DORÉ [dɔʀe]
n. m.
Poisson d’eau douce (genre Stizostedion, fam. des percidés) apparenté à la perche (appelée perchaude au Canada), mais plus gros et plus élancé, aux grands yeux saillants vitreux, à chair très estimée, dont deux espèces se rencontrent en Amérique du Nord.
2022, TLFQ, Doré jaune (« stizostedion vitreum ») [photo].Tournoi de pêche au doré. Filet de doré.
(Surtout dans la langue spécialisée). Doré jaune, aux flancs recouverts d’écailles à reflets dorés (Stizostedion vitreum). Doré noir, portant de larges taches foncées sur le dos et les flancs (Stizostedion canadense).
Rem.1. Autrefois connu sous le nom de poisson doré (voir poisson, sens II.6). 2. Les appellations doré jaune et doré noir ont été normalisées par le BNQ et l’OQLF (voir BNQ-Pêches2 14, et OLF-Avis4, nos 578 et 579). 3. En France, ce poisson est appelé sandre. 4. Figure dans un bon nombre de toponymes (p. ex. Baie du Doré, Lac aux Dorés, etc., v. RTQ 1987).
Les Sandres qui sont connus partout en cette Province sous le nom de Dorés, sont des poissons de premier ordre pour la table. Ceux que l’on prend dans le lac St. Pierre et qu’on apporte au marché de Québec en hiver, commandent d’ordinaire les plus hauts prix entre les habitants des eaux. 1875, L. Provancher, dans Le Naturaliste canadien, vol. 7, no 6, p. 161.
Dans la torpeur de la mi-été, et en attendant les travaux de l’automne, quelle douce jouissance à guetter le doré en des coins de rivières que l’on connaît bien. 1920, L’Almanach du peuple de la librairie Beauchemin, p. 238.
Vers cinq heures, Dolorès s’est calmée. C’est l’heure où le doré mord et nous partons pour le lac. Le doré atteint ici des proportions énormes. On en voit de dix livres. Il est plus sombre que dans le sud, le dos noirâtre, la nageoire caudale marquée de blanc, dans sa partie inférieure. 1932, H. Bernard, Dolorès, p. 123.
Le doré aime la profondeur, recherchant les lits rocailleux, sablonneux et les profonds chenaux. [...] Ce beau poisson aux yeux de lune fuit le soleil, et cela à cause de la faiblesse de ses grands yeux vitreux. 1960, M. Chamberland, Tous les secrets de la pêche, p. 80.
Ils ont monté là pour le doré [au barrage Gouin], la pêche au doré. Ils étaient quatre. [...] Ils avaient au-dessus de neuf cents dorés. Pis là, ils s’en retournaient chez eux, c’étaient des Américains, ils venaient de Cleveland, Ohio. Pis là sur le chemin, bien ils se sont fait pogner par les gardes-chasse. 1980, La Tuque, AFEUL, S. Fournier 293 (âge de l’informateur : n. d.).
Le clou d’une journée de pêche avec Jos Tessier, c’est le « shore lunch », le repas en plein air sur la grève. Après avoir détaché en un tournemain les filets des dorés fraîchement pris, Tessier les enrobe de farine et les fait frire dans un mélange d’huile végétale et de beurre bouillant dans une grande poêle en fonte, sur un feu de camp; le tout accompagné de frites et de bacon. 1992, Le Soleil, Québec, 5 juin, p. S7.
(Hapax). Dorin n. m. Jeune doré.
Les dorins sont actifs dès leur sortie de l’œuf. Mêlés aux bandes de dards, cyprins, perchettes et autres petits poissons, ils chassent la bestiole avec ardeur. 1936, Cl. Mélançon, Les poissons de nos eaux, p. 176.
Histoire
Depuis 1804 (dans L. R. Masson, Les Bourgeois de la Compagnie du Nord-Ouest, t. 1, 1889, p. 228 : Mes gens n’ont pris qeu [sic] 2 Dorés dans leurs filets). Résulte d’une ellipse de poisson dans l’ancienne appellation poisson* doré. On trouve en France le mot dorée, mais comme nom féminin et en parlant d’un poisson de mer (attesté depuis le XIVe s., v. Robert 1985; v. aussi RobHist qui cependant intervertit les formes doré et dorée dans son explication). Du français canadien, le mot est passé en anglais nord-américain qui l’atteste dès 1792 (dory, v. DictCan; doré, depuis 1793, ibid.; v. aussi Gage 1984, DARE et Webster 1986, s.v. doré ou dory). Doré jaune a été construit d’après l’anglais nord-américain yellow pickerel ou yellow pike (v. Webster 1986).