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CHAUDRON [ʃɔdʀɔ̃]
n. m.

Rem.

Variantes graphiques : (anciennement) chauderon, chodron.

1

VieilliUstensile de cuisson à usage domestique, généralement plus petit que la chaudière, muni d’une anse, que l’on pend à la crémaillère, servant à faire bouillir de l’eau et à cuire les aliments.

Chaudron de fonte, chaudron de fer. Petit chaudronAncienn.Chaudron de potin [« alliage de cuivre »]. Chaudron d’un seau, de trois seaux. Chaudron avec trépied. Par méton. Un chaudron de soupe aux pois, de bouilli.

Rem.1. Général sur le territoire du Québec dans les années 1960‑1970 (voir PPQ 89; Lavoie 2114); de nos jours, évoque un récipient qui ne se retrouve plus dans les cuisines. 2. Cet emploi correspond à celui du français de référence.

   chaudière (sens I.1).

Une autre chaudiere avec un petit chaudron, les deux estimé a sept livres. 1671, Beauport, BAnQQ, greffe P. Vachon, 6 février.

Dans la cuisine […] Une Cramaillere Cinq Chelins […] Sept marmittes deux livres dix Chelins, deux Chaudrons de fer & un sans Couverts Prisé quinze Chelins […]. 1806, Montréal, Rapport de l'archiviste de la province de Québec 1953‑1955, p. 146‑147.

[…] un vaste abris [sic] de planches recouvre cet âtre géant et le met à l’abri des orages. Des crémaillères de bois pendent au-dessus de ce foyer; de grands chaudrons et de grandes poëles sont rangés autour, ils servent à confectionner les soupes au lard et les amas de crêpes, que digèrent sans peine les vigoureux estomacs des hommes-de-cages. 1863, J.‑Ch. Taché, Forestiers et voyageurs, Les Soirées canadiennes, vol. 3, p. 239.

Les préparatifs d’un festin étaient formidables. […]. D’abord, on faisait cuire dans la cheminée un fricot ou ragoût de porc, de bœuf ou de mouton, dans un grand chaudron de trente ou quarante gallons, pareil à ceux dont on se sert dans les sucreries. 1885, H. R. Casgrain, Une excursion à l’Île aux Coudres, p. 96‑97.

Quand les invités entrèrent, le grand chaudron pendait à la crémaillère, au‑dessus d’une flamme vive, dans la vaste cheminée de la cuisine. Dans cette ardente lueur du brasier, avec sa robe de suie, il paraissait plus noir. 1907, P. LeMay, Contes vrais, p. 419.

(Hapax). Chaudron à boire : petit récipient pour boire.

   chaudière (sous le sens III.1).

Un petit chauderon a boire d’environ demi tasse. 1701, Québec, BAnQQ, greffe M. Lepailleur de Laferté, 7 avril.

Fond de chaudron : résidu d’un aliment qui s’attache au fond d’un récipient dans lequel on l’a fait cuire.

Récurer les fonds de chaudron.

Pour les produits érabliers il ne faut pas oublier : Que les fonds de chaudron de l’année dernière et quelques vieux sucres […] ne font que des sirops et sucres de mauvaise primeur frauduleuse […]. 1913, Le Progrès de l’Est, Sherbrooke, 14 mars, p. [4].

 (Son de, sonner comme un) fond de chaudron, évoquant le son d’un chaudron sur lequel on frappe.

Fini le temps où minichaîne était synonyme de « boom box » et où les appareils de cette catégorie « sonnaient le fond de chaudron ». N’en déplaise aux fines oreilles, il existe de plus en plus de produits de qualité dans ce domaine […]. 2000, Le Soleil, Québec, 17 décembre, p. B4.

 Fig., péjor.Matériel ancien que l’on cherche à récupérer.

Rédigée en termes vagues, cette version [de l’accord commercial] distinguait à peine le piratage à grande échelle de l’utilisation individuelle raisonnable (fair use). C’est d’ailleurs à partir de ce fond de chaudron que se prépare aussi le projet de loi C‑11 […] celui qui mettra le verrou numérique au cœur de la protection du copyright canadien. 2012, M. Lessard, Triplex (blogue techno), Société Radio‑Canada (site Web), 15 février.

 Fig. Fond de chaudron, fond du chaudron : cadet de la famille (attesté surtout dans Charlevoix et au Saguenay–Lac‑Saint‑Jean, voir PPQ 1799 et Lavoie 2820).

 Par anal. Chaudron : trou dans la roche au pied d’une chute. (1970, Notre‑Dame‑de‑Ham, Wolfe; PPQ 1358x).

   chaudière (sens II).

2

Par ext. Grand récipient de cuisson que l’on fait chauffer sur un poêle ou une cuisinière; marmite, soupière.

2022, TLFQ, Chaudron [photo].

Chaudron à soupe.

Rem.Attesté dans plusieurs régions du Québec (voir PPQ 90 et 167).

   chaudronne.

Josephte (lui prenant le seau des mains et le versant dans le chaudron sur le poêle). Le maladrette! Vous l’avez quasiment tout renversé. Bon, allez vite me cri [= chercher] du bois pour chauffer la soupe et vous emplirez le poêle. 1881, R. E. Fontaine, Un duel à poudre : comédie en trois actes, 2e éd., p. 6.

La servante se leva de bon matin et descendit dans sa cuisine. Après avoir mis son chaudron sur le poêle, et de l’eau dans son chaudron, elle y versa le contenu d’un plat qui était sur la table. Soit excitation, soit obscurité, elle se trompa de plat et mit au feu les pelures de pomme de terre et de poireaux, les queues d’oignons et les grattures de carottes, en un mot tous les débris de légumes et de viande qui devaient être jetés. 1898, Le Monde illustré, Montréal, 10 septembre, p. 293.

L’heure du souper était arrivée et Piguin que son rude travail avait affamé, se hasarda à pénétrer dans la maison. Deux bols de soupe et la moitié d’un pain étaient sur la table. Des pommes de terre fumaient dans le chaudron sur le poêle. Marie Charrue était à couler dans des plats en ferblanc [sic] le lait de ses trois vaches. 1918, A. Laberge, La Scouine, p. 96.

Il se prend un chaudron, puis ensuite, il se met de la viande làdedans, des pois, envoie de l’eau, puis il se prépare une soupe. 1954, Petite-Rivière-Saint-François (Charlevoix-Ouest), AFEUL, L. Lacourcière 2163 (âge de l’informateur : n. d.).

Dans le bois, ils [les Innus] vivaient de poisson puis de caribou […]. Ils tirent du caribou, puis après ça, un coup que le caribou est tout débité, là, ils prennent tous les os, puis ils cassent ça avec un pilon […]. Ils faisent bouillir ça, là, c’est la moelle là-dedans, là, […] puis là, ils mettent ça dans un chaudron de fer, vous savez? Ça ressemble quasiment comme une meule, vous savez? C’est bon! 1959, Moisie (Sept-Rivières), AFEUL, G. Landry 228 (âge de l’informateur : 78 ans).

Un coup que ça avait rôti [le porc], là, je mettais de l’oignon, du sel puis du poivre, et puis de l’eau. On faisait ça dans des chaudrons de dixhuit pouces. 1975, Québec, AFEUL, J. Dufresne 3 (âge de l’informateur : n. d.).

Recette de fèves au lard d’Elphège [titre] […] Bien laver les fèves. Dans un grand chaudron, faire bouillir les fèves pendant 15 minutes à feu moyen. On peut ajouter une cuil. à table de soda à pâte dans l’eau. Dans le fond d’un chaudron ou d’un pot de grès, placer quelques morceaux de lard (réserver quelques petits morceaux pour déposer sur les fèves). 2011, N. Armour, Le grand héron, Duparquet (Abitibi‑Ouest), avril, p. 4.

 (Surtout au pluriel). Cour.Tout ustensile de cuisson, sur le feu ou au four.

Laver, curer les chaudrons.

   casserole (sens 1, par ext.)

Nous étions très agités, et comme ma mère était souffrante, mémére Angèle nous dit, en achevant de laver la vaisselle et de ranger les chaudrons sous le poële « à trois ponts » : « Mes enfants, assisez-vous autour de la table. J’achève mon bordas; je vas vous conter une histoire de loups-garous. […] » 1919, Ch.‑M. Barbeau, Anecdotes populaires du Canada, Journal of American Folklore, 1920, no 33, p. 286.

Un incendie fatal a eu lieu, hier après-midi […], rue Chateauguay. Trois enfants en ont été victimes. […] On croit qu’un chaudron, laissé sur un poêle électrique, a mis le feu à du linge lorsque le liquide qu’il contenait fut complètement évaporé. 1930, La Presse, Montréal, 15 janvier, p. 13.

Chaudrons remis en bon état à peu de frais [titre] Votre « Presto » fuit, la poignée de votre « T‑Fal » vient de lâcher, votre « Creuset » préféré a perdu des éclats d’émail, vous ne réussissez pas à trouver les pièces ou à faire réparer ces casseroles chez votre détaillant. Que faire? 1985, Le Soleil, Québec, 7 août, p. D1.

En quelques phrases, elle avait brossé un tableau assez précis de ce qu’elle pensait de moi, elle savait pertinemment que j’avais apprécié sa performance et compris son message – « Tu touches à un seul livre de la bibliothèque de ton frère, pis t’es pas mieux que mort! » –, et elle se dirigeait, royale, vers son poêle et ses chaudrons. 1994, M. Tremblay, Un ange cornu avec des ailes de tôle, p. 123.

« Et celui-là [un pâté chinois] est tout simplement parfait : belle apparence, bon goût », mais aussi texture idéale : molle à souhait, tout comme celle de tous les autres aliments qui sortent des chaudrons de ce chef cuisinier de l’hôpital Sainte‑Anne, dans l’ouest de l’île de Montréal. 2005, Le Devoir, Montréal, 11 mars, p. A1.

Notons que si les pompiers rappellent l’importance de ne jamais quitter des yeux un chaudron d’huile utilisé pour de la friture à la maison, ils sont satisfaits de voir que l’endroit disposait d’un avertisseur de fumée fonctionnel. 2018, Courrier Laval (site Web), 7 novembre.

 Fig. Surveiller ses chaudrons : s’occuper de ses affaires. Sortir de ses chaudrons : s’émanciper. Retourner à ses chaudrons : renoncer à une situation valorisante, régresser.

Ça sent le brûlé, je vous dis, Démerise! Vous faites mieux de me laisser administrer la paroisse et de surveiller vos chaudrons!... 1926, G. Bouchard, Vieilles choses, vieilles gens, p. 53.

Existe-t-il de la misogynie dans l’arène politique? [Elle] croit que cette époque est révolue. La mairesse convient cependant avoir senti du sexisme à son égard au cours de ses quatre premières années à la table du conseil. « À un moment donné, on m’a quasiment dit de retourner à mes chaudrons. Mais ce discours n’est plus présent », affirme-t-elle. [Elle] estime qu’il ne faut pas minimiser l’apport des femmes dans une société où elles occupent des rôles clés. 2018, Le Quotidien (site Web), Saguenay, 6 novembre.

Chaudron à queue « casserole » (sporadique, voir PPQ 158 et Lavoie 2113).

Chaudron, ou grand chaudron, ou chaudron à queue : grande ourse (sporadique, voir PPQ 1151). Petit chaudron : petite ourse (P. Provencher, Vivre en forêt, 1973, p. 33).

 casserole.

 Chaudronnée n. f. Contenu d’un chaudron ou d’une chaudronne

2022, Anne-Marie Bélanger, Chaudronnée de sauce à spaghetti [photo].

Chaudronnée de soupe, chaudronnée de ragoût, chaudronnée de beans. Faire chauffer une chaudronnée d’eau.

Tous ceux de la partie [de sucre], rangés autour de la table qui croule sous le poids de l’énorme chaudronnée de fèves au lard, saluent le temps des sucres par des rires et des chansons dont la cabane éclate. 1940, Cl. Marchand, Courriers des villages, p. 166.

Elle avait fait une bonne chaudronnée de ragoût, puis elle met son ragoût dans la terrine, puis elle met ça sur le milieu de la table. 1954, Saint-Raphaël (Bellechasse), AFEUL, L. Lacourcière 1694 (âge de l’informatrice : n. d.).

Toujours qu’ils font deux grandes chaudronnées de bouilli. Ils se mettent à manger tous les deux. Et puis TiJean, lui, il dit au géant : « Vire-toi de bord, il dit, tu m’écœures. » Toujours, le géant se vire de bord. TiJean itou. TiJean mettait ça dans son sac, lui. Quand ils ont eu fini de manger, TiJean a dit : « J’en ai mangé [plus que toi], mon chaudron était plus grand que le tien. » 1954, Sacré-Cœur-de-Jésus (Beauce), AFEUL, L. Lacourcière 1764 (âge de l’informateur : n  d.).

« M’as [= je vais] rester faire la soupe, il dit, allez y [travailler] pareil! » Ça fait que il trime sa soupe, son porc, puis son bœuf, puis des pois, une belle chaudronnée de soupe. Rendu à onze heures, la soupe était bien jaune comme de l’or. 1955, L’Anse-Saint-Jean (Chicoutimi), AFEUL, C. Laforte 310 (âge de l’informateur : n. d.).

3

(Vie domestique traditionnelle). VieilliRécipient de très grande dimension, utilisé à l’intérieur ou à l’extérieur, dans lequel on faisait bouillir l’eau d’érable, la lessive, ou le savon, ou que l’on gardait sur le feu, rempli d’eau chaude, pour les besoins domestiques.

Gros chaudron. Chaudron à sucre, chaudron à sucrerie. Chaudron à savon. Chaudron à lessive. Chaudron à pieds, chaudron à pattes. Chaudron à potence.

Rem.Général sur le territoire du Québec dans les années 1970 (voir PPQ 974).

    bouilloire (sens I.2); chaudière (sous le sens I.1).

La séve coule dans des auges de bois, d’où on la porte et la verse dans des auges de pierre ou de grandes citernes en forme de canots faites de frêne blanc, pin blanc, ou autres bois, d’où on la transporte au Chaudron dans laquelle on la fait bouillir. 1793, Le Magasin de Québec, vol. 1, no 6, p. 362.

[J]e vais tacher de voir si Porteous a des chaudrons de la dimensions que tu demandes; quelque feseur de potasse m’a dit qu’il falloit des chaudrons de 20 pouces et demi pour les bouts des quarts, mais qu’il en falloit de 22 pouces pour le milieu, marques moi ce que tu en pense [...]. 1826, J. Papineau, Rapport de l’archiviste de la province de Québec 1951‑1952, p. 236 (lettre).

Sur le poële, et dans le fourneau du poële, on pouvait admirer d’énormes chaudrons remplis de melasse et de sirop d’érable, qui bouillonnaient avec un grésillement tout-à-fait appétissant. […] Deux enfans accroupis sur leurs talons, près du poële, suivaient avec un intérêt tout particulier la cuisson de la melasse, et se seraient laissé [sic] rôtir plutôt que de perdre de vue un des mouvemens de la mère Morelle. 1853, P.‑J.‑O. Chauveau, Charles Guérin, p. 116‑117.

Le lendemain, je rencontrai, dans une rue, l’homme qui, la veille, avait reçu cette correction de sa femme. Il avait un œil noir comme le dessous d’un chaudron à sucre. 1867, Al. Mailloux, L’ivrognerie est l’œuvre du démon mais la sainte tempérance de la croix est l’œuvre de Dieu, p. 155.

Tout à coup on savoure une suave odeur. [/] C’est, dans le noir chaudron sur le poële qui gronde, Le succulent sirop qui bondit comme l’onde [/] Et fait, en crépitant, crever ses bouillons d’or. [/] Les cris et le plaisir alors doublent encor.1875 P. LeMay, Les vengeances, p. 28.

En bas, la fermière porte sa pâte au four, pendant que sa fille Zéphirine, surveille la cuisson du savon qui bout dans un immense chaudron suspendu par une chaîne à une perche posée horizontalement sur deux pieux. 1918, A. Laberge, La Scouine, p. 132.

Mon père nous racontait que il faisait bouillir [l’eau d’érable], dans le temps, avec des gros chaudrons à sucre, et puis il y avait un homme... il faisait bouillir, dans ce tempslà, jour et nuit, ça prenait du temps à faire du sirop […], puis à toutes les fois, il y avait un homme qui s’assisait au bout de son […], puis ils se parlaient pas. 1966, Saint-Évariste (Frontenac), AFEUL, Allard et Bernier 58 (âge de l’informateur : n. d.).

Dans un grand chaudron suspendu à une potence de bois ou de fer, on faisait cuire le savon du pays. Ce même chaudron servait aussi à faire cuire les patates à cochon, à chauffer l’eau pour faire boucherie, à cuire le sucre d’érable. 1979. J.‑Cl. Dupont, Histoire populaire de l’Acadie, p. 236.

VieilliBanc à, des chaudrons : étagère sur laquelle on range les chaudrons, les seaux (voir PPQ 41 et Lavoie 2000).

4

(Dans le contexte des chantiers). VieilliEntrepreneur forestier, particulièrement petit entrepreneur aux moyens limités, plus ou moins compétent, qui traite mal ses employés.

Petit chaudron.

Rem.Bien attesté dans la région de Charlevoix, Saguenay–Lac‑Saint‑Jean et Côte‑Nord dans les années 1970 (voir PPQ 1279, Lavoie 405 et 406).

Les compagnies exploitant le bois mou accordaient des contrats pour cent mille toises à un contracteur particulier à un prix assez élevé pour lui permettre de payer ses sous-entrepreneurs (jobbers ou « petits chaudrons »). 1952, Th. Boucher, Mauricie d’autrefois, p. 70.

Mon père, l’un des plus gros et plus grands chaudrons du Saguenay, dont le domaine forestier couvrait tout le versant‑ouest [sic] de cette chaîne de montagnes, avait un ami, contracteur forestier comme lui, du nom de Barnabé. 1972, W.‑H. Girard, Le conscrit, p. 245.

Tout ce que nous avions réussi à arracher, c’est la promesse de quelques contrats de recherche. À la pièce, comme un sous-traitant, un « petit chaudron », comme on disait autrefois en forêt. 1989, G. Filion, Fais ce que peux, p. 359.

 (Sports). Fam.Joueur sans talent, ou dont le rendement laisse à désirer.

Un club de chaudrons. Jouer comme des chaudrons.

Les Expos ont retrouvé leurs moyens contre un club de « chaudrons » tels les Padres de San Diego et ont amélioré leur position au classement en remportant une victoire de 6‑2 hier soir au Stade olympique […]. 1980, Le Soleil, Québec, 23 août, p. C1.

Comme un chaudron [Titre] Ce n’est pas la première fois que Mark Gardner lance comme un chaudron en début de match. Ça lui est arrivé il y a une dizaine de jours au Stade olympique. Ce soir-là, il s’était raplombé après avoir atteint trois joueurs en première manche. Hier soir à Houston, le chaudron est resté collé sur le rond et les Expos ont mijoté dans leur petit jus toute la soirée. 1992, R. Tremblay, La Presse, Montréal, 29 août, p. F3.

[Un joueur de hockey], si parfait deuxième violon à Montréal la saison dernière, est tombé au fond du baril cette année alors qu’il garde les buts comme un chaudron à St. John, Terre‑Neuve. Il a perdu tous ses moyens. 2014, Le Journal de Montréal, 18 novembre, p. 4.

VieilliCuisinier dans un chantier forestier.

Dans les camps de bûcherons, en plein hiver, le rendement du travail dépend du cuisinier, du chaudron comme on l’appelle […]. 1957, P. Deffontaines, L’homme et l’hiver au Canada, p. 123.

Histoire

Mot dérivé du radical de chaudière (issu du latin caldaria) et du suffixe diminutif (e)ron, qui signifiait à l’origine « petite chaudière, employée dans la cuisine » (attesté depuis le XIIIe s., v. FEW caldaria 21, 76; TLF). La graphie chauderon a été notée dans Académie jusqu’en 1740, mais la voyelle e était rarement prononcée (v. CatOrth, s.v.).

1Depuis 1603 (S. de Champlain, Des Sauvages, p. 12 : Pour ce qui est de leurs enterremens, quand un homme ou femme meurt, ils font une fosse, où ils mettent tout le bien qu’ils auront, comme chaudrons, fourrures, haches, arcs & fleches, robbes & autres choses. Au Québec, le mot a été employé dès le XVIIe siècle comme synonyme de chaudière (sens I.1), qu’il a fini par remplacer dans l’usage courant. Chaudron à boire correspond à un emploi de chaudière (sous le sens III.1). Son de fond de chaudron, et sonner comme un fond de chaudron se rattachent à des usages qui sont enregistrés dans les dictionnaires depuis le XVIIe siècle, v. p. ex. Académie 1694 : « On dit aussi pour blâmer le son d’une cloche, que ce n’est qu’un chaudron »; cf. aussi le sens de « mauvais instrument de musique », attesté en français de référence depuis 1704 (FEW id., 76a, et TLF). Fond de chaudron est employé au Québec depuis au moins la fin du XIXe siècle en référence au son désagréable que produit le fait de frapper le fond d’un chaudron, cf. cet extrait du journal Le Canard, Montréal, 1er mai 1886, p. 2 : le général est arrivé avec un assortiment varié d’instruments bruyants, tels que, tambours de basques, cornes marines, vieux fonds de chaudron, trompettes. Chaudron au sens de « trou dans la roche au pied d’une chute » correspond à un emploi de chaudière (sens II); on le relève avec le même sens en Suisse romande (v. GPSR, s.v., sens 12), ce qui suggère que cette évolution sémantique du mot chaudron n’est pas propre au Québec, à l’instar de chaudière (sens II).  2Depuis 1853 (chez P.‑J.‑O. Chauveau, dont la citation sous le sens 3 montre que le chaudron n’est pas suspendu à une crémaillère, mais posé sur le poêle). Chaudronnée, depuis 1655‑1656 (RJ 42, p. 166 : On luy en fit tant boire, qu’elle creva sur l’heure, son ventre s’estant fendu pour donner passage à deux chaudronnées d’eau qu’on luy avoit fait prendre.). 3Depuis 1793. Chaudron à sucre, depuis 1799 (Lévis, BAnQQ, greffe L. Miray, 11 mars : Six chaudrons a sucre). Chaudron à sucrerie, depuis 1799 (Sainte-Anne-de-la-Pocatière, BAnQQ, greffe A. Dionne, 9 octobre, p. 7 : 6 chodrons aux sucreris). Chaudron à pieds, depuis 1806 (Québec, BAnQQ, greffe J. Bélanger, 1er septembre : Dans le hangard […] un chaudron a pied et un garde feu de ferblanc prises a six chelins). Banc à chaudrons, depuis 1842 (BAnQQ, greffe I. Hurteau, 21 novembre). 4Depuis 1952. Il est probable que chaudron se soit dit au départ du cuisinier dans un camp de bûcherons, puis se soit appliqué à un entrepreneur dont on avait sujet à se plaindre. Par extension, il se dit d’un membre d’une équipe sportive dont le rendement est insatisfaisant.

Nouvelle entrée de la deuxième édition

Dernière révision : septembre 2021
Trésor de la langue française au Québec. (2021). Chaudron. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 17 avril 2024.
https://www.dhfq.org/article/chaudron