CHIEN(-)DE(-)SOÛL [ʃjẽtsu]
loc.
Variante graphique : chien de saoul (LavMét 55; DesRExpr2).
Rare(Surtout dans des glossaires). (À) son chien de soûl : tout son soûl, à satiété, autant qu’on veut.
Manger à son chien de soûl. Travailler, boire son chien de soûl.
Un orateur drôlatique…. Dieu! qu’tu parles ben!.... et que j’voudrais avoir été au couvent comme toé et Eugénie!.... Mais pus du moins, pour r’venir à Guillotte (ou Gouliamme, comme ils l’appellent), j’ai toujou’ ri mon chien d’soûl. J’étais si fiar de tout ça, que j’me sus trouvé porté ici, sans l’savoir. Moé qui voulais t’bouder encôre quoqu’ temps. 1865, P. Petitclair, Une partie de campagne, p. 37.
Le Survenant buvait autrement. Lentement. Attentif à ne pas laisser une goutte s’égarer. Bernadette? […] Bernadette n’existait pas. Il buvait lentement et amoureusement. Il buvait avidement et il buvait pieusement. […] Quand il eut quitté la chambre, elle voulut se ressaisir : « J’aurais bien de la grâce de m’occuper de lui. Qu’il boive donc son chien-de-soul [sic] s’il le veut! Ça peut pas rien me faire. 1945, G. Guèvremont, Le Survenant, p. 120‑121.
Histoire
Depuis 1865. Héritage dialectal; la locution est attestée dans des parlers du Centre (v. JaubCentre2, s.v. chien : Il a mangé tout son chien de soûl; v. aussi GuignBerry, s.v. chien : Son chien d’soûl, à satiété). Elle a été relevée au début du XXe siècle dans des glossaires québécois (BPFC 4/1, p. 228; Dionne, s.v. chien; GPFC, s.v. chien).