Recherche avancée

FOURNAISE [fuʀnɛz]
n. f.

1

Grand four dans lequel on entretient un feu vif pour le traitement de minerai ou d’autres substances qu’on veut fondre, transformer ou calciner.

Rem.1. Cet emploi est considéré comme vieux depuis les années 1970 dans les dictionnaires du français de référence (voir Histoire); il a été remplacé par haut‑fourneau, également connu au Québec. 2. Le sens usuel du mot fournaise en France est « endroit très chaud, surchauffé » (voir PRobert 2022), qui n’est pas aussi courant au Québec.

Une portion de terre située au village de Terre‑bonne, avec une maison, et un édifice construit pour faire de la Potasse, une fournaise à cet effet [Pot‑ash furnace, dans la version anglaise], des chaudieres, des cuves et autres ustensiles [...]. 1776, La Gazette de Québec, 3 octobre, p. [3].

À environ six mille en remontant, sur la rive orientale de cette rivière [Batiscan], est la fonderie du même nom; elle est composée d’une fournaise ou d’un bâtiment pour fondre la mine, d’un autre pour couler le fer, de deux forges, de maisons d’habitation, et de différens autres bâtimens. 1815, J. Bouchette, Description topographique de la province du Bas Canada, p. 322.

Chaque fournaise a trente-cinq pieds de hauteur et huit de largeur par le haut, et peut recevoir environ soixante-douze quintaux de minerai et cinq cent boisseaux de charbon, dans l’espace de vingt-quatre heures, et produit environ cinquante quintaux de bon fer, dans une semaine. On prépare le minerai pour les fournaises, en le brûlant dans des fourneaux et le concassant ensuite. 1825, La Bibliothèque canadienne, vol. 2, no 1, p. 23.

[..] une grande bâtisse en bois avec quatre cheminées, cent quarante pieds de long sur trente et un pieds de profondeur, contenant une fonderie de cuivre, et boutiques de forgeron et facteur de bouilloire, une fournaise à air, avec une cheminée en briques de cinquante pieds de hauteur [...]. 1834, La Gazette de Québec, 20 mars, p. 177.

La manufacture de verre de Vaudreuil a été consumée par le feu. Heureusement une seule fournaise a été détruite. 1850, L’Abeille, [Québec], 28 juin, p. [4].

Le nouvel incinérateur de la rue des Carrières a été inauguré samedi matin. L’échevin Mathieu a allumé les trois fournaises qui doivent consommer 300 tonnes de déchets par jour. 1930, Le Devoir, Montréal, 15 décembre, p. [8].

Par les carreaux noircis de suie et rougeoyants [de la fonderie], elle apercevait des ombres et, de temps en temps, quand on tirait des pièces de fer rougi d’une fournaise béante, elle voyait jaillir soudain une brillante lueur dans laquelle des formes nettement tranchées couraient et se hâtaient. 1945, G. Roy, Bonheur d’occasion, p. 244.

En ce qui a trait à la production des autres résidus générés par les activités de production, on doit souligner que les boues des cellules d’électrolyse, les boues des fournaises à alliage et des fournaises à sels fondus, des boues des fournaises de raffinage en continu seront conservées dans l’entrepôt de l’entreprise. [...] Également, les réfractaires des cellules d’électrolyse, des chlorurateurs, des poches sous vide, des fournaises de raffinage en continu, des fournaises d’alliage et de la fournaise à sels fondus « peuvent être réactifs et requièrent une gestion particulière » comme le mentionne l’étude d’impact du promoteur. 1997, Union québécoise pour la conservation de la nature, Mémoire portant sur le projet de construction d’une usine de production de magnésium par Métallurgie Magnola inc., point 7.

(Hapax). Four pour faire cuire des aliments.

Je n’ay pas remarqué que ce petit oyzeau eût aucune ressemblance aux harondelles que plusieurs assurent nous venir du côté de la Grece, et particulierement d’Athenes. Il n[’]y a même point de raport avec les herondelles de ce pauvre pays si depourveu de bois qu’on y ait [sic] contrain de chauffer les fours du corps de ces petites hirondelles qui, s[’]étant noyées en traversant la mer, et reiettées par les vagues de quelque rude tempéte sur les rives de la mer, et sechées par l’ardeur du soleil sur les sables brulants on les iette comme du bois dans les fournaizes; où elles brulent comme de la paille pour y faire cuire du pain. 1685 env., L. Nicolas, Histoire naturelle, ms. 24225, p. 133.

(Ancienn.). Fournaise à brique(s), de brique(s) : construction oblongue de briques tenant lieu de foyer, surmontée d’une plaque de fonte ou de fer épaisse, munie d’un tuyau par lequel s’évacuait la fumée et qui pouvait être reliée à une bouilloire.

Rem.Ce type de foyer était courant chez les premiers colons à partir de la fin des années 1660; on le nommait plus souvent poêle* à (de) briques.

Je sais qu’il y a des personnes d’un gout sistématique, qui assurent que les spectateurs ne prennent pas plaisir à cette belle chute d’eau par la réalité de cet élément, mais purement parce qu’ils se plaisent à voir la nouvauté d’une chose hors de sa propre place. [...]. Il est assez connû que la pantomime de certains génies a eu beaucoup de peine à ne pas être rejettée, sur la remarque judicieuse de Madame la Coutume, « que la fournaise à briques etoit tres mal représentée, et qu’elle n’avoi [sic] nullement l’odeur. » 1769, La Gazette de Québec, 14 décembre, p. 1.

Une fournaise de briques de huit pieds de longueur par six pieds de largeur était surmontée d’un baril contenant environ six gallons d’huile de pétrole crue. Le baril communiquait avec la fournaise au moyen d’un petit tube lançant un jet d’huile de la grosseur d’une plume d’oie. Un autre tuyau reliait la fournaise avec une bouilloire à vapeur distante de quinze pieds. [...] L’inventeur, qui est médecin, dit qu’avec $5 par jour, il peut alimenter une fournaise qui fondra deux tonnes de fer par heure [...]. 1873, Journal de l’instruction publique, vol. 17, nos 1 et 2, Québec, p. 26.

Atelier du forgeron. Construire deux cheminées et remplir une fournaise de briques. 1879, Jos. Desautels, État de l’ouvrage fait dans l’atelier des maçons, Documents de la session, vol. 8, no 27, p. 108.

Les bardeaux que tu perds, et que le vent emporte [/] Les œufs de papillons qui pendent à ta porte, [/] Ton perron qui remue à chaque pas qu’on fait, [/] Ta fournaise de brique où l’aïeul se chauffait, [/] La senteur de moisi qui reste dans tes salles, [/] Tes volets refermés, tes lits, tes vitres sales, [/] Tes coffres de noyer, ta huche de sapin, [/] Ta grande armoire rouge, où l’on mettait le pain [...]. 1913, Bl. Lamontagne[-Beauregard], La vieille maison, Visions gaspésiennes, p. 19‑20.

2

Foyer clos couplé à un récipient dont il transforme l’eau en vapeur pour alimenter en énergie des moteurs, des turbines et autres appareils, ou créer de la chaleur dans les édifices publics.

Fournaise d’une locomotive, d’un bateau. Chambre de (des, à, aux) fournaise(s).

 chaudière (sens I.3).

Le gouvernement des Pays‑Bas a ordonné la construction d’un bateau à vapeur à trois ponts, de 250 pieds de longueur, qui aura quatre mâts et un beaupré. […] Il aura deux fournaises et trois cylindres, qui consommeront par heure 2,400 libres [sic] de charbon minéral, produisant la force de 300 chevaux. 1828, Le Spectateur canadien, Montréal, 6 décembre, p. [4].

Une machine de la force de vingt chevaux, avec une bouilloire de fer malléable du pouvoir de vingt-deux chevaux, fournaise, porte, grillage, barres etc., tuyau et chaine pour l’affermir sur le pont, [...] pompe à main pour pomper l’eau et remplir la bouilloire avec robinets à arrêts et tuyaux, quatre grues ou siphons de double pouvoir et tous les écrous et barres taraudées nécessaires pour fixer la Machine etc. au bateau [..]. 1832, Continuation de l’appendice du XLIIe volume des Journaux de la chambre d’assemblée de la province du Bas-Canada : session 1832‑1833, Québec, appendice F, p. [7].

À la base du centre de l’appareil [un pétrin mécanique] est la fournaise. L’air qui s’engouffre par la fournaise et qui doit, en définitive, se dégager dans la cheminée, parcourt sous un plateau en grosse tôle superposé, deux conduits qui le porte [sic] par des ouvertures latérales jusqu’à la couverture également en fer qui forme la couronne du four. Les deux conduits de chaque côté, que parcourt la chaleur, conduisent la fumée jusqu’à la cheminée dont le [sic] tire est réglé au moyen d’une gachette ou soupape servant de régulateur et abaissée ou soulevée au moyen d’un levier. 1859, Pétrin mécanique et four à air chaud Tourangeau, Notice sur la boulangerie mécanique à la vapeur de Québec, Québec, p. 5.

Ces faits ont été complètement réfutés par les notes données dans le tableau et qui indiquent que pendant trois heures, savoir 1, 2 et 3 heures de l’après-midi, tandis que le vapeur filait régulièrement son nœud, il n’a pas été nécessaire de briser le feu; que les foyers des trois fournaises ont été râclés seulement quatre fois, et que non-seulement le tirage n’a pas été obstrué mais que les portes des fournaises ont été ouvertes pendant plusieurs minutes chaque heure, pour laisser passer l’air audessus [sic] du feu... 1871, E. B. de St. Aubin, Exploration géologique du Canada, Revue canadienne, vol. 8, no 10, p. 768.

La locomotive du train arrivant entra dans le char du conducteur où était une fournaise à charbon et le feu prit. Le char et la locomotive ont été tellement avariés par le feu qu’ils ne peuvent plus servir. 1879, Le Courrier du Canada, Québec, 4 février, p. [2].

Le feu était pris dans le rez-de-chaussée, dans la chambre des fournaises située sur la façade de l’édifice. 1882, Le Courrier de Saint-Hyacinthe, 31 janvier, p. [1].

Le « Yale », turbinier à trois hélices […], a démontré l’excellence de l’huile, comme génératrice de vapeur pour les turbines. Au lieu de trente-deux chauffeurs nécessaires à l’alimentation des fournaises à charbon, huit hommes seulement ont fait hier le service pour chauffer à l’huile. La vitesse n’a pas été réduite. La température de la chambre de chauffe est de beaucoup réduite. 1910, Le Devoir, Montréal, 21 mai, p. 5.

Les tramways, c’était des tramways ouverts en été […]. Pis dans l’hiver là, mon Dieu, c’était chauffé avec des fournaises à charbon. Il y avait des petits tramways pareils, mais c’était fermé pis chauffé avec des petites fournaises à charbon. Le conducteur arrivait, pis il emplissait avec sa petite pelle, il attisait le feu. 1964 env., Montréal, AFEUL, P. Perrault 1183 (âge de l’informateur : n. d.).

L’usine, qui produit de l’énergie à partir de biomasse, brûle la matière dans une fournaise géante à une température de plus de 500 degrés pour chauffer de l’eau qui, transformée en vapeur, fait tourner une turbine génératrice d’électricité. 2023, Le Journal de Montréal (site Web), actualité (environnement), 23 janvier.

Vieilli Chauffeur de(s) fournaise(s) n. m. : ouvrier qui était chargé d’alimenter la fournaise en combustible et de l’entretenir (dans les usines, sur les bateaux, dans les édifices publics).

Rem.Relevé dans Bélisle1‑3, s.v. feutier : « Homme chargé du chauffage d’une vaste habitation, qu’on appelle au Canada chauffeur de fournaise ».

[...] ce matin, à l’aube il parcourait déjà les rues du Vatican, dans les carrefours qu’habitent les chauffeurs de fournaise. 1871, Simon Pierre et Simon le magicien, L’Écho du Cabinet de lecture paroissial de Montréal, novembre, p. 830.

Le défunt était aussi employé comme chauffeur des fournaises du patinoir à roulette et était âgé de 58 ans. Le jury a déclaré que le défunt était mort à la suite d’apoplexie cérébrale. 1887, La Justice, Québec, 23 septembre, p. [4].

Pour commettre son crime, Williams, qui était chauffeur de fournaise, dans la maison de M. Green, s’est posté à l’entrée de la porte, une main derrière le dos, et lorsque M. Green arriva et lui adressa la parole, il lui tira immédiatement cinq coups de révolver, dont quatre atteignirent en pleine figure M. Green qui tomba foudroyé. 1903, Le Journal, Montréal, 14 novembre, p. [1].

M. Joseph Mercier, chauffeur des fournaises de la Basilique, a empêché un vol sacrilège d’avoir lieu dans la voûte contenant l’argent des quêtes, lundi soir. Entendant du bruit, il tourna le bouton électrique et vit so[r]tir un homme de la voûte de sureté dont la première porte était ouverte. Cet homme s’échappa et Mercier avertit la police qui est à faire des recherches. Le voleur connaissait la combinaison de la porte de la voûte et s’est enfui par une porte de côté de la basilique. 1913, Le Droit, Ottawa, 26 novembre, p. 4.

La Balloune va pourtant péter [titre] Se sentant aussi impopulaire que son parti, Balloune Irénée Vautrin se cache, se montre le moins possible, n’osant expliquer au public l’affaire du salaire de $4.00 à son chauffeur de fournaises. Aussi, pour le bénéfice de ceux qui ne voient plus le députaillon de St‑Jacques, nous avons cru bon de le présenter tel qu’il est en ce moment, plus Balloune que jamais, juste à point pour péter aux prochaines élections. 1930, Le Goglu, Montréal, 8 août, p. 8.

Le chauffeur de fournaises à bord d’un bateau a également un travail qui donne chaud. Vous ne pouvez rien changer à cela. Le chauffeur de fournaises a un travail à exécuter; il exécute son travail. Nos salles de cuves ont maintenant des conditions de travail qui se sont grandement améliorées depuis plusieurs années. C’est encore un travail fatiguant [sic]. Nos études de temps nous ont démontré que sur un quart de 8 heures pour un homme travaillant sur les cuves, il y avait au moins 3 heures pendant lesquelles il ne faisait rien du tout. 1943, Le lingot du Saguenay, Arvida, 6 novembre, p, 7.

Que valent les critiques de ceux qui disent : Avec le Crédit Social, le gouvernement va mettre son nez partout. Où ont-ils trouvé cette idée‑là? Est-ce que le chauffeur de fournaise, qui maintient le niveau de la vapeur à la demande, met son nez partout dans l’usine? C’est exactement le contraire. D’autres nous défient : Dites-nous donc d’abord combien vous allez mettre d’argent nouveau en circulation par mois, par année? Nous leur répondrons comme le chauffeur : Cela dépend des faits, et c’est le monde producteur et consommateur qui fera les faits. 1944, L. Even, La leçon du chauffeur de fournaises, Vers Demain (site Web), 15 novembre (reproduction d’une radio-causerie).

Et Charbon… de la poussière de charbon plein le visage, de la suie plein le crâne, chauffeur de fournaise diplômé... Il peut pelleter pendant vingt-quatre heures si tu lui demandes. Pas parce qu’y aime ça… Parce qu’il a peur… Parce que c’est la seule chose qu’il sait faire… 1971, M. Dubé, Le naufragé, p. 54.

Restaurateur, chauffeur de fournaise, peintre en bâtiment. Grand-Père a tous les talents. Le journal a d’ailleurs déjà publié des belle [sic] photos de lui le montrant juché sur les plus hauts clochers de Trois-Rivières. 1986, Le Nouvelliste, Trois-Rivières, 16 août, p. 2A.

« En fait, le meilleur métier qu’on peut se voir imposer dans ce pays [Tchécoslovaquie] où un travail est à la fois un droit et une obligation, c’est celui de chauffeur de fournaise. On travaille deux heures par jour à remplir la fournaise de charbon, matin et soir, et ensuite on peut vraiment faire la promotion de la démocratie. » 2019, P. Guimond, Le Soleil, Québec, 9 novembre, p. 37.

 Fig.

La perspective [pour un député] de passer encore quatre ans après ce mandat, dans un rôle qui n’est même pas celui de l’Opposition officielle, n’a rien d’alléchant ou de stimulant. D’autant plus qu’il porte lui-même la flamme souverainiste sans doute plus haut que bien des membres du Cabinet Landry. Attiser le feu à Ottawa quand le chauffeur de fournaise en chef à Québec s’est attiédi, ce n’est pas ce qui motivait M. Loubier à son entrée en politique. 2002, J. Vigneault, Le Courrier de Saint-Hyacinthe, 10 juillet, p. A8.

 Par plaisant.VieilliTerme d’insulte que l’on adresse à un mauvais conducteur de véhicule automobile.

Comme tant d’autres automobilistes qui feraient de bien meilleurs chauffeurs de fournaises – ils ne possèdent même pas les éléments de base pour devenir de bons conducteurs –, ce monsieur appuyait à fond sur l’accélérateur à deux ou trois reprises au démarrage à froid. Or, c’est le meilleur moyen de noyer le carburateur, car un seul coup d’accélérateur suffit. 1964, Le Petit journal, Montréal, 1er novembre, p. A74.

Basile : […] Je sais où je m’en vais. La preuve, on est rendus à la Croix du Chemin. Fabien : Arrête Basile, ça veut dire que tu as passé tout droit. Basile (en arrêtant) : Mais non Fabien. Fabien : Mais oui Basile. Il aurait fallu que tu tournes à un demi mille de là. […] Ah, tiens, laisse-moi prendre le volant, chauffeur de fournaise! Avec toi on se rendra jamais! 1969, M. Gamache, Cré Basile, 9 décembre, p. 17 (télév.).

Je pensais l’autre jour à tout ça, en prenant un taxi, lorsque le chauffeur me tint ces termes… « Le hockey, moi j’ai aimé ça... Même que je ne ratais pas ne joute à la télévision! Seulement avec ce que c’est devenu! Tenez, monsieur moi je vous dis que si John Ferguson ou bedon Maurice Richard retournait au jeu, faudrait leur attacher une main dans le dos pour que les autres aient une chance! […] »... Sur ces fortes paroles il prit le temps de freiner vu qu’on glissait, et de traiter celui qui s’était tassé, juste un peu avant lui sur sa droite, l’empêchant de tourner, de « chauffeur de fournaise ». 1974, Montréal-Matin, 13 janvier, p. 25.

[…] c’est tellement pesant des roues d’étobus que quand les roues y’ont pogné l’pognet, la main y’a ouverte et y’a perdu son ticket dans la neige. Eh bien! moi, à sa place, j’me s’rais plaint. J’aurais crié : chauffeur de fournaise ou quelque chose d’analogue. Ben lui, y’a pas dit un mot, pas un mot. 1981, Y. Deschamps, Six ans d’monologues, p. 63.

Personne ne sait au juste comment ça fonctionne, mais c’est prouvé : le nom que vous donnerez à votre enfant déterminera, entre autres, le métier de celui‑ci. […] En terminant, un pot-pourri de métiers… Chauffeur de taxi : Honorius-Donadieu-Saint-Jésus-Marie [/] Chauffeur d’autobus : Roland [/] Chauffeur de fournaise : Coune […]. 1986, Croc, no 88, p. 22.

Vieux Homme des fournaises (Blanch1‑7), homme à la fournaise (GPFC), homme de fournaise (Bélisle1‑3, s.v. homme) : syn. de chauffeur de fournaise.

Quand Julien vient brosser, il y a toujours gratuitement pour lui des œufs au bacon, mais il s’obstine à laisser avec discrétion, près de son assiette, la même somme que Monsieur. Jeannine ne s’en formalise pas, car elle est celle qui comprend toutes les délicatesses. Après, elle rangera un tiroir, ou descendra au sous-sol, à la chambre des malles – elle habite une de ces heureuses maisons sans concierges, et l’homme de fournaise ne vient que le jour – pour retrouver une série d’Illustration d’il y a dix ans. 1934, Marie Le Franc, Visages de Montréal, p. 95‑96.

3

Grand appareil de chauffage central, généralement placé dans le sous-sol d’une maison ou d’un édifice public, consistant en un foyer clos qui produit de la chaleur diffusée dans les pièces au moyen de conduits distribuant de l’air chaud ou de radiateurs reliés à des tuyaux d’eau chaude.

 calorifère (sens 1); chaudière (sens I.3); système (sens II.1).

Fournaise à air chaud, à (l’)eau chaude, à vapeur. Fournaise tubulaire. Fournaise au (à) bois, au (à) charbon, au (à) gaz, à l’huile, au mazout. Fournaise électrique. Chauffer la fournaise. Faire partir la fournaise.

Huile à (de) fournaise : mazout. Monter, baisser la fournaise : régler le thermostat de l’appareil à une température plus ou moins élevée.

Rem.Mot qui a fait l’objet de nombreux commentaires négatifs depuis le début des années 1880. Il ne figure pas dans Dunn ni dans Clapin, ce qui peut signifier que cet emploi de fournaise, pourtant usuel à cette époque, n’avait pas suscité d’attention jusque‑là. On l’a par la suite condamné et on a cherché à le remplacer par calorifère, mais ce mot ne désignait déjà plus en France l’appareil de chauffage central, puis par chaudière (voir p. ex. Dagenais1 et Multi 1997, s.v. fournaise). Au début des années 2000, l’OQLF a écarté les critiques dont ce mot avait fait l’objet et a jugé qu’il était acceptable. Voir Notice encyclopédique ci‑dessous, sous le point 2.

Poêles russes. Nous avons annoncé il y a quelque tems l’introduction en ce pays d’une nouvelle industrie dont nous ne pouvions alors prevoir tous les succès, quelque bonne idée que nous ayons eue des talents industriels du monsieur qui dirige les travaux de la manufacture de ces calorifères [...]. Ainsi donc ceux qui desirent profiter promptement de l’avantage d’une chaleur agréable, constante et à bon marché, feront bien de se hâter de filer leurs ordres au plus tôt, car si les commandes arrivent encore comme dans les derniers trois mois il faudra plusieurs années pour les exécuter toutes; avec toute la bonne volonté possible on ne peut construire de nouvelles fournaises, et encore moins former de nouveaux ouvriers. [...]. Jusqu’à présent la manufacture ayant eu principalement à fournir des poêles de grandes dimensions pour les édifices et bureaux publics, n’a pas pu encore sans doute en construire de plus petits plus à la portée des classes moyennes et mieux adaptés à des salons ou à des cabinets de travail [...]. 1841, Le Fantasque, Québec, 4 novembre, p. 534‑535.

La fournaise sera de 3 pieds de longueur et de 18 pouces de large et de haut avec porte convenable et le tout sera fait suivant les détails à être fournis par l’architecte. Il n’y aura pour le present qu’un calorifer. 1850, Québec, Spécifications, 17 juin, BAnQ, greffe J. Petitclerc (no 5778), p. 9.

Fournaises! Fournaises!! Le soussigné ayant fait une étude particulière du meilleur système de faire chauffer les fournaises donnant le plus de chaleur possible, avec la plus petite quantité de combustible, offre ses services au public. Quant au résultat de son système, il réfère avec confiance aux certificats suivants. [.../] Je certifie que la fournaise confectionnée par Monsieur Z. Chartré, dans la maison que j’occupe, me donne une entière satisfaction sous tous les rapports. 1852, Journal de Québec, 19 février, p. [4] (annonce).

[...] dis à ma chère Marie, que je la félicite, sur son logement, puisqu’il lui seras agréable et surtout confortable; l’annonce de la nouvelle; qu’il allaient être chauffées par une fournaise m’as surtout réjouis, car sans cela, ils n’auraient pas manque le charbon, qui est mon cauchemar; et puis les chers petits enfans seronts bien mieux pour leur santé. 1858, Lettre de Julie Bruneau[‑Papineau] à sa fille Azélie, Rapport de l’archiviste de la province de Québec pour 1957‑1958 et 1958‑1959, p. 168.

La nouvelle fournaise est construite d’après le système tubulaire à air chaud et à eau chaude. Dans son invention, M. St. Laurent s’est attaché surtout à développer la surface de calorique et arranger son appareil de façon à en faire à la fois une fournaise et un poële de cuisine. La fournaise qui servait à l’expérience occupait avec le poële de cuisine ou fourneau six pieds carrés et mesurait cinq pieds de haut [...]. La muraille de briques dans laquelle on l’encaisse d’ordinaire, ce qui diminue encore les dangers du feu, est pénétrée de côté d’autre par le calorique [...]. M. St. Laurent est porteur de certificats très flatteurs qui déclarent que sa fournaise peut remplacer six poëles dans une maison privée ou un édifice public. 1877, L’Événement, Québec, 5 décembre, p. [2].

On voit çà et là [à la rivière à Pierre], tristement, misérablement, percer à travers la forêt quelques cabanes de défricheurs, faites de troncs d’arbres empilés les uns sur les autres, et recouvertes d’un toit bas, écrasé, s’élevant très légèrement en pointe, et troué au plafond afin de donner passage au tuyau de poële intérieur, lequel ne ressemble en rien aux fournaises à vapeur de nos maisons de ville. 1890, A. Buies, Récits de voyages, p. 161.

M. le curé Fafard vient de donner ordre à M. Vézina, plombeur, de Québec, de poser un système de chauffage à l’eau chaude dans tous les édifices de l’Hospice Ste‑Anne. […] La fournaise remplacera vingt trois poêles. 1898, L’Écho de Charlevoix, Baie-Saint-Paul, 5 mai, p. [5].

La besogne de la journée est terminée... Dans la fournaise, une flambée de menu bois lutte contre les premiers frissons d’automne qui sournoisement commencent à s’insinuer chaque soir dans les pièces du logis. La vieille Marianne a allumé les lampes, remis en place les objets épars, baissé les stores des fenêtres, puis discrètement s’est retirée... push, push... push... 1916, E. Choquette, La terre, p. 36.

Tout consommateur de combustible pour des fins de chauffage, qui s’occupe personnellement de sa fournaise, devrait invariablement sasser les cendres; et si un « engagé » prend soin de la fournaise, on devrait voir à ce que la chose soit faite. 1918, C. A. Magrath, La question du combustible au Canada et l’économie du charbon à la maison, p. 6‑7.

Janvier est un long mois blanc. Un long mois de véritable hiver. Il y a des tempêtes, mon père sort ses mots d’habitant, de fils de campagnard : il parle de « frette noère » mais aussi de bourrasques à tout casser, et descend alors brasser les « grils » de sa grosse fournaise qui, bien rouge de braises, fournira l’eau chaude à la dizaine de calorifères de métal de la maison. 1972, Cl. Jasmin, La Petite Patrie, p. 75.

Il se releva, ouvrit la porte de la chambre [...], se dirigea ensuite vers le portique, contournant l’énorme fournaise à charbon, ombre menaçante, à cette heure, avec son maître tuyau qui se divisait, à sept ou huit pieds du plancher, en un réseau de tuyaux plus petits qui s’étendait sur toute la surface de la maison. 1982, M. Tremblay, La duchesse et le roturier, p. 24.

La pénétration des systèmes de chauffage dépend du coût des équipements et de l’énergie utilisée. Dans le cas des hydrocarbures, en plus de l’évolution attendue des prix, il faut prendre en compte l’amélioration du taux de change et de l’efficacité des chaudières (en note : Communément appelées fournaises ou appareils de chauffage au Québec). 2005, ministère des Ressources naturelles et de la Faune, Évolution de la demande d’énergie au Québec : scénario de référence, horizon 2016, p. 29.

Les « patentes » qu’il a fabriquées ne se comptent plus : des chargeuses, des pelles, un harnais pour accrocher un boyau d’arrosage de pompiers, des monte-charges, une fournaise au bois de biomasse et bien d’autres. Il faudrait ce texte au complet pour toutes les énumérer. 2019, Y. Rouleau, L’Info du Nord (site Web), Mont-Tremblant, actualités, 10 février.

Pour améliorer la qualité de l’air dans votre résidence, il faut plutôt commencer par s’attaquer aux sources de pollution de l’air intérieur et améliorer la ventilation de votre maison. Voici quelques mesures importantes que vous pouvez prendre : Assurez-vous que votre fournaise et autres appareils à combustible sont bien entretenus pour éviter l’accumulation de monoxyde de carbone. Changez régulièrement le filtre de votre fournaise. 2022, Le Reflet témiscamien, 19 avril, p. 11.

NOTICE ENCYCLOPÉDIQUE

1. Une révolution dans le domaine du chauffage. Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, et même un peu avant, on observe une effervescence dans le milieu des fabricants d’appareils de chauffage. Les inventeurs ont la cote et la concurrence autorise les expériences les plus diverses dans la recherche du meilleur produit. On veut améliorer le rendement des appareils existants dont on déplore les inconvénients (saleté, fumée, consommation excessive de combustibles, etc.). L’apparition de nouveaux produits entraîne le renouvellement de la terminologie. Compte tenu de la situation du français au Québec – dont la survie est menacée sur le plan politique à la suite de la Rébellion des patriotes et qui est jugé déficient par une élite déplorant son anglicisation –, le vocabulaire du chauffage résidentiel évolue dans un contexte de grande instabilité. La France elle-même est en voie de rafraîchir ce vocabulaire, ce qui crée de la confusion au Québec, du fait que les zélateurs du français s’appuient souvent sur des usages de France qui sont en train de disparaître. Cela peut expliquer la distinction floue entre la fournaise et le poêle. En principe, le poêle est un appareil de chauffage qui livre sa chaleur directement, par rayonnement et par convexion, sans intermédiaires, alors que la fournaise distribue sa chaleur au moyen de conduits ou de tuyaux calorifères. Dans la première citation du sens 3 (1841), les mots fournaise et poêle sont employés l’un pour l’autre et, au sens 4 (ci-dessous), la fournaise est synonyme de poêle.

2. Un champ lexical en divergence. Le mot fournaise, désignant un appareil de chauffage central, a attiré l’attention des observateurs de la langue à partir des années 1880. Un premier commentaire figure dans un entrefilet paru dans La Patrie en 1882 : « Petite leçon de français : Ne dites donc jamais une fournaise pour un calorifère, un engin pour une locomotive, un ingénieur pour un mécanicien. Ces mots‑là ne sont pas français dans ce sens. » De nombreux partisans du bon usage ont par la suite invité leurs concitoyens à bannir ce mot de leur vocabulaire. À partir du moment où le mot fournaise a pris au Québec le sens d’« appareil de chauffage », alors qu’en France s’imposait le mot chaudière, l’usage québécois et l’usage français étaient appelés à diverger sensiblement. D’une part, calorifère, qui désignait à cette époque un appareil produisant de la chaleur, s’est spécialisé au sens de « radiateur » au Québec; d’autre part, il y avait peu de chances que chaudière évolue dans le vocabulaire du chauffage, puisqu’il était constamment utilisé depuis le début de la colonie pour désigner un seau. Les observateurs du langage ont bien tenté de faire revivre le mot calorifère, mais au XXe siècle, on ne pouvait plus invoquer le modèle français, puisque cet emploi était en voie de disparition sur le vieux continent, où l’on avait résolument opté pour chaudière. En somme, pour aligner l’usage québécois sur celui de France, il aurait fallu qu’on réussisse à faire changer la signification canadienne du mot chaudière, à faire oublier le sens qu’avait acquis le mot calorifère (« radiateur ») et qu’on élimine le mot fournaise. C’était un grand défi que de convaincre toute une population de restructurer ainsi son vocabulaire pour parler comme les Français. Le grammairien Gérard Dagenais a déployé de grands efforts dans les années 1960 pour faire accepter ces changements, mais son discours avait sans doute des connotations surréalistes pour la plupart des Québécois, par exemple quand il affirmait : « Il ne faut pas dire apporter du charbon dans une [chaudière] pour charger la [fournaise], mais apporter du charbon dans un seau pour charger la chaudière ». L’exemple du mot fournaise illustre les difficultés que présentait la standardisation linguistique au Québec, laquelle était fondée, depuis le milieu du XIXe siècle, sur le principe voulant qu’il fallût calquer l’usage du Canada sur celui de France. Cette orientation, qui avait valeur de dogme dans les milieux de la correction, s’est atténuée progressivement depuis les années 1960, surtout depuis le début des années 1990. En 2001, l’OQLF adopte une nouvelle Politique d’officialisation linguistique qui énonce des principes ouvrant la voie à une prise en compte plus systématique et ouverte de l’usage québécois (soigné ou courant) dans ses travaux terminologiques (voir Vézina, 2004). Ainsi, l’OQLF, tout en maintenant sa préférence pour chaudière au mazout, a réitéré en 2016 l’avis suivant à propos du mot fournaise dans son Grand dictionnaire terminologique : « Les termes fournaise au mazout et fournaise à l’huile, calqués sur l’anglais, s’intègrent au système linguistique du français sur le plan sémantique. Les réserves déjà émises sur l’usage de ces termes n’ont pas lieu d’être puisque, même si fournaise employé dans son sens premier (« grand four ») est peu attesté de nos jours, le concept de « source de chaleur » demeure associé à ce mot. De plus, ces termes sont bien implantés dans le français en usage au Québec. » La voie qui se dessine au sein de la société québécoise concernant le modèle linguistique à favoriser est de tenir compte davantage de l’usage local sans pour autant renoncer à l’harmonisation avec le français de France.

Sources : G. Dagenais (1967), Dictionnaire des difficultés de la langue française au Canada, s.v. fournaise; Office québécois de la langue française (2016), Grand dictionnaire terminologique (en ligne 2023‑04), s.v. chaudière à mazout; La Patrie (1882, 2 septembre), Montréal, p. 2; R. Vézina (2004), La prise en compte de la variation lexicale dans la production terminologique et linguistique de l’Office de la langue française, dans P. Bouchard et R. Vézina, La variation dans la langue standard (p. 181‑193). Voir aussi poêle, sens 2, sous Notice encyclopédique.

4

Appareil de chauffage d’appoint, de dimensions variables, sans tuyaux ou conduits de distribution, qui peut fonctionner au moyen de divers combustibles, notamment au mazout; petit poêle à bois.

 annexe; chaufferette (sens 1); poêle (sens I.1); tortuetruie.

Petite fournaise. Petite fournaise électrique. Fournaise de passage. Fournaise tortue.

Brasser la fournaise : remuer les cendres d’une fournaise à bois, à charbon.

Protéger la serre pendant les nuits froides avec des contrevents ou des paillassons, et éviter l’humidité par dessus tout. Pendant les grands froids tenir une température égale autant que possible. Ventiler chaque fois que le soleil élève la température à 50°. La température obtenue par la fournaise ne doit jamais varier au-delà de 35° à 45°. Les cactus exigent une température constante de 40°. Il faut ventiler au moins une fois pendant les 36 heures : et il vaut mieux chauffer la fournaise et renouveler l’air. [1862], Revue agricole, manufacturière, commerciale et de colonisation, février, p. 134.

Mme Nantel tambourinait sur la vitre à niveau du comptoir, où se répartissaient les bonbons à la cent. Rosaire, près de la porte, à côté de l’évier rouillé, attendait. Une odeur d’étoffe et de vernis tapissait la pièce. Devant la petite fournaise accroupie au milieu, un crachoir plat ouvrait sa gueule répugnante. 1927, R. Choquette, La pension Leblanc, p. 84.

Enfin, les serres doivent être munies d’un bon système de chauffage; celles que nous trouvons chez la plupart de nos cultivateurs sont chauffées avec une petite fournaise, quelquefois deux, une à chaque bout de la serre, c’est un procédé primitif qui ne donne aucune satisfaction, ni au point de vue rendement, ni au point de vue économique. 1934, G. Billault, R. Richard et H. Nottet, Serres, couches et abris, p. 5‑6.

Une lampe au globe enfumé, répandait peu de clarté. Au milieu de la pièce, une fournaise, cylindre debout rayonnait par ses fentes et le rond, une clarté rouge et l’assoupissement de la chaleur. 1942, L.‑P. Desrosiers, Sources, p. 55.

Le chauffage était donné par une fournaise, communément appelée « truie », et qui n’offrait aucune protection valable contre le feu. 1970, Le Nouvelliste, Trois-Rivières, 18 février, p. [5].

Cependant, là encore, et comme dans le cas des tables et des chaises de magasin, un peu plus tard et disposant de meilleures ressources financières, on se risquait à acheter une petite fournaise appelée « une tortue » ou « une truie ». Et puis, ensuite, on se procurait un poêle de cuisine à fourneau, à réchaud, et garni d’un grand « boiler », ou réservoir sur le côté du brasier qui fournissait alors en quantité et en permanence toute l’eau chaude nécessaire pour les besoins de la famille. 1974, H. Grenon, Us et coutumes du Québec, p. 48.

[...] Rosaire pouvait se bercer dans sa chaise de rotin et faire du feu dans sa fournaise en fonte à quatre pattes courtes qu’on lui avait appris à appeler « tortue ». 1975, P. Châtillon, Le fou, p. 65.

Fournaise huile, combinée avec cuisinière électrique, $40, fournaise huile $25, réservoir 250 gallons, $20 […].1980, La Presse, Montréal, 2 août, p. D12.

Son oncle a aussi installé une petite fournaise de camping au gaz propane dans la maison pour éviter le gel des tuyaux. Pascal et sa mère ne prévoyaient cependant pas dormir à leur domicile. Ils avaient l’intention d’aller passer la nuit dans une maison qui n’a pas manqué d’électricité. 1997, La Presse, Montréal, 8 janvier, p. A7.

Fournaise de plancher n. f. Appareil de chauffage placé juste sous la ligne du plancher du rez-de-chaussée dans les maisons où il n’y a pas de sous‑sol.

Rem.Cette appellation, relativement récente, demeure fréquente dans les petites annonces.

À vendre : Fournaise de plancher, marque « Zenith », émaillée brun. 1932, Le Nouvelliste, Trois-Rivières, 26 novembre, p. 9.

Moins de rhumes pour les petits! Voilà pourquoi tant de gens ont abandonné les anciens chauffages pour adopter la fournaise de plancher Coleman. Protégez, vous aussi, la santé des enfants et ayez des planchers si confortables que grand-maman elle-même n’aura plus froid aux pieds! 1950, L’Étoile du Nord, Joliette, 28 septembre, p. 11.

Fournaise à l’huile Super Flammes avec réservoir de 250 Gallons en bon état. [.../] Fournaise de plancher avec réservoir à l’huile 200 gallons en bon état. […/] Fournaise à air chaud, d’une capacité de 138,000 B.T.U., en très bon état, est en usage depuis 4 ans, prix très raisonnable. 1979, Le Courrier de Saint-Hyacinthe, 5 septembre, p B7.

Fournaise de plancher (annexe à l’huile) en fonte avec réservoir de plastique. 2006, Progrès-dimanche, Saguenay, 15 octobre, p. C17.

Vieux Fournaise à (de) cuisine n. f. Appareil de chauffage servant aussi à faire la cuisine. Syn. de poêle* à (de) cuisine (mieux attesté).

À louer [titre]. Une maison neuve en pierre de taille, à un étage, sur la rue Ste. Elisabeth, près de la rue Graig, finie avec goût, contenant onze chambres, une cave, un grenier et une fournaise à cuisine qui chauffe toute la maison, remise à bois, remise à voitures et de bonnes écuries; le tout est neuf et fini pour convenir à une famille respectable. 1852, Le Pays, Montréal, 1er avril, p. [4].

La meilleure fournaise de cuisine avec appareil de chaleur pour bains et autres usages domestiques […]. La meilleure fournaise de cuisine avec appareil où le même feu sert à faire la cuisine et à chauffer une maison […]. La meilleure fournaise pour chauffer les bâtisses [...]. 1865, Revue agricole, manufacturière, commerciale et de colonisation, mai, p. 273.

 (Variante). Fournaise(-)cuisinière n. f. Syn. de fournaise de cuisine et de poêle*-cuisinière.

Voyez la nouvelle fournaise cuisinière avec le fourneau élevé, elle prend moins d’espace et est garantie donner satisfaction. 1918, Le Soleil, Québec, 18 septembre, p. 9.

Nouvelle importante [titre] Nous venons de recevoir le plus grand assortiment de fournaises genre cuisinières et fournaises tortues de toutes les grandeurs et de tous les prix. Nous avons la fournaise-cuisinière la plus belle et la plus perfectionnée que vous puissiez trouver sur le marché. Venez la voir à nos magasins. 1921, Le Nouvelliste, Trois-Rivières, 5 août, p. 7.

Jusqu’à nouvel ordre, notre magasin de poêles est ouvert jusqu’à 8 heures p. m. : le samedi jusqu’à 10 heures. Ne placez pas votre commande de fournaise cuisinière avant de [voir] notre record. 1927, L’Événement, Québec, 3 octobre, p. 11 (annonce).

Histoire

1Depuis 1776. Emploi attesté en français de référence depuis le XIIe siècle et donné comme vieux dans les dictionnaires depuis les années 1970 (v. FEW fornax 3, 725a, TLF et GLLF; v. aussi Robert 1985). L’anglais furnace est utilisé dans le même sens, ce qui a pu favoriser l’emprunt du sens 2. Fournaise de briques, depuis 1769; probablement d’après poêle* à (de) briques, attesté depuis le Régime français. 2Depuis 1828. De l’anglais furnace, qui peut se dire de divers appareils produisant de la chaleur (« an apparatus for the production or application of heat », v. Webster 1986); OED atteste notamment le sens de « the fireplace of a marine boiler ». Le contexte technique ou industriel dans lequel on relève le mot fournaise appuie cette explication (v. les citations). Chauffeur de fournaise, depuis 1871; comme terme d’insulte, depuis 1964. Pourrait être une création québécoise, mais homme de fournaise et ses variantes, depuis 1914, sont sans nul doute des calques de l’anglais furnaceman (v. OED, s.v. furnace : « furnaceman n. one who tends a furnace »; v. aussi Webster 1986). Chambre de(s) fournaise(s) (depuis 1874, dans un plan de bâtiment, Journal de l’instruction publique, Montréal, vol. 18, nos 11 et 12, p. 182); calque de l’anglais nord-américain furnace room « a room, usu. in the basement of a building, or the part of a steamboat in which the furnace is located » (Craigie). 3Depuis 1841. D’après l’anglais furnace « an enclosed structure for providing heat for buildings by warming water or air that circulates through pipes and radiators, hot‑air registers, etc. » (v. Gage 1984 et Webster 1986, sens 1c; v. aussi Craigie, sens 3 : « a large stove for heating a house or other building with hot air, steam, or hot water »). Fournaise à charbon, fournaise à gaz, fournaise électrique, fournaise à air chaud, fournaise à l’huile ont tous des équivalents anglais, ce qui révèle leur origine (v. FunkC 1982, s.v. coal et electric furnace; OED, s.v. gas furnace, sens 2, Random 1983, s.v. gas furnace et electric furnace; Webster 1986, s.v. hot‑air furnace; OED oil furnace, s.v. oil). Huile à (de) fournaise, calque de l’anglais furnace oil (v. Webster 1986). 4Depuis 1862. Pour fournaise de plancher, depuis 1932, cp. floor furnace « a small pipeless furnace located close below the floor and used esp. in houses having no basement » (v. Webster 1986).

Nouvelle entrée de la deuxième édition

Dernière révision : mai 2023
Pour poursuivre votre exploration du mot fournaise, visionnez notre capsule vidéo Dis-moi pas!?.
Trésor de la langue française au Québec. (2023). Fournaise. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 15 avril 2024.
https://www.dhfq.org/article/fournaise