DÉBARBOUILLETTE [debaʀbujɛt]
n. f.
Petit carré de tissu éponge utilisé pour la toilette du visage et du corps.
2023, TLFQ, Débarbouillette [photo].Une débarbouillette propre, humide, mouillée. Une débarbouillette d’eau froide, d’eau chaude.
Se laver à la débarbouillette, superficiellement, sans prendre de bain ni de douche.
mitaine1 (sens IV.1).
Rem.1. En France, on dit plutôt gant de toilette, qui recouvre toutefois une réalité légèrement différente, puisqu’il s’agit d’une poche de tissu éponge conçue pour qu’on y enfile la main. 2. Depuis la fin des années 1960, débarbouillette est enregistré dans bon nombre de dictionnaires français avec la mention indiquant qu’il s’agit d’un mot propre au français du Canada (voir p. ex. LarSuppl 1968, Larousse 1982‑1987, Robert 1985‑2001, TLF s.v. débarbouiller). 3. Terme recommandé par l’OQLF depuis 1969 (voir OLF‑Can).
On avait l’air rudement débiffés, juste comme des charretiers qui ont passé la nuit sur la « stand » [= à la station]. […] On se fit donner une bonne chambre et notre premier soin a été naturellement de nous servir de la « débarbouillette ». 1879, Le Canard, Montréal, 31 mai, p. 2.
La Croix Rouge [titre] […] Reçu de Madame U. H. Dandurand les articles suivants : 24 débarbouillettes, 168 mouchoirs, 128 bas de nuit, 6 chemises de nuit […]. 1914, Le Canada, Montréal, 5 novembre, p. 5.
Serviettes turques pour la figure (débarbouillette). Valant 12 ½ c. Lundi, 12 pour $ 1.00. 1917, La Presse, Montréal, 17 février, p. 30 (annonce).
Un trousseau complet doit se composer ainsi : une douzaine de draps pour lit double […], une douzaine de serviettes de toilette courantes, six grandes serviettes de bain, douze petites serviettes, dites débarbouillettes, une belle nappe de huit ou douze couverts, […] et vous avez l’essentiel d’un trousseau. 1949, O. Oligny, Entre nous, 29 septembre, p. 2‑3 (radio).
À l’Hôtel Parisien-deux-étoiles-plan-européen-petit-déjeuner-compris-pourboire-inclus, on a droit à une serviette-éponge par personne, à un savon, mais pas de débarbouillette. Je suis descendue voir la patronne : – Madame, pardon, est‑ce que ce serait possible d’avoir une débarbouillette pour se laver? – Madame veut dire? – Je veux dire un genre de petit torchon… – Un torchon? Madame veut peut-être essuyer la vaisselle? Il est interdit de faire la cuisine dans les chambres. 1974, Cl. Des Rochers, J’ai des p’tites nouvelles pour vous autres, p. 43.
Quand Charles se leva, vers six heures, le matin de ses noces, fin décembre 1895, il faisait encore noir. […] Pieds nus sur la petite catalogne, il versa de l’eau dans le vase et y plongea une débarbouillette; l’eau glacée le fit frissonner. Il entama promptement sa toilette. […] Il se frictionnait bien vite, en pensant aux mains de Mathilde qui, ce soir, exploreraient son corps. 1992, B. Renaud, Un homme comme tant d’autres, t. 1, p. 123.
Résultat, un plâtre pendant cinq semaines […] et, supplice suprême, un corset pendant près de trois mois avec l’obligation de ne l’enlever ou le mettre qu’en position couchée. Ce qui, en bout de ligne, signifiait un lavage à la bonne vieille débarbouillette, le bain et la douche étant strictement interdits. C’est long […] trois mois à la débarbouillette! Suffit d’en être privé pour se rendre compte de l’importance de toutes les petites choses de la vie qu’on prend pour acquises [sic]... 2000, Le Nouvelliste, Trois-Rivières, 30 septembre, p. P16.
À la maison, continuez de donner le bain à votre bébé comme on vous l’a enseigné à l’hôpital ou à la maison de naissance. Vous pouvez faire la toilette à la débarbouillette ou directement dans le bain. Si l’eau est à la bonne température (celle du corps), le nouveau‑né ne devrait pas être incommodé. Certains préfèrent laver l’enfant à la débarbouillette tant que son nombril n’est pas guéri, mais le bain ne risque pas davantage de causer une infection du cordon. De plus, il permet à bébé de rester plus au chaud. 2006, Institut national de santé publique, Mieux vivre avec notre enfant de la naissance à deux ans : guide pratique pour les mères et les pères, p. 47.
L’utilisation de la débarbouillette est un trait culturel (je pense)! « Ben voyons, tout le monde… » demanderez-vous. « Ben non », vais‑je répondre avec un hochement de tête épris de compassion. Je n’ai pas trouvé de carte du monde coloriée avec les pays où la débarbouillette est de rigueur dans les hôtels, alors soyez donc prudents. Si vos oreilles, craques d’orteils ou autres endroits sombres de votre corps ne peuvent s’en passer, apportez‑en donc! 2014, Le Soleil, Québec, 11 octobre, p. V10.
Prendre une douche dans une van est compliqué en raison du peu d’espace et de la quantité d’eau limitée. Et ça, c’est lorsqu’il y a une douche à bord! On finit par se laver sommairement à la débarbouillette en acceptant qu’on ne pourra pas toujours être frais comme une rose. 2021, D. Arpin, Le Journal de Montréal (site Web), weekend, 4 juillet.
(Variante, par aphérèse). Rare Barbouillette n. f.
Va chercher les barbouillettes sur la corde à linge, pis mets‑les dans le tiroir. 1979, Grand-Mère (Champlain), enq., corpus du Centre d’études linguistiques de la Mauricie.
Alexandre interpelle sa mère : « Maman, je veux une ‘barbouillette’. » Celle‑ci le reprend gentiment : « On dit débarbouillette, Alexandre. » Le garçon répond : « Mais non... je ne veux pas des ‘barbouillettes’, maman. Je veux juste une ‘barbouillette’. » 2018, La Presse+, Montréal, 29 janvier, section pause famille, écran 7.
(Dérivé). Rare Se débarbouilletter v. pron. Se laver à la débarbouillette.
8 h 30, je courais avec une copine, on a fait un 6,5 km en jasant, ça faisait longtemps que je ne l’avais pas vu[e.] J’ai juste eu le temps de me débarbouilleter [sic], me changer, prendre une collation et go! 2015, Une livre à la fois... (site Web), 23 février (billet de blogue).
Histoire
Depuis 1879. De débarbouiller (v. FEW gaul. Borvo‑ 1, 444b). Héritage des parlers de France. Débarbouillette a été relevé tel quel en Anjou (v. VerrAnj : « Linge dont on se sert pour se débarbouiller »). Le mot peut être rattaché à débarbouilloir(e), de même sens, consigné dans les dictionnaires français à partir du milieu du XIXe s., mais considéré de nos jours comme vieilli (v. Besch 1847‑1892, Larousse 1928, et TLF s.v. débarbouiller; relevé également dans le Poitou sous la variante débarbouilloué, v. MinVienne1‑2). On trouve des attestations de débarbouilloir(e) au Québec entre les années 1920 et 1960, mais c’est le mot débarbouillette qui est adopté par l’ensemble des locuteurs québécois à partir de la fin des années 1920, et ce, peut-être à la faveur de sa finale en ‑ette, qui rappelle d’autres mots courants servant à désigner des objets d’usage domestique, tels que serviette, lavette, etc. La variante barbouillette, depuis 1974 (J. Tremblay, Le Québec, p. 77 : barbouillette – gant de toilette). Se débarbouilletter, depuis 2006 : […] on peut s’amuser à se débarbouilletter les aisselles et les pieds dans les lavabos et se changer dans les isoloirs des toilettes (VoyageForum (site Web), Douches à l’aéroport de Dorval Pierre-Elliott-Trudeau?, 21 avril).