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CALOTTE [kalɔt]
n. f.

I

Casquette de forme arrondie; par ext. toute casquette.

2022, TLFQ, Calotte des Expos [photo].

Calotte ronde. Calotte de toile, en tweed. Calotte d’hiver. Grosse calotte. Oreilles de calotte. La palette d’une calotte, sa visière. (Faisant partie d’un uniforme, d’une tenue vestimentaire). Calotte de policier, de chauffeur de taxi. Calotte de baseball, des Expos. Calotte de chasse.

Rem.1. Dans son emploi le plus courant, synonyme de casquette; mais, quand les deux mots s’opposent, casquette, souvent perçu comme soigné, désigne surtout une coiffure plate faite dans un tissu de bonne qualité, tandis que calotte s’applique à la coiffure légère, plus commune, de forme arrondie. 2. En France, calotte ne se dit que d’un petit bonnet rond couvrant le sommet de la tête (en parlant de la coiffure que portent les ecclésiastiques, les juifs pratiquants), emploi connu également au Québec et auquel se rattachent d’ailleurs les emplois présentés ci-dessous (sous II).

À l’intérieur, Laura continua la besogne de nourrir les enfants et les animaux, et de veiller sur les âmes. Celle de Louis Hémon lui paraissait en danger. Il est vrai qu’il accompagnait la famille à la messe, sans faute, le dimanche. « Sinon ça, dit Laura, il ne serait pas resté un jour de plus. Il ôtait sa calotte comme tout le monde quand on récitait l’angélus avant les repas. » 1931, M. Le Franc, Au pays canadien-français, p. 189.

Si je passais par les maisons, pis être fin devineur, il dit, je pourrais peut-être bien gagner quelque chose. Il se fait faire une belle habit, pis il se fait faire une calotte avec un écriteau sur sa calotte : fin devineur. 1954, Saint-Raphaël (Bellechasse), AFEUL, L. Lacourcière 1702 (âge de l’informatrice : n. d.).

[...] le chapeau de castor a levé en l'air, il sortait de la ville, on n’allait pas là en calotte, en ville, dans ce temps-là. 1965, Saint-Alfred (Robert-Cliche), AFEUL, J.‑Cl. Dupont 392 (âge de l’informateur : n. d.).

Baribeau a des principes : il ne travaille que pour le strict nécessaire. Effacé le compte de l’épicier et du boucher, il accroche son pinceau, sa calotte blanche de peintre [...]. Un bon matin, la calotte blanche reste au clou. Il décroche la casquette. C’est l’appareillage. Il part. La casquette, c’est l’uniforme de voyage. Elle est énorme, en étoffe brune. 1966, M. Ferron, Cœur de sucre, p. 175.

Il m’entraîne dans son bureau m’indique une chaise. Le jour même on me donne un uniforme propre, avec calotte réglementaire. On m’attribue aussi un numéro de casier. Le sergent se renverse et pivote sur sa chaise à billes la bédaine en avant il me vante la police [...]. 1975, M. Bolduc, Les images de la mer, p. 41.

Avez-vous remarqué, d’ailleurs, combien le boulevard Langelier est devenu quelconque, j’ai quasiment envie de dire aseptisé, depuis qu’on n’y voit plus, sur le terre-plein du centre, cette ribambelle de clochards à barbe, à calottes des Expos et à bottes à tuyau qu’on a déménagés sur Saint-Vallier, en même temps que la maison Re-Vivre? 1989, Le Soleil, Québec, 9 juin, p. A5.

 Décalotter v. tr. et pron. Vieilli(Tr.). Enlever le chapeau, la coiffure de (qqn). 

(Pron.). Tu pourrais te décalotter quand tu rentres dans la maison. (Voir p. ex. Dionne, GPFC).

II
1

(Par anal. du sens de « petit bonnet rond couvrant le sommet de la tête »; souvent au pluriel). Nom donné au fruit de la ronce odorante (Rubus odoratus, fam. des rosacées), qui est semblable à celui du framboisier commun, mais plus aplati; la plante elle-même.

2022, TLFQ, Calotte (« rubus odoratus ») [photo].

Rubus odoratus, Cornuti, en francois buisson odorant on l’appelle en Canada les Calottes parceque son fruit qui est rouge et bon a manger a la figure d’une calotte, c’est une veritable framboise. C’est un tres beau buisson, bien propre par son port, par ses feuilles et par sa beauté a orner les jardins, d’ailleurs son fruit est tres bon a manger. 1749, BAnQQ, fonds J.-Fr. Gaultier, ms. « Description de plusieurs plantes du Canada », p. 419.

Il existe un nombre considérable de ronces, notamment la framboise (Rubus idœus), la catherinette (Rubus pubescens), la plaquebière (Rubus chamœmorus), les calottes (Rubus odoratus), les nombreuses ronces noires, généralement désignées sous le nom de mûres et qu’il ne faut pas confondre avec les vraies mûres de l’étranger [...]. 1951, Sœur Marie-Ursule, Civilisation traditionnelle des Lavalois, p. 175 (note).

 Fig., rare Se calotter v. pron. Se couvrir (en parlant du temps).

Le temps se calotte.

 Rare Se décalotter v. pron. Devenir plus clair, moins couvert (en parlant du temps). (Voir notam. Mass no 82, Barbeau2 40).

 se graisserse dégraisser (s.v. graisser, sens II.1).

2

Fig., rare(Par allusion à calotte du crâne). En dessous de la calotte, dessous la calotte : dans la tête.

Ce sont-là de ces idées bizares [sic] qui se sont détachées de dessous la calotte de ce sombre vieillard qui prétend, mais sans l’ombre de la moindre preuve, que l’éducation est dangereuse. 1829, La Minerve, Montréal, 9 mars, p. 1.

Quand ça fait dix ans, quinze ans que tu fais la même ouvrage, à moins d’être fou raide, tu viens à connaître ton affaire [...]. Moi, parce que j’étais intéressé, i’ me passait des idées par la tête, ça mijotait en dessour [sic] de la calotte. 1982, B. B. Leblanc, Tit-Cul Lavoie, p. 71.

Faire de la calotte : souffrir de troubles mentaux; agir de façon anormale.

Rem.On dit aussi faire du chapeau dans le même sens.

Histoire

IDepuis 1860 (Gingras1 : « S’emploie au lieu de casquette, et bien à tort, vu que calotte est un petit bonnet sans visière qui ne recouvre que le dessus de la tête »). Héritage des parlers de France; relevé en wallon, en normand et en franco-provençal (v. FEW a. bas-frq. *skala 17, 79b, HaustLiég s.v. calote, LéonNam 190, GPSR s.v. calotte, DurFrProv s.v. kaleta). L’emploi québécois de décalotter (depuis 1909, Dionne) correspond à un usage attesté dans les parlers de l’Anjou et du Centre de la France (« décoiffer », v. VerrAnj et JaubCentre2); le mot est attesté à quelques reprises en français depuis 1791 dans le sens plus restreint d’« ôter la calotte (de qqn) » (v. FEW id.; TLF, qui signale en outre l’emploi pron.).

II1Depuis 1749. Pour ce sens, v. Trévoux 1704 : « Ce terme est employé par quelques Botanistes dans la description des parties de certains fruits, & dans celle des calices de certaines fleurs, parce que la figure de ces parties, ou de ces calices, approche de celle d’une calotte ». Se calotter (depuis 1928, PoirAc 255) a été relevé en Anjou, mais avec le sens opposé de « s’éclaircir, se découvrir, en parlant du temps » (v. VerrAnj); cet emploi est à rattacher à calotte du ciel (ou des cieux) ou calotte céleste désignant la partie supérieure de la voûte céleste, le firmament, qui sont attestés en français depuis le XVIe s. (v. FEW 17, 80a, et TLF). 2Depuis 1829. Découle probablement de calotte du crâne « partie supérieure de la boîte crânienne » (attesté en français depuis 1829, v. FEW 17, 80b). Faire de la calotte, depuis 1952.

Version du DHFQ 1998
Pour poursuivre votre exploration du mot calotte, consultez notre rubrique En vedette.
Trésor de la langue française au Québec. (1998). Calotte. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 20 avril 2024.
https://www.dhfq.org/article/calotte