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CASQUE [kask], [kas]
n. m.

Rem.

1. La prononciation [kas] est familière. 2. Variante graphique (notamment dans les emplois figurés) casse.

I
1

Fam.Bonnet de fourrure pouvant être muni d’une visière et de rabats de protection pour les oreilles.

2023, Bonnet de fourrure (« casque de poil ») [photo]. 2023, TLFQ, Bonnet de fourrure (« casque de poil ») [photo].

Casque de (en) fourrure, poil, vieuxpelleterie. Casque de (en) chat sauvage, vison, loup-marin, loutre, mouton de Perse. Casque d’hiver. Casque pour hommes, pour dames.

Rem.1. Dans cet emploi, casque s’oppose régulièrement à chapeau (depuis le début du XIXe siècle). 2. Dans le vocabulaire de la publicité, on a recours de plus en plus souvent à chapeau de fourrure, casque ayant perdu son caractère neutre depuis les années 1960; dans la langue littéraire, on trouve toque de fourrure (depuis le début du XXe siècle) ainsi que bonnet (de fourrure), qui est l’appellation la plus ancienne (depuis le XVIIe siècle, voir Histoire). 3. En parlant d’une coiffure rigide servant à protéger la tête (sens usuel du mot en France), casque est particulièrement fréquent dans casque protecteur, casque de sécurité (désignant le casque des ouvriers), casque de hockey, de football.

Quand les Canadiens voyagent l’hivert [sic], ils se précautionnent beaucoup contre le froid; à cet effet, ils prennent des souliers sauvages, faits seulement de peau de chevreuil et garnis en dedans d’un chausson de laine, portent des bas drapés, se couvrent le corps d’un capot de castor, le poil en dehors, et la tête d’un casque de peau de marthe [sic]. 1753, L. Franquet, dans Institut canadien de Québec (éd.), Voyages et mémoires sur le Canada, 1889, p. 131.

Tous les Canadiens, en hiver, portent le casque, qui n’est pas aussi militaire qu’on pourrait le penser : c’est une espèce de bonnet en fourrure, ou bonnet à poil. Il nous est indispensable, et il fallait le nommer de quelque façon; or, comme il a beaucoup de ressemblance avec le casque du militaire, nous lui avons donné ce nom. 1884, N. Legendre, La langue française et la province de Québec, Nouvelles Soirées canadiennes, vol. 3, p. 278.

Voilà le temps de changer de costume. Il faut laisser le chapeau pour le casque en fourrures, le pardessus léger par le capot d’hiver, etc. Nous avons tout ce qu’il faut pour cela. Casques en tous genres, collets, capots, etc. Casques, manchons, collets, colliers en fourrures pour dames dans toutes les variétés. 1897, L’Événement, Québec, 4 janvier, p. 3 (annonce).

Il avait remarqué que certaines rues étaient parlantes et que des jalousies closes de tendres appels semblaient lui être adressés. […] Alors, humblement, devant une jalousie, après avoir ôté son casque à oreilles, en peaux de lièvres, il raconta son voyage […]. 1972, J. Ferron, La chaise du maréchal ferrant, p. 82.

L’Amérindien se laisse tomber sur la couche […]. Les coudes appuyés aux genoux, il semble à bout de souffle et demeure prostré un long moment avant d’enlever le casque de fourrure qu’il lui a prêté. 1993, Fr. Ouellette, Le Grand Blanc, p. 541.

Ainsi chaudement emmailloté, je suis capable de couver comme une grosse poule jusqu’à l’entracte pour ensuite me gargariser et me poncer au gros gin afin de poursuivre, mon casque en poil d’ours noir calé jusqu’aux oreilles, très facilement le spectacle pour une autre heure et demie dans ce décor bucolique de ce bel amphithéâtre situé à la pointe aux grands vents des Trois-Rivières. 2012, Le Nouvelliste, Trois-Rivières, 27 juin, p. 14.

Les lits des chambres du bas étaient couverts de manteaux de laine, de capots de chats, de casques de fourrures, de tuques, de crémones et les bottes s’empilaient dans un coin de la cuisine, pas loin du gros poêle qui ronronnait malgré la tempête qu’on entendait hurler dehors. 2016, Le Soleil, Québec, 29 décembre, p. 25.

On m’a surnommé « Ti-Mulot », la raison étant que mon casque d’hiver avait la palette recouverte d’une fourrure délicate s’apparentant au mulot. Ma mère qui avait confectionné cette casquette n’avait pas prévu cet effet secondaire. 2018, L. Nolet, Le Vent du Sud, Notre-Dame-Auxiliatrice-de-Buckland, septembre, p. 12.

2

Par ext., Fam. Toute coiffure sans bord, en matière souple, portée surtout par les hommes et les enfants pour se protéger la tête du froid, des intempéries.

Casque de (en) drap, tweed, laine. Un petit casque.

Rem.Dans cet emploi, casque, qui peut de nos jours avoir une connotation plaisante, est une appellation générique pouvant même s’appliquer à la tuque.

 VieilliCasque aviateur, d’aviateur, d’aviation : coiffure d’enfant (surtout de garçon) très enveloppante, qui imite le modèle des anciens casques des aviateurs; passe-montagne.

 VieilliCasquette, notam. celle qui accompagne une tenue distinctive, un uniforme. 

Casque à palette, avec visière. Casque de police. Casque des Expos.

2022, TLFQ, Casque des Expos [photo].

 calotte.

Il s’est échappé de la prison de sa Majesté en cette ville […]. Il avoit sur lui un capot brun, à la mode du Canada, veste et culote, des souliers de bœuf du païs, et un casque à la Huzarde de drap rouge, garni de Martre […]. 1767, La Gazette de Québec, 16 février, p. 4.

Il apparut sur le seuil, son fanal à la main. [/] – Salut un chacun, fit-il en ôtant son casque de laine. La nuit était claire et il y a encore une croûte sur la neige; alors puisque ça marchait bien, j’ai pensé que je viendrais veiller et voir si vous étiez revenu. 1916, L. Hémon, Maria Chapdelaine, p. 31.

– Darveau : Faites-moi le plaisir de vous asseoir. Donnez-moi votre manteau, votre chapeau. – Séraphin : Mon casse. – Darveau : Si vous voulez. Un casque légendaire. Le casque de Son Honneur Le Maire. Vous ne sauriez croire jusqu’à quel point votre visite m’honore. 1958, Cl.‑H. Grignon, Un homme et son péché, 15 avril, p. 6 (radio).

Son accoutrement est des plus curieux. Avec cette vieille « chienne » grise sur laquelle il a enfilé une grosse veste de cuir élimée et, avec son petit casque crasseux de peintre sur la tête, il a presque l’air déguisé. 1978, M. Riddez et L. Morisset, Rue des Pignons, p. 368.

Le guide retira sa casquette, s’épongea le front de son mouchoir plutôt souillé et remercia pour les oboles réticentes qui tombaient dans son casque à palette renversé. 1982, Cl. Jasmin, Maman-Paris. Maman-la-France, p. 248.

Selon la description faite par la victime aux policiers, il s’agit d’un homme dans la trentaine de 5′ 6″, pesant 130 livres, qui portait un petit casque et des vêtements sombres au moment du crime. 2007, Le Quotidien, Saguenay, 12 janvier, p. 13.

Je faisais déguster des échantillons de plusieurs produits en épicerie. La sauce collait toujours dans le fond de la poêle, j’étais pogné entre deux présentoirs réfrigérés et le boss m’obligeait à mettre un petit casque en filet sur ma tête… Je voulais juste que ça finisse. 2019, Le Journal de Québec (site Web), porte-monnaie (emploi), 19 juin.

VieilliCasque carré : barrette (d’un ecclésiastique).

Rem.On a dit surtout bonnet carré, comme en France.

 Vieilliet rareCasque-boudoir, casque-de-boudoir ou par contraction caboudoir : bonnet de nuit ou bonnet d’intérieur.

 bonnet (sens I.1).

Par méton., Vieilli Casque à palette : policier.

Depuis que j’ai l’âge de raison que je me fais dire à tout bout de champ : « La police va t’attraper! […] » À c’tte heure, c’est rendu que c’est plus fort que moi : je suis pas capable de voir un casque à palette sans avoir un frisson sur l’épine dorsale. 1981, Gr. Gélinas, Les fridolinades 1943 et 1944, p. 118‑119.

(Dans des expressions peu usuelles). Tenez ben vos casques! : attention, tenez-vous prêts, préparez-vous!

 C’est pas le casque qui fait le moine : ce n’est pas l’habit qui fait le moine.

 Parler à travers son casque, à tort et à travers. 

Je voudrais donner la réponse à une « dame » qui parle à travers son casque dans une lettre du 3 octobre dernier. Pourquoi permettre la publication de lettres anonymes écrites par des gens aussi mal renseignés? Il s’agit des avions du type à réaction qui d’après cette dame, font de la pluie, sinon des nuages. Je me demande comment on peut être aussi stupide et niais pour croire cela. 1971, Progrès-dimanche, Chicoutimi, 17 octobre, p. 7.

3

Casque de bain : bonnet de bain.

2022, TLFQ, Bonnet de bain (« casque de bain ») [photo].

Costumes de bain pour filles [/] Costumes de bain pour enfants [/] Dans toutes les grandeurs en flanelle bleu marin avec braid blanc. Casques de bain en caoutchouc. 1894, La Presse, Montréal, 26 juin, p. 2 (annonce).

Il est nécessaire de savoir, quand vous voyagez en famille, si le terrain de camping que vous choisirez est pourvu d’une piscine ou d’une plage surveillée, d’un dépanneur ou magasin-épicerie, de terrains de jeux, d’une salle communautaires [sic], etc. (À propos de piscine, n’oubliez pas d’apporter votre casque de bain. La plupart des terrains l’exigent.). 1979, La Presse, Montréal, 11 août, p. D6.

Pour le cyclisme, les participants doivent fournir leur vélo[.] En triathlon, ils doivent apporter le vélo, le maillot de bain, un casque de bain et des lunettes de natations [sic], sans oublier la serviette et les espadrilles pour la course. 2006, La Tribune, Sherbrooke, 18 mai, p. 44.

Heureusement qu’on ne va pas à la piscine municipale pour cruiser. Parce qu’on va se le dire, ça gâche un look un casque de bain. Et je ne ferais pas la même erreur que mes ancêtres en apposant des fleurs sur mon bonnet. Mais bon, tout le monde doit le porter. L’expression « avoir l’air casque de bain » image bien la scène. 2013, L. Lévesque, Le Quotidien, Saguenay, 20 juillet, p. 14.

Dans le but de garder un taux de chloramine acceptable, certaines règles seront dorénavant en vigueur dont le port du casque de bain obligatoire. La douche avant l’accès à la piscine sera également obligatoire. 2017, Le Nouvelliste, Trois-Rivières, 1er septembre, p. 22.

Très fam.Personne un peu simple d’esprit, qui agit de façon niaise.

Un vrai casque de bain!

 (En fonction attribut). 

Être casque de bain.

II

Fig.

A

S’appliquant à une personne.

1

Pop.(Dans des interpellations cavalières).

Aïe, le casque! Ti-casse!

 VieuxT’es pas fou le casque! (ou variantes) : tu manques de bon sens (dans tes paroles, tes actes); ce que tu dis est difficile à croire.

Vous êtes pas fou le casque. Faites donc pas l’habitant. On n’ôte pas la place à des hommes en plein cœur d’hiver. Les temps sont durs et si vous nous mettez à la porte, vous nous paierez au moins une quinzaine en avant. On a des familles à nourrir. 1878, Le Canard, Montréal, 16 mars, p. [2].

– La grosse picotte court beaucoup dans notre quartier. Pauvre enfant si tu allais l’attraper. – T’es pas fou le casque! le docteur Larocque m’a vaccinée il y a quinze jours. 1879, H. Berthelot, Les mystères de Montréal, Le Vrai Canard, Montréal, 20 décembre, p. 1.

– Joson : Savais-tu ça, toi, Josette que le défunt paradis terrestre […] vient d’être découvert […]. – Josette : Et à quelle place que ça se trouve, c’te défunte paroisse-là? – Joson : En Allemagne, Josette. – Josette : T’es pas fou le casque? 1940, Al. Bourgeois, Voyage autour du monde de Joson et Josette, 19 mai, p. 1 (radio).

Lorsqu’ils ont sauté sur la patinoire coiffés de leurs casques blancs malgré leurs uniformes rouge [sic] pour amorcer la deuxième période, les joueurs du Canadien avaient l’air d’une bande de « ti-casses ». En fait non. Ils avaient plutôt l’air d’une bande de « casses de bain ». […] Les joueurs du Canadien avaient été tellement mauvais en première période qu’ils méritaient amplement le châtiment de ressembler à des casques de bain à leur retour sur la glace. 2000, Fr. Gagnon, Le Soleil, Québec, 3 janvier, p. D2.

Je suis convaincu que les policiers font ce qu’ils peuvent pour réduire la vitesse en faisant de la surveillance. Mais ils [les jeunes qui conduisent à des vitesses excessives] sont futés ces « ti-casses », c’est facile pour eux de surveiller la police et d’avertir leur [sic] copains via le cellulaire (qu’ils ont tous) de la présence des policiers. 2006, La Voix de l’Est, Granby, 17 juin, p. 39.

Une chose : ne le [votre adolescent] prenez jamais de front. Danger!!! Avez-vous déjà remarqué qu’on lui demande rarement son avis? C’est comme si on le prenait pour un ti-casse. Il fait trop de bruit avec sa musique? Normal, la plupart d’entre eux détestent le silence. 2016, M. Legault, Le Journal des Pays-d’en-Haut La Vallée (site Web), Saint-Sauveur, opinion (chronique), 10 février.

(Dans des sobriquets). 

Le Casque, Tit-Casse.

M. Pierrot Palette, alias le Casque, […] est grand, musclé, brave, joyeux et fort mangeur. 1932, A. Nantel, À la hache, p. 158.

(Dans des blasons populaires). Les Casques de Fer, les Casques de Berthier-sur-Mer. Les Casques de Cuir de Saint-François de Montmagny. (DugBlas 18).

2

VieilliGros casque : personnage important, notable.

Rem.Gros bonnet est beaucoup mieux attesté à l’écrit (depuis le XIXe siècle).

Quand on voit les choses à travers le prisme de la réalité, on ne peut que blâmer ces pérégrinations du Col. Smyth et autres gros casques qui en imposent à M. Vail au point d’aller faire le tour de nos frontières pour voir si tout est tranquille. 1877, Le Courrier du Canada, Québec, 23 avril, p. [2].

Voyant les frères et les cousins accommodés, les gros casques du parti libéral pensaient leur tour arrivé. Ils ont rivalisé de zèle à l’élection de M. Langelier, ils ont couru de paroisse en paroisse pour exhiber leur dévouement […]. 1878, Le Canadien, Québec, 18 juin, p. [2].

Le démon de la discorde paraît s’être déchaîné pour enfifrewaper [sic] tous les gros casques chargés de nous donner la haute instruction. […] Attendez avec patience la solution du grand problème et ne vous laissez pas éblouir par les feux éclatants des paradoxes dont se servent les discutants des deux côtés. 1881, Le Vrai Canard, Montréal, 28 mai, p. [2].

Qu’est-ce que je peux demander de plus, peux-tu me le dire? J’ai une femme, une fille, une maison à moi, des amis! On fait des noces de millionnaires, un voyage de noces de gros casques […]. 1963, J. Daigle, Margot, 29 janvier, p. 5 (radio).

Maintenant, à 30 ans, un peu plus mature, je partage ma vie avec un homme (un gros casque) […], que j’aime énormément et avec qui je suis très complice à tous les niveaux depuis déjà 11 ans! 2017, Info Saint-Guillaume, janvier, p. 21.

(Dans un blason populaire). Les Gros Casques de Yamaska.

B

Dans des expressions, casque évoquant la tête.

1

Fam.En avoir dans le casque, en avoir plein son casque : être ivre, complètement ivre.

De la boisson plein son casque et une cigarette allumée entre les deux cuisses… il n’en faut pas plus pour mettre le feu aux poudres. Un individu a comparu devant le juge Gérald Desmarais de la cour municipale pour répondre à l’accusation d’avoir pris le volant alors qu’il y avait plus de 205 milligrammes d’alcool par 100 millilitres de sang. 1974, La Tribune, Sherbrooke, 13 mars, p. 2.

2

Fam.En avoir plein son casque, en avoir plein le casque : en avoir assez (d'une situation, de qqch., etc.), être excédé, à bout de patience.

 En avoir plein son casque de la neige, du froid.

J’ai essayé une nouvelle « job » la semaine dernière, les amis. […] Oui, tel que vous me voyez, je commence à en avoir plein le casque du métier de journaliste; un bonguienne de métier ousqu’il faut écrire et dépeindre des images tout le temps pour faire rire un tas de monde qu’on connaît pas. 1912, La Presse, Montréal, 14 décembre, p. 8 (chron. humor.).

Il sentait vaguement qu’on se moquait De lui, ou qu’on s’entendait pour lui faire des secrets. Il s’en exprima : – Il y a rien que moi, on dirait, qui peut pas savoir ce qui se passe chez nous. [/] Comme Thérèse allait répondre, il secoua la tête : – J’en ai plein mon casque, à la fin! Mais j’saurai ben quand même… 1930, H. Bernard, La ferme des pins, p. 37‑38.

Elle toussait sans arrêt. Après l’avoir entendue tousser pendant deux jours et deux nuits, j’avais les nerfs à fleur de peau. Chaque fois que je l’entendais tousser, je me disais : « Elle le fait exprès! » Mes tempes se serraient, je serrais les poings, je prenais son mal en patience. J’en ai eu plein mon casque tout à coup. J’ai mis mon coupe-vent tout à coup et j’ai fait claquer la porte. 1967, R. Ducharme, Le nez qui voque, p. 143.

Lorsqu’on aura des gens décidés à défendre cette cause [l’indépendance du Québec], capables de la mettre en évidence, et non en veilleuse, alors ils pourront toujours nous demander notre appui. Les querelles de mot, les luttes de pouvoir, j’en ai plein le casque. 1987, Le Devoir, Montréal, 12 mars, p. 10.

« Je n’aime pas ce qu’est devenu mon pays. Des artistes qui répètent des mots d’ordre, je n’en veux pas! J’en ai plein le casque que les artistes soient obligés de faire de la mise en marché d’idées. ». 1995, La Presse, Montréal, 4 octobre, p. E1.

Vous devriez nous tomber sur les nerfs, chers hockeyphiles, mais non. Ou si peu. Parce que les gens passionnés, c’est toujours beau. Vous animez la ville d’une ferveur qui fait du bien. Vous avez les yeux qui brillent et de l’espoir plein le cœur. C’est vraiment beau à voir. Cela dit, ça fait quand même un mois qu’on ne parle que de hockey, et on commence à en avoir plein le casque, avec ou sans visière. Il est temps que ça se termine. Faque… New York en quatre. Go! Rangers, go! 2014, M. Charlebois, L’Actualité (site Web), culture, 20 mai.

À l’âge de 12 ans, je me suis mise à courir… OK, ce n’était pas facile. Cinq minutes pis, comme je le dirais dans mon bon vieux jargon, j’en avais plein mon maudit casque. Toutefois, un jour, une personne ayant bien plus de sagesse que moi m’a dit : « Si courir est difficile, cours plus! […] ». 2019, L.‑A. Vidori, Le Nord : votre accès à l’information, Saint-Jérôme, 6 mars, p. 12.

Aujourd’hui, on boxe partout dans le monde, sauf au Québec. J’ignore si vous êtes comme moi, mais je commence en avoir plein le casque. Surtout qu’il est prouvé, partout sur cette basse terre, qu’avec certaines précautions la boxe n’est pas plus dangereuse que d’autres sports, tels le hockey, le baseball, le football et le basketball. 2020, J.‑P. Chartrand, Réseau des sports (site Web), combat (boxe), 9 août.

3

Fam.Avoir du casque, en avoir dans le casque : avoir de l’audace; faire preuve d’effronterie, agir avec sans-gêne.

En passant près de la voiture d’un habitant qui était entré dans un magasin, notre gaillard s’approche du véhicule, enlève les couvertures qui en cachaient le contenu, prend tranquillement un chou énorme, le met sous son bras et continue flegmatiquement sa route […]. Les passants étaient tout simplement épatés et n’ont pu s’empêcher d’éclater de rire. La police n’était pas là pour mettre le grapin sur ce débraillé. Voilà ce que l’on peut appeler un petit jeune homme pas gêné. D’aucuns appellent çà [sic] avoir du casque. 1886, La Justice, Québec, 1er février, p. [3].

– Écoute, son père : Il y a, dans ton métier, une pratique que je changerais bien vite, moi, malgré mon inexpérience. – Ouais, quoi donc? – Celle de ne conter que des sornettes au touriste. [/] C’est au bonhomme à rester coi. Il est interloqué. Il croyait débiter le fin du fin sur Québec et ses monuments. Puce poursuit : – Veux-tu des faits? […] [/] Herman ne se maintient plus, il éclate : – Ouais, ma fouine, t’en as du casse pour parler à ton père sur ce ton! 1949, E. Morin, Puce, p. 128‑131.

« Notre véritable test, ce sera samedi à Granby. Nous recevrons Victoriaville. C’est là que nous verrons ce que les ailiers défensifs, les demis insérés, les ailiers espacés et les joueurs de ligne offensive ont dans le casque », lance l’instructeur granbyen. 1983, La Voix de l’Est, Granby, 13 septembre, p. 20.

Il [le lieutenant-colonel Fredette] était en congé lors de notre rencontre, nous avons été très surpris de le rencontrer en civil. Néanmoins après quelques minutes d’entretien, malgré l’habillement, il nous aurait été impossible de savoir s’il s’agissait d’un militaire ou d’un civil… C’est qu’il en a dans le casque, ce Lieutenant-colonel! Le genre de gars qui réussirait à embarquer n’importe qui dans son régiment ou dans n’importe quoi… 2005, S. Sinclair, Courrier Laval du jeudi, 28 août.

4

Fam.Parler à qqn dans le casque : faire des reproches à qqn, lui adresser une vive réprimande pour exprimer son mécontentement; lui dire sans ménagement ce qu’on pense de lui.

Se faire parler dans le casque.

À la boxe Muhammed Ali est en train de se faire parler dans le casque. Il est la cible d’une importante poursuite en dommages-intérêts, logé [sic] contre lui à la suite des propos « déplacés » qu’il a adressés à l’arbitre […]. 1975, La Presse, Montréal, 17 avril, p. C4.

Clémence Desrochers est certaine que les hommes se retrouvent à travers ses chansons et ses monologues, d’ailleurs quand on les écoute attentivement, on se rend magistralement compte qu’ils sont presque construits pour eux… « Que voulez-vous? Les femmes m’ont compris vite et bien, il faut bien maintenant que les hommes me connaissent et m’aiment… Je sais qu’il faut leur parler « dans le casque », il faut leur dire leurs quatre vérités comme c’est réellement. ». 1977, Télé-radiomonde, Montréal, du 8 au 14 mai, p. 24.

Pour diriger tout ce beau monde, il fallait de la poigne. Madame la directrice en avait et, à sa manière, elle a su se faire écouter et respecter tout en créant un climat chaleureux : « Ces gens-là voulaient travailler, accomplir leur boulot le mieux possible. Il fallait que ça marche rondement. Quelquefois, je me choquais, bien sûr. Je leur parlais dans le casque, comme on dit. Mais les crises de nerfs à l’emporte-pièce, non. ». 1980, Châtelaine, vol. 21, no 9, p. 94.

[…] si tous les couples du monde, masculins ou féminins, auraient ou avaient su se parler main dans la main, […] dialoguer de leurs pépins « matrimoniaux », s’ils s’étaient, comme dit l’expression, parlé dans le casque, eh bien peut-être y aurait-il moins de Christophe et moins de Barbara en instance d’être sur le bord de se quitter. 1981, Cl. Meunier et L. Saia, Appelez-moi Stéphane, p. 111.

– Au fait, dit-il, où est-ce qu’ils sont passés, les enfants? Marité ne le sait pas […]. Il est bientôt six heures et aucun d’entre eux n’est rentré. – Ils vont se faire parler dans le cass [sic]! dit-elle. [/] Elle réserve les oignons et sort la poêle bleue, celle qu’elle n’aime pas nettoyer. Elle ajoute : – Ils perdent rien pour attendre! 1987, Fr. Noël, Myriam première, p. 270.

Après un conflit de travail ou plutôt un conflit sans travail qui aura duré 20 ans, les propriétaires et les joueurs de la LNH (Ligue de non-hockey) se sont finalement entendus, à force de se parler dans le casque. 2005, S. Laporte, La Presse, Montréal, 9 janvier, p. A5.

À plusieurs reprises il [mon fils] a été puni pour mauvaise conduite au point de se voir privé d’école pour une journée. C’était trop pour moi. Je suis allée voir son enseignante pour lui parler dans le casque. Résultat, je suis désormais interdite dans la classe de mon fils […]. 2015, Le Journal de Québec (site Web), psycho (courrier de Louise), 30 mars.

« Notre gardien [de but] a été laissé à lui-même toute la rencontre. Je n’aurais pas été content d’être le gardien de l’équipe locale. J’ai dit aux défenseurs, après le match, que si j’avais été le gardien, il y a quelques joueurs qui se seraient fait « parler dans le casque ». Ce n’était pas chic. On a décidé d’y aller avec des jeunes, et on se doit d’être patient. Ça fait partie du processus » […]. 2019, Le Journal de Québec (site Web), hockey (remparts), 30 décembre.

 VieuxArranger, chauffer le casque à qqn : réprimander qqn; donner une raclée à qqn.

Se faire arranger le casque. (Voir notamment Dionne).

 VieuxSe faire serrer le casque : recevoir une raclée. (Clapin, Dionne).

5

Fam., Vieilli(En tournure impersonnelle). Ça me prend le casque, ça lui prend tout son casque (ou autres variantes) : cela demande (à qqn) un grand effort, cela exige tout le courage, l’énergie, les ressources (de qqn).

– Tu partiras demain matin avec vingt hommes. Il y a quarante mille billots sur la « branche » de l’est. Aussitôt que la glace sera décollée, vous les « sacrerez » à l’eau. […] – Boutique de forge! s’exclama le jeune homme devant la perspective de ses responsabilités. Ça va m’prendre le casque! [/] Le lendemain, lundi matin, Trefflé quitta le lac Gore à la tête de ses hommes. 1950, R. Legault, Risques d’hommes, p. 148.

– Nicolas : Écoutez, Ovide… tout ça, c’est oublié, pis vous revenez à la maison, comme avant. [...]. Vous êtes un bon diable… et j’aurais pas dû vous parler comme ça… (soupir). Ça me prend le casque, Ovide, de vous dire ça… – Ovide : Je l’apprécie… je l’apprécie beaucoup… 1962, R. Lemelin, La famille Plouffe, 12 février, p. 3 (radio).

RareSe forcer le casque : faire des efforts, se donner du mal.

– Hector : […] Envoye donc… y me semble qu’à travailler pour toi, je serais heureux comme un roi! – Flagosse : […] Tu te forcerais pas trop « le casque ». Sais-tu combien je serais capable de donner à un paresseux comme toi? 1978, M. Riddez et L. Morisset, Rue des Pignons, p. 71.

Histoire

I1Depuis 1753. Par extension du sens de « coiffure rigide destinée à protéger la tête » (attesté en français depuis la fin du XVIe s., v. FEW *quassicare 2, 1435b, TLF); peut-être déjà dans J.‑Fr. Regnard, Le légataire universel, 1708, d’après GeoffrZigz 1, p. 112‑113, mais la généralisation de cet emploi est sûrement d’origine canadienne. Casque a supplanté bonnet (de fourrure) qui était usuel auparavant (attesté au Québec depuis 1675 : un bonnet fourré, dans ASQ, C‑2, octobre, p. 225). 2Depuis 1767; probablement par extension du sens précédent. Un emploi semblable a cependant été relevé en français du XIXe s. dans la langue familière (v. Larousse 1866 et Besch 1892) et dans la langue argotique (v. DelvArg 1866 « chapeau, dans l’argot des faubouriens », LarchExc 1861 « chapeau rond » et LarchArg 1872 « chapeau d’homme ou de femme, casquette », qui donne cet emploi comme ironique). 3Depuis 1894.

IIEn France, casque s’emploie, par métonymie, au sens de « tête » depuis le XVIIe s. (v. Fur 1690, Trévoux 1704, Richelet 1732, Robert 1985, TLF). A1Depuis 1878. 2Depuis 1877. B1Depuis 1894 (Clapin). Il en a dans le casque « il a la cervelle un peu brouillée, soit de vin, soit de folie » a été relevé en français du XVIIe au XIXe s. (v. Fur 1690, Richelet 1732, Trévoux 1771, Besch 1892; v. aussi RobHist qui le donne comme archaïque). Cp. de plus avoir son casque « être complètement gris, être ivre » dans la langue argotique et populaire des XIXe et XXe s. (v. DelvArg 1866, LarchArg 1872, VirmArg, FrVerte; ColArg le donne comme vieux). 2Depuis 1894 (Clapin). Cp. en avoir plein la casquette « être excédé, en avoir assez », en avoir ras la casquette « en avoir ras le bol » en français moderne (v. BernFam et RobHist). 3Depuis 1886. Avoir du casque « posséder l’effronterie et la faconde d’un marchand d’orviétan, d’un saltimbanque » a été relevé dans la langue argotique et populaire des XIXe et XXe s. (v. DelvArg 1883, LarchArgS 1889, FrVerte); cp. également avoir le casque « être malin, savoir profiter des occasions » (v. VirmArg). 4Depuis 1975. Innovation québécoise qui paraît s’appuyer sur l’image de qqn qui réprimande une personne en se tenant tout près d’elle, de sorte que sa voix résonne dans la tête de celle-ci. Parler a eu cours en ancien français avec le sens de « quereller », c’est-à-dire « adresser des reproches ou des paroles hostiles à qqn » (v. FEW parabolare 2, 606b, TLF, s.v. quereller), mais il ne semble pas y avoir de lien direct entre cet emploi et l’emploi québécois. 5Depuis 1906 (FSPFC).

Dernière révision : mars 2024
Pour poursuivre votre exploration du mot casque, consultez notre rubrique La langue par la bande : en avoir plein son casque, parler dans le casque.
Trésor de la langue française au Québec. (2024). Casque. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 29 août 2024.
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