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DISPENDIEUX, DISPENDIEUSE [dispɑ̃djø, dispɑ̃djøz]
adj.

1

(En parlant de qqch. que l’on peut se procurer ou dont on doit s’acquitter moyennant une somme d’argent déterminée, par ex. de marchandises, de biens et de services divers, d’obligations). Dont la valeur marchande, le prix, le coût est en soi élevé.

Une auto dispendieuse. Un livre dispendieux. Des vêtements, des jouets, des meubles, des parfums, des médicaments dispendieux. Une maison, un logement, un terrain dispendieux. L’électricité est plus dispendieuse que le téléphone. Des cours dispendieux. Des taxes dispendieuses.

 Par ext. Un hôtel, un restaurant dispendieux, dont les prix sont chers. Une main-d’œuvre dispendieuse, dont les salaires coûtent cher.

Rem.1. En français de France, dispendieux se dit plutôt d’habitudes, d’activités ou d’entreprises entraînant des dépenses considérables, emploi qui est courant également au Québec (avoir un train de vie, des goûts, des loisirs dispendieux; un voyage, un sport dispendieux). 2. On dit aussi cher, comme en France, mais ce mot est perçu comme moins soigné ou comme ayant une valeur sémantique moins forte que dispendieux.

[...] on n’aide pas aux jeunes Canadiens à parvenir; [...] lorsqu’on a une affaire importante, on la confie à un avocat anglais; lorsqu’on a une maladie grave, on appelle un médecin anglais; lorsqu’on a un meuble dispendieux à faire faire, on emploie un ouvrier anglais [...]. 1865, H. Fabre, dans Revue canadienne, t. 2, p. 709.

[...] ils portaient toujours de belles et dispendieuses cravates ainsi que de luxueux bas de soie [...]. 1944, L. Rochefort, Sa marotte, p. 161.

[...] elle décrivait ses achats : [...] des robes Jonathan Logan, parues dans le magazine américain Seventeen, notre bible de l’élégance adolescente, des soutiens-gorge Lejaby, made in France, [...] et enfin des chandails anglais en cachemire ou en angora plus dispendieux que mon manteau de printemps. 1985, D. Bombardier, Une enfance à l’eau bénite, p. 196.

Au lieu de prendre le tramway, je marcherais; je n’ai pris le tramway qu’une seule fois en deux ans (il était dispendieux : dix cents le trajet). Je ménagerais mon argent de poche [...]. 1987, M. Trudel, Mémoires d’un autre siècle, p. 124.

Fig.

[...] des ouvriers fatigués qui refusaient d’admettre qu’ils ne trouvaient ni dans la bière bon marché ni dans les bras à peine plus dispendieux des guidounes l’oubli qu’ils étaient venus chercher [...]. 1982, M. Tremblay, La duchesse et le roturier, p. 15.

Vieilli Qui exige, nécessite beaucoup d’efforts, de sacrifices; pénible, difficile à faire, à supporter.

Avoir un travail dispendieux à faire. Avoir un sort dispendieux.

Qu’est-ce que j’ai à te dire? On a un voyage dispendieux, risqué d’y perdre la vie. On va arriver, il y aura presque plus de jour. 1948, Saint-Irénée (Charlevoix-Est) AFEUL, L. Lacourcière 482 (âge de l’informateur : 73 ans).

[...] si l’on considère la somme d’énergie qu’on y laisse le bénévolat est très dispendieux1980, Le Parchemin, Château-Richer, septembre, p. [1].

 Qui a des conséquences fâcheuses.

Boston a dû s’avouer battu par une équipe supérieure. [...] Les punitions furent dispendieuses pour les Bruins dans la première période. 1930, Le Soleil, Québec, 4 avril, p. 16.

2

Vieilli (En parlant de qqn). Dont le train de vie, les habitudes, les goûts, les exigences coûtent cher à satisfaire.

Des visiteurs dispendieux.

Les roses rouges de Bulgarie, c’est un rêve qu’il nous a jeté en passant, le monsieur qui vend de la quintessence; un rêve qui ne peut jamais être vrai parce qu’il coûterait trop cher. Les roses de Bulgarie, ce sont des courtisanes dispendieuses qui ne parfument qu’à prix d’argent [...]. 1941, Montréal-Matin, 26 août, p. 10.

– Joséphine : As-tu le compte de l’épicerie? – Ovide : Un instant... Je l’ai mis dans la soupière... [...] – Joséphine : [...] Ah!... $ 48.70! pour six jours!... – Ovide : [...] C’est pas normal? – Joséphine : Mais, pauvre enfant... Ça m’en coûte vingt pour le même temps, d’habitude. Y commençait à être temps que je revienne. [...] T’es un homme de maison dispendieux, mon Ovide. T’es mieux de te remettre à l’opéra. 1961, R. Lemelin, La famille Plouffe, 6 décembre, p. 3-4 (radio).

Il faut que Guillaume fasse quelque chose. Je tiens pas à ce qu’il passe sa vie à courir les filles. [...] Mais en ce moment, les filles dispendieuses, c’est tout ce qui l’intéresse. Moi, [...] j’ai durement appris à connaître la valeur de l’argent, il faut qu’il l’apprenne à son tour. 1968, M. Dubé, Bilan, p. 105-106.

Histoire

1Depuis 1865. N’est pas inconnu en français de France (relevé en 1948 sous la plume d’H. Bazin, en parlant de bottillons), mais n’y est guère courant (v. ColDiff : « On dit plus simplement coûteux »). Découle du sens de « qui occasionne, entraîne de grandes dépenses », attesté en français depuis le XIVe s. (v. PRobert 1993 et TLF; considéré de nos jours comme soutenu ou comme littéraire, v. DFC 1980 et RobMéth). 2Depuis 1941. Sans doute hérité de France; cp. le sens voisin de « dépensier », relevé aux XVIIIe et XXe s. (v. Féraud 1787, et ColDiff : « ne pas confondre avec dépensier, ‘qui aime dépenser’ »).

Version du DHFQ 1998
Trésor de la langue française au Québec. (1998). Dispendieux, dispendieuse. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 5 février 2025.
https://www.dhfq.org/article/dispendieux-dispendieuse