CHARNIÈRE [ʃaʀnjɛʀ]
n. f.
Variantes graphiques : (d’après des prononciations populaires) charniére, chargnère.
Syn. de charnier.
2022, TLFQ, Charnière du cimetière Mount Hermon à Sillery [photo].– Mais où est-ce donc que vous allez mettre mon fils? demanda Chauvin, d’un air inquiet : je ne vois pas de fosse creusée pour. – Mais, ici, répondit le gardien, dans La Charnière – c’est là que l’on met les pauvres pendant l’hiver; la terre est gelée, et ça couterait [sic] trop cher pour faire les fosses. – Ah! monsieur, je vous en prie, ne le mettez pas là; ma pauvre femme en mourrait de douleur, si elle le savait. Mon fils n’y restera pas la nuit, il va être volé par les cler[c]s-docteurs. [...] Oh! je vous en prie, ne me refusez pas cette grâce, je gratterai plutôt la terre avec mes mains – mais, pour l’amour de Dieu, ne mettez pas mon fils dans La Charnière. [/] Cette horreur des pauvres pour le Charnier n’est point exagérée. Il y a eu un temps où des gardiens infidèles se laissaient corrompre par l’appât de l’or, et fesaient [sic] du charnier un réservoir où les clerc[s]-docteurs venaient, à prix fixe, y cho[i]sir les sujets de dissection qui leur convenaient. 1846, P. Lacombe, « La terre paternelle », dans Album littéraire et musical de La Revue canadienne, février, p. 22.
Et puis quand c’était l’hiver, ils enterraient pas les morts; ils creusaient pas de fosses dans la terre gelée. Il y avait une charnière, là, pour mettre les tombes. Et puis, quand c’était rendu le printemps, bien chacun allait enterrer ses morts. 1972, Québec, AFEUL, M. Laroche 35 (âge de l’informatrice : 58 ans).
Histoire
Variante de charnier, attestée depuis 1846. N’a pas été relevée comme telle ailleurs qu’au Canada; cp. cependant carnière « lieu couvert, galerie où l’on dépose les ossements des morts », en ancien picard (v. FEW carnarium 2, 382b).