GRAFIGNEUX, GRAFIGNEUSE [ɡʀafiɲø, ɡʀafiɲøz]
adj. et n.
Variantes graphiques : graffigneux, graffigneuse, graphigneux, graphigneuse.
adj. et n. Rare(Personne) qui grafigne (sens I.1).
Non, pas en hiver!!! On n’entend plus parler de « Grafigneuse de traineaux?? » Oh! mais!! nous ne sommes pas en hiver!! Parlez plus tôt cet automne!! Les « Américaines d’eau douce » seraient plus de circonstance!... 1910, Le Canard, Montréal, 17 juillet, p. 4.
La grafigneuse d’autos plaide coupable [titre]. [Une femme] a reconnu, hier, sa culpabilité aux accusations portées contre elle, soit d’avoir abîmé la peinture de 67 automobiles neuves dans la cour de deux concessionnaires de Charlesbourg. 1998, Le Soleil, Québec, 28 mai, p. A5.
Les deux chiens et deux chats se promènent partout, les travaux de construction importants à l’arrière provoquent de la saleté (boue, poussière, etc.) constante. Ce matin, en attendant le départ vers l’orphelinat des tout-petits (mordeux et grafigneux), je pratique avec ma lentille macro sur des mouches comme sujet… 2012, Jour 12 : La famille s’agrandit… dangereusement!, Louise : passion voyage (site Web), 25 décembre (billet de blogue).
n. Fig., fam.Personne grincheuse.
adj. Qui est critique, acerbe, grinçant.
Tout ce qui constitue le menu habituel des conversations « grafigneuses » d’une certaine colonie artistique montréalaise apparaît dans le film à un moment ou à l’autre. 1976, L’actualité, Montréal, décembre, p. 94.
Dans le fond, ce qui m’inquiète le plus, Marcel, c’est l’humeur avec laquelle nous abordons nos problèmes. Si je compare avec le début des années 60, je trouve que le monde est plus triste au Québec. Nous sommes devenus, ne trouves‑tu pas, acrimonieux, grincheux, graffigneux. La joie et l’humour sont passés de mode. 1980, Possibles, Montréal, vol. 4, no 2, hiver, p. 35.
n. f. Région.(surtout dans Charlevoix, au Saguenay–Lac-Saint-Jean et dans le Bas-Saint-Laurent), vieilli, péjor.Accoucheuse, souvent considérée comme maladroite, malhabile.
Le passé médical de notre pays est assez obscur, je crois. La médecine, telle que nous la connaissons aujourd’hui n’est pas de si vieille date. Il y a 100, 200, 300 ans, elle était plutôt rudimentaire. Les enfants naissaient, cependant, qui, entre les mains d’une vraie sage-femme, qui, entre les doigts ou les ongles de ce que nous appelons, en Charlevoix, une graffigneuse. 1953, Laval Médical, vol. 18, no 5, mai, p. 706.
Ma mère, Louise Tremblay, était graphigneuse, c’est comme ça qu’on les appelait dans le temps. Elle a mis au monde presque tous les enfants de l’Ile [d’Alma], ceux du grand et du petit rang. 1964, Naudville (Lac-Saint-Jean-Est), V. Tremblay, Mémoires de vieillards, no 458, p. 2.
[...] la grafigneuse, il y en avait de ça, parce que quand ils pouvaient pas avoir le docteur, ils n’avaient pas les moyens de payer le docteur [...] les dames disaient : « C’est la vieille grafigneuse », c’était pour dire qu’elle était pas adroite à plein. 1981, Saint-Paul-de-la-Croix (Rivière-du-Loup), S. Canuel, La grossesse et les phénomènes qui l’accompagnent dans la région de Trois-Pistoles, 1986, p. 66 (âge de l’informatrice : 79 ans).
Dès 1790, on accordait [en Nouvelle-France] les premiers certificats de qualifications aux sages-femmes. Ces certificats étaient émis sous des modalités différentes jusqu’à récemment. Nous sommes alors déjà loin, avec ces sages-femmes certifiées, des « graffigneuses » et des « baboches » que l’on rencontrait dans l’arrière-pays et qui perpétuaient oralement les vieilles traditions orales issues du bon sens populaire. 1981, La Tribune, Sherbrooke, 17 octobre, p. E4.
Les « grafigneuses » inquiètent les aînées [titre] […] Les sages-femmes, elle [une mère de quatorze enfants] les appelle gentiment les « grafigneuses ». C’était le nom que certaines gens leur donnaient à l’époque. 1993, Le Quotidien du Saguenay–Lac-Saint-Jean, 5 avril, p. 4.
Histoire
De grafigner et du suffixe ‑eux ou ‑euse.
1Depuis 1910. Sans doute hérité de France; a été relevé dans la variante graphineur « celui qui égratigne », en moyen français (v. FEW ancien nordique krafla 16, 351a). L’emploi figuré découle de grafigner « malmener, provoquer (qqn) par des attaques, des critiques » (v. ce mot, sens II.1). 2Depuis 1952 (DulLang 153). De grafigner « égratigner, érafler, écorcher » (sens I.1), par allusion au manque d’adresse, de savoir-faire de la personne ainsi désignée (v. aussi VerrCharl 96).