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FIN, FINE [fẽ, fin]
adj. et n.

I

adj.

A

Fam.

1

Qui inspire de la sympathie par sa gentillesse, sa douceur, sa bienveillance, sa serviabilité, son charme; (spécial., en parlant d’un enfant) mignon, sage.

Trouver qqn fin. Être fin avec qqn. Être pas fin.

Être fin comme de la soie, comme une soie : être d’une grande gentillesse, d’une grande délicatesse.

 soie.

 Par ext. (En parlant d’un animal). Qui est d’agréable compagnie; qui n’est pas farouche, qui est docile.

Un petit chien si fin!

 (En parlant d’un geste, d’une parole). Qui fait plaisir, réconforte.

Dire des choses fines à qqn.

C’est fin (de) : c’est gentil (de).

C’est fin d’avoir pensé à moi, d’être venu me voir. C’est fin de votre part de nous inviter chez vous.

À entendre Françoise, Pierre Gagnon n’avait pas son pareil. Il était fin, drôle, amusant; elle allait même jusqu’à le trouver beau, en dépit de la petite vérole dont sa figure était marquée. 1864, A. Gérin-Lajoie, « Jean Rivard, économiste », dans Le Foyer canadien, t. 2, p. 60.

– Connais-tu notre oiseau bleu? demanda-t-elle à Jean. – Celui qui vient chercher des noisettes? – Penses-tu qu’il est fin, et pas farouche! L’autre jour, il s’est posé sur le bord de la fenêtre. 1925, H. Bernard, La terre vivante, p. 162.

Cet enfant-là, je l’ai aidé à venir au monde; ça fait que c’est quasi comme s’il était de ma famille. [...] Le voilà qui me tend ses petits bras pour que je le prenne. Mon Dou, qu’il est donc fin, qu’il est donc avenant. 1935, G. Bugnet, La forêt, p. 210.

« Veux-tu que j’te console? » [...] L’autre le prit par l’épaule, l’attira doucement contre sa hanche. [...] « J’aime ça quand t’es fin comme ça. » 1989, M. Tremblay, Le premier quartier de la lune, p. 112.

2

Intelligent.

Tu dois être assez fin pour comprendre ça! Fais-le toi-même si tu es si fin!

 (Dans des expr.). Être fin pour deux cennes, pour cinq cennes : faire preuve tant soit peu de jugement, de finesse. Être assez fou pour mettre le feu, mais pas assez fin pour l’éteindre : manquer d’intelligence, de jugement, ne pas mesurer la portée de ses actes. Il y en a pour les fins pis pour les fous, en grande quantité, en abondance. Fin comme une mouche : vif d’esprit, perspicace. Pas b(i)en fin, pas fin fin : pas très intelligent. 

 Iron.Se croire, se penser fin : faire le prétentieux.

Rem.En France, fin a aussi le sens d’« intelligent », mais avec une idée de ruse qui est généralement absente en français québécois.

Nous ne sommes ordinairement qu’une poignée d’hommes, mais vous autres qui êtes si fins, mettez-vous donc à l’œuvre, cinq, dix et même vingt mille hommes, et nous verrons si vous le ferez déraper [le pont de glace]! 1863, Ph. Aubert de Gaspé, Les anciens Canadiens, p. 363.

Ça fait qu’arrivé là, il leur a dit qu’il venait trotter avec les chevaux. Il était pas fin, Alexis, pas fou, fou, mais pas fin, fin. 1956, Chicoutimi, dans Nord, no 7, 1977, p. 187.

À part de ça, si [l’institutrice] était fine pour deux cennes, a les prendrait par la douceur, pis Toto pis Paul-Émile se couperaient la main pour y faire plaisir à la maîtresse. 1979, B. B. Leblanc, Y sont fous le grand monde!, p. 57.

En plus, il est en train de chanter la pomme à ma sœur Suzie! Elle, pas plus fine, se laisse embobiner! 1986, R. Tremblay, Lance et compte, p. 123.

Tu sais, je ne suis pas plus fine qu’une autre, dit Blanche, mais moi je n’ai jamais confondu l’amour et le mariage. 1987, Fr. Noël, Myriam première, p. 21.

3

(En parlant d’un objet, d’un service). Qui est bien fait, bien conçu, dont l’utilisation rend la vie plus facile, plus agréable.

C’est donc fin un micro-ondes, je ne pourrais plus m’en passer.

 (En parlant d’une circonstance, d’une situation). Qui est bon, agréable; qui est bien.

Ce qui est fin avec elle, c’est qu’on peut toujours discuter.

 fun (sens I.3).

Rendue un peu plus loin, Belzémyre s’arrête en extase devant des petites poupées en brayets et avec des rubans de cheveux sur la tête. – C’est-y fin un peu ces catins-là. Ça doit se vendre les yeux de la tête. 1919, La Patrie, Montréal, 16 août, p. 15 (chron. humor.).

– Alzire : C’est un poêle de qualité, vous savez. – Ferdinand : À votre place, je m’en serais débarrassé là-bas. Le gaz, c’est si fin et ça va si vite pour faire à manger. – Isidore : Vous autres, du moment que ça va vite, c’est fin. 1938, Cl.-H. Grignon, Le déserteur, 21 octobre, p. 3 (radio).

– Donalda : Les enfants s’en donnent dehors? – Arthémise : Tu comprends avec les traîneaux pis une belle neige de même. – Donalda : C’est don fin de les voir glisser! 1939, Cl.-H. Grignon, Un homme et son péché, 27 décembre, p. 3 (radio).

C’était pas ma destinée d’avoir un petit à moi! Eh, Seigneur! Ça aurait été ben fin, pourtant! 1943, A. Brisset-Thibaudeau, Ceux qu’on aime, 22 septembre, p. 4 (radio).

Elle vient me chercher en auto. Chez elle, il y a ça de fin, quand l’auto est libre elle peut être prise par qui en a besoin. Et elle m’emmène. 1985, La Presse, Montréal, 14 avril, p. 68.

4

Avoir l’air fin : être distingué dans sa tenue, dans ses manières, bien paraître.

Rem.Peut en outre avoir le sens contraire d’« avoir l’air ridicule », comme en France.

La mère d’un fiston canadien-français jusqu’au trognon, s’exclamait [...]. – Quelle belle jeunesse, monsieur; n’a-t-il pas l’air gentleman? on dirait un Anglais! [/] Il devait avoir l’air fin, le fiston, s’il ressemblait à un Anglais. 1900, Les Débats, Montréal, 3 juin, p. 1.

Depuis quelques jours, elle passe son temps à me parler des joueurs de hockey d’un club de ma paroisse... Qu’ils sont donc beaux, puis qu’ils ont donc l’air fin! 1938, A. Rousseau, « Les amours de Ti-Jos », dans P. Pagé, Le comique et l’humour à la radio québécoise, t. 1, 1976, p. 169.

Florence n’a pas vu la photo tout de suite, elle regarde dans l’enveloppe et en sort la photo. Elle reste ébahie! – Ah! Qu’y a l’air fin!... 1980, J.-M. Delisle, Un reel ben beau, ben triste, p. 150.

5

Faire, (plus rarement) avoir le bec fin, la gueule fine, (parfois) la fine gueule : faire le difficile, dédaigner un plat; par ext. considérer avec dédain, exiger plus que ce que l’on est en droit d’attendre.

 Un bec fin, une gueule fine : une personne qui agit ainsi.

V’là la sorte de monde que c’est, les hommes. [...] Bonne Sainte Bénite! Et ça ose faire les becs fins sur les créatures! Tiens!... tiens!... tiens!... tu ferais mieux d’aller me chercher une brassée de bois! 1934, La Presse, Montréal, 24 février, p. 59 (chron. humor.).

C’est entendu qu’y a des petites [sic] inconvénients. Un mari, c’est un mari. À ton âge, faut pas faire le bec fin. Faut pas cracher dessus, dirait ton père. 1961, R. Lemelin, La famille Plouffe, 25 septembre, p. 4 (radio).

Tu as tort de mépriser l’argent, et puis, tu sembles oublier que nous vivons tous à même ton héritage. Rien de plus gratuit qu’un héritage, n’est-ce pas? Et, à quoi bon faire la fine gueule? Sans l’héritage que fit notre mère Agnès, nous serions tous chez le diable, notre père François avec nous, à mendier, comme des saints humiliés. 1967, A. Hébert, Le temps sauvage, p. 19-20.

– Maria : Restez icite, vous avez en belle! Nus autes, on a pas d’objections. – Beaugras : Mais préparez-vous à vous mette à ’a soupe aux pois, par ’zempe! Comme tout l’monde! [...] – Mrs. Master : Nous demeurons. – Mr. et Mrs. Master : Et nous mangerons la soupe aux pois! – Maria : Mais vous êtes mieux d’pas faire les becs fins d’ssus! 1975, R. Lepage, La pétaudière, p. 132-133.

[...] [il] n’aime pas beaucoup les plaisirs de la table, selon lui pertes de temps. [...] Ça ne dure jamais plus de 15 minutes, soupe, dessert et café inclus. « Mais j’ai jamais levé le nez sur du manger, dit-il avec empressement. Quand y’a du monde qui crève de faim, on n’a pas le droit d’être becs fins. » 1987, L’Actualité, août, p. 42.

B

Exprimant un renforcement.

1

(Placé devant le nom). Qui constitue le point extrême (de qqch).

VieilliLe fin bout d’une affaire, le fin cœur de l’hiver. Le fin Nord québécois. Le fin haut des côtes.

De fin matin : très tôt le matin.

 VieilliFine glace ou glace fine : glace très dure, unie.

Rem.On dit plus couramment glace vive, glace bleue.

 À la fine course, à la fine épouvante : à vive allure, à toute vitesse (en parlant d’une personne ou d’un animal).

Partir à la fine course. S’en venir à la fine épouvante.

Au fin fond, dans le fin fond : en réalité, tout bien considéré.

Rem.Emploi plus large qu’en français de France où fin, dans ce sens, n’est plus usité qu’avec quelques mots (voir Histoire).

Dans la confusion qui suivit ce revers de médaille, le colonel Gauvin s’échappa à fine course, monté qu’il était sur un excellent cheval qu’il avait pris sans cérémonie dans les écuries de l’honorable Debartzch. 1837, La Gazette de Québec, 2 décembre, p. 1.

Vite me laver, changer d’habit, me raser aussi, puis le métro, tout cela à la fine épouvante pour faire le vide en moi, pour éviter les distractions qui me retarderaient. 1968, A. Major, Le vent du diable, p. 138.

C’est peut-être que dans le fin fond, vous ne voulez pas abandonner la cigarette. Parce que vous aimez fumer. Tout simplement. 1976, L’Actualité, octobre, p. ll (annonce).

(Acadie). Pourtant le marin qui promenait sa goélette entre les îles du sud et par les mers du nord depuis sa fine jeunesse avait dû entendre souvent le chant des sirènes dans la nuit; il avait dû charrier dans son quatre-mâts plus d’une cargaison de beautés éplorées et reconnaissantes, ce seigneur du large. 1979, A. Maillet, Pélagie-la-Charrette, p. 117.

2

(En fonction adverbiale). Tout fin seul, tout fin prêt : tout à fait seul, tout à fait prêt. VieuxTout fin dret : en ligne droite, sans détour.

Rem.Fin prêt se dit en France (voir Histoire).

 (Parfois précédé de tout). Fine haute, fine basse (en parlant de la marée) : à son niveau le plus haut, le plus bas.

T’nez, j’vas vous raconter tout fin draite comment qu’la chose est arrivée. 1842, P. Petitclair, « La donation », dans L’Artisan, Québec, 26 décembre, p. l.

Pas besoin de vous dire si j’avais le visage long, tout fin seul sus c’te grève, avec mon soûlard sus les bras, et la moitié d’un petit pain pour toute consolation. 1898, L. Fréchette, « Coq Pomerleau », dans A. Boivin et M. Lemire (éd.), Contes II. Masques et fantômes, 1976, p. 193.

[...] c’est que l’père est mort tout d’un coup sans crier gare, et la mère est restée toute fine seule avec des marmots, sur les bras. 1900, R. Girard, Florence, p. 97.

Le vent a repris de plus belle, mais cette fois sans direction. On le croit au sud, il est nordais et sorois. Un vent mêlé. Un vent que le fou aime. Comme une immense couleuvre, il rampe dans les roseaux, se cabre et se recouche. La marée est fine basse. 1958, F. Leclerc, Le fou de l’île, p. 60-61.

Et me voilà tout fin seul assis sur le bord du lit. Arrêté. Figé. Coupé de mon monde et de mon été. 1975, J.-P. Filion, Saint-André Avellin... le premier côté du monde, p. 93.

II

n.

1

Fam.Faire le fin, son fin : se montrer gentil.

 Iron.Faire le brave, l’intéressant.

 smatte (sens II.2).

Mardi soir, [...] je suis allé avec ma vieille au théâtre de la rue Guy, près de la montagne, où est-ce qu’un Écossais du nom de Harry Lauder devait danser des jigues [sic] et faire des farces. [...] En petit jupon, les jambes en l’air, une tourmaline avec une plume d’oie sur la tête, il a essayé de faire son fin. 1919, La Patrie, Montréal, 11 janvier, p. 13 (chron. humor.).

À l’heure du dîner, alors que toute la famille venait de se mettre à table, papa a fait son fin, toujours la même histoire, les résultats scolaires de son fils Antoine. 1964, A. Major, Le cabochon, p. 34.

J’ai bien assez de faire la fine Quand ma tante vient nous visiter : – « Mon Dieu, Clémence, t’as pas bonne mine Il s’rait grand temps de t’marier. » 1969, Cl. Des Rochers, Sur un radeau d’enfant, p. 175.

Il y a des boas. [...] Il faut faire très attention quand on marche. J’ai encore voulu faire ma fine : je me suis couchée dans l’herbe. 1969, M. Richard, Michèle Richard raconte Michèle Richard, p. 120.

2

Fam.Personne qui parle, qui agit avec prétention.

Un beau fin.

 Par antiphrase Personne à qui l’on reproche d’agir sans discernement, de manquer de jugement; qui mérite la désapprobation par son comportement, sa conduite.

Beau fin! T’es une belle fine, toi!

 fin-fin.

– Pierre : Oh, dis donc, Betty, connais-tu ma grande sœur Josette? [...] Je vais te la présenter... Elle aimerait bien te connaître. – Ti-toine : Mon imbécile!... Fais pas ça! Qu’est-ce que Josette va penser?... – Pierre : Josette! Josette! [...] Viens donc ici. [...] – Ti-toine : Je m’en vais... J’ai pas envie que mes deux blondes se rencontrent. – Madeleine : T’es un beau fin, toi, Pierre. 1939, A. Audet, Madeleine et Pierre, 25 janvier, p. 2-3 (radio).

Beau Alexis. Un grand connaissant. Un beau fin. C’était pas difficile pour lui de faire à semblant de croire Ti-Mousse. 1943, Cl.-H. Grignon, Un homme et son péché, 29 décembre, p. 2 (radio).

– Lucinda : Regarde donc le Courrier de Radiomonde [journal]. – Amanda (Lisant.) : « Miville Couture. 1- Est-il marié? 2- A-t-il des enfants? Réponse : il n’est pas marié. » – Églantine : Ils disent pas s’il a des enfants? – Amanda : Non, ils le disent pas : tu parles des fins! 1981, Gr. Gélinas, Les fridolinades 1941 et 1942, p. 174.

3

Fam.Pas fin, pas fine : personne qui manque d’intelligence ou de jugement; personne attardée.

Une pas fine, des pas fins.

Eh! ce pas fin, aussi! N’avoir rien du tout devant soi, et s’en aller prendre une fille pauvre. Pourquoi pas une riche ou qui aurait eu, au moins, un p’tit brin de butin! 1900, W. Larose, « Entre deux quadrilles », dans Les soirées du château de Ramezay, p. 109.

Un pas fin qui avait vendu sa terre pour s’en aller en ville, me disait jusqu’à quel point il s’ennuyait de ses animaux. « Tous les matins, en m’en allant à mon ouvrage, je fais un détour d’un demi-mille pour pouvoir passer devant une grange. » 1953, E. Arsenault, Les loisirs d’un curé de campagne, p. 150.

On y disait : « T’es pas capab’ de fumer plus longtemps que l’ crapaud! », on enfonçait un’ cigarette ent’ les babin’ d’un crapaud [...] pis on en donnait une à Rosair’ qui halait la fumée comme un pas fin pis qui dev’nait violett’ pis qui s’ mettait à brailler pis à vomir. 1975, P. Châtillon, Le fou, p. 20.

4

VieilliSe mettre, s’habiller sur son (plus) fin : mettre ses plus beaux habits, apporter un soin particulier à sa toilette.

Rem.On dit plus couramment se mettre sur son plus beau, se mettre sur son trente-six.

Un bon jour, j’ai dit à mon bourgeois : « Demain, je travaille pas, je prends congé. » Alors, je m’habille sus mon fin, [...] pis là, je vous dis, j’étais pas mal propre [...]. 1971, Saint-Joseph (Saint-Hyacinthe), AFEUL, G. Dulong 332 (âge de l’informateur : n. d.).

Ce soir, on va passer le temps dans le château, puis demain matin, tu vas t’habiller sur ton plus fin, mettre la plus belle robe que tu as, puis je vais aller te ramener chez vous. 1976, Notre-Dame-d’Hébertville (Lac-Saint-Jean-Est), dans B. Bergeron, Les Barbes-bleues, 1980, p. 116.

5

loc. adv. VieuxAu fin (en parlant de l’exécution d’un travail ou de son résultat) : très bien, parfaitement.

Réparer un objet au fin. Travailler au fin.

C’fut un beau jour qu’l’jour où ce que mon frèr’ l’Curé fut fait prête dans la Cathédrale de Chicoutimi [...]. Al’ [la cathédrale] était toute parée et pavoisée au fin, pleine de monde comme un œu [...]. 1924, A. Langlais, dans Le Canada français, vol. 11, p. 793.

Il a réparé l’armoire, ça va faire au fin. 1930, dans GPFC.

Histoire

IA1Depuis 1864. Hérité de France. En parlant de qqn, cp. en ancien français des emplois voisins comme « délicat, tendre (en amitié, en amour) » ou « loyal, sincère » (v. FEW fīnis 3, 563a, GreimAFr, Godefroy, LaCurne). Par ailleurs, selon un commentaire de Pasquier (XVIe s.), fin recoupait à époque ancienne divers emplois de bon : « L’ordinaire de nos anciens estoit d’employer le mot de fin, pour bon en toutes les occurrences qui se presentoient » (cité dans LaCurne). 2Depuis 1862 (Gazette des campagnes, Sainte-Anne-de-la-Pocatière (Kamouraska), 3 avril, p. 58 : si [...] vous êtes plus fin que nous). Relevé dans les parlers de l’Est et du Sud de la France (v. BoillDoubs 162, GonPonc 89, CastNiç). Dans la langue générale, cp. les sens voisins de « savant, pénétrant, rusé », à l’époque classique (v. Fur 1727, Cayrou, DubClass3). En français moderne, l’emploi de fin au sens de « rusé » s’est maintenu surtout dans des locutions comme un fin renard, un fin matois, une fine mouche. 3Depuis 1919. 4Depuis 1900. Sans doute hérité des parlers de France. Cp. en picard c’est un fin, une fine, en parlant de qqn dont la mise est soignée, recherchée, les manières distinguées (v. VassPic). Cp. aussi, en créole haïtien, fen « bien habillé » (BentKreyòl 166). 5Depuis 1894 (Clapin, s.v. bec-fin). Relevé dans le parler picard : bec-fin « celui qui n’aime que les mets choisis, les friandises » (v. VassPic 67); cp. aussi, dans les parlers de l’Ouest et du Nord-Ouest, goule-fine « individu difficile sur la nourriture » (v. FEW gǔla 4, 317a). Dans la langue générale, cp. des emplois voisins tels que faire la fine bouche « faire le difficile devant un mets ou devant toute œuvre ou proposition » (v. Larousse 1982, Robert 1985), ou encore les expressions vieillies faire le petit bec, faire son petit bec, de même sens (v. Littré, GLLF, Robert 1985). Cp. enfin fine gueule ou gueule fine, fin bec ou bec fin « gourmet » en français moderne (v. Robert 1985, TLF). La définition que donne Académie 1932 pour c’est un bec fin (« c’est un gourmet, il a le goût difficile ») montre bien le lien sémantique étroit entre le fait d’être gourmet (donc de ne pas manger n’importe quoi) et le sens que l’on donne à bec fin en français québécois. B1Depuis 1837. Emploi bien attesté en ancien et en moyen français ainsi que dans les parlers régionaux de France (v. FEW fīnis 3, 562b, LaCurne). Voir en outre dans Godefroy : « Fin s’employait devant beaucoup de substantifs pour exprimer une idée de superlatif, pour dire extrême, complet ». Également dans Huguet : le fin matin « la première lueur du jour », au fin cœur d’hyver « en plein hiver ». En français moderne, fin dans ce sens ne subsiste que dans de rares locutions (par ex. le fin fond des bois, le fin mot d’une histoire, la fine fleur de la société). 2Depuis 1810 (VigerB 96 : tout fin seul). Fin ainsi que tout fin sont attestés avec cette valeur adverbiale (pour renforcer un adjectif ou un adverbe) en ancien et en moyen français de même que dans les parlers régionaux de France (v. FEW id., Godefroy, LaCurne, Huguet; v. encore GLLF qui cite Molière : Il parle tout fin droit comme s’il lisait dans un livre, et Madame de Sévigné : Je suis ici toute fine seule). Pour l’accord au féminin, v. Godefroy : « Dans cette manière de dire il pouvait s’accorder avec un adjectif féminin ». Le français moderne ne conserve de cet usage ancien que quelques expressions comme fin prêt ou fin saoul.

II1Depuis 1919. Au sens de « se montrer gentil », faire le (son) fin découle du sens I.A.1. Dans son acception ironique, il a sûrement été hérité de France également; cp. faire le fin « faire des façons » en moyen français et en français classique (v. Huguet, Cayrou). 2Depuis 1939. 3Depuis 1894 (Clapin). Héritage des parlers de France : relevé en auvergnat (pas fin « bêta », v. BonnAuv2 32). Cp. aussi point-fin et guère-fin « sot, imbécile, peu intelligent » dans les parlers de l’Ouest (v. DottMaine 419 et 580, DottBret 142, FEW 3, 566b). 4Depuis 1917 (JutrParl 152). 5Depuis 1903 (H.-R. Casgrain dans BPFC 1/9, p. 157).

 fin-finfin finaud, fin finaude.

Version du DHFQ 1998
Pour poursuivre votre exploration du mot fin, consultez notre rubrique La langue par la bande.
Trésor de la langue française au Québec. (1998). Fin, fine. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 30 novembre 2023.
https://www.dhfq.org/article/fin-fine