graissage. Faire fondre du graissage. (Au pluriel). Ramasser les graissages pour faire du savon du pays.

1 tinette et graine de lin [...] 1 chaudière de cuivre [...] 1 escoupe [= écope] et graissage [...] 1 terrinée de suif. 1803, Rivière-Ouelle (Kamouraska), BAnQQ, gr. A. Dionne, 31 mars, p. [3].

Prenez l’hiver : les boucheries, c’est bien du berdas [= barda*]. Le boudin. La saucisse de trois ou quatre gros lards, les têtes en fromage, les cretons, les pâtés à la viande. Ça fait bien du graissage. Partager la viande avant de la mettre geler. L’envelopper morceau par morceau, avant de la cacher dans les carrés d’avoine. 1950, Fr. Gaudet-Smet, Racines, p. 46.

La brassée de savon [titre]. J’en ai faite moé-même. On trimait un feu avec une grande chauguiéré [= chaudiérée « contenu d’un seau »] de fer, pis on mettait du graissage qu’on faisait fonde. Quand l’graissage était fondu on mettait du costic [de la soude caustique] pis on faisait une lessive forte pis quand la lessive était assez forte on brassait. 1977, R. Tremblay, Un pays à bâtir, p. 265.

VieuxGraissage de roues, servant à graisser les essieux. (Voir notam. GPFC).

 (Variante). VieilliGraissaille n. f.

De la graissaille, des graissailles.

Voir l’exemple de A. Laberge (1936) cité s.v. quick lunch.

2

Fig.Action de soudoyer (qqn), de lui offrir un pot-de-vin; le pot-de-vin lui-même.

 graisse (sens IV).

– Mon vieux Ladébauche, me dit, l’autre matin, monsieur David, qui m’avait téléphoné de passer le voir à l’hôtel de ville, faut absolument que vous descendiez à Québec pour faire passer le « bill » de Concordia. Il n’y a que vous à qui je veux confier cette mission. [...] – Amenez-le ce « bill »-là, et vous allez le voir passer en scie ronde comme on dit dans les salons de la rue Sherbrooke. [...] Comme de raison, il y aura peut-être un petit peu de graissage à faire; faudra pas être trop regardant sous ce rapport-là. 1912, La Presse, Montréal, 3 février, p. 4 (chron. humor.).

– Clémence : Et les pots-de-vin? – Bruno : À supposer, pour un instant, que j’en aie reçus. Qu’est-ce que j’aurais donc fait que lui-même Cormier ne fait à cœur de semaine? [...] Il ne reçoit rien? Ne donne rien? Ne graisse personne? [...] Ce serait plus mal pour moi que pour lui? – Clémence : C’est à vous d’en juger. – Bruno : « Le graissage », les pots-de-vin, c’est comme le patronnage [sic] et la caisse électorale! C’est accepté! C’est reconnu! Dans les mœurs! Inutile de vouloir y changer quoi que ce soit! 1958, G. Dufresne, Cap-aux-Sorciers, 27 février, p. 9-10 (télév.).

Il faudrait être naïf ou aveugle pour nier l’existence d’une mécanique qui favorise les amis du régime. De la nomination de sénateurs à la désignation de certains ambassadeurs, l’air est bien connu. Mais encore? Les procès tenus au cours des deux dernières années à la suite de révélations « scandaleuses » n’ont pas permis de cerner davantage ce phénomène de favoritisme, de patronage, de graissage ou tout simplement de malversations. 1988, Le Devoir, Montréal, 25 août, p. 6.

Le graissage des firmes professionnelles [...] coûte cher aux contribuables québécois, a-t-il déclaré, hier, parce que, en plus des montants faramineux versés aux firmes professionnelles, ils continuent de payer les employés du ministère des Transports qui effectuaient ce travail auparavant. 1993, Le Journal de Québec, 26 janvier, p. 8.

Histoire

1Depuis 1803. Héritage de France. Relevé en français du XVe au XIXe s., de même que dans les parlers du Nord-Ouest, de l’Ouest et du Centre de la France (v. FEW *crassia 2, 1277a, et crassus 2, 1283a; v. aussi DavTour et JaubCentre2). Graissaille (depuis 1813, région de Montréal, BAnQQ, gr. A.-Ch. Le Noblet Duplessis, 6 avril, p. [10] : une cuvette avec des graissailles) est probablement un héritage des parlers de France; cp. graissaille au sens de « souillure produite par une matière grasse » et au sens de « tartine » dans le Poitou (v. MinVienne1, s.v. graissée, RézVend 167 et SvensVend 172). 2Depuis 1912. Relevé en français argotique au début du XXe s. (v. EncXXe et FrVerte).

Version du DHFQ 1998
Trésor de la langue française au Québec. (1998). Graissage. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 9 décembre 2024.
https://www.dhfq.org/article/graissage