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CAPINE [kapin]
n. f.

1

VieilliBonnet, coiffure de femme, d’enfant, qui descend souvent assez bas sur les épaules et qui attache général. sous le menton.

Capine de laine.

SYN. capeline (surtout à l’écrit).

Rem.Capine semble avoir été utilisé surtout pour désigner la coiffure d’extérieur portée par les paysannes, s’opposant ainsi à câline qui se disait plutôt du bonnet porté à l’intérieur.

 Par ext. Capuchon (d’un manteau); coiffure d’extérieur.

Rem.Surtout à l’oral.

Le lendemain le soleil s’était levé brillant et radieux, il faisait une belle matinée de la fin d’octobre. [...] Sur le bord de la levée, un peu au-dessous du marché aux légumes, un petit homme [...] semblait attendre quelqu’un. Bientôt une vieille femme, une capine sur la tête, un bras en écharpe et un bandeau sur la figure se dirigea vers le petit homme sur le bord de la levée. 1849, G. Boucher de Boucherville, « Une de perdue, deux de trouvées », dans ALBum littéraire et musical de La Minerve, p. 198.

Et on allait recevoir les cendres. On relevait les casques de poil en se rendant aux balustres, afin que le prêtre pût atteindre les cheveux. [...] On redescendait l’allée en se touchant le front pour constater que la cendre y était. Une petite, n’ayant pas assez repoussé son bonnet, se tournait vers nous, et disait, l’air scandalisé : « Il me l’a mis sur ma capine! » 1916, M. LeNormand, Autour de la maison, p. 125.

Un jour de la fin d’octobre, sœur Sainte Cadie informa ses élèves qu’il y aurait à l’avenir une leçon de tricotage chaque semaine. – Nous prendrons une demi-heure chaque vendredi et vous pourrez tricoter des mitaines, des capines ou des chandails. 1936, A. Laberge, Visages de la vie et de la mort, p. 41.

Le casque de mouton ou de fourrures, la tuque et la « fourrole » étaient pour les hommes la coiffure d’hiver; c’était aussi celle des femmes, mais leur coiffure propre était la capine. L’été on portait le chapeau de paille tressé et confectionné à la maison. À l’intérieur, les femmes âgées portaient un bonnet de toile fine qu’on appelait la « câline ». 1968, V. Tremblay, Histoire du Saguenay depuis les origines jusqu’à 1870, 2e éd., p. 425.

Ma tuque de laine m’enserre le front si près des yeux que je dois souvent en relever le bord avec ma mitaine; et, sur ma bouche, mon foulard rouge est raidi par le frimas. Seul mon nez est libre. Tout le reste de mon corps est sanglé, calfeutré; j’avance avec la balourdise d’un insecte à carapace. [...]. – Viens, mon ange, viens! Maman va ôter ta capine! [/] L’ange se fait enlever sa capine, l’ange descend dans la cave [...]. 1975, M. Desrosiers, L’envol des corneilles, p. 9-11.

VieilliBonnet de nuit. 

 Par anal. Gaine servant à protéger les bois, au golf.

notice ENCYCLopédique

Cette coiffure a fait l’objet de plusieurs commentaires, notamment dans Le Bulletin des recherches historiques, vol. 44, 1938, p. 232; Sœur Marie-Ursule, Civilisation traditionnelle des Lavalois, 1951, p. 141 (illustr.); N. Dawson, La vie traditionnelle à Saint-Pierre (Île d’Orléans), 1960, p. 73-75 (illustr.).

2

(Spécial.). Cour.Bonnet de bébé s’attachant sous la gorge, en partic. celui à larges bords souples qui est porté l’été.

Capine de bébé. Capine de baptême.

« Pour ajouter à la difficulté de ce travail [le repassage], elles devaient manipuler tous ces instruments [les fers] avec prudence, par crainte de se brûler ou même de s’asphyxier! » [...] Nos aïeules jouaient de nouveau avec le feu lorsqu’elles utilisaient les fers à craqueler, ou à craquer, qui plissaient finement les dentelles délicates, les bonnets et les capines de bébé, les jupons joliment ornés. 1980, Châtelaine, juillet, p. 57-58.

En secret, elle était allée voir le médecin qui lui avait confirmé qu’elle serait mère au mois de juin de l’année suivante. Quand Ovila devait s’absenter pour quelques heures, elle s’empressait de sortir sa laine et son crochet et elle agitait fébrilement ses doigts pour confectionner des petites couvertures, des petits bas et des petites capines. 1985, A. Cousture, Les filles de Caleb, t. 1, p. 304.

3

Coiffe de religieuse, cornette.

 Par méton. Religieuse.

Le réfectoire résonnait de rires clairs et de joyeux chuchotements. Les relents qui y flottaient étaient pourtant fort déprimants : l’odeur de l’éternelle soupe « aux restes de la veille » se mêlait à celle, plus prononcée parce que exactement toujours la même, omniprésente, incrustée jusque dans la capine des sœurs cuisinières, du poireau bouilli qui accompagnait invariablement le plat du jour. 1980, M. Tremblay, Thérèse et Pierrette à l’école des Saints-Anges, p. 76-77.

À l’école, la vie était trépidante. Un mois à peine après nous avoir appris des compliments, des grâces et des prières, sœur Cécile du Bon Conseil disparut. [...] Sœur Cécile avait fui avec le directeur. C’était sa révolution tranquille, elle avait balancé sa capine par-dessus les moulins. Un volcan s’était réveillé sous ses jupons. 1981, J. Godbout, Les têtes à Papineau, p. 99.

Histoire

Capine ne paraît pas attesté dans les variétés de français d’Europe; le fait que le mot existe également en Acadie (v. Mass no 1682) est le seul indice d’une éventuelle origine européenne. Il résulte probablement d’une contraction de capeline (comme le suggère déjà Clapin), lequel est bien attesté au Québec; à moins qu’il ne s’agisse d’un dérivé de cape au sens de « vêtement qui couvre la tête », attesté en français depuis le XVIIe s. et relevé de nos jours comme vieux (v. FEW cappa 2, 269a, TLF et Robert 1985, s.v. cape).

1Depuis 1849. 2Depuis 1923 (Le Soleil, 3 janvier, p. 10; annonce : Paquet contenant 2 capines de bébé). 3Depuis 1894 (Clapin).

Version du DHFQ 1998
Pour poursuivre votre exploration du mot capine, consultez notre rubrique En vedette.
Trésor de la langue française au Québec. (1998). Capine. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 17 avril 2024.
https://www.dhfq.org/article/capine