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CAMISOLE [kamizɔl]
n. f.

Rem.

Variante graphique : (XVIIe et XVIIIe s.) camisolle.

  

Sous-vêtement couvrant le haut du corps, auj. le plus souvent sans manches et porté surtout par les hommes.

Camisole de (en) coton, laine. Passer des journées entières en camisole. VieuxCamisole d’été, d’hiver, camisoles pour dames, pour enfants, pour hommes.

Rem.En France, on dit maillot de corps, ou tricot de peau, de corps.

 Par ext. Vêtement analogue, sans manches, porté par les femmes en guise de corsage.

Camisole de soie.

Il se contenta pour toute provision d’un morceau de pain, et de cinq ou six pruneaux, et pour tous habits d’une simple camisole sous une simple sotane [sic] dans la rigueur d’un froid extrême sur un fleuve glacé. 1646, Marie de l’Incarnation, dans G. Oury (éd.), Correspondance, 1971, p. 282.

[...] hier, un individu de la Basse-ville a fait un pari de $4 qu’il partirait de la bâtisse de la compagnie Richelieu et qu’il se rendrait à la salle Jacques-Cartier tête nue, en caleçon et en camisole seulement. 1877, Le Nouvelliste, Québec, 5 décembre, p. 3.

– Vous voulez des bons sous-vêtements, madame, je vas vous montrer ce que je porte à l’année. [/] Sans s’occuper des flâneurs, elle plongeait alors la main dans son corsage pour étirer hors de sa robe un bout de camisole de laine : – Tenez, madame, ça c’est chaud; c’est des Outex, moé, je peux pas porter autre chose que des Outex, ça pique pas, ça échauffe pas, c’est ben fin. 1946, M. Trudel, Vézine, p. 190.

Après le passage d’un quêteux, là, ils avaient pas fait la charité, alors, à un moment donné, ils ont venus tout remplis de bibites, les camisoles de laine toutes pleines de poux. 1963, Sainte-Perpétue (L’Islet), AFEUL, J.‑G. Lebel 16 (âge de l’informatrice : n. d.).

[...] il y aurait aussi des milliers d’automobiles desquelles s’échapperaient d’épais gaz délétères tandis que les poids-lourds à Miron feraient un bruit d’enfer et empesteraient l’air d’une noire fumée qui serait de la couleur de la peau noire des camionneurs à la camisole sale et mouillée par la sueur [...]. 1969, V.-L. Beaulieu, La nuitte de Malcomm Hudd, p. 110.

Voilà encore une pièce que l’on a chipée aux hommes : la camisole. Plus correctement appelée débardeur (en référence aux dockers qui portent ce tricot sans manches), la camisole évoque tantôt le sous-vêtement de grand-père, peu sexy, et tantôt l’accessoire pâmant, moulé sur le torse viril d’un Marlon Brando dans Un tramway nommé désir. Sur une femme, elle est toujours sensuelle, comme au tournant des années 70, où elle connut un grand succès [...]. 1993, Elle Québec, mai, p. 80.

Histoire

Depuis 1646. Héritage de France. Le mot désignait sans doute au XVIIe s. un sous-vêtement plus chaud que le maillot de corps d’aujourd’hui, comme on peut le voir par cet autre passage de Marie de l’Incarnation : Un pauvre homme aura huit enfans et plus, qui l’hiver vont nuds pieds et nuds têtes, avec une petite camisole sur le dos, qui ne vivent que d’anguilles, et d’un peu de pain, et avec tout cela ils sont gros et gras (lettre de 1662, ouvr. c., p. 684). Jusque vers le milieu du XXe s., on distinguait d’ailleurs au Québec entre la camisole d’été et la camisole d’hiver, la seconde pouvant comporter des manches. Le mot se retrouve un peu partout dans la francophonie au sens de « maillot de corps » ou de « vêtement léger couvrant le haut du corps, porté directement sur la peau », c’est-à-dire dans les français de Belgique, de Suisse, des Antilles et de plusieurs pays francophones d’Afrique noire (v. MassBelg, HanseDiff2, DSR, ThibFrAnt 143, BDLP); on l’a relevé également dans les créoles de la Louisiane, d’Haïti, de la Guadeloupe, de la Martinique, des Seychelles et de la Réunion (v. ThibFrAnt id.). Cette distribution sur plusieurs continents prouve de façon concluante que cet emploi de camisole vient de France, en dépit du fait que les lexicographes soient peu explicites sur ce point (DSR développe également cet aspect). Par exemple, Fur 1690 explique que la camisole est « la même chose qu’une chemisette » et se porte « la nuit, ou pendant le jour, entre la chemise & le pourpoint pour être plus chaudement »; ce n’est qu’au XIXe s. que les dictionnaires précisent que le mot peut se dire d’un vêtement porté sur la peau (v. Littré : « sorte de vêtement à manches et court qui se porte sous ou sur la chemise »; Landais 1853 : « vêtement de toile, de laine tricotée, de flanelle, etc., en forme de chemise, et qui ne descend pas plus bas que les reins, que l’on porte sur la peau ou par dessus la chemise »).

Version du DHFQ 1998
Trésor de la langue française au Québec. (1998). Camisole. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 18 avril 2024.
https://www.dhfq.org/article/camisole