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ENFIROUAPEUR, ENFIROUAPEUSE [ɑ̃fiʀwɑpœʀ, ɑ̃fiʀwɑpøz]
n.

Rem.

1. A été quelquefois relevé en emploi adjectival (voir p. ex. sens Fig.). 2. Variantes graphiques : enfirouâpeur, enfirouâpeuse; rare enfirwapeur, enfirwapeuse.

  

Fam.Personne qui trompe, aveugle, manipule les autres pour arriver à ses fins.

 (Plus spécial. dans le cadre de relations amoureuses). Personne charmeuse, enjôleuse.

Tu me donnes mal au cœur, l’Auteur! […] wowe! Suis une tite fille correcte moi! J’ai été élevée chez les soeurs, je m’en vas pas me mettre à encourager la grossièreté des sentiments! Pour kikim’prend? Sacrament! Du jus! Dans deux minutes y va faire saigner les mots c’est sartain, comme des sacrés-coeurs de carton, t’es un maudit enfirwapeur, l’Auteur! 1972, J. Godbourt, D’amour P. Q., p. 13‑14.

Jean-Paul [Belleau] ment et séduit. Rien de neuf sous le soleil. Le personnage du séducteur fait partie du fonds légendaire de toutes les littératures. […] Comment expliquer le succès de Jean-Paul? On pourrait, bien sûr, invoquer le jeu superbe du comédien. Ou affirmer que le Don Juan victime de ses manigances rejoint l’enfirouapeur enfirouapé – ou le couple bourreau victime – qui sommeille en chacun de nous. 1988, Le Soleil, Québec, 24 janvier, p. B4.

Parce que tout le monde le sait ben que chus juste une menteuse pis une enfirouapeuse de gars. En té cas, c’est ça que ma mère a’ dit, pis mon père était juste trop content qu’a’ dise de même. Ça fait qu’y m’a dit de sacrer mon camp avant de faire encore plus de trouble dans la maison... 1995, L. Tremblay D’Essiambre, Les années du silence, t. 1, La Tourmente, p. 127.

La première fois que j’ai aperçu Susie à la télé, avec son foulard rouge et sa tête froide, je me suis immédiatement demandé comment une fonceuse de sa trempe avait pu se mettre dans pareil pétrin. En d’autres mots, comment une fille intelligente, éduquée, majeure et vaccinée a‑t‑elle accepté de se faire faire cinq enfants par un enfirouapeur déguisé en cuisinier égyptien? 1997, N. Petrowski, La Presse, Montréal, 25 avril, p. A5.

Tout au long de son exposé, je n’ai cessé de me dire que cet homme‑là aurait dû faire de la politique. Un « enfirouapeur » de la plus belle espèce qui, avec une assurance à toute épreuve, nous a fait la démonstration que la Caisse de dépôt va bien, que la crise achève et qu’il ne voit pas de quoi on se plaindrait. 2009, L. Payette, Le Devoir, Montréal, 13 mars, p. A9.

Fig.

Avouez que comme confusion enfirouâpeuse, c’est le paquet! Tout ça pour dire qu’on n’est pas ce qu’on est, mais qu’on est ce qu’on [sic] est pas. 1973, J. Marcel, Le joual de Troie, p. 218.

Les Québécois se font volontiers enfirouaper. Leurs hommes politiques sont coutumiers du fait. Et l’histoire, quelle grande enfirouapeuse […], elle vous « enfirouape » un peuple en moins de temps qu’il ne faut pour le dire! Plus le peuple est faible, plus rapide le processus. On ne fait que commencer à se rendre compte à quel point les évènements d’octobre 1970 relèvent d’un sensationnel enfirouapement. 1974, J.‑É. Blais, Le Devoir, Montréal, 15 juin, p. 17.

 (Variante). Enfirouapeux n. m.

Rem.Aussi écrit enfirouâpeux. 

Tu commenceras pas toi aussi à me reprocher de toujours être de bonne humeur, sacrament! […] C’est vrai que chus un enfirouapeux, c’est vrai que j’veux que tout le monde m’aime pis que j’fais toute pour mais ça fait pas de moé un chien sale! 1987, M. Tremblay, Le vrai monde?, p. 27.

L’humoriste a bien aimé aussi le personnage de Burns, un « enfirouapeux », un arnaqueur bien particulier qui réussissait à emprunter de l’argent pour aller boire sans jamais remettre l’argent emprunté. 2000, La Presse, Montréal, 23 juillet, p. B3.

Derrière le comptoir, la patronne, madame Leclerc, cessa d’égoutter les frites dans leur panier; elle avait écouté le cabotinage du Gros. Elle se tourna et lança : – Fais attention à lui, Maryse, c’t’un enfirouapeux de la pire espèce. Y chante la pomme à toutes les filles depuis vingt ans. Y a pas une serveuse à qui y a pas faite une déclaration d’amour! 2002, J. Côté, Le rouge idéal, p. 157.

Dans son dernier éditorial de la revue de l’Ordre [des dentistes du Québec], il [le président de l’Ordre] s’attaque à tous les opposants, les qualifiant de personnages sans crédibilité ni connaissances, « d’enfirouapés ». Tels sont ses mots, son jugement. Faut-il en rire ou pleurer? Selon son dogme, il faut désormais considérer comme enfirouapeux, le Dr […], Prix Nobel de médecine qui a dénoncé cette aberration sur toutes les tribunes. 2015, Le Nouvelliste, Trois‑Rivières, 8 juin, p. 12.

Histoire

Depuis 1969 (PPQ 1566x). De enfirouaper, et du suffixe ‑eur ou ‑euse (ou ‑eux, dans le cas de la variante enfirouapeux).

Nouvelle entrée de la deuxième édition

Dernière révision : octobre 2022
Pour poursuivre votre exploration du mot enfirouapeur, consultez notre rubrique Saviez-vous que sur le site Web du Trésor de la langue française au Québec
Trésor de la langue française au Québec. (2022). Enfirouapeur, enfirouapeuse. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 1 novembre 2024.
https://www.dhfq.org/article/enfirouapeur-enfirouapeuse