ENGRAISSER [ɑ̃ɡʀɛse]
v.
v. tr. Proverbe. Fam.On n’engraisse pas les cochons à l’eau claire. On ne doit pas faire le difficile sur la nourriture, même quand elle paraît peu appétissante, qu’elle a été en contact avec quelque chose de malpropre.
Ce qu’y reste de sauce est figé comme de la colle Lepage. Pour nourrir les cochons, ç’a pas besoin d’être bon; autrement dit, on les engraisse pas à l’eau claire. 1973, J.-M. Poupart, Chère Touffe, c’est plein plein de fautes dans ta lettre d’amour, p. 117.
v. pron. Fig., vieilli(En parlant du temps, du ciel). Se couvrir, s’assombrir.
graisser (sens II.1).
Engraissement n. m. VieilliAccumulation de nuages de pluie rapidement dissipés par le vent.
Nous n’avons que trois vents, c’est tout simple : le nordêt, comme à Québec, le norouêt, et le sorouêt – méfiez-vous des engraissements de sorouêt! Le sudêt, c’est un inconnu! 1943, A. Laliberté, « Le parler populaire au pays des bleuets », dans Le Canada français, vol. 30, p. 363.
Histoire
1Depuis 1973 (dès 1932 dans une variante : un gros homme qui ne s’engraisse pas à l’eau claire, dans Le Goglu, Montréal, 13 mai, p. 5). Relevé sous des variantes dans le Centre de la France : « les gorets n’engraissent pas d’iau claire : se dit plaisamment, en manière de consolation, quand on trouve dans son plat quelque corps étranger qui n’est pas propre » (v. ThibBlais), et « les couchons engréessent point d’iau clare (se dit lorsqu’on n’est pas difficile sur la propreté des couverts et des mets servis) » (v. DavTour, s.v. engréesser). 2Depuis 1896 (Rinfret). Relevé en français du XVIIe s. (Cotgrave 1611) de même que dans les parlers du Nord, du Nord-Ouest, de l’Ouest et du Centre de la France (v. FEW crassus 2, 1283a; v. aussi DudPerch, MoisyNorm, LeMJers s.v. engraîssi, MartVend et JaubCentr2).