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DÉPANNEUR, DÉPANNEUSE [depanœʀ, depanøz]
n. et adj.

I
1

n. Vieilli Personne ou organisme qui vient en aide et offre ses services à d’autres personnes, à titre gracieux.

Rem.1. La forme féminine dépanneuse a été relevée, mais est peu usitée. 2. Comme en français de référence, le mot peut aussi s’employer au sens de « professionnel (mécanicien, électricien, technicien, réparateur d’appareils électriques à usage domestique, etc.) chargé de réparer (un mécanisme en panne) » (voir p. ex. PRobert 2002).

Les étudiants canadiens, qui poursuivent présentement leur[s] études à Paris, se sont réunis dimanche dernier à la Maison Canadienne de la Cité Universitaire. […] [L’]attaché culturel auprès de l’ambassade canadienne, […] était le principal représentant officiel canadien. Il est à Paris le grand ami et le grand « dépanneur » des étudiants canadiens. 1947, Le Canada, Montréal, 11 février, p. [1].

Le projet Éducation sociale a reçu une prolongation de quatre mois. Il s’agit d’un groupe de dépanneurs qui aident les gens à mieux se débrouiller dans les complexités des lois sociales, surtout pour l’Assurance-chômage. En six mois ces dépanneurs ont permis à 300 citoyens d’obtenir plus de justice […]. 1973, La Presse, Montréal, 1er août, p. E6.

Les « dépanneurs » des Jeux du Québec à Valleyfield [titre] […] À son bureau de la polyvalente Baie-St‑François, le téléphone ne dérougit pas, non plus que le « walkie-talkie » qui lui permet de rester en contact constant avec ses hommes. Entre deux appels, [le directeur du service technique des Jeux du Québec] explique : « Nous sommes des dépanneurs. Dès qu’un problème surgit, on fait appel à nos services. Tout passe par nous. » 1974, Le Devoir, Montréal, 5 août, p. 12.

Elle a déjà en main une longue liste de ces personnes qui attendent son aide […]. Pauline […], qui se veut avant tout une « dépanneuse » auprès des personnes seules, âgées ou défavorisées, reproche aux technocrates de vouloir diriger le sort de personnes dont ils ignorent à peu près tout […]. 1974, Le Soleil, Québec, 13 novembre, p. E23.

En fait, une Chambre de commerce est une association volontaire composée d’hommes d’affaires, de commerçants, d’industriels, de professionnels qui se mettent ensemble pour protéger et assurer le développement équilibré de la société. […] Et en vue d’empêcher les éclatements et les accidents de parcours, la Chambre doit être une banque d’informations, une dépanneuse de la petite et de la moyenne entreprise par l’accès vers les subsides, par l’orientation des relations du travail. 1975, La Tribune, Sherbrooke, 18 avril, cahier 2, p. 9A.

(En fonction adjectivale). [L]e député « dépanneur » de Sainte-Marie [titre] […] Le proprio vous fait des misères? L’assurance-chômage et le bien-être social vous embêtent? Le formulaire de pension de vieillesse vous intimide? Les conseillères du CICD sont à votre disposition, de 10 h à 17 h, cinq jours par semaine. Le CICD, c’est le Centre d’information communautaire et de dépannage Sainte‑Marie. 1988, La Presse, Montréal, 28 août, p. F6.

André […] consacre des heures importantes au bénévolat et en tire une satisfaction immense. « Aider quelqu’un, c’est reposant. Tu partages ton expérience et tes connaissances avec des personnes qui ont parfois des problèmes. J’effectue des visites auprès des malades et je conduis les personnes. En fait, je suis un bon dépanneur! [».] 2000, La Tribune, Sherbrooke, 8 mai, p. D1.

 VieilliBras droit.

Il n’est pas facile, explique‑t‑il au cours d’un interview, de définir les fonctions d’un adjoint parlementaire. En somme, dit‑il, l’adjoint parlementaire est « le dépanneur du ministre ». 1957, L’Événement, Québec, 12 octobre, p. 18.

 VieilliPersonne qui peut en remplacer une autre, au besoin.

 (Spécial., dans un contexte sportif). Personne qui vient en renfort, de façon ponctuelle, pour appuyer une équipe.

De façon simpliste, on souhaite qu’il n’y ait plus jamais de vacances pour les idoles. […] tout s’apprend à condition, bien sûr, que les stations [de télévision] forment leurs « dépanneurs » officiels. Dans le cours de l’année, il arrivera souvent que les leaders naturels s’absenteront pour des vacances, des missions spéciales ou en raison de la maladie. 1976, Le Soleil, Québec, 26 février, p. C10.

Dustin […], le dépanneur par excellence [titre] Depuis qu’il s’est taillé un poste avec les Olympiques de Hull à titre de simple joueur invité l’an dernier, [un joueur de hockey] s’est surtout distingué pour son jeu défensif. […] « Je suis déjà capable de jouer les trois positions à l’attaque (ailes droite et gauche ainsi que centre), c’est une chose de plus à mettre dans mon c. v. si je suis en mesure aussi de dépanner à la défense. N’importe quoi pour aider l’équipe[.] » 1999, Le Droit, Ottawa-Hull, 29 septembre, p. 61.

Il affirme avoir commencé la direction d’orchestre pour dépanner les autres. […] À 24 heures d’avis, Nagano-le-dépanneur accepta de remplacer le chef Seiji Ozawa pour diriger l’Orchestre symphonique de Boston dans la Neuvième de Mahler. Bien qu’il n’ait jamais dirigé cette symphonie de sa vie, il releva le défi avec brio. 2003, N. Petrowski, La Presse, Montréal, 27 janvier, p. C5.

On peut toutefois mentionner que […] Gagnon [un joueur de curling] fut un bon dépanneur […] l’an dernier quand les circonstances le commandèrent. 2004, Le Quotidien, Chicoutimi, 4 décembre, p. 53.

[Un joueur de baseball] ne devait être que de passage chez les Capitales. Il a tellement bien fait avec son bâton qu’il prolonge son séjour. Il a un bon œil au marbre, ce petit frappeur gaucher. Il s’avère un très bon dépanneur. 2011, Le Soleil, Québec, 18 juin, p. 82.

2

n. et adj. Par anal. (Chose) qui dépanne, qui est utile, notamment grâce à sa polyvalence ou sa simplicité d’utilisation; qui facilite la vie, qui permet de se tirer d’embarras.

Un bon dépanneur.

 Spécial. (Aliment) qui s’apprête rapidement et simplement.

Aliment dépanneur.

Rem.Certains dictionnaires français relèvent l’adjectif dépanneur(euse) « qui dépanne » (p. ex. Robert (en ligne) 2022‑04), mais pas l’emploi nominal, lequel est très bien attesté au Québec.

Des milliers d’hommes ont découvert que Vitalis est un « dépanneur » par excellence pour cheveux rebelles et sans lustre. Soignez votre chevelure – prenez la bonne habitude de l’entretenir […]. 1944, Le Samedi, Montréal, 12 février, p. 19 (annonce).

Un gentil dépanneur qui a de la poigne! Du mordant! Il s’avérera indispensable dans l’automobile, le garage, l’atelier, la cuisine, le coffre à outils! Il dégaine ou coupe fils électriques, broches, etc... ($2.98 chez le quincaillier)[.] 1973, À propos, Québec, 21 octobre, p. 10 (annonce).

Lampe dépanneuse [:] Modèle portatif pour intérieur et extérieur[;] D’une grande utilité en maintes occasions[;] Avec pile 6 volts[;] 1974, La Voix de l’Est, Granby, 22 mai, cahier 2, p. [15] (annonce).

Si la préparation des lunchs pour vos écoliers ou vos travailleurs est un fardeau, choisissez la volaille. Si vous recherchez un aliment préféré pour les collations de soirées ou les réceptions en buffets, la volaille est le meilleur dépanneur. 1974, Le Nouveau Clairon, Saint-Hyacinthe, 24 juillet, cahier agricole, p. 12.

Enfin, l’été est arrivé avec son soleil, ses vacances et les randonnées spontanées. C’est la saison des repas froids, simples et c’est aussi la saison des aliments dépanneurs. Dans la catégorie des aliments dépanneurs, on retrouve les aliments congelés, les viandes fumées, les viandes cuites scellées à vide, les conserves […]. [L]a façon idéale d’utiliser ces dépanneurs est de les offrir avec d’autres aliments source de protéines […]. 1976, Le Nouvelliste, Trois-Rivières, 22 juin, p. 29.

Vous n’êtes peut-être pas une habituée des boîtes de conserves et vous ne les utilisez qu’en cas de « dépannage ». Je dois dire cependant que le saumon en conserve est plus qu’un bon dépanneur. […] Vous ne savez plus quoi mettre dans les boîtes à lunch... vous avez la solution qui plaira à tous. 1990, Le Courrier de Saint-Hyacinthe, 18 avril, p. 53.

Face à la basilique se trouve un vaste terrain muni de quelques tables de pique-nique. Certains y passent aussi la nuit. Attention : ce n’est pas un camping mais un dépanneur pour voyageur mal pris, ou pauvre, puisque c’est gratuit. Il n’y a aucun service. Pour l’eau et les toilettes, on va à l’accueil de l’église. 1998, La Presse, Montréal, 2 août, p. B2.

Un appareil photo numérique dépanneur [titre] […] Le fonctionnement de ce petit appareil est élémentaire et peu compliqué. Il peut quand même réaliser des photos en gros plan jusqu’à 20 cm et prendre des photos en rafale. […] Un dépanneur qui donne le goût d’aller plus loin. 2003, Le Soleil, Québec, 29 juin, p. B7.

La pizza surgelée est un bon dépanneur. Rapide et facile à préparer, elle plaît généralement à toute la famille. Avec quelques centaines de produits sur le marché, il y en a pour tous les goûts. 2007, Protégez-vous, Montréal, 1er décembre, p. 26.

Moi, ce que je n’aime pas, c’est me casser la tête pour acheter un cadeau. On peut toujours se dépanner avec des cartes-cadeaux, mais pour moi, c’est un pis‑aller. Ça reste un bon dépanneur, mais je vois ça comme un échec et ça ne me fait pas triper. Ça ne sème pas la joie autant que le cadeau dont on rêve. 2021, Le Quotidien (site Web), Saguenay, 11 décembre.

 Fig. (En parlant d’une réalité abstraite).

En éducation, la pandémie aura permis de désillusionner ceux qui croyaient naïvement que le développement des nouvelles technologies permettrait de remplacer les enseignants à moyen terme. […] Je ne nie pas qu’il y ait certains aspects positifs à l’enseignement à distance. […] Cependant, je considère que cette pratique de l’enseignement en ligne, telle que vécue présentement, n’est qu’un bon dépanneur. 2022, La Tribune (site Web), Sherbrooke, 19 janvier.

II

n.

A

(Dans le voc. de l’alimentation).

1

n. m. Personne qui tient un dépanneur (sens II.A.2).

Aller chez le dépanneur.

Que vous manquiez de quoi que ce soit […] votre dépanneur sera toujours à votre disposition[.] […] Marché Jean est maintenant ouvert 7 jours par semaine[.] 1970, La Seigneurerie, Boucherville, 4 octobre, p. 23 (annonce).

La semaine dernière, mon dépanneur venait de se faire voler des caisses de cigarettes pour la seconde fois en l’espace d’une semaine. Il était dans une colère qui frisait l’hystérie. 1986, Le Soleil, Québec, 25 octobre, p. B4.

– Dommage que Denis ne soit pas là, reprit Juliette d’une voix acide. Tu aurais pu l’envoyer à l’épicerie. [...] – Je vais y aller, décida enfin Elvina. – Je te défends d’aller chez le dépanneur, m’entends-tu? Ses fruits sont infects. Je veux un excellent melon, très mûr. Très mûr, tu m’entends? 1989, Y. Beauchemin, Juliette Pomerleau, p. 82.

Dans sa maison à elle. Tout seuls, tous les deux. Toute la semaine. On est pas sortis. Sauf pour aller chez le dépanneur. Acheter de la bière et du coke et des chips. On a regardé plein de films. Qu’elle avait loués. On a parlé. Des nuits de temps. 1993, M. Proulx, Homme invisible à la fenêtre, p. 137.

Lorsque nous quittons sa maison, il [un artiste] se fait bien regarder, saluer par quelques passants. « Mais mon dépanneur ne me connaît pas. On se parle presque tous les jours, il m’a demandé l’autre fois ce que je faisais. Je lui ai dit que j’étais chanteur. Il ne le savait pas. » 1996, P. Wilhelmy, La Presse, Montréal, 8 août, p. C3.

Au dépanneur, j’ai failli faire capoter la dépanneuse, c’est-à-dire la bonne grosse Madame Lévesque qui souriait toujours, sauf cette fois‑là. La bouche complètement bée, elle me regardait filer à toute vitesse sans faire le moindre effort. Faut dire que seul mon torse dépassait des étagères peu élevées et qu’elle n’avait pas remarqué que j’étais en rollers. 2008, J.‑P. April, Mon père a tué la terre, p. 36‑37.

[Un] dépanneur spécialisé […] de Saint-André-Avellin se voulait rassurant d’entrée de jeu envers sa clientèle, sur sa page Facebook. « Même si nous allons en zone rouge […], nous pourrons accueillir neuf personnes à la fois. Malheureusement, ceux qui ont l’habitude de prendre un repas à l’intérieur du magasin ne pourront plus rester avec nous. Ils devront cueillir leur commande et la déguster à la maison ». 2020, Le Journal Les 2 vallées, Gatineau, 23 décembre, p. 3.

 (En composition; avec ou sans trait d'union).

 Épicier-dépanneur ou dépanneur-épicier n. m.

Épicier-Dépanneur licencié, 3305, Henri-Bourassa est, Montréal‑Nord. 1971, La Presse, Montréal, 29 septembre, p. D17 (annonce).

Le samedi […], vers 8 heures du soir, au cours d’un vol à main armée chez un épicier-dépanneur à Montréal, un des bandits a attrapé une enfant de 11 ans par les cheveux et l’a projetée contre le mur […]. 1975, Le Petit journal, Montréal, 7 septembre, p. 2.

Signalons, entre parenthèses[,] que des policiers à qui nous avons posé la question nous ont répondu que M. […] n’était pas le seul épicier-dépanneur à s’être armé pour protéger son butin contre les voleurs. 1976, La Presse, Montréal, 25 mars, p. A3.

Dans la situation actuelle, il devient quasi-impossible à un enfant qui veut s’acheter des friandises ou quelqu’autre produit chez un dépanneur-épicier de ne pas être sollicité par un étalage de revues provocantes dès la page couverture. 1979, Le Quotidien, SaguenayLac-Saint-Jean, 24 octobre, p. D1.

 RareMarchand-dépanneur n. m.

[…] lors de la séance régulière du conseil de ville de Victoriaville, […] le citoyen […] a mentionné aux édiles municipaux que depuis quelque temps, plusieurs concessionnaires de gazoline devenaient marchands-dépanneurs. Selon le contribuable […], la ville [sic] devrait vérifier ses règlements pour voir si on ne pourrait pas empêcher une telle pratique de nature à causer préjudice aux autres dépanneurs en place. 1975, Le Nouvelliste, Trois-Rivières, 10 juillet, p. 8.

Les détaillants de l’ADA [Association des détaillants en alimentation] soutiennent de leur côté que « pour le marchand-dépanneur, le prolongement des heures d’exploitation du permis réduira la violence, le vandalisme, le vol dans son commerce ». « Cette demande s’inscrit dans un souci de respect de la sécurité de la population étant donné que l’obtention du permis sera conditionnelle au respect de la tranquillité publique et révocable par la Régie », estime enfin l’ADA. 1992, La Presse, Montréal, 24 septembre, p. A2.

Les marchands dépanneurs […] proposent un troc au gouvernement. Les propriétaires de dépanneurs disent que si le gouvernement accepte les demandes des grandes surfaces, il devra les forcer à fermer à 21 h, ce qui leur permettrait de récupérer une certaine clientèle. 2006, Radio-Canada Info (site Web), 21 septembre.

2

par méton. Dépanneur n. m. Petite épicerie de proximité offrant une gamme limitée de produits d’alimentation et de consommation courante, destinée surtout aux courses rapides ou de dernière minute.

2010, Minm, Dépanneur [photo], CC BY 3.0, Wikimedia Commons. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Depanneur-ville-emard.JPG

Dépanneur du coin. Dépanneur spécialisé en bières.

Dépanneur licencié, détenteur d’un permis l’autorisant à vendre de la bière, du vin et du cidre.

Dépanneur ouvert 24 heures. Exploitant, propriétaire de dépanneur. Chaîne, réseau de dépanneurs. Industrie des dépanneurs. Vol dans un dépanneur. Aller chercher du lait, de la bière au dépanneur

Rem.1. Mot recommandé par l’OLF (voir OLF‑Avis4, no 538). 2. Avant les années 1990, les dépanneurs étaient les seuls établissements du secteur de l’alimentation qui se prévalaient du droit d’ouvrir leurs portes tous les jours de la semaine et en dehors des heures d’ouverture habituelles (voir Notice encyclopédique).

 accommodation (sens II.1).

[Commerces à vendre] Tabagies. (dépanneurs), choix différentes localités, Montréal, banlieue, $1,000 comptant [en] plus. 1970, La Presse, Montréal, 3 février, p. 44 (annonce).

(Dans un nom de commerce). Un épicier qui ne dépannera pas les voleurs! [titre] […] Le 24 août, vers 22 heures, Tremblay et Fortin, armés d’un revolver et accompagnés d’un complice de 19 ans qui a comparu la semaine dernière, se seraient présentés à l’épicerie « Le Dépanneur », et, sous la menace d’un beau revolver chromé, auraient exigé le contenu de la caisse, soit la somme de $230. 1970, La Presse, Montréal, 3 septembre, p. 7.

Restaurant et dépanneur avec logis 5 pièces, loyer $95. 1972, La Presse, Montréal, 14 avril, p. C8 (annonce).

Et puis, essayez donc de trouver un paquet de cigarettes, un article d’épicerie, ou de l’aspirine, durant la nuit! C’est une expérience des plus amusantes, vous verrez. Même ces comptoirs abusivement nommés « dépanneurs » ne consentent à vous aider que si vous êtes en panne avant onze heures du soir; après, nenni! 1979, La Presse (Perspectives), Québec, 24 novembre, p. 14.

J’espère qu’ils vendent d’la bière au ciel [/] J’me disais [/] J’y ai tellement pris goût ici‑bas [/] J’espère qu’y a un dépanneur [/] Ouvert vingt-quatre heures. 1980, J. Corcoran, J’ai la tête en gigue (chanson), La tête en gigue, 2002, p. 92.

– Parce que c’est pas l’ambition qui me manquait. Gros pas gros, j’avais le cœur assez gros pour réussir n’importe quoi, moi, si la Grosse m’avait aidé au lieu de m’écraser. – Tiens, j’aurais aimé ça, m’occuper du magasin à plein temps. ‘Têt’ ben qu’au lieu d’un dépanneur, on aurait une grosse épicerie aujourd’hui. Mais non. 1982, B. B. Leblanc, Tit‑Cul Lavoie, p. 46‑47.

J’l’ai rencontrée au dépanneur [/] A s’achetait une grosse liqueur [/] J’ai dit pourquoi du Pepsi [/] A dit c’est parce que j’m’appelle Julie. 1993, Les Colocs, Julie (chanson), Les Colocs.

Je vous pose la question, que reste‑t‑il aux épiceries de quartier (qui sont devenues des accommodations ou des dépanneurs) avec cette concurrence déloyale qui permette [sic] aux grandes surfaces de vendre leurs bières en dessous de [sic] prix coûtant (au dépanneur indépendant)? 2001, Le Soleil, Québec, 10 juillet, p. A11 (lettre).

Dans ce royaume de la poutine, on s’complait dans’ médiocrité [/] Bien satisfaits de notre routine et du bonheur pré‑fabriqué [/] « Prendrais‑tu un p’tit gratteux? » me dit l’caissier au dépanneur [/] « Enweye le gros, sors ton p’tit deux, être millionnaire c’est le bonheur[.] » 2002, Les Cowboys fringants, En berne (chanson), Break syndical.

Que ferez-vous aujourd’hui si vous manquez de lait, de bière, de farine ou de ketchup? Comme c’est dimanche et que les supermarchés sont fermés, vous ferez sans doute le saut au dépanneur… comme vous en aviez l’habitude il y a 30 ans. Un phénomène qui fait exploser les ventes des dépanneurs. […] « Là, c’est le cas de le dire, on dépanne comme dans les années 80 », conclut [un propriétaire], qui s’est remis à vendre du sucre, des céréales et de la soupe aux tomates. 2020, La Presse (site Web), Montréal, affaires, 17 mai.

 (Variantes par abrév.; surtout dans la langue des jeunes). Fam.Dep ou Dépanne n. m.

Aller au dep.

Ce week-end, on soulignera le deuxième anniversaire du Dépanneur Sylvestre avec plusieurs activités dont une soirée portes ouvertes, samedi, où plusieurs artistes mettront leur talent au service du « Dep », qui a grandement besoin d’appui financier. 2004, Le Droit, Ottawa-Gatineau, 30 janvier, p. 14.

Derrière son comptoir bordélique où le jerky côtoie trois billets de [loterie] et une cruche de cennes noires, le propriétaire du dépanneur du coin est loin de se douter qu’après le pâté chinois et la poutine, le dep serait la nouvelle icône du folklore québécois. 2010, Le Devoir, Montréal, 30 avril, p. B1.

Que faire dans une ville étrangère quand on ne connaît personne? Pour Jamot, la question ne se pose pas : primo, se choisir une taverne de prédilection attitrée où il fera la connaissance de bons gars; secundo, se tourner une turne [= chambre] pas trop loin d’un dépanne; tertio magasiner les barres de sauteuses. 2014, M. Gladu, Comme le monde est psy, p. 40‑41.

Tout le monde est couché [/] sauf le caissier du dépanneur [/] Il doit avoir la chienne [/] J’aimerais embarquer sur le dos d’un gorille [/] Cogner dans la vitrine du dep [/] Parler au caissier à travers la vitre [/] Lui crier : Salut, je m’en viens te sauver! 2020, J.‑C. Réhel, Le Devoir, Montréal, 25 avril, p. D17.

 (En composition, dans des appellations désignant des établissements de commerce à caractère hybride; avec ou sans trait d'union).

 Dépanneur-épicerie n. m. ou épicerie-dépanneur n. f. Établissement commercial tenant lieu à la fois de dépanneur et d’épicerie.

Sous le thème de « Avancer ou Reculer... Pas de Milieu », M. Hamel annonça que déjà une douzaine d’épiciers et hommes d’affaires de la région étaient prêts à construire le premier centre avec un tout nouveau genre de Super Marché […], une épicerie dépanneur […] et un magasin de linge, genre manufacturier. 1971, La Tribune, Sherbrooke, 11 novembre, p. 18.

Le dépanneur-épicerie [...] a été la proie des flammes dans la soirée de dimanche. 1996, Le Soleil, Québec,16 avril, p. A4.

La présence d’une caisse populaire, d’une petite épicerie-dépanneur, d’un site d’enfouissement sanitaire, d’une coopérative agricole et d’une pépinière fait en sorte de diversifier les services à la population en plus de créer de l’emploi. 2003, Le Nouvelliste, Trois-Rivières, 6 juin, p. 10.

Mais quand même, la vie était rude dans le quartier qu’on appelle District Des Rivières […]. « C’était un quartier reconnu comme très pauvre, des HLM. Pour manger, un dépanneur-épicerie nous faisait tout à crédit. Au 1er du mois, mon père allait payer. On était plusieurs familles comme ça. » 2018, P. Lagacé, La Presse (site Web), Montréal, débats, 17 janvier.

La rentabilité d[’un] dépanneur [de Saint-Georges-de-Windsor] a baissé beaucoup […]. Initialement, il y avait une station-service, mais les pompes n’étaient plus conformes. L’ancien propriétaire avait dû cesser de les utiliser et démanteler le tout. Ça devenait un petit dépanneur-épicerie pour les cigarettes, la bière et la loterie. La rentabilité était moins présente et ça diminuait d’année en année. 2021, La Tribune (site Web), Sherbrooke, actualités, 21 février.

 Dépanneur-restaurant ou restaurant-dépanneur n. m. Établissement commercial tenant lieu à la fois de dépanneur et de restaurant.

Fisette se mit à errer dans le centre-ville, prenant soin d’éviter le voisinage de La Bonne Affaire, puis entra dans un restaurant-dépanneur de la rue de la Concorde. Il s’installa au comptoir, commanda des beignes et du café et parcourut La Presse. 1989, Y. Beauchemin, Juliette Pomerleau, p. 373.

Les vélos de location sont disponibles [...] au dépanneur restaurant Place du Pont de Saint-Gédéon. 1999, Le Quotidien, Chicoutimi, 19 juillet, p. 12.

Grand Marché aux puces le samedi 17 février, au dépanneur-restaurant de la Coop […]. 2018, La pensée de Bagot, Saint-Hyacinthe, 14 février, p. 13.

Même si la population [de Saint-André] n’est pas élevée, elle connaît une légère augmentation. Le fait d’avoir une école, un dépanneur-restaurant et de nouveaux projets, dont un développement pour la construction de chalets, contribue à cette situation. […] Le maire se réjouit que les affaires aillent bien pour le restaurant-dépanneur du village. Après avoir connu des moments difficiles, la création de la coopérative a permis de sauver ce service essentiel pour le village. 2019, L’Étoile du Lac (site Web), Roberval, 13 février, p. 3.

 Dépanneur-station-service n. m. ou station-service-dépanneur n. f. Établissement commercial tenant lieu à la fois de dépanneur et de station-service.

Deux vols à main armée ont eu lieu à Belœil durant la période des fêtes. […] Le lendemain, 25 décembre, un homme et une femme, également dans la vingtaine, ont commis un vol au dépanneur-station service Provisoir […]. 1983, L’œil régional, Longueuil, 5 janvier, p. 2.

Les policiers de la sûreté municipale de Victoriaville poursuivent leur enquête à la suite d’un vol qualifié qui a rapporté $700 à son auteur vendredi soir dernier, dans une station-service dépanneur de la rue Notre-Dame Ouest […]. 1986, Le Nouvelliste, Trois-Rivières, 24 février, p. 2.

Le coin de Calixa-Lavallée et René-Lévesque est plutôt utilitaire que gastronomique : une pharmacie, un supermarché, un dépanneur-station-service et un important carrefour d’autobus. 1999, Le Devoir, Montréal, 3 septembre, p. B3.

Le voyageur […] a fait un grand détour principalement par la Route verte, symbole écologique s’il en est, pour aller à Québec […]. Granby. On retombe sur la 112 et on aboutit dans des travaux de chaussée. C’est plus pédalable. Arrêt dans une station-service-dépanneur. On « shoppe » pour un sandwich et une carte parce qu’il faut trouver une voie alternative à travers la ville. 2002, La Presse, Montréal, 29 septembre, p. B6.

Les citoyens de Lamarche et les nombreux villégiateurs du secteur auront de nouveau accès, au cours des prochains jours, au dépanneur station-service. [Un groupe commercial], composé de trois personnes, est à l’origine de la réouverture du seul commerce du genre dans la municipalité, lequel avait fermé ses portes en septembre. 2020, Le Quotidien, Saguenay, 7 janvier, actualités, p. 5.

 Magasin-dépanneur n. m. Établissement commercial tenant lieu à la fois de dépanneur et de magasin.

Bâtiment complètement insonorisé en béton. Chauffage tout électrique, eau chaude à l’année. Thermostat dans chaque pièce. Cuisinière électrique et réfrigérateur. Ascenseur. Laveuse et sécheuse à chaque étage. Service de concierge. Magasin dépanneur sur place. 1972, La Presse, Montréal, 21 mars, p. E2 (annonce).

 Restaurant-dépanneur-station-service n. m. Établissement commercial tenant lieu à la fois de restaurant, de dépanneur et de station-service.

« Le matin suivant l’incendie, il est venu prendre un café vers 5 h 30 à notre restaurant », a indiqué [...] [le] fils du propriétaire d’un restaurant-dépanneur-station-service situé à quelques centaines de mètres de l’usine. 1988, La Presse, Montréal, 26 octobre, p. A2.

« Pourquoi on ne laisserait pas tout tomber pour déménager à la campagne? » Karen avait lancé cette phrase à Louis-Robert lorsqu’ils avaient aperçu la pancarte « À vendre » devant le restaurant-dépanneur-station service à Harrington. 2018, L’Argenteuil, Lachute, 19 octobre, p. 6.

 Tabagie-dépanneur n. f. ou dépanneur-tabagie n. m. Établissement commercial tenant lieu à la fois de dépanneur et de tabagie, où l’on offre notamment un grand éventail de produits du tabac et d’articles pour fumeurs.

Dépanneur-tabagie : licencié, centre-ville avec bâtisse, bon chiffre d’affaires. 1981, Progrès-dimanche, Chicoutimi, 20 décembre, p. 118 (annonce).

Cela dit, l’hôtel Château Mont Sainte-Anne comporte plusieurs autres services, notamment une salle de jeux pour les adolescents, trois bars, une discothèque, trois restaurants, une tabagie-dépanneur, un salon de coiffure, une salle de bal, un local pour le rangement des skis, une patinoire, deux piscines [...]. 1989, La Presse, Montréal, 7 janvier, p. I8.

Les usagers de l’édifice du Trust Général profitent des services d’une nouvelle tabagie dans leur édifice à bureaux. […] On y offre la gamme complète des journaux, des revues et des billets de loterie. C’est un genre de tabagie-dépanneur qui opère sur la rue Racine en bas de la côte. On y compte déjà plusieurs habitués. 1990, Le Quotidien, Chicoutimi, 4 avril, p. 24.

 Tabagie-dépanneur-casse-croûte n. f. Établissement commercial tenant lieu à la fois de tabagie, de dépanneur et de casse‑croûte.

Quand j’étais jeune adolescent à Hauterive, Baie-Comeau maintenant, le père [d’un ami] avait une tabagie-dépanneur casse-croûte. On passait beaucoup de temps dans le magasin. Je voyais l’achalandage. J’ai aimé ça tout de suite. J’avais 14 ans. J’ai dit à mes trois amis (de l’époque) : on devrait se ramasser de l’argent, puis partir ça. Ensuite, j’ai beaucoup aimé mon travail chez Perrette (grande chaîne de dépanneurs). J’aimais vraiment le contact avec le public. J’aimais voir la réaction des consommateurs quand ils entraient dans le magasin et qu’ils réagissaient à des initiatives que j’apportais dans le magasin. 2016, M. Girard, Le Journal de Montréal (site Web), actualité (société), 15 octobre.

Notice encyclopédique

1. Un lieu utilitaire. C’est en 1969 que le Québec adopte une première loi régissant les heures et les jours d’ouverture des établissements commerciaux. Cette loi stipulait qu’aucun client ne pouvait être admis dans un commerce certains jours de l’année (par exemple, les jours de fêtes) et certaines heures de la journée (par exemple, après 18 h les lundis, mardis et mercredis, et après 21 h les jeudis et vendredis). Toutefois, plusieurs types de commerces n’étaient pas soumis à ces dispositions, dont ceux du secteur de l’alimentation, qui pouvaient exercer leurs activités en dehors des heures et des jours autorisés pour les autres commerces, à condition que leur fonctionnement soit assuré par un maximum de trois personnes en même temps. En pratique, ce sont donc surtout les dépanneurs (dont le fonctionnement est possible avec un personnel limité) qui ont pu se prévaloir de ce droit, ce qui explique le grand succès qu’ils ont connu pendant plus de deux décennies. À partir des années 1990, à l’exemple des dépanneurs, les grandes épiceries et les supermarchés ont également entrepris d’ouvrir leurs portes au public tous les jours de la semaine et de prolonger leurs activités au‑delà des heures usuelles. Comme pour les dépanneurs, ces établissements se sont vus soumis à une restriction selon laquelle il leur était interdit de faire travailler plus de quatre personnes à la fois pour poursuivre leurs activités dès la fin des heures habituelles et en tout temps en dehors des jours habituels. Encore aujourd’hui, cette restriction, qui s’applique indistinctement à tous les types de commerces de l’alimentation, vise à créer un équilibre relatif dans la recherche de leurs parts de marché.

2. Un mot qui fait boule de neige. Dans la foulée de l’adoption de la loi québécoise de 1969 qui autorise aux commerces comptant un maximum de trois employés à rester ouverts le soir et la fin de semaine, plusieurs petits commerces, en particulier des épiceries, adaptent leur modèle d’affaires en conséquence. Le commerçant montréalais Paul‑Émile Maheu est un de ceux‑là : en 1970, il revoit le mode de fonctionnement et l’aménagement de sa petite épicerie, sise au coin de la rue Saint-Zotique et de la 1re Avenue, afin de pouvoir proposer à sa clientèle des heures d’ouverture étendues. Aussi, il a été parmi les premiers sinon le premier à vendre de l’alcool le soir et la fin de semaine. Il profite de ces changements pour donner un nouveau nom à son entreprise, soit « Le Dépanneur », qui s’appellera plus tard « dépanneur Saint-Zotique ». Bien que certaines sources avancent que Maheu serait le premier à avoir utilisé le mot dépanneur dans cet emploi, l’analyse de la documentation linguistique dément cette hypothèse (voir Histoire). Cet entrepreneur semble toutefois avoir créé une sorte de prototype qui inspirera d’autres commerçants de la grande région de Montréal, lesquels emboîteront le pas. Le mot dépanneur s’est ainsi rapidement implanté dans l’usage commercial pour désigner ces commerces de proximité au cours des années 1970 (voir Histoire) et, au début de la décennie suivante, il a été officiellement consacré par l’Office de la langue française, qui l’a fait consigner dans la Gazette officielle du Québec le 19 mars 1983.

3. Un lieu de socialisation. Au Québec, les dépanneurs ont longtemps constitué un important lieu de socialisation, rôle que jouaient autrefois le bureau de poste et le perron de l’église, entre autres. Bien que ce soit moins le cas de nos jours dans les grands centres, les dépanneurs continuent d’assumer cette fonction sociale en région et dans les villages québécois. En effet, occupant souvent un rôle central dans la vie économique et le dynamisme des petites municipalités, ils permettent aux gens du coin de se rassembler, de faire courir la rumeur, de jaser de la météo et de converser, le temps d’un café. Les habitués de tout âge, y compris les jeunes, qui en font un lieu de sortie et de rassemblement, y trouvent leur compte. Par ailleurs, en ville, les dépanneurs ont facilité l’intégration en emploi de nouveaux arrivants à l’âme entrepreneuriale, permettant à certains de devenir propriétaires d’entreprise et de contribuer ainsi à la vitalité économique de leur société d’adoption.

Sources : Gouvernement du Québec (1969), Loi des heures d’affaires des établissements commerciaux, Lois du Québec, p. 419‑423; Gouvernement du Québec (1991), Loi sur les heures et les jours d’admission dans les établissements commerciaux, Lois du Québec, p. 711‑721; J. Lussier (2010), Sacré dépanneur!.

3

(Dans des locutions). Péjor.ou plais.Vin de dépanneur n. m. Vin vendu dans les dépanneurs et les épiceries, souvent à prix abordable et généralement considéré comme de qualité passable ou médiocre. Bouffe, nourriture de dépanneur n. f. Aliment vendu dans les dépanneurs et considéré comme de piètre qualité, comme de la malbouffe.

Misant sur la fierté et le sentiment d’appartenance de ses citoyens, la Ville de Boucherville vient de lancer sa propre cuvée de vin […]. Le vin lui‑même n’est évidemment pas un grand cru mais un honnête vin de dépanneur. 1983, La Seigneurie, Boucherville, 14 décembre, p. 4.

C’est plutôt français comme cuisine, assez joli comme endroit, très aimable comme service, détendu, confortable et assez bon pour qu’on y apporte autre chose qu’un vin de dépanneur. 1984, La Presse, Montréal, 7 juillet, cahier Plus, p. 2.

Le trac m’a pris quelques minutes avant que Mathieu arrive. Aurait‑il mangé? J’avais juste quelques tranches de viande froide qui finissaient de sécher dans le fond du frigidaire et une bouteille de vin de dépanneur. 1986, M. Tremblay, Le cœur découvert, p. 51.

Si on accepte le fait que la cigarette crée une dépendance, les pauvres comme les riches en sont atteints! En imposant cette nouvelle taxe [sur les cigarettes], on frappe plus les pauvres que les riches. On a beau taxer les vins, le pauvre peut tout de même se rabattre sur le vin de dépanneur ou la bière, mais cette alternative n’existe pas pour les fumeurs. 2002, La Presse, Montréal, 20 juin, p. A14.

Évidemment, la littérature classique valorise l’œuvre unique, géniale, inattendue, dont la richesse d’interprétation est telle qu’elle reste inépuisable. De son côté, le roman policier est une écriture formatée, publiée sous couvertures illustrées aguichantes, mettant en scène un personnage récurrent. Pour la critique, le polar est à la littérature ce que le vin de dépanneur est aux grands crus. 2013, L’actualité, vol. 38, no 5, p. 52.

On ne se privait de rien, sans exagérer. Ce n’est pas si cher, si on calcule qu’on a vécu dans des hôtels, fait un peu de camping, mangé au restaurant (ou de la bouffe de dépanneur!), payé l’essence, l’entretien et les visites touristiques pendant six mois. Il y a également le transport par avion de la moto du Panama à la Colombie, aller-retour, qui a coûté un peu plus cher […]. 2014, Le Journal de Montréal, 20 mai, p. 62.

Il n’y a plus de mauvais vins aujourd’hui. […] Il y a bien certains vins dits « natures » qui auraient intérêt à picorer quelques notions d’œnologie moderne qui peuvent froisser mais, somme toute, rien de grave. Rien à voir avec ces gros plants et autres gamays de bouze acides et étriqués qui montaient vers Paris au XVe siècle pour perforer ce qu’il restait de palais au petit peuple. Notre vin de dépanneur québécois a l’air d’un Château Margaux 1955 en comparaison! 2017, Le Devoir, Montréal, 2 décembre, p. D52.

« Ça va faire du bien d’être dans le coin de New York », a par ailleurs noté Scalabrini, ne cachant pas que le début de saison [de baseball] a été particulièrement éreintant pour Équipe Québec. Les longs voyages en autobus seront désormais moins nombreux. On mangera par ailleurs un peu moins souvent de la nourriture de dépanneur... 2021, Le Journal de Québec (site Web), sports, 28 juin.

 Fig.

Gerry [...] peut bien parler de vin de dépanneur, mais pour les amateurs de sports, le baseball des Expos à RDS [Réseau des Sports], c’est un grand cru. 2001, La Presse, Montréal, 12 janvier, p. S4.

 (Par allusion au vin vendu dans les dépanneurs). Iron.

– Quand on a perdu le bonheur, sa carrière, son conjoint, et qu’on est devenue prisonnière du temps, dis‑moi, que fait‑on alors? demanda Isabelle avec rage. Anne-Marie se leva et répondit, avec un semblant de gaieté : – On se parle, on mange. Croissant au jambon avec chablis, millésime dépanneur, ça te va? 1994, S. Chaput-Rolland, Les quatre saisons d’Isabelle, p. 29.

Notice encyclopédique

C’est vers la fin des années 1970 que l’État autorise la vente de vins dans les épiceries et les dépanneurs du Québec. Pendant de nombreuses années, ces établissements ne peuvent toutefois offrir qu’une sélection limitée de vins à prix modique, sans intérêt particulier, tandis que la Société des alcools du Québec (SAQ) monopolise la vente d’une vaste gamme de vins répondant aux goûts les plus divers. Les consommateurs québécois ont vite associé ces vins bon marché à des produits de qualité passable, voire tout à fait médiocre, d’où le nom péjoratif de vin de dépanneur. Pour contrer l’image négative qui s’était installée dans les esprits à l’égard de ces vins, la SAQ crée au cours de l’année 2000 une nouvelle division, la SAQ Alimentation, qu’elle intègre au réseau des épiceries et des dépanneurs. Elle introduit dans ce réseau des produits présentés comme étant de meilleure qualité que ceux offerts dans le passé, dont une nouvelle catégorie de vin portant l’appellation VQC (vin de qualité certifiée).

B

(Par anal., surtout dans la langue policière). Dépanneur de drogue(s), de, à stupéfiants n. m. Domicile, établissement (bar, restaurant, etc.) servant de point de vente fixe à des trafiquants de stupéfiants.

La police de la Communauté urbaine de Montréal a procédé [...] à 24 arrestations en fermant cinq « dépanneurs » de drogues du quartier Parc-Extension, dans le nord de la ville. Ces « shooting galleries », comme les appellent les héroïnomanes, sont en fait de simples appartements dénudés où les camés vont se procurer aiguilles et drogue moyennant quelques dizaines de dollars. 1988, Le Journal de Montréal, 20 octobre, p. 5.

La Régie des alcools, des courses et des jeux qui, depuis janvier, multiplie les auditions concernant les bars fréquentés par les gens reliés aux bandes de motards ou devenus de véritables dépanneurs à stupéfiants en raison du trafic qui s’y fait, a fait goûter sa médecine au responsable [d’un bar] en rejetant toute requête qui aurait pour effet de retarder, une fois de plus, l’enquête qu’elle mène. 1997, Le Soleil, Québec, 9 octobre, p. A4.

L’expression « dépanneur de stupéfiants » revient occasionnellement dans le vocabulaire utilisé par les policiers et elle signifie qu’en un lieu bien précis, des consommateurs vont se ravitailler en drogue. Mais il est plutôt rare de découvrir un lieu qui ne sert exclusivement qu’à recevoir des clients pour leur fournir des stupéfiants et que l’heure d’affaires soit spécifiquement établie entre 12 et 13 h 30, ou à peu près dans ce créneau horaire. 2000, La Tribune, Sherbrooke, 23 novembre, p. A1.

Les frappes policières des dernières années ont incité les trafiquants à délaisser les points de vente fixes, appelés « dépanneurs de drogues ». Comme les trafiquants montréalais, ils se tournent de plus en plus vers la livraison à domicile. 2001, La Voix de l’Est, Granby, 7 juillet, p. 2.

L’opération policière […] est la sixième à être réalisée par les policiers de Granby depuis le 1er février. La série de saisies de drogues a débuté dans un logement […], une adresse qualifiée de « dépanneur » de drogues. 2018, La Voix de l’Est (site Web), Granby, 2 mars.

C’est sur un véritable dépanneur de drogues que les policiers sont tombés en perquisitionnant une résidence de la route 133. En plus des comprimés, principalement de la méthamphétamine, ils ont découvert plus de 400 petits sachets de cocaïne et plus de trois kilogrammes de cannabis. 2020, La Voix de l’Est (site Web), Granby, actualités, 6 mai.

III

adj. (En composition, dans la langue des gestionnaires des soins de la santé).

 Médecin dépanneur ou médecin dépanneuse n. Médecin qu’un établissement de santé engage pour une période limitée pour combler une pénurie d’effectifs réguliers (notam. en région) et assurer la continuité des services médicaux.

Banque, liste de médecins dépanneurs. Médecin dépanneuse dépêchée sur la Côte‑Nord.

Rem.1. On emploie aussi à l’occasion médecin itinérant, médecin itinérante, comme en France. 2. Parfois écrit avec un trait d’union. 3. Aussi relevé sous une forme elliptique nominale (un dépanneur, une dépanneuse).

Pour l’heure, il y a pénurie flagrante de médecins au nord et les populations des trois villes sont desservies le plus souvent par des médecins dépanneurs de passage. De l’avis du Dr Roy, ce dépannage perpétuel représente une note exhorbitante [sic]. 1984, Le Soleil, Québec, 16 juin, p. A6.

Est‑ce que le ministre est conscient que les médecins dépanneurs qu’il nous envoie puis ses solutions transitoires, ce sont toutes des solutions de patchage? Et, en Mauricie, on est un peu tanné de ça. Le mot le dit, M. le ministre, « dé-pan-neur ». Alors, on ne veut pas des dépanneurs en Mauricie. Les directeurs d’établissement sont exaspérés, la population, elle est inquiète. 2002, Journal des débats de l’Assemblée nationale : 36e législature, 2e session, vol. 37, no 88, 17 avril, p. 5590.

Le nouveau chirurgien embauché ce printemps avait avisé le CISSS qu’il n'était pas en mesure de travailler entre le 5 et le 18 août en raison « d’obligations ». En début de journée lundi, la rupture de service devait se prolonger jusqu’au 18 août inclusivement, mais une médecin dépanneuse s’est manifestée à la dernière minute. Cette chirurgienne accepte aussi de pratiquer des césariennes. 2019, Société Radio-Canada, Ici GaspésieÎles-de-la-Madeleine (site Web), 5 août.

Annuellement, entre 400 et 450 professionnels de la santé arrivent à Gaspé par la voie des airs. Principalement des médecins-dépanneurs spécialistes, comme des radiologistes et des anesthésistes par exemple. […] « […] Je dois dire qu’[o]n a des bons liens avec nos dépanneurs et ils aiment beaucoup la population gaspésienne alors on se fait confiance là‑dedans. » 2020, Gaspésie nouvelles, Gaspé, 8 juillet, p. 8.

 Pharmacien dépanneur ou pharmacienne dépanneuse n. Pharmacien ou pharmacienne qui propose ses services à travers la province pour combler une pénurie d’effectifs réguliers (notam. en région) ou effectuer des remplacements d’urgence ou ponctuels (notam. en période de vacances) au sein d’hôpitaux ou de pharmacies privées.

Rem.1. On emploie aussi à l’occasion pharmacien suppléant, pharmacienne suppléante et pharmacien remplaçant, pharmacienne remplaçante. 2. Parfois écrit avec un trait d’union. 3. Parfois relevé sous une forme elliptique nominale (un dépanneur, une dépanneuse).

Pharmacien dépanneur, période 6 au 23 décembre. 1980, La Presse, Montréal, 14 novembre, p. C13 (annonce).

Pharmacien dépanneur, disponible partout en province. Officine et centre hospitalier. Expérience et fiabilité. 1990, Le Soleil, Québec, 8 août, p. C5 (annonce).

Le dépannage nest pas récent. Régulièrement, des pharmaciens vont donner un coup de main dans une autre pharmacie, question de permettre à leurs collègues de prendre une semaine ou deux de vacances. Mais depuis quelques années, un véritable système de dépannage sest organisé. Des agences de placement de personnel ont vu le jour. Elles recrutent des pharmaciens dépanneurs qui vont ensuite travailler, à gros prix, dans les établissements qui en font la demande pour une journée, une semaine ou plusieurs mois. 2006, La Presse, Montréal, 23 octobre, p. A2.

La fin de ces mesures signifiera une perte de pharmaciens dans le milieu hospitalier. Nous serons rapatriés aux tâches distributives qui sont vraiment moins intéressantes et pour lesquelles nos capacités sont moins mises à profit. Dans ce contexte, rien ne m’empêche de devenir pharmacienne dépanneuse, où je gagnerais 87 $ l’heure avec une agence, chose que je fais à l’occasion pour renflouer les fins de mois. Cependant, ma future baisse de salaire rend cette option beaucoup plus alléchante. 2011, La Presse, Montréal, 2 mai, p. A19.

Histoire

I1Depuis 1947. Découle d’un emploi de dépanner, celui de « tirer d’embarras », attesté en français depuis 1941 (v. FEW pînna 8, 530a, qui relève aussi le sens voisin de « rendre service à titre gracieux »; v. aussi Robert (en ligne) 2022‑04, avec ajout du suffixe ‑eur, ‑euse. 2Depuis 1944. Découle probablement, par analogie, du sens précédent.

II A1Depuis 1970. Pourrait découler de dépanner « tirer d’embarras » (v. FEW id. et Robert 2001), du fait que la personne qui tient un dépanneur (sens II.A.2) peut « tirer d’embarras » les consommateurs en leur offrant la possibilité d’acheter près de chez eux les produits d’épicerie les plus en demande, et ce, en dehors des heures d’ouverture habituelles des commerces à grande surface. Pourrait également résulter d’un emploi métonymique du sens II.A.2, dans la mesure où celui‑ci serait apparu plus tôt dans l’usage. Épicier()dépanneur ou dépanneur()épicier, depuis 1971. Marchand()dépanneur, depuis 1975. 2Depuis 1970. Pourrait résulter d’un emploi métonymique du sens précédent (si celui‑ci est apparu plus tôt dans l’usage), mais pourrait également découler directement de dépanner « tirer d’embarras », attesté dès les années 1960 au Québec dans des contextes relatifs à l’achat de denrées de base dans de petits commerces, tels que des épiceries et des restaurants-épiceries : Les exigences du public [des campeurs] augmentent d’année en année. […] Si les victuailles viennent à manquer, le restaurant-épicerie peut les dépanner temporairement (La Presse, Montréal, 18 juillet 1963, p. 32); Ainsi, comment refuser de vendre des victuailles à un ami qui reçoit des visiteurs inattendus? Comment refuser de dépanner une mère de famille qui a oublié d’acheter la nourriture de son bébé durant les « Heures sacrées »? (Photo-Journal, Montréal, 1er septembre 1965, p. 6); Votre visite [au restaurant] sera appréciée, vous y trouverez un grand choix de Bonbons, chocolats, cigares, cigarettes. Nous pouvons vous dépanner dans le domaine de l’épicerie (L’Union des Cantons de l’Est, Arthabaskaville, 13 décembre 1967, p. 10); L’an passé M. […] décidait de modifier la formule de son commerce [un restaurant] et d’en faire une épicerie-confiserie pour dépanner la clientèle. On n’y sert plus de repas; par contre on y offre un vaste choix de produits alimentaires, de viandes froides, boissons gazeuses, journaux, revues, etc. […] (La Seigneurie, Boucherville, 3 novembre 1968, p. 4). On trouve aussi épicerie de dépannage et magasin de dépannage comme appellations de commerces correspondant plus ou moins à des dépanneurs dès la fin des années 1960, dans lesquelles le nom dépannage est dérivé du même emploi de dépanner : À l’entrée du terrain [de camping], un restaurant et une épicerie de dépannage (La Presse, Montréal, 27 juillet 1967, p. 37); Le « convenience store » connu ici comme magasin d’accommodation (magasins de dépannage) est déjà bien implanté aux États-Unis et envahit le Québec où on dénombre actuellement un peu plus de 1,000 établissements de ce type […] (Le Devoir, Montréal, 27 août 1969, p. 9); cp. en outre le nom de commerce Depanage [sic] Gaston (epicerie), dans L’annuaire alphabétique montréalais de Lovell (section commerciale), vol. 129, 1971‑1972, p. 906, qui devient Gaston Depanneur l’année suivante (v. ibid., vol. 130, 1972‑1973, p. 970). Étant donné que dépanneur « petite épicerie » est attesté au pluriel comme nom générique dès février 1970, il est probable que son usage dans la langue parlée remonte à la fin des années 1960. Dans cette perspective, on ne peut retenir l’hypothèse selon laquelle la création de cet emploi serait attribuable à un commerçant montréalais ayant donné le nom spécifique « Le Dépanneur », en 1970, à sa petite épicerie (v. Notice encyclopédique). Cependant, ce commerçant a certainement contribué à la popularisation du mot dépanneur comme désignation de ce nouveau type de commerce de proximité (v. J. Lussier, Sacré dépanneur!, 2010, p. 14‑25). Dès le début des années 1970, la diffusion du mot dépanneur s’est amorcée à partir de la région métropolitaine de Montréal (v. p. ex. L’annuaire alphabétique montréalais de Lovell (section commerciale), vol. 130, qui recense, pour 1972‑1973, plus d’une vingtaine de noms de petites épiceries incluant le mot dépanneur, nombre qui ne cesse de progresser au cours des années suivantes). Le mot ne tarde pas, par la suite, à se propager dans le reste du Québec, comme le révèle la documentation, en particulier la section des petites annonces des journaux québécois de l’époque faisant l’inventaire des petites épiceries à vendre ou publicisant ce type de commerce. Ce québécisme est passé dans l’anglais des Anglo-Québécois depuis au moins la seconde moitié des années 1980 (v. p. ex. The Toronto Star, 30 juillet 1988, p. F7 : Quebecers pop in to the depanneur for a bottle of wine and case of beer [titre]). Ils l’écrivent sans l’accent aigu (depanneur) et l’abrègent souvent en dep (v. J. Dion, Le Devoir, Montréal, 30 août 1997, p. A10, article consacré aux particularités de l’anglais des Anglo-Québécois : la propension de l’anglais à abréger les mots joue : la Société Radio-Canada devient Radcan, le dépanneur devient un dep, et le terme anglophone, nom comme adjectif, devient anglo; v. aussi Le Droit, Ottawa-Gatineau, 28 juillet 1997, p. 4). Dep, depuis 1999 (enq., FTLFQ). Abréviation empruntée à l’anglais (v. ci‑dessus). Dépanne, depuis 1999 (enq., FTLFQ). Abréviation de dépanneur. Dépanneur()épicerie ou épicerie()dépanneur, depuis 1971. Dépanneur()restaurant ou restaurant()dépanneur, depuis 1971 (La Presse, Montréal, 6 octobre, p. C9, annonce : Restaurant dépanneur propre, bien situé). Dépanneur()station-service ou station-service-dépanneur, depuis 1983. Magasin-dépanneur, depuis 1972. Restaurant-dépanneur-station-service, depuis 1988. Tabagie()dépanneur ou dépanneur()tabagie, depuis 1972 (La Presse, Montréal, 21 février, p. D5, annonce : Tabagie dépanneur, affaires $155,000 annuellement). Tabagie-dépanneur-casse-croûte, depuis 1979 (Le Soleil, Québec, 5 mai, p. G27, annonce : Lancez-vous en affaires […] Tabagie-dépanneur-casse-croûte). 3Depuis 1983. Création québécoise (pour l’explication, v. Notice encyclopédique). BDepuis 1988. Par analogie du sens de « petite épicerie » (sens II.A.2) qu’a le mot dépanneur au Québec.

IIIMédecin dépanneur, depuis 1984. Pharmacien dépanneur, depuis 1980. Ces emplois, qui véhiculent l’idée que des professionnels et des professionnelles de la santé se dévouent pour « tirer d’embarras » des collègues ou des communautés, sont à mettre en relation avec le sens I.1.

Nouvelle entrée de la deuxième édition

Dernière révision : mai 2023
Pour poursuivre votre exploration du mot dépanneur, consultez nos rubriques Les fins mots de l’histoire et Saviez-vous que.
Trésor de la langue française au Québec. (2023). Dépanneur, dépanneuse. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 19 avril 2024.
https://www.dhfq.org/article/depanneur-depanneuse