DÉMORPHOSER [demɔʀfoze]
v.
Variante graphique : démarphoser.
v. tr. Vieilli(Dans la langue des conteurs). Délivrer, libérer (un être qui avait été emmorphosé).
2022, TLFQ, Sorcier qui démorphose un enfant changé en grenouille [vidéo].v. pron. Cesser d’être emmorphosé.
« Ce sont tous des bâtiments que les géants ont amorphosé [sic] en masses de sel. » – « Qu’est-ce qu’il faut faire pour les démarphoser? » – « Prends ce petit pot de graisse et va frotter les chicots de sapin. » Il prend le petit pot de graisse, s’en va frotter les chicots de sapin sec, qui se démarphosent et deviennent autant de bâtiments, avec matelots et capitaine à bord. 1915, Sainte-Anne-de-la-Pocatière (Kamouraska), dans JAF 29/111, 1916, p. 60.
Il avance un bout pis il aperçoit une belle ressource [« source »]. Il se prend de l’eau pis, tout d’un coup, il sort une femme, une princesse qui était amorphosée dans la ressource. Elle dit, veux-tu me démorphoser, elle dit, toi? Il dit, si je suis capable, il dit, oui. Elle dit, t’as un fusil? Il dit, oui. Ben il va passer un aigle bientôt pis [...] il a des clefs dans la gueule; si tu tues l’aigle, je vais être délivrée. 1965, Saint-Benoît-Labre (Beauce), AFEUL, D. Rodrigue et L. Bergeron 183 (âge de l’informateur : n. d.).
La bête croule aux pieds de la femme et prend forme humaine. Celle du mari! La bête avait été son mari! – Ah! dit-il, merci. Merci, ma femme. Tu m’as démorphosé. J’ignore pourquoi, mais j’étais ensorcelé. C’est depuis sept ans que je courais le loup-garou, moi un honnête garçon. Pour me délivrer du mauvais sort, fallait qu’on me blesse au front comme tu viens de le faire. [...] Me voilà enfin comme j’étais avant le mauvais sort et désormais nous serons heureux. 1975, R. Choquette, Le sorcier d’Anticosti, p. 90.
VieilliDémorphosé, démorphosée adj. Qu’on a démorphosé, qui s’est démorphosé.
Histoire
Depuis 1915. Relevé en tournure passive dans un conte populaire de la Haute-Bretagne (v. P. Sébillot, Contes des marins, 1882, p. 153 : aussitôt il [l’ours] fut démorphosé, et c’était un beau jeune homme). Forme issue de emmorphoser, avec substitution de préfixe. Le mot est attesté dans la langue de conteurs franco-américains du Missouri (v. CarrMiss 315 et ThogmMiss 36).