CHUM [tʃɔm]
n.
1. Parfois écrit tchum ou tchomme, ou encore (plus rare) chomme ou tchom, tchome pour rendre compte de la prononciation. 2. Parfois écrit chumme lorsqu’employé au féminin. 3. Critiqué depuis le début du XXe siècle en tant qu’anglicisme (voir Blanch1‑8, Colpron1‑4, Multi 2021, Usito 2024‑04).
n. Fam.Ami(e) très proche ou intime, complice; par ext. personne qui entretient des liens d’amitié ou de camaraderie avec une autre personne ou qui est l’objet de l’amitié ou de la camaraderie de qqn.
Mon chum, ma chum. Un(e) bon(ne) chum. Un(e) grand(e) chum. Un vieux chum, une vieille chum. Mon meilleur chum, ma meilleure chum. Un(e) vrai(e) chum. Chums pour la vie. Une gang de chums. Sortir avec ses chums. Être entre chums. Compter sur ses chums. Chum de gars. Chum de fille, de femme.
SYN. ami, amie, copain, copine, pote.
(En fonction attribut).
Être (ben) chum avec qqn. Se mettre chum avec qqn.
VieilliFaire chum avec qqn; mod.se faire chum avec qqn : devenir son ami(e).
Parler en chum : s’exprimer avec honnêteté, en toute transparence.
Rester chums : entamer une relation d’amitié (à la suite d’une rupture amoureuse) ou maintenir une relation amicale dans le temps malgré les aléas de la vie (changement de carrière ou de vie, etc.).
chummy (sens 1).
– Mais, imbécile, ne t’aperçois-tu pas que le fourneau de ta pipe est, en ce moment, aussi vide que ta poche? […] – Or ça, continua Mike, dont le jugement était complètement englouti sous les nombreuses libations alcooliques qu’il avait offertes à son gosier, or ça, je m’en vais, chums, vous conter une histoire. – Une histoire, répliqua l’Cageux, bah! ça endort, les histoires; moi j’aimerais mieux des chansons; la Marseillaise, par exemple. 1859, H.‑É. Chevalier, Le pirate du St. Laurent, p. 116 (à la p. 113, dans une note de bas de page, l’auteur définit le mot chum par « camarade »).
Le tribunal est saisi depuis quelques jours d’une affaire importante. Deux jeunes gens, qui ont tout l’air d’être des escrocs accomplis dans le monde des confidence men, sont à subir l’instruction préliminaire pour une suite de nombreux méfaits. L’un d’eux porte autant de noms qu’il y a de chefs d’accusation contre lui […]. L’autre se nomme Joseph Auger. Ce dernier paraît être le complice – chum – de l’autre. 1884, Le Progrès de l’Est, Sherbrooke, 4 juillet, p. [3].
Un autre jeune anglais du nom de Frédéric O. Lee âgé de 21 ans qui nous arrivait d’Angleterre par le vapeur « Numedian » avait fait connaissance le long de la traversée avec un nommé Painter. Il profita de cette amitié d’occasion pour voler à son « chum » des habits pour un montant de $25. 1892, L’Étendard, Montréal, 12 mai, p. [4].
M. le protonotaire J.‑J. Grignon et sa famille sont partis hier soir pour Ste Scholastique, après avoir passé quelques jours en visite chez M. Jérémie Latour. M. Grignon paraissant tout rayonnant de revoir ses vieux chums. 1897, Le Nord, Saint-Jérôme, 14 juillet, p. [2].
– Séraphin : T’as toujours été ben chomme avec monsieur le maire. – Alexis : Il m’a rendu service; j’y en ai rendus. 1939, Cl.‑H. Grignon, Un homme et son péché, 27 décembre, p. 2 (radio).
Deux semaines déjà ont passé depuis le jour de son entrée à l’École. Et il ne se sent pas encore chez lui. Si on lui laissait une chance, si on l’invitait, il ferait tout pour les amuser [des amis], pour être ce qu’on appelle un bon tchomme. Mais pour le moment, les récréations sont des supplices. Il se promène, cigarette au bec, d’un bout à l’autre de la cour, le cœur battant quand il croit que quelqu’un va s’adresser à lui, lui prendre le bras, lui dire : « J’en ai une bonne à te raconter »… 1964, A. Major, Le cabochon, p. 67.
Ah! je ne suis pas marié, vous préférez des gens mariés, plus stables, plus solvables, en général plus sérieux ou probablement plus hypocrites, je sais taper à la machine, travailleur, j’aime l’alcool la lecture et les femmes. Ah! oui, il ne faut pas dire cela devant un comité de sélection, l’important c’est un curriculum vitæ impressionnant, de bonnes lettres de références, surtout être chum avec ceux qui vont rédiger ces lettres, et savoir mentir habilement […]. 1969, P. Villeneuve, J’ai mon voyage!, p. 140.
Willy sauta littéralement sur les trois bières, les vida dans un temps record, puis se leva, criant à la cantonade : « Les gars, Gabriel vient de passer de connaissance à grand chum pis pour fêter ça, j’vas y jouer quequ’chose que j’ai pas joué depuis des années parce que ça faisait brailler ma mére […]! » 1978, M. Tremblay, La grosse femme d’à côté est enceinte, p. 174.
J’ai d’la misère, de c’temps-ci. Récemment, je me suis disputé avec un tchomme et, comme j’étais ben énarvé, je lui ai dit de prendre la porte. Il a pris la porte. Il a pris la route. Il a pris le clos. Et il les a gardés, l’écœurant! 1981, J.‑Cl. Trait, La Voix du Sud, Lac-Etchemin, 6 octobre, p. 21.
Moi, je pourrais faire des annonces de T.V., pis je suis sûre que je serais bonne… Maudit que j’aimerais ça… Mes chummes seraient jalouses… Moi, à la T.V.! Ça serait quelque chose, ça! 1982, D. Martin, Monologueries, p. 7.
T’es mon chum, Max, une chance que t’es mon chum. Dis-moi que demain ça me fera plus rien. Mets ton bras sur mes épaules, comme quand j’étais petit. 1993, M. Proulx, Homme invisible à la fenêtre, p. 207.
Heille, Rémi [/] Fais pas d’conneries [/] J’t’aime ben la face [/] Pis tu m’dois encore cinquante piass’ [/] Au lieu d’tirer la plug sur ta christ de vie d’bum [/] Essaie d’lâcher la drogue pis d’faire de toi un homme [/] Parce que moi j’veux r’trouver l’vieux chum que j’ai connu [/] Mais personne peut t’aider si toi tu t’bottes pas l’cul[.] 2002, Les Cowboys fringants, Mon chum Rémi (chanson), Break syndical.
Avant, comme tous les gens mariés, ils avaient des amis de couple; son mari avait des chums de sports et de bière et elle avait des chums de fille qu’elle côtoyait les jours de semaine pour le papotage ou le magasinage ou encore pour le travail. […] Son nouvel état de divorcée lui permet de se joindre à elles plus souvent. 2015, M. Beaulé, Cinq femmes au fil du temps, p. 59.
« Chumme de femme » [titre] Il y a quelques mois, j’ai vécu un coup de foudre d’amitié […], lorsque j’ai fait la connaissance d’une nouvelle amie. Ça m’est arrivé au travail, comme ça arrive à l’école lorsqu’on est petit. […] Ça n’a pas pris bien bien de temps pour que cette amitié évolue à l’extérieur du bureau. Et avoir une nouvelle amie au bureau, c’est un peu comme avoir le béguin pour un petit gars lorsqu’on était au primaire. Ça motive à aller au travail, même les journées où nous préférerions caller malades. 2018, P. Rainville, Le Progrès, Saguenay, 22 septembre, p. 36.
(Dans une expression, dans le contexte d’une relation amicale entre hommes, en particulier dans le domaine politique). Fam. Un chum, c’est un (c’t’un) chum : en amitié, par souci de loyauté, il faut tendre à protéger, à défendre et à soutenir indéfectiblement ses amis, ainsi que favoriser leurs intérêts et leur rendre des services, même si cela doit se traduire par du favoritisme ou encore par des manquements à la loi ou à l’éthique.
Un chum, c’est un chum [titre] […] l’ex-instructeur des Rangers de New York et […] le directeur des sports à la station CKAC sont de très grands amis. Il n’est donc pas surprenant que la nouvelle du congédiement [de l’instructeur] hier matin, ait été lancée en primeur sur les ondes de CKAC. […] Bon scoop. Chanceux, c’est certain mais un chum, c’est un chum. 1989, A. Turbide, La Presse, Montréal, 2 avril, cahier des Sports, p. 7.
Après les avoir présentées à la ronde et payé une bière tout en continuant son plaidoyer, Aubin les entraîna ailleurs dans une superbe BMW blanche de l’année, avec toit ouvrant électrique, chaîne stéréo impressionnante et cellulaire. « Où as-tu déniché ça? » demanda Bétina pliée en deux. – Un chum, c’est un chum, répondit Aubin, j’ai mes contacts. 1993, G. Langlois, Cuisses avec dos, p. 271.
L’amitié passe avant tout! [titre] […] Comme qui dirait : « Un chum, c’t’un chum. » Tu ne veux pas prendre sa place; tu ne le jalouses pas; tu l’encourages, dans les bons moments comme dans les mauvais; tu lui veux du bien; et tu ne lui chipes pas sa blonde. 2008, R. Martin, Le Nouvelliste, Trois-Rivières, 15 mai, cahier des sports, p. 42.
[Un] ancien responsable du financement [d’un parti politique municipal] […] reconnaît avoir organisé des élections clés en main dans diverses municipalités. Admettant avoir été un « faux bénévole », il dit avoir toujours été rémunéré pour son travail, sauf auprès de son ami [président du comité exécutif de Montréal]. « Un chum, c’est un chum. » 2013, La Presse (site Web), Montréal, actualités, 26 mars.
Que voulez-vous, un chum, c’t’un chum! Quand c’est pas un chum, c’est pas grave, quand c’est un chum, c’est important. Si l’amour rend aveugle, l’amitié rend sourd. On ne veut pas entendre de vilaines choses à propos d’un ami. […] Même chose pour les nominations partisanes. Quand l’adversaire nomme ses chums, c’est scandaleux parce que ce sont leurs chums. Quand c’est nous qui nommons nos chums, c’est normal. On n’est quand même pas pour nommer leurs chums. 2013, S. Laporte, La Presse+ (site Web), Montréal, actualités, 4 mai, écran 24.
M. le Président, on dit que le dossier est sur le bureau du DPCP [Directeur des poursuites criminelles et pénales], ce qui laisse entendre que l’enquête est complétée, mais rien n’empêche […] le président du Conseil du trésor de prendre des mesures administratives pour s’assurer qu’on va se faire rembourser. Alors, s’il ne le fait pas, est-ce que c’est parce que ça ne l’intéresse pas, comme disait son ex-collègue, ou parce qu’un chum, c’est un chum? 2016, Assemblée nationale du Québec, Journal des débats (en ligne), 41e législature, 1re session, vol. 44, no 205, 8 novembre.
Une fonction publique affaiblie rend la tâche beaucoup plus facile aux vautours qui profitent du recours abusif à la sous-traitance en engrangeant des profits faramineux sur le dos de l’incurie gouvernementale. À qui profite le crime? Un chum, c’t’un chum? 2017, L’Expertise syndicale et professionnelle, avril, p. 3.
NOTICE ENCYCLOPÉDIQUE
Même si l’expression existait auparavant en français québécois, elle s’est popularisée grâce à la Commission d’enquête sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction (communément appelée commission Charbonneau), qui s’est déroulée de 2011 à 2015 sous l’initiative du gouvernement du Québec. Cette commission publique, qui visait à faire la lumière sur des stratagèmes de corruption et de collusion dans l’octroi et la gestion de contrats publics dans le domaine de la construction, a en effet marqué un point tournant dans l’histoire de cette expression, un témoin l’ayant utilisée lors de sa comparution devant la commissaire, en 2013. Comme ce témoignage a été largement médiatisé et que l’expression choisie semble avoir créé une image forte dans les esprits, on la trouve fréquemment, depuis, sous la plume de journalistes qui couvrent la sphère politique.
Sources : S. Desjardins, La juge France Charbonneau raconte sa commission, dans Société Radio-Canada, Ici Radio-Canada (site Web), info (société; justice), 20 octobre 2021; B. Myles, « Everything is truqué » : les 10 citations marquantes de la commission Charbonneau, L’Actualité (site Web), politique, 9 novembre 2015.
(Dérivé). Vieilli, fam. Chummer v. tr. et intr. Se lier d’amitié (avec qqn ), sympathiser.
Chummer qqn, avec qqn. Chummer ensemble.
Rem.Aussi écrit tchommer.
I’ avait tchommé ’a fill’ pour fair’ fair’ son ouvrag’. 1964, Saint-Charles (Ontario), dans G. Lemieux, Les vieux m’ont conté, t. 4, 1975, p. 353.
Les expériences tentées jusqu’ici suggèrent qu’il faut doser les éléments qui favorisent de fortes relations humaines et ceux qui concernent une efficacité fonctionnelle, bref le rendement et la solidarité. On n’est pas efficace quand on veut trop « chummer » ensemble. De même, le groupe se sclérose quand la rentabilité noie l’attention aux personnes et les relations humaines. 1975, J. Grand’Maison, Une tentative d’autogestion, p. 93 (note de bas de page).
Parfois, il « chummait » avec un autre vagabond, pour se sentir moins seul. 1978, B. B. Leblanc, Les trottoirs de bois, p. 227.
Plus de quatre heures de voiture avec ses tantes qui nous ont régalés d’anecdotes de tournages de cinéma […]. Ce n’est pas tous les jours que tu rencontres quelqu’un qui a peint le crâne de Marlon Brando sur une production, mais la palme du récit le plus hilarant revient à Josette, qui s’est déjà retrouvée en Martinique entourée de tous les membres de l’équipe de soccer de France en vacances, sans savoir qui ils étaient. Elle a même chummé avec [un joueur], qui surveillait son sac à main pendant qu’elle se baignait… 2021, Ch. Guy, La Presse+ (site Web), Montréal, arts et être, 12 septembre.
(Dérivé). Rare, fam.Chum(m)erie n. f. Groupe d’amis; groupe d’hommes qui partagent des passions ou des intérêts (professionnels, politiques, artistiques, etc.) communs.
Péjor.Fait de favoriser professionnellement les membres de son cercle rapproché.
[Un célèbre réalisateur français] a déjà ses disciples : un groupe de jeunes réalisateurs qui, pour la plupart, ont déjà travaillé avec lui comme assistants et qui le considèrent aujourd’hui comme le père du cinéma moderne […]. Parmi cette « chumerie », le réalisateur qui semble le plus doué, d’un point de vue purement cinématographique, c’est sûrement [un jeune réalisateur]. 1969, R. L’Heureux, Le Soleil, Québec, 7 juin, p. 51.
Tout le monde parle du country club qui dirige maintenant le Canadien [équipe de hockey montréalaise de la LNH] […], une clique des Rangers et du Lightning. […] C’est simple, un country club devient un facteur négatif dans une organisation quand la « chummerie » devient plus importante que la compétence. 2022, R. Tremblay, Le Journal de Québec (site Web), opinions, 20 février.
(Dérivé). Rare, fam.Chum(m)ette n. f. Amie.
Rem.Aussi écrit tchummette (hapax).
Lorsque tous s’habillent sensiblement de la même façon et dansent à peu près les mêmes pas, il est normal de garder les yeux bouchés et ne pas voir les différences. On est en présence de jolis moules de « cruiser » (sic) en chocolat et de petites minettes crémeuses, dont le seul but est de se pavaner orgueuilleusement [sic] pour faire pâlir les « chums et les chumettes ». 1979, M. Boulais, dans Focus : Saguenay–Lac-Saint-Jean, mai, p. 46.
Un autre tantôt, j’voulais inviter des tchums et des tchummettes pour un strip poker. 1987, L.‑M. Lapointe, Progrès-dimanche, Chicoutimi, 4 octobre, p. 31.
Exiger des Italiens qu’ils adoptent une langue minable et dévalorisée qui n’a plus grand-chose à voir avec le français international et que les Canadiens français les premiers massacrent à belles dents, c’est du plus haut ridicule. De toute manière, le joual s’apprend dans la rue ou au travail avec votre chum ou chumette, pas à l’école. Le français pour l’amitié ou le plaisir, l’anglais pour le fric et l’avenir. 1990, P. Godin, La poudrière linguistique, p. 73.
Quant au côté fendant, on a l’allure qu’on a. C’est comme ça. Regardez autour de vous, il y a bien deux ou trois de vos meilleurs chums ou chumettes qui ont l’air un peu fendants. Ça ne les empêche pas d’être gentils. 2002, Fr. Gagnon, Le Soleil, Québec, 7 juin, p. A1.
21 h[.] Ma sœur Chantal m’appelle, elle est dans le Vieux-Montréal et sort d’une bouffe avec des chumettes. Je vais la chercher et la ramène chez elle à Verdun. D’en bas, je fais des tatas aux petits qui sont à la fenêtre. 2007, P.‑L. Lalonde, Un taxi la nuit, t. 1, p. 162.
[…] dans les différentes privations et épreuves de la pandémie, il y a la diminution des marques d’amour, d’amitié et d’affection auxquelles on était habitués. La bonne vieille et chaleureuse accolade des chums et chumettes est au rancart depuis mars et il est difficile de prédire quand elle reviendra. 2020, M. Beaudry, Le Journal de Montréal (site Web), opinions, 5 septembre.
Au bar avec les chumettes [sous-titre] Tu vas passer une super soirée, essaie aussi de la terminer en beauté! Voici quelques réflexes à développer pour t’en assurer : Séparez votre groupe en paires pour que chacune ait sa « bodyguard » respective ou sa « conscience désignée ». Surveillez mutuellement de près ou de loin ce que l’autre fait, où elle va et avec qui elle échange. 2023, M. Gray et S. St-Amour, De biche à bad bitch, p. 101.
n. m. Fam.Homme qui n’est généralement pas un ami, ou encore un inconnu, qu’on interpelle, parfois avec une nuance de condescendance, d’insolence ou d’ironie.
Excusez-moi, les chums. Eh! (mon) chum! qu’est-ce que tu fais là?
chummy (sens 2).
Hier, mossieur le journalisse, je me promenais avec Belzémyre, sur la rue Cinq-Larent, quand au coin de la Catherine, eune grosse polisse nous criaille « Estoppe! Estoppe! » […] C’est puet-aître un roussien que je glisse à ma moitié et ça veut p’teu-aître dire : Viens donc icite, vieux choome [sic]!... 1918, La Patrie, Montréal, 10 août, p. 9 (chron. humor.).
Richard se promène en faisant le paon parmi le tintamarre de l’industrie Baden Power. Soudain, une main se pose sur son épaule et il entend : – Vous d’vez ben être boss, icitte? [/] Il se retourne pour toiser un homme d’une quarantaine d’années, portant barbe en collier et abondante chevelure. [/] – Quessé qu’tu veux, mon tchum? – J’cherche du travail. 1973, A. Loiselet [pseud. d’André Loiseau], Un bel enfant d’chienne, p. 56‑57.
– Mais tes clients ne doivent pas être très contents de ton attitude? – Non, il y en a qui se plaignent, qui me demandent pourquoi je suis aussi froide. Moi, je leur réponds : « Écoute, chum, c’est pas un voyage de noces, cette affaire-là, si tu veux de l’amour et du romantisme, va trouver ta femme. » 1978, C. Texier et M.‑O. Vézina, Profession : prostituée, p. 86.
– J’essaie d’ouvrir des portes […]. Ouvrir les voiles, élargir nos ententes, dialoguer, Chum! – Te voilà qui parle anglais. 1978, F. Leclerc, Le petit livre bleu de Félix, p. 214.
– La porte s’ouvrit et Ovide apparut les bras en l’air, comme au théâtre. […] – À ta santé, chum! fit Stan. [/] Goguenard, Stan Labrie levait son verre. Ovide devint tout pâle. 1982, R. Lemelin, Le crime d’Ovide Plouffe, p. 73.
Déjà, il n’y avait plus de siège de libre, au bar. Un petit homme, très mince, la figure en lame de couteau, toucha le Manchot à l’épaule. [/] – Hé, chum, ça te dérange d’aller t’asseoir à une table. J’ai à causer avec mon amie. […] – Tu lui parleras quand j’aurai fini, O.K.? 1983, P. Saurel, Douze suspects pour… un suicide, p. 126‑127.
– Ouais… soupire Clovis. Si c’est comme ça, je vois pas ce qu’on pourrait faire d’autre. – Il me reste une dernière piste à explorer. Excusez-moi, les chums, mais j’aurais quelques mots à dire à Clovis dans le particulier. 1997, A. Beaulieu, Fou-Bar, p. 162.
Il le rejoignit dans une petite clairière, appuyé contre un arbre. – Lâche-moi. Va-t’en! – Écoute, mon chum, je te connais encore très peu, mais je suis tout de même capable de m’apercevoir qu’en ce moment tu as de la misère et, veux, veux pas, je ne te lâcherai pas. Moi, quand j’étais dans le fond de mon trou noir, j’ai eu un coup de main pour m’en sortir, et je me suis toujours dit qu’un jour moi aussi j’aiderais quelqu’un dans la même situation. 1995, M.‑A. Clermont, La marque rouge, p. 183.
Eille chum, dis-moi kesse TU-FAIS-LÀ [/] Dans l’école de Saint-NI-CO-LAS [/] Tu l’sais ben qu’c’est à NOUS-AUTR’ [/] Le quartier de Saint-Paul-A-PÔ-TRE [/] Faque là arrête-moi ÇA-TOUT-SUITE [/] Avant que toute la gang s’EX-CI-TE [/] Sort le cash, on règle ÇA-I-CITTE [/] Sans ça, ça v’aller mal PIS-VI-TE[.] 2017, M. Lozeau, Facultés affaiblies, p. 105.
(Par ext. du sens 1). n. m. Fam.(Jeune) homme avec qui une personne entretient une relation sentimentale, sans partager sa vie.
SYN. (petit) ami, amoureux, copain.
Par ext. Homme qui est en couple avec une personne à qui il est marié ou non.
Mon chum. Ex-chum. Ancien chum. Nouveau chum. Premier chum. Avoir un chum, ne pas avoir (encore) de chum. Se faire un chum. Être en amour avec son chum, aimer son chum. Embrasser, coller son chum. Se chercher un chum. Vouloir un chum. Se faire voler son chum. Tromper son chum, être fidèle à son chum. Changer de chum. Revoir son ancien chum. Présenter son chum à qqn.
Casser avec son chum : le laisser, rompre avec lui.
Chum steady : homme avec qui une personne entretient une relation amoureuse stable, sérieuse et durable.
SYN. époux, mari, conjoint.
ami (sens 2); blonde (sens 2).
Rem.1. Dans le cadre d’une relation maritale, le mot chum revêt une connotation chaleureuse et affectueuse, alors que les termes époux, mari et conjoint ont un caractère plus formel et plus officiel, voire administratif, aux yeux des jeunes générations. 2. Dans la documentation consultée, ce n’est qu’à partir du dernier tiers du XXe siècle que chum est attesté en parlant du petit ami ou du compagnon amoureux d’un autre homme (voir par exemple les citations de 1981 et 2020 ci-dessous). 3. Dans le cadre d’une relation entre deux femmes, le mot chum est parfois employé au féminin (ma chum) en référence à l’une des deux femmes du couple (voir par exemple les citations de 1978 et 1982 ci-dessous), mais les mots blonde (sens 2) ou conjointe, entre autres, sont beaucoup plus fréquemment employés dans ce contexte.
Je vais d’abord commencer par la jeune fille. Elle a une perruque blonde qui va bien à son visage couvert de farine et de farde, elle a les yeux gros comme un œuf et le nez… oh! un beau petit nez, où elle pouvait loger les lrois [sic = trois] plus gros doigts du géant Beaupré […]; elle a les babines épaisses de deux pouces et le menton élongé à force de se le faire prendre par son « chum »; elle a de beaux petits pieds de 9 à 10 pouces, les pieds de ma sœur, quoi! N’est-ce pas que c’est une beauté rare. 1904, Le Canard, Montréal, 3 septembre, p. 8.
– As-tu vu mon nouveau chum? Je te dis qu’il a l’air swell sans le vanter. […] – À propos, vas-tu au […] party à soir, chez M. X… [–] Ben oui! – […] Avec qui que tu y vas. [–] Ben, avec mon chum, c’te histoire. 1910, L’Événement, Québec, 29 décembre, p. [4].
Eva D. [à] quand le retour de ton « chum » des chantiers? En attendant ne t’amuses [sic] pas trop avec les garçons pendant que ton amoureux, là-bas, scie su’l’long et su’l’large. 1920, Le Samedi, 18 décembre, p. 16.
– Emelia : Pas le temps [d’écrire]!... Il est trop paresseux tu veux dire! Bien moi, ma petite fille, moi si j’étais toi, si j’étais la blonde d’un gars de même, là, sais-tu ce que je ferais? […] Et bien je vas te le dire ce que je ferais… Je prendrais un autre chum… Voilà ce que je ferais, et puis il l’aurait bien mérité. 1938, É. Baudry, Rue Principale, 30 juin, p. 12 (radio).
– Gaston : Êtes-vous en amour, vous mademoiselle? – Lucille : Je l’étais, mais j’ai lâché mon chum. – Gaston : Pourquoi ça? – Lucille : Chaque fois qu’il venait veiller chez nous, il passait la soirée à écouter la radio… Ça fait que je me suis tannée puis je lui ai demandé : « Qu’est-ce qu’il a le radio que j’ai pas? » […] Il a dit : « Il a un piton pour le fermer. » 1946, L. Pelland, Café concert Kraft, 25 février, dans P. Pagé, Le comique et l’humour à la radio québécoise, vol. 1, 1976, p. 360 (radio).
Marielle change de chum tous les six mois. Elle est difficile. Elle cherche « le » prince charmant. Elle vient d’avoir vingt ans. « Elle est plus romantique que jamais, […] elle rentre du cinéma les yeux rougis. La moindre romance l’émeut. » 1974, Cl. Jasmin, Sainte-Adèle-la-vaisselle, p. 119.
– […] tiens, voilà Marielle, je voulais lui parler pour mon comité de lesbiennes, tu sais qu’il y a quand même des progrès… – C’est pas possible, la jolie Jill Lafontaine qui a encore pris ma place, fais attention, tu vas me voler toutes mes chums avec tes yeux noirs, ma méchante, toi! [/] Marielle se rapprochait de Jill, lui couvrant les épaules de ses bras larges et affectueux : – Donne-moi mon bec, comme hier, t’as toujours tes trois amies trois soirs par semaine? – Rien de plus sain qu’une gentille maîtresse, Marielle! Plusieurs, c’est encore mieux, et puis elles sont si contentes… 1978, M.‑Cl. Blais, Les nuits de l’Underground, p. 139‑140.
– Luc : L’aimes-tu? – Jean-Marc : D’une certaine façon. J’peux pas ’i offrir la grande passion, mais i’ le sait. – Luc : Pis lui? – Jean-Marc : Si i’ m’aime? J’pense qu’i’ s’empêche de trop s’embarquer parce qu’i’ sait à quoi s’en tenir. – Luc, doucement : Tu te laisses encore aimer sans trop répondre. Tous les chums que t’as eus depuis quequs’années on [sic] souffert de ça, pis tu continues… Tu les laisses s’attacher à toi sans t’impliquer… 1981, M. Tremblay, Les anciennes odeurs, p. 50.
J’adore voir les nouveaux-nés [sic], les voir grandir et changer. J’adore le changement et il est absolu dans le fait de voir grandir un enfant. […] J’ai ce goût-là, sauf que je suis homosexuelle et que ça me frustre de ne pouvoir le faire avec ma chum. Bon, j’irai ailleurs, mais ça me chicotte… 1982, F. Guénette, D’une mère à l’autre, La Vie en rose, novembre-décembre, p. 22.
Vois-tu, mon cher André, étant donné le caractère très spécial de notre liaison, il y a des tas de mots que je ne peux pas utiliser pour te désigner. Il est exclu que je t’appelle mon mari ou mon compagnon. Je peux pas dire mon amant; on n’est pas dans un roman français […]. Je peux pas non plus te donner le titre de soupirant, c’est plutôt moi qui soupire! Pas question de t’appeler mon futur, je ne me fais pas d’illusions : t’es à peine présent! Je peux pas dire mon p’tit ami, vu ton âge et ta taille, ça serait ridicule. Et j’ai pas le droit de t’appeler mon amour; tu m’aimes pas, t’as pris soin de le préciser […]. Mais comment voudrais-tu que je t’appelle, moi qui te prenais naïvement pour mon chum? 1983, Fr. Noël, Maryse, p. 108.
L’autre soir, comme Fred était chez nous avec sa blonde, j’ai voulu savoir si elle aussi vivait le même problème que moi […], je me suis tournée vers elle et je lui ai demandé : « Ça te dérange pas, toi, que ton chum soit si occupé à faire des films? » Elle m’a répondu : « Non, c’est super-cool [sic], je vais jouer dedans. […] » 1999, N. Bismuth, Les gens fidèles ne font pas les nouvelles, p. 56.
[…] chaque année [à Noël], c’est immanquable, les matantes n’en reviennent tout simplement pas que je sois célibataire. « Ben voyons donc, est belle, fine pis intelligente, comment ça se fait qu’a l’a pas d’tchum? » […] Mais voilà, Joblo, malgré toutes ces fausses pressions et l’envie que mon célibat doit bien susciter, le fait demeure : moi aussi je voudrais bien avoir un tchum. Avec un « t », ça fait plus vrai. Puis-je demander ça au père Noël? 2003, J. Blanchette, Chère Joblo, p. 38.
Théo et Azalée sont les meilleurs amis du monde. Mais elle est dévastée d’apprendre qu’il ne pourra finalement pas l’accompagner à la danse du solstice d’été car il s’est fait un chum. Comment son best peut-il revenir sur sa promesse de l’accompagner à l’événement le plus cool-mégagénial de troisième secondaire? Il sait pourtant que cette soirée, elle l’attend depuis qu’elle est née! 2020, Le Jacques-Cartier, Québec, 11 novembre, p. 10.
Petit chum : jeune homme avec lequel une jeune personne noue une relation sentimentale qui est perçue par leur entourage comme peu sérieuse et à caractère éphémère.
As-tu un petit chum?
Irène V. va de temps en temps rencontrer son petit « chum »[.] 1921, Le Canard, Montréal, 8 mai, p. 14.
Vous adolescents, pensez-y sérieusement! C’est tout un problème qu’à l’âge de 16 ou 17 ans, on soit attaché ou j’irai même jusqu’à dire esclave de son petit(e) ami(e). Comment peut-on savoir que son petit « chum » ou sa petite… « blonde » soit le compagnon rêvé pour l’éternité. Il ne faudrait surtout pas s’enchainer au point de ne même plus regarder ses autres amis. 1965, Vallée de la Petite Nation, Saint-André-Avellin, 20 mai, p. 2.
Les présentations d’usage furent expédiées, et la petite bonne femme me toisa en ajustant ses bésicles [lunettes] cerclées d’argent : – Ah, c’est ton p’tit tchomme. Un nouveau? Ah, il est plus beau que l’autre. – C’est un ami, grand’ma, corrigea prudemment Christine. 1989, L. Hamelin, La rage, p. 200.
– Étant donné que tu t’en vas dans quelques jours, ben la Nicole, elle s’est fait un autre petit chum. C’est pas grave. Dans trois, quatre jours, tu vas penser à autre chose. Y en a en masse des petites filles à Saint-Honoré. 1993, A. Mathieu, La tourterelle triste : une histoire vécue, p. 107.
La liste des 101 choses qui gossent pendant le temps des fêtes [titre] […] 1- Le eggnog. 2- Les gens qui donnent des gratteux Célébration en cadeau. 3- Le débat sur la vraie tourtière du Lac St-Jean [sic]. 4- Les mononcles qui te demandent si tu t’es fait un petit chum. 2017, G. Pettersen, Le Journal de Québec (site Web), le sac de chips (dans mon sac), 23 décembre.
Histoire
Emprunt de l’anglais chum, qui couvre un champ sémantique assez large et dont les équivalents français sont relativement nombreux, selon les contextes (v. Meney). Très courant au Québec, cet emprunt est attesté ailleurs au Canada, dont en Acadie (GesnAc 128), en Ontario (MougEmpr 41) et au Manitoba (GabLang).
1Depuis 1859, dans un roman écrit par un Français vivant au Canada. D’après l’anglais chum, de même sens, qui était courant en anglais nord-américain au début du XXe s., mais qui est aujourd’hui quelque peu désuet dans cet emploi (v. ReidShout 14 et PoirVar 87; v. aussi CobuildLD 1990 « a rather old-fashioned informal word » et CollinsR 1995), alors qu’il est encore très courant de nos jours en français québécois. L’existence de cet emploi en anglais remonterait à la fin du XVIIe s. (d’après OED (en ligne) 2024‑03, et RandomSlang). Dans cette langue, on le définit notamment par « a habitual companion, an associate, an intimate friend », mais il est aussi parfois employé pour désigner un compagnon de chambre ou un colocataire (v. OED (en ligne) 2024‑03). Si chum est consigné dans Dionne en 1909, au sens de « ami, camarade », le GPFC (1930) le définit plutôt par « ami intime, camarade » et l’illustre par : Ce sont des chums = ce sont des amis très intimes. De même, dès 1914, É. Blanchard propose les équivalents suivants à chum : ami intime, privé, personnel, copain, favori, âme damnée (de quelqu’un) [« personne dévouée à qqn de façon aveugle »], compagnon, camarade, intime, préféré, alter égo [sic], affidé, affilié (Blanch1). C’est d’ailleurs ce sens particulier de « ami intime, complice » qui est présent dans l’attestation de 1884 (v. citation sous sens 1). De nos jours, cet emploi est encore en usage, mais le sens un peu plus large de « ami, camarade » semble plus courant. En fonction attribut, chum est attesté depuis 1912, dans la locution faire chum avec (La Presse, Montréal, 5 janvier, p. 4 (chron. humor) : le ministre de la milice étant indécollable depuis qu’il a fait « chum » avec Monk, Pelletier et Nantel); cp. la locution faire ami, de même sens, qui s’employait à la même époque au Québec (v. l’article ami, amie, sens 1). L’expression Un chum, c’est un (c’t’un) chum, attestée depuis 1989, paraît être une innovation québécoise. Le verbe chummer est attesté depuis 1913 (BlanchGarde4 30 : tchummer ensemble « avoir des amitiés particulières »; v. aussi Blanch1, s.v. chummer, « avoir des amitiés particulières, des préférés, des favoris, être bien ensemble, être bons apôtres, bons copains, s’acoquiner […] »). D’après le verbe intransitif anglais to chum (with) « to become intimate, be on friendly terms with someone », attesté en anglais depuis la fin du XIXe s. (v. OED (en ligne) 2024‑03, OEDSuppl 1972, Webster 1993 et CanOD 2001). Le dérivé chum(m)erie est attesté depuis 1969 et le dérivé chum(m)ette, depuis 1979; il s’agit vraisemblablement d’innovations québécoises créées à partir du mot chum, auquel se sont greffés, respectivement, les suffixes -erie et -ette. On trouve chumette à l’occasion dans des sources de langue anglaise à partir des années 1990 (v. p. ex. : J. O’Connor, True Believers, 1992, p. 40 : I called this little chumette of mine who runs a rather interesting little unit trust outfit, mais on peut supposer qu’il s’agit d’une création parallèle qui n’est pas à l’origine du mot québécois. 2Depuis 1918. D’après l’anglais chum (v. Cobuild 1993 « Men sometimes address each other as chum, usually in a slightly aggressive or unfriendly way », qui donne l’exemple You’ve had it, chum; v. aussi RandomSlang, qui cite plusieurs attestations de cet emploi). 3Depuis 1904. Par extension du sens 1, en particulier du sens de « ami très proche, intime »; cet emploi semble propre au français québécois, puisqu’il n’a pu être retracé dans aucun des dictionnaires anglais consultés. Petit chum, depuis 1921.