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BUREAU [byʀo]
n. m.

I

(Absol., ou dans bureau de chambre à coucher). Meuble de chambre à coucher destiné au rangement des vêtements; (en partic.) meuble bas et large comportant deux ou trois rangées de tiroirs superposés, souvent surmonté d’un miroir et utilisé en général pour les vêtements féminins.

Bureau double, triple, à deux, à trois rangées de tiroirs.

 commode2.

 Vieilli(Général. dans bureau à, de toilette, petit bureau). Coiffeuse ou petite commode surmontée d’un miroir sur laquelle on disposait les objets servant à la toilette.

[...] un Bureau ou Commode, une livre dix sept chelins et demi [...]. 1845, Montréal, AnqM, gr. L.-S. Martin, 2 juillet.

Une commode brune à sept tiroirs, un bureau à toilette avec miroir bizauté [sic], trois tiroirs [...]. 1906, Québec, BAnQQ, Cour supérieure (Québec), cause no 2411, bref de saisie-gagerie, p. 1.

Un ménage au complet à vendre, [...] 1 mobilier de chambre moderne comprenant : un grand bureau avec 2 miroirs, 1 commode, 2 tables de nuit [...]; 1 mobilier de chambre comprenant : 1 bureau de 4 tiroirs, 1 table de nuit et tête de lit [...]. 1980, L’Union, Arthabaska, 12 août, p. B22 (annonce).

Dès les années 1840, le petit bureau, puis le bureau à toilette, est placé dans la chambre à coucher où il sert à ranger les vêtements dans les tiroirs et à placer les accessoires nécessaires à la toilette. Il a des tiroirs avec des poignées blanches, des panneaux et il est surmonté d’un miroir biseauté ou d’une glace. Le dessus est en marbre et le reste est fait en bois de pin (imité), en frêne, en noyer noir ou en mahogany plaqué. 1993, G. Tremblay, dans J. R. Porter (dir.), Un art de vivre, p. 492.

II
1

Pièce, local servant à l’exercice de certaines professions libérales; société formée par une ou plusieurs personnes exerçant une même profession libérale.

Bureau de médecin, de dentiste, de notaire, d’avocat, d’architecte, de comptable. Travailler pour un important bureau d’avocats. Ouvrir un bureau.

Acheter, vendre, reprendre un bureau, l’ensemble des affaires, des clients (d’un avocat, d’un notaire, etc.). Faire du bureau : être disponible pour recevoir des clients, des patients.

Ce médecin fait du bureau tous les après-midi. Les heures de bureau d’un médecin, d’un avocat. 

Rem.En France, bureau est le terme général pour désigner la pièce ou la salle où se trouve la table de travail; on peut le dire en parlant d’une pièce où l’on reçoit des clients ou des visiteurs, mais, lorsqu’il s’agit de certaines professions libérales, on a plutôt recours à cabinet, lequel s’entend aussi au Québec, surtout dans la langue soignée.

Des avocats, c’est bon yen qu’à mett’ le monde dans l’chemin. Y s’mettent d’in bureau [...] et pis y attendent le monde, comm’ les araignées guettent les mouches. Moé j’y ai été une fois d’in bureau d’avocat, et pis sacré sacre! j’ai vu trois, quat’ femmes qui sont sorties de d’là pendant que j’attendais, des pauv’ femmes qui braillaient, qu’ça fésait piqué [pitié] au cœur... 1905, Basibi [pseud. de J. Charlebois], « Y f’ra pas in avocat », dans L. Mailhot et D.-M. Montpetit, Monologues québécois 1890-1980, 1980, p. 66.

Jamais devant sa sœur ou lui on ne discutait de questions pécuniaires. Il leur suffisait de savoir que le père était riche et estimé : gros bureau d’avocat, fauteuil d’administrateur dans trois ou quatre sociétés dont Gilbert avait oublié les noms. 1951, R. Viau, Au milieu, la montagne, p. 176.

(Au pluriel). Vu la proximité des bureaux du docteur Sanregret, l’appartement de la tante Ti-Lou sentait toujours les remèdes et on avait tendance à y chercher des seringues et des flacons, des armoires vitrées remplies de bocaux au contenu vaguement dégoûtant et même l’inévitable salle d’attente où s’entassaient à l’année longue tous les malheurs, toutes les maladies, toutes les déformations que traîne derrière lui un peuple tenu dans l’ignorance et la pauvreté [...]. 1978, M. Tremblay, La grosse femme d’à côté est enceinte, p. 70.

Maître Auguste Saindon n’était pas un notaire comme les autres. [...] c’était un notaire qui détestait les stéréotypes : rien ne l’ennuyait comme de faire du bureau ainsi que n’importe quel professionnel s’y complaît. 1987, V.-L. Beaulieu, L’héritage, t. 1, p. 303.

Marc Lalonde [...] assure que si Lévesque avait fini ses études, il serait devenu plaideur dans un grand bureau montréalais et aurait travaillé pour de grosses compagnies, aurait été « moins complexé » et ne serait jamais devenu indépendantiste! 1988, La Presse, Montréal, 31 décembre, p. A6.

Bureau d’assurances, tenu par un courtier ou un agent d’assurances.

Bureau de voyages : agence de voyages.

Revenue chez moi j’ai constaté que le billet était écrit en anglais, à la main, dates et remarques, ‘Not valid for air transport’ par l’employé de l’agence. J’ai communiqué avec eux par téléphone. On m’a répondu, tout en déplorant le fait, que tous les bureaux de voyages devaient obligatoirement écrire les billets en anglais. 1992, Le Soleil, Québec, 6 août, p. A10.

VieuxBureau d’affaires : service chargé de la gestion des finances et de la comptabilité dans une société; (parfois) local servant à l’exercice d’une activité commerciale.

Une compagnie qui a son bureau d’affaires dans telle ville.

Elles entrèrent dans leur bureau d’affaires, récemment ouvert. C’était un ancien restaurant de patates frites qui avait fait beaucoup d’argent par la vente des magazines cinématographiques [...]. Mais avec les vieilles filles, il n’y avait plus moyen de se damner à St-Joseph; maintenant, la vitrine était garnie d’annales, de chapelets, de bérets pour jocistes. 1944, R. Lemelin, Au pied de la Pente Douce, p. 178.

VieuxBureau de police : poste de police.

Il avait eu l’intention de reconnaître les lieux, avant d’aller faire sa déposition au bureau de police1865, G. Boucher de Boucherville, « Une de perdue, deux de trouvées », dans Revue canadienne, t. 2, p. 211.

2

À bureaux : occupé par des bureaux ou destiné à l’être.

Immeuble, édifice, tour à bureaux. Espace à bureaux.

Les immeubles de qualité offrant des bureaux convenables étaient jusqu’à tout récemment le quasi-monopole du centre-ville. D’ailleurs, la situation sur ce marché favorisait peu le développement d’édifices à bureaux en banlieue : les loyers y étaient relativement faibles et on y retrouvait une grande disponibilité d’espace. 1990, Maîtres, juin, p. 39.

Le patronat veut qu’on abaisse à 17o Celsius le chauffage des tours à bureaux [titre]. [...] Dans la région de Montréal, il en coûte au moins 40 millions de dollars par année pour chauffer les 80 millions de pieds carrés d’espace à bureaux [...]. Une réduction de trois degrés centigrades de la température minimale dans les édifices à bureaux [...] apporterait des économies d’énergie de six p. cent au moins, selon certaines estimations d’Hydro-Québec. 1992, La Presse, Montréal, 3 décembre, p. A1.

3

(Emploi critiqué). Bureau(-)chef : succursale principale ou siège social (d’une compagnie, d’une société).

Des bureaux-chefs.

Demandes au parlement [...] par la St Mary’s River R[ailwa]y Co., pour transporter son bureau chef à Montréal [...]. 1903, Le Soleil, Québec, 28 février, p. 12.

Les actionnaires [...], à leur assemblée annuelle au bureau-chef de la banque, ont entendu la lecture de comptes rendus indiquant que l’année qui vient de se terminer a été la plus prospère dans l’histoire de cette institution. 1920, Le Devoir, Montréal, 12 janvier, p. 7.

Et si je faisais un rapport au bureau chef et qu’on vous envoyait portier des limbes, vous auriez bonne mine! 1964, F. Leclerc, L’auberge des morts subites, p. 129.

Je dus passer deux ou trois boîtes aux lettres avant de m’aviser que je n’étais plus loin de la Poste de Fulham, et que, dans l’intérêt de la carte de Gladys, pour être bien sûre qu’elle serait livrée à la première heure le lendemain matin, mieux valait sans doute aller la déposer au bureau chef. 1984, G. Roy, La détresse et l’enchantement, p. 337.

4

Secrétariat, en partic. cabinet (du chef du gouvernement, d’un ministre, d’un maire); lieu où travaille le personnel d’un tel service.

Bureau du premier ministre.

Au bureau du maire Jean-Paul L’Allier, on se refusait cependant hier à confirmer ou à infirmer ces informations. « Une déclaration sera faite en conseil, lundi soir », s’est borné à déclarer son attaché de presse [...]. 1992, Le Soleil, Québec, 23 mai, p. A1.

Il est apparu très rapidement, qu’en dépit de l’obligation faite à la Caisse [de dépôt] d’informer le titulaire des Finances, les discussions dans ce dossier s’étaient faites au niveau du bureau du premier ministre. 1992, La Presse, Montréal, 19 décembre, p. A1.

Un communiqué émanant du bureau du ministre indique que la proposition [...] ne répond pas aux exigences de l’avis émis [...] en vertu de la Loi sur la qualité de l’environnement. 1992, Le Devoir, Montréal, 30 décembre, p. 4.

III

(Souvent avec B maj.). Bureau de direction, des directeurs, bureau des gouverneurs : conseil d’administration (d’une société, d’un établissement d’enseignement, d’une institution financière, d’un centre hospitalier, etc.). Bureau de l’Ordre des architectes, des comptables agréés, des pharmaciens, des notaires : conseil d’un ordre professionnel. VieuxBureau des échevins : conseil municipal.

Rem.En France, bureau peut aussi désigner un ensemble de personnes, élues ou choisies, pour assumer une tâche d’organisation ou de contrôle, mais plutôt en parlant d’un parti politique, d’un syndicat, d’une association.

Le Bureau de direction a été chargé de faire connaître à la compagnie les vues de la presque totalité des ouvriers et de chercher de concert avec elle un terrain d’entente. 1913, Le Soleil, Québec, 13 mai, p. 8.

– Je gagerais que voilà de l’encre qui n’a pas gelé : on s’aperçoit bien que nous avons changé de bureaux. Mais on chauffe donc, ici? [...] C’est du luxe, et je proteste. – Monsieur l’Administrateur, vous êtes d’une extravagance, d’une prodigalité scandaleuse, et je vous dénoncerai à votre Bureau de Direction! 1922, J. Fournier, Mon encrier, vol. 1, p. 45.

Le doyen de la faculté de Médecine de l’Université de Montréal [...] a confirmé hier soir qu’il avait fait parvenir sa lettre de démission au recteur [...]. C’est au bureau des gouverneurs de l’Université que revient la tâche de considérer toute demande de démission. Le bureau ne s’est pas encore réuni à cet effet. 1962, La Presse, Montréal, 11 août, p. 13.

Fait exceptionnel, le vérificateur externe d’une municipalité fait l’objet d’une plainte au syndic de l’Ordre des comptables agréés du Québec pour manquement au code de déontologie en matière de conflits d’intérêts. [...] La situation est toutefois délicate car le Bureau de l’Ordre compte dans ses rangs des représentants de grandes firmes qui ont d’importants contrats à la Ville. 1993, Le Devoir, Montréal, 3 décembre, p. A3.

Bernard Lamarre a été réélu au poste de président de l’Ordre des ingénieurs du Québec lors de l’assemblée générale annuelle de l’organisme qui se tenait hier à Montréal. [...] M. Lamarre a été choisi à l’unanimité par les 24 membres du bureau de l’Ordre, eux-mêmes élus par les ingénieurs. L’Ordre des ingénieurs du Québec compte 39 000 membres. 1994, La Presse, Montréal, 12 juin, p. A3.

DisparuBureau de santé : instances chargées d’assurer la salubrité publique; établissement qui, dans une région donnée, dispensait des services d’aide, de santé.

Les conseils municipaux sont également tenus d’établir un bureau de santé et d’adopter des règlements afin de contrer les maladies infectieuses et les nombreuses épidémies qui frappent la population de la Côte-du-Sud au cours de la seconde moitié du XIXe siècle et au début du XXe siècle. 1993, D. Saint-Pierre, dans A. Laberge (dir.), Histoire de la Côte-du-Sud, p. 275.

Histoire

IDepuis 1840 (Québec, BAnQQ, gr. R.-G. Belleau, 24 juin : un bureau ou garderobes [probabl. « armoire-penderie »]). Bureau « commode » est un emploi probablement hérité de France; toutefois, l’existence en anglais américain de bureau, de même sens, a certainement contribué à maintenir et à généraliser cet emploi par la suite. Le sens de « commode » ne figure pas sous bureau dans les dictionnaires français, mais les premiers ouvrages à consigner le mot commode le définissaient comme « une espèce de bureau » (Richelet 1732) ou « une espèce d’armoire faite en bureau, où l’on serre du linge et des habits » (Académie 1740; cp. encore Trévoux 1752). Il semble d’ailleurs que, dès la fin du XVIIe s. en France, bureau ait été employé, notamment dans des inventaires, pour désigner une commode; voir par ex. cette attestation tirée d’un inventaire de 1700 : Un bureau en commode de bois de noyer à deux grands tiroirs fermant à clef avec anneaux de fer, longs de 3 pieds 5 pouces sur 25 pouces de large (cité dans J. Deville, Dictionnaire du tapissier, 1878-1880, p. 89; v. aussi N. de Reyniès, Le mobilier domestique, t. 2, 1987, p. 492; G. Janneau, « Des noms de meubles : la commode », dans Vie et langage, octobre 1972, p. 568; Havard 1, p. 889). En outre, cet emploi a été relevé en Suisse romande (v. GPSR) et on trouve les formes burieu, buriau au sens de « petite armoire » en Picardie (v. CartPic 16, BouchPic 52 et CorblPic 311). Pour l’usage américain, v. Webster 1986 : « a low chest of drawers with a mirror for use in a bedroom »; v. aussi OED-Suppl 1972 et Mathews.

II1Depuis 1841 (Maguire 20). Extension du sens français d’après l’anglais américain office « a room, set of rooms, or building where the business of a commercial or industrial organization or of a professional person is transacted; a business or professional organization » (v. Random 1983). Bureau de voyages (depuis 1992), d’après l’anglais travel bureau (v. OED-Suppl 1986, Webster 1986, Random 1983, Longman 1992). Bureau d’affaires (depuis 1873), d’après l’anglais américain business office « a place of business, spec[ifically] the office in charge of financial transactions and bookkeeping for a firm or institution » (Craigie; v. aussi WebsterW 1988). Bureau de police (depuis 1865), peut-être d’après l’anglais police office (v. Craigie; v. aussi Webster 1986 qui signale qu’il s’agit d’un usage surtout britannique), mais il n’est pas exclu que cet emploi soit un héritage français. Quelques dictionnaires, surtout du XIXe s., mentionnent bureau de police, lequel est également relevé en Suisse romande (v. Laveaux 1828 et Besch 1847-1892, s.v. police; v. aussi TLF et Harrap 1985; pour la Suisse, v. HadRom). Ces attestations donnent à penser que bureau de police a pu être usité en France au XIXe s. avant d’être concurrencé par poste de police, attesté depuis 1865 (v. RobHist). 2Depuis 1930 (Le Devoir, 18 décembre, p. 8 : un édifice à bureaux). D’après l’anglais office, notamment dans office block, office building, office space (v. Mathews, Longman 1981 et Harrap 1985, s.v. office). 3Depuis 1903. Peut-être d’après l’anglais head office (v. par ex. Colpron) ou, plus vraisemblablement, d’après chief office (v. BPFC 2/1, 1903, p. 25, ClapInv, Blanch1-7) qui ne figure cependant pas dans les dictionnaires anglais. 4Depuis 1992. D’après l’anglais premier’s office, minister’s office, mayor’s office, emplois qui sont bien attestés dans les journaux de langue anglaise.

IIIDepuis 1856 (La Patrie, Montréal, 1er janvier, p. [3] : bureau des directeurs). Probablement d’après l’anglais board attesté notamment dans board of directors, board of governors, board of aldermen, d’où bureau des directeurs, des gouverneurs, des échevins (v. Random 1983, s.v. director, Webster 1986, s.v. alderman, et WebsterW 1988, s.v. governor). Bureau de santé (depuis 1867, Gingras2 60), probablement d’après l’anglais américain board of health « a local government agency that supervises public health » (v. WebsterW 1988; v. aussi Random 1983, Gage 1984 et CollinsR 1987).

Version du DHFQ 1998
Trésor de la langue française au Québec. (1998). Bureau. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 4 octobre 2024.
https://www.dhfq.org/article/bureau