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CORONER [kɔʀɔnɛʀ]
n.

Rem.

1. Parfois prononcé [kɔʀɔnœʀ]. 2. Variante graphique : (anciennement) coronaire.

  

Personne qui, à titre d’officier public, est chargée de déterminer les circonstances d’une mort non naturelle ou en ayant l’apparence, d’ouvrir une enquête le cas échéant, puis de faire rapport aux autorités compétentes.

Un, une coroner. Enquête, rapport du coroner. Au Canada, la juridiction des coroners est définie par des lois provinciales, variables d’une province à l’autre.

 (Au Québec). Le Bureau du coroner : l’administration chargée de superviser le travail des coroners. Coroner en chef, qui dirige le Bureau du coroner. Coroner permanent, qui exerce ses fonctions à temps plein (par oppos. à coroner à temps partiel). Coroner investigateur, qui n’est pas investi des pouvoirs nécessaires pour ouvrir une enquête (par oppos. à coroner enquêteur).

 (Ancienn.). Jury du coroner : ensemble de personnes appelées par le coroner pour l’assister dans son enquête et pour l’aider à rendre son verdict sur les circonstances d’une mort non naturelle. Jurés du coroner, membres du jury du coroner. Cour du coroner : instance judiciaire qui relève de la juridiction du coroner, où le coroner exerce sa juridiction.

Ils [les baillis] examineront aussi tous les Corps qui sont exposés, et qui portent quelques marques de Violence, [...], mais ceci ne se fera que là où le Coroner préposé pour cet effet ne pourra se rendre, ce qui dans une Province si étenduë pourra arriver fréquemment. 1764, La Gazette de Québec, 4 octobre, suppl., p. [7].

Dans la nuit il succomba à une attaque d’apoplexie. [...] M. Germain dénonça immédiatement le décès au coronaire. Un jury fut envoyé et deux médecins appelés. Ceux-ci ne voulurent point déroger à la louable habitude de leur profession, en tombant d’accord sur un point quelconque. L’un soutint que le défunt était mort d’apoplexie, l’autre [...] déclara que c’était un cas de choléra, mais que les symptômes ordinaires fesaient [sic] défaut, parce que les prédispositions du défunt avaient causé une mort presque instantanée. 1853, P.-J.-O. Chauveau, Charles Guérin, p. 326.

Pluchon, en sortant de chez le docteur Rivard, se rendit chez le coronaire, auquel il fit part du fait que le cadavre d’un noyé avait été trouvé auprès du bayou bleu. Deux heures après, le coronaire, accompagné d’un médecin et de M. Pluchon, descendait de voiture un peu plus bas que le couvent des Ursulines. Le coronaire, après avoir complété son jury d’enquête parmi les personnes qui se trouvaient là en ce moment, se rendit avec son jury au bayou bleu. 1874, G. Boucher de Boucherville, Une de perdue, deux de trouvées, t. 1, p. 172.

– L’avocat : Je ne vois pas ces derniers détails dans votre déposition à l’enquête du coroner. [...] – Bousille : Justement, non. [...] L’enquête, c’était le lendemain de l’affaire... Je n’arrivais pas à parler, je tremblais comme une feuille. Vous le savez, vous autres : même qu’en racontant le premier coup de poing, j’ai eu une faiblesse et le docteur a été obligé de me donner une piqûre pour mon cœur. Quand j’ai repris mes sens, le coroner était déjà parti. 1960, Gr. Gélinas, Bousille et les justes, p. 119.

Ce soir, elle [la sacristie] tient lieu de salle d’audience pour une enquête du coroner. Le bedeau a soufflé la lampe du sanctuaire, ouvert les battants de la balustrade et installé, devant l’autel, une table étroite et longue qui remplira double office : un côté est réservé au coroner et les deux extrémités, aux avocats. Les chaises placées à gauche du chœur sont déjà occupées par les membres du jury. Ils sont six, endimanchés, d’âge mûr. [...] Le parterre est rempli. La plupart des assistants sont venus par curiosité et pour satisfaire au goût prononcé et morbide qu’ils ont pour ce genre de spectacle qu’est une enquête du coroner. Un drame, une tragédie où seront évoqués des personnages qui sont morts pour vrai, se sont fait arracher les membres, défoncer le crâne; où l’on imagine des autos tordues, des clôtures arrachées comme accessoires de décor. 1978, M. Ferron, Le chemin des dames, nouveau tirage, p. 133-134.

Histoire

Depuis 1764; de l’anglais (v. OED et Webster 1986). Le mot est attesté également en français de France (depuis 1624; aussi sous la forme coronaire en 1708), mais pour désigner une réalité propre à certains pays anglo-saxons (v. TLF et GLLF).

Version du DHFQ 1998
Trésor de la langue française au Québec. (1998). Coroner. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 19 avril 2024.
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