CHUMMY [tʃɔme]
n. m. et adj.
1. Au pluriel, s’écrit normalement avec un s final, mais est parfois laissé invariable (des chummy). 2. Variantes graphiques : chumy, chummé, chummey, chummie, tchommie, tchommy.
n. m. Fam.Ami, camarade; complice, comparse.
chum (sens 1).
Rem. Parfois relevé au féminin (rare) : une chummy.
– Agathe : Marcel y’a t’y encore son p’tit fifolet entre lé deux jambes? – Simone : R’garde donc Wowo si Francinette est enceinte. – Clophasse : Gros jambon y’a t’y am’né son chien saucisse? – Jean-Jacques sé t’y faitte r’coller les oreilles? – Mario : Ben là j’voué matante Inonda avec son p’tit bébé cyclope, la grosse Lise, Mado, Médor, Ralphy, Ti-Mé Lebel, Tonio pis son faux frère Malabozo, Loulou pis son chummy… 1977, J. Frigon, Ti-Jésus, bonjour, p. 128.
Dans un autre coin du vestiaire des Bruins, tout aussi achalandé, s’y trouve [un joueur de hockey], qui reçoit des félicitations de son bon ami de toujours […]. « Tu n’as pas à [a]voir honte [d’avoir perdu le match de hockey] chummy… » lui a-t-il dit en lui serrant la main. 1979, Le Droit, Ottawa, 11 mai, p. 23.
Votre boulot est le seul remède [/] Mais soyez quand même aux aguets [/] Car le burn-out vous court après [/] Tu travailles trop mon p’tit chummy [/] Tu vois même pus ta vie passer[.] 2002, Les Cowboys fringants, L’hiver approche (chanson), Break syndical.
Il ne reste plus qu’à se souhaiter du beau temps pour pouvoir se reposer de tout ça. Puis s’il fait un peu froid, on se réchauffe entre chummys! D’ailleurs, on se voit demain soir, c’est au tour de Jean-Marc de payer! 2012, S. Dulude, Gros printemps, Zone campus, Trois-Rivières, 16‑29 avril, p. 8.
– […]. Mais vous repartez pas avec le char. On va le faire tower. […] – Vous êtes stationnés en infraction. – C’est pas moi qui ai choisi de me parker là, mon homme. Pis ça te dérangeait pas tantôt. – J’ai changé d’idée. – Pis y vont dire quoi, tes chummys, quand y vont voir que tu fais tower un char accidenté qui fitte ex-ac-te-ment avec le trou dans ta porte? 2013, M.‑O. Gasse, Du cœur à l’établi, p. 105.
Ce message est pour vous, mes cher [sic] ados. Vous allez aimer cuisiner à partir de maintenant. Vous allez trouver ici mes recettes qui ont séduit mes premières blondes et mes premières belles-mères. Mes p’tits trucs et conseils. Pour la première fois, une nouvelle rencontre : celle du rouleau impérial et des fruits. Et pour un party de chummies : la super poutine. 2014, N. Moreau, Le cuisinier paresseux, p. 119.
C’était la fête, du monde en masse, et de tous les âges, chummés, l’âge comptait pas. 2017, Chr. Bernard, La bête creuse, p. 597.
Quatorze élèves […] ont pu vivre une expérience inédite grâce à leur enseignant […]. Dans le cadre d’un cours, ils ont passé la nuit dans des abris rudimentaires qu’ils ont eux-mêmes construits… à -32 °C! […] « On a bâti nos quinzee en équipe de trois. C’était vraiment plaisant, en plus j’étais avec mes chummeys, on a vraiment eu du fun. C’est la première fois que je faisais ça! » 2020, Le Lac-St-Jean, Alma, 4 mars, p. 5.
[…] le week-end du Super Bowl, les gars ont la tête au Super Bowl. C’est bien connu, les gars ne peuvent avoir la tête qu’à une chose à la fois, et encore. Déjà qu’ils oubliaient la Saint-Valentin quand rien d’autre n’entrait en conflit avec elle, imaginez quand la grand-messe du football a lieu en même temps. […] Le Super Bowl, on regarde ça avec les chummys! 2023, S. Laporte, La Presse+ (site Web), Montréal, actualités, 11 février.
(En fonction attribut). Fam.Qui est en relation d’amitié (avec qqn), qui entretient des relations privilégiées ou particulières (avec qqn).
Être chummy (avec qqn). Se mettre, se faire chummy (avec qqn). (Par renforcement) Être chummy (-) chummy (avec qqn).
Faut dire que, si j’étais chummy avec tout le monde, j’étais pas le genre de fille qu’on cruisait. 1989, La Presse, Montréal, 18 février, p. B4.
Il semble être un coach pas trop chummy avec ses joueurs. C’est bien de n’avoir rien d’assuré, de devoir se battre à chaque jour pour son poste. Les gars ont alors peur de le perdre et se défoncent. Ça crée une bonne compétition à l’interne… 2007, La Tribune, Sherbrooke, 19 décembre, p. 45.
Là, elle est en congé, ça fait qu’elle est chez nous en ce moment. Puis je sais pas ce qui se passe avec mon chum quand je suis pas là. Ils sont-tu en train de baiser? Tout le monde sait comment c’est facile de retomber dans ses vieilles pantoufles […], il est resté chummy avec ses anciennes blondes comme pour se faire un coussin au cas où… 2012, J. Bertrand, Lit double, p. 134.
– Quand même, si je me fie au ton que tu employais, tu parais assez proche de lui… – Non, non, pas vraiment, je suis comme ça avec tout le monde, moi. Pis Rupert a une personnalité qui nous donne tout de suite envie d’être ben chumy-chumy, tu l’as sûrement remarqué toi aussi… 2012, P. Senécal, Malphas, t. 2, p. 209.
Et quand ça a été le temps de choisir un programme au cégep, celui qui était le moins contingenté et qui était le plus court, c’était les sciences administratives. Je l’ai fait en quatre ans, pas parce que je n’étais pas doué; j’étais une bolle, mais assise à l’arrière de la classe, chummy chummy avec les bums… 2012, Le Nouvelliste, Trois-Rivières, 4‑5 février, p. E3.
[…] mon genou ne guérit pas. Il empire même. Douleur persistante, perte de motricité, de la physiothérapie à n’en plus finir… Je suis rendu tellement chummy avec mon physiothérapeute que j’ai l’impression de le connaître davantage que ma propre sœur. Il est très drôle, aussi. Ça me met à l’aise quand j’enlève mon pantalon. 2014, P. Faucher, La Voix de l’Est, Granby, 3‑4 mai, p. 10.
Christine et Roy se parlent de toutes sortes d’affaires, ils sont chummy-chummy. 2017, Chr. Beaulieu, J’aime Hydro, p. 70.
T’aimerais-tu ça toi checker un film genre Roméo et Juliette 2 […] pis que la prémisse ce soit qu’ils sont donc ben heureux d’être juste super chummés finalement? Ça serait-tu poche rien qu’un peu. Ça te tente sûrement pas de voir Juliette se faire faire les ongles en jasant avec Roméo sur son cell de toute pis de rien, avec la politesse de deux personnes qui sont fières de leur nouveau lien d’amitié zéro ambiguë. 2020, S.‑M. Beauchesne, Les Fourchettes, p. 112.
(Comme sobriquet). Vieilli, fam.Surnom donné à des hommes réputés pour leur sociabilité, leur entregent, leur côté bon vivant.
Rem.Nom aussi fréquemment donné autrefois à des animaux, plus particulièrement à des chiens et à des chevaux.
Au nombre des automobiblistes [sic] de St-Charles, il faut ajouter le nom de M. Aldéric Roy. C’est à espérer que « Chummy » viendra assez souvent au village pour battre notre « Trunk Road » afin d’empêcher les visiteurs de trop en vouloir au contracteur… ou au sable mouvant… 1921, Le Droit, Ottawa, 29 avril, p. 5.
« Chummy » était encore dans le trouble ce matin. C’est un pauvre malheureux qui a des penchants prononcés pour s’enivrer jusqu’aux oreilles et il est si familier à la police, à laquelle il ne cause pas d’ailleurs d’autre trouble que celui de son arrestation, que ces bons policiers l’ont baptisé « Chummy », sobriquet qui le caractérise très bien. 1923, Le Nouvelliste, Trois-Rivières, 10 août, p. 5.
« Chummy » c’est ainsi qu’il s’appelait, était un « lumberjack » [bûcheron] qui avait perpétuellement une chanson aux lèvres. Quand il avait bu, sa mémoire devenait plus lucide, et c’était tout le répertoire des chansons nostalgiques de bûcheron qu’il exécutait dans les rues de notre ville. 1939, Le Nouvelliste, Trois-Rivières, 9 février, p. 3.
Une levée de fonds pour Yves [titre] […] Chummy, comme on l’appelle, vient de subir une greffe de la moelle osseuse, le 10 octobre dernier à Montréal où il demeure hospitalisé. 2003, L’Écho de Frontenac, Lac-Mégantic, 2 novembre, p A9.
n. m. Fam.Homme qui n’est généralement pas un ami, ou encore un inconnu, qu’on interpelle, parfois avec une nuance de condescendance, d’insolence ou d’ironie.
Eh! chummy!
chum (sens 2).
Un soldat trop belliqueux […] a comparu récemment sous l’accusation d’avoir assommé et volé un jeune homme de Port-Alfred […]. Il [le plaignant] raconta qu’au sortir d’un restaurant il fut interpellé par l’accusé : « Veux-tu un coup, Chummy? » La victime eut l’imprudence d’accepter et de partir en compagnie d’un militaire de six pieds de longueur, alors que lui… 1940, L’Événement-journal, Québec, 20 décembre, p. 13.
Un joueur reçoit un coup de hockey sur la tête… Il s’écrase momentanément mais rebondit comme un ressort et s’en va rejoindre en vitesse son assaillant. Arrivé à ce dernier il se cambre devant lui et lui demande d’un ton courroucé : « Eh chummy, c’est-y sérieux ou si c’est pour rire ce coup de hockey-là...? [»] et l’autre de répondre tout de suite « C’est sérieux ». 1956, Le Soleil, Québec, 21 janvier, p. 16.
La femme se tient en retrait. L’encolure de son corsage croise bas entre ses seins massifs et tombants. [/] – Où est-ce que t’as mis cet argent-là? rote l’étranger. [/] Le cousin intervint. [/] – Quel argent? – Je te parle pas, toi, chummy. 1957, J. Pellerin, Le diable par la queue, p. 163.
R’garde-toi dans l’miroir Tchommy… t’as jamais vu qu’tes yeux y r’gardent d’un bord pis d’l’autre en même temps? 1974, V.‑L. Beaulieu, En attendant Trudot, p. 43.
Le garagiste vient vous rencontrer. Il vous sert la main et vous demande comment a été votre journée. Il vous offre le traitement antirouille pour 29,99 $. Vous acceptez devant un prix aussi bas. Il poursuit : Mais, chummy, t’as l’air d’un gars qui fait attention à son char. Le traitement à 29,99 $, cé juste un produit qu’on met. Tu s’rais peut-être plus intéressé par le traitement complet à 149,99 $. 2006, La Quête, Québec, avril, p. 6.
J’ai fréquemment droit au classique : « j’ai un fantasme à réaliser, je veux baiser avec une fille ronde ». Ou encore pire : « Je n’ai jamais essayé avec une grosse, je veux juste voir si j’aime ça. » Eille chummy, je ne suis pas un bien de consommation ou un objet, je suis humaine. 2022, J. Demers, Le Collectif, Sherbrooke, 14 mars, p. 3.
adj. Fam.Qui trahit l’existence de liens amicaux, intimes ou privilégiés entre des personnes.
Qui se veut chaleureux, décontracté, informel, sans prétention.
Entrevue, ambiance, service chummy.
(Péjor. ) Plutôt que de risquer de faire une assemblée publique pour changer le zonage, on a préféré faire cela derrière les rideaux de façon « chummy ». 1974, Le Droit, Ottawa, 5 décembre, p. 33.
Avant d’en venir aux injures, ils ont préféré se séparer et refaire leur vie. […] Et depuis qu’ils ne vivent plus ensemble, ils s’aiment. D’un amour tendre et très « chummy ». Nicole nous confiait récemment : « Jimmy, c’est mon plus grand chum. Je l’invite à souper à la maison, il me rend plusieurs services et je fais la même chose. Après tout, nous nous sommes aimés comme des fous, l’amour est mort mais l’amitié reste […] » 1976, Photo-journal, Montréal, 11‑17 avril, p. 5.
Nous avons reçu [un ancien premier ministre québécois] et l’avons installé devant des crottes de fromage et une bière pour une entrevue « chummy », sur le ton : « Heille, mon Berny »… C’est très adolescent comme comportement, juvénile même, de recevoir un ancien premier ministre et de le placer dans ce contexte. Moi, je trouve que c’est juste amusant et que ça dédramatise la situation. 2007, Le Devoir, Montréal, 27‑28 janvier, p. A7.
J’ai récemment surpris mon patron […] à faire une poignée de main chummy (doigts par en haut) à un ex-journaliste […] en visite à nos bureaux. Jalousie. 2010, P. Faucher, La Voix de l’Est, Granby, 27‑28 mars, p. 10.
Le service [:] Accueillant, chaleureux sans être chumy, sympa. On constate aussi que les différents serveurs connaissent bien leur métier. 2011, Th. Daraize, Le Journal de Montréal, 29 janvier, p. H36.
[…] Arrête-moi ça tout de suite, le trip de vedette, c’est pas moi, je viens du fond du bois… […] Mon genre de texte, ma façon de parler et d’agir, ça inspire plus une ambiance chummy avec tout le monde. 2012, Le Devoir, Montréal, 20‑21 octobre, p. E7.
Laisse-moi te dire que c’était pas le même trip qu’à tes funérailles! Pas mal moins de monde pis de la tête blanche en masse. Elle s’appelait Blanche pis ça me faisait bizarre que le prêtre arrête pas de dire son nom comme si y avaient pris une brosse ensemble la veille. Y font ça pour ça aye l’air chummy, pis c’est pire que toute : y ont l’air de faire tellement semblant que ça finit par faire pas mal plus crosseur que chummy. 2015, M. Laberge, Ceux qui restent, p. 200.
Histoire
1Depuis 1977 comme nom commun, mais dès 1921 comme sobriquet (v. le premier exemple sous le sens secondaire). D’après l’adjectif anglais chummy (v. Cobuild 1993 « a rather old-fashioned informal word » et CollinsR 1995; v. aussi RandomSlang et OED (en ligne) 2024‑04, dont les premiers exemples cités remontent aux années 1840). En anglo-québécois, plusieurs exemples de cet emploi (en fonction d’attribut) ont été relevés dans des journaux québécois anglophones dès la fin du XIXe s. et le début du XXe s. (v. p. ex. The Equity, Shawville [comté de Pontiac], 13 mars 1890, p. [2] : He […] is quite chummy with the Prince of Wales; The Daily Witness, Montréal, 11 mai 1909, p. 2 : At the hotel he got in with a smooth stranger and the two got pretty chummy). 2Depuis 1936 (La Presse, Montréal, 9 mai, cahier Magazine illustré, p. 12 : Êtes-vous un naturel de la place, chummy?). D’après l’anglais chummy (v. CanOD 1998 « a person, usu. male, not known to the speaker »). 3Depuis 1974. De l’adjectif chummy « intimate, sociable, very friendly », attesté en anglais depuis la fin du XIXe s. (v. OED (en ligne) 2024‑04; Gage 1984; ChapmSlang 1995).