CLAVARDAGE [klavaʀdaʒ]
n. m.
Conversation écrite en temps réel, entre deux internautes ou plus, par clavier et écran interposés.
Espace, salon, salle, séance, session, site de clavardage.
Rem.Bien qu’il soit attesté dans divers pays de la francophonie, le mot est surtout usité au Québec et dans le reste du Canada francophone (voir Histoire).
« En somme, on peut dire que les étudiants pourront ainsi réaliser les deux tiers de leur MBA par le truchement d’Internet. » […] De fait, il n’y a pas que les contenus de cours qui se retrouvent dans Internet. Les étudiants ont également recours à tous les outils périphériques de communication, tantôt en mode différé, comme le courrier électronique et les forums de discussion, tantôt en mode simultané, dans le cas du clavardage (chat rooms). 1999, Les Affaires, 17 avril, p. 54.
Marie Laberge a provoqué une affluence record sur cyberpresse.ca hier après-midi. Près d’un demi-millier d’admirateurs ont eu accès à la séance de clavardage avec la romancière, dont un sommet de 99 personnes en même temps, un nouveau record pour cyberpresse. L’auteure de la trilogie Le Goût du bonheur en était à sa toute première séance de clavardage, tout comme un certain nombre de ses correspondants d’hier d’ailleurs. 2001, La Presse, Montréal, 30 octobre, p. C3.
L’œil pétillant, [Bernard] Pivot parle de ces heureux néologismes qui s’unissent pour le mieux à ces mots à sauver, « vous inventez au Québec des mots dont je suis jaloux, clavardage, c’est extraordinaire, les Français eux continuent de chatter! ». 2004, S. Barangé, Le Devoir, Montréal, 4 mai, p. A8.
Il peut être amusant de découvrir l’autre lentement, tendrement, sans à coup, tout en sentant monter en soi l’excitation, presque jusqu’à la jouissance. C’est l’histoire de Sept nuits, le plus récent ouvrage d’Alina Reyes, qui nous fait vivre des émotions suaves à la veille du 14 février. Un homme et une femme qui se fréquentent par clavardage depuis un an se rencontrent enfin, mais les jeux s’amorcent alors. Une semaine de sensualité savamment dirigée par la plume de Reyes. 2005, Métro (Montréal), 10 février, p. 19.
Paul Rousseau [chef des services français, région de la Mauricie pour Radio‑Canada] évoque divers facteurs pouvant nuire à l’apprentissage du français. Il mentionne entre autres la fameuse réforme de l’enseignement ainsi que la popularité du clavardage, avec son code linguistique qui escamote la plupart des conventions et des règles connues. 2007, Le Nouvelliste, Trois‑Rivières, 7 septembre, p. 19.
Je retrouve le site de clavardage où je ne suis pas entré. Je tape un pseudonyme. J’entre dans un salon. Il y a quarante-sept personnes dans ce salon, quarante-sept personnes qui, comme moi, ont choisi un pseudonyme interchangeable. 2008, L. Mercure, La mort de Blaise, p. 105.
Juste le fait d’aller à la messe le dimanche matin, c’est une communion, non seulement avec le Seigneur, mais avec toute sa communauté. […] Jadis, tout le village s’y donnait rendez-vous. C’était un Réseau-contact par excellence! Et cela vous évitait bien des rendez-vous virtuels et des heures de clavardage avec un pseudo-Adonis prétendument pompier. Ainsi, à la messe, tu vois immédiatement que Julien est le résultat d’une union cousin-cousine et qu’il a si peur du feu qu’il se sauve dès que l’encens brûle. 2010, C. Hall, Le Journal de Montréal, 9 avril, p. 21.
Ma fille ne me parle plus depuis des années et je n’ai jamais revu Mathieu depuis la rencontre fortuite via Internet, pas plus que tous les autres hommes rencontrés sur les différents sites de clavardage. J’ai arrêté de marcher la nuit, un soir d’hiver, alors que j’ai vu mourir de froid des itinérants. Je me suis rendue devant la vitrine d’un magasin d’électronique et là, devant moi, se trouvaient des ordinateurs, des portables et des tablettes électroniques. En regardant toute cette technologie, j’ai compris que ma vie avait été tributaire de ces écrans et que sans eux, je n’existais pas. 2017, M. Beauchamp, La Noctambule, p. 54.
Championne olympique à l’âge de 21 ans à Vancouver et de nouveau huit ans plus tard à Pyeongchang, Tessa Virtue a un superbe parcours à partager tant sur la glace qu’à l’extérieur. De passage mercredi à la maison olympique de Montréal, où elle animait un clavardage avec des étudiants du secondaire, la jeune retraitée du patinage artistique a répondu aux questions, tout en mettant d’autres compatriotes en vedette dans le cadre du programme « Clavardage d’Équipe Canada ». 2020, ICI Radio‑Canada (site Web), 27 février.
Histoire
Depuis 1999. Mot-valise formé à partir de clavier et de bavardage. Proposé par l’OLF en octobre 1997 (GDT, 2020‑08, s.v. clavardage; absent de OLF‑Inter2), il a été créé par la terminologue Yolande Perron, qui cherchait à trouver un équivalent français au mot anglais chat. Ayant d’abord proposé bavardage, senti toutefois comme insuffisamment précis, elle a imaginé bavardage-clavier, puis clavardage (Libération, 26 septembre 2000, p. 35). D’abord implanté dans l’usage soigné au Québec, clavardage a progressivement pénétré dans la langue courante, où il demeure fortement concurrencé par l’anglicisme chat. Relativement peu employé en France et dans le reste de la francophonie, il est répertorié comme québécisme dans PLar dès son édition de 2002, et comme canadianisme dans PRobert dès son édition de 2007.