Recherche avancée

BUCK [bɔk]
n. m.

1

(Dans la langue des chasseurs). Mâle adulte chez les cervidés (chevreuil, orignal, etc.).

2011, G. Tapp, Orignal mâle adulte (« buck ») [photo], CC BY-SA 3.0 Wikimedia Commons. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Orignal_-_Moose_1_(profil_-_profile).jpg

Revenir de la chasse avec un beau buck, un gros buck, avec un animal de forte taille, pourvu d’un large panache. Un vieux buck de dix pointes, de douze pointes, dont le panache présente dix, douze andouillers. Faire le buck, imiter son appel (pour attirer la femelle).

(Suivi d’un nom de cervidé en appos.). Un buck orignal.

Le long du ch’min, mon chien Boulé fait lever un buck qui passe dret devant mon fusil. 1899, L. de Montigny, « Une histoire de loup-garou », dans La Presse, Montréal, 15 février, p. 7.

Il [le guide] avise une lourde branche sèche, retourne au lac et là, d’un ample mouvement de faucheur, il se met à brasser l’eau en cadence pour imiter les pas traînants d’un orignal marchant dans le lac [...]. « On a encore le temps », émet-il au bout d’un moment, « c’est à la brunante que c’est bon, c’est plus chanceux pour les gros ʻbucksʼ [»]. 1940, Sylvain, Dans le bois, p. 68.

En fin de compte, il avait eu le temps de faire un bon bout. Malgré qu’il y avait beaucoup de neige, il avait eu le temps de faire un bon bout. C'était un gros mâle, c'était un gros buck. Y avait pas de panache, naturellement, mais c'était facile à constater que c'était un buck tout de même. Quand on l’a rejoint, lui il était tout seul, et puis il cherchait pas tellement à se sauver. Puis aussitôt qu’il s’est aperçu qu’on approchait de lui, il s’est reviré vers nous autres, puis il était prêt à livrer bataille. 1971, Gaspé, AFEUL, J. Houde 2 (âge de l’informateur : 50 ans).

À peine avais-je pénétré dans le sous-bois, que j’entendis derrière moi les éclaboussements d’un animal marchant dans l’eau en direction du canot. Je sortis aussitôt des taillis, et j’aperçus ma femme, assise dans le fond du canot, cigarette à la main, pétrifiée de frayeur, bouche ouverte mais incapable d’émettre le moindre son, face à face avec un buck orignal qui s’était arrêté à soixante pieds d’elle. 1974, P. Provencher, Provencher, le dernier des coureurs de bois, p. 194.

Malheureusement, le temps du call est passé asteur. [Ça] fait que l’original était caché, pis en arrivant, il voit deux orignaux, trois! Un gros buck, pis une femelle, pis un petit. Ça fait que, il a atterri, il a descendu sur le lac, il a averti son oncle, là, il a dit : « Il y a trois orignaux, tous sur la montagne ». 1980, Saint-Mathieu (Saint-Maurice), AFEUL, S. Fournier 16 (âge de l’informateur : n. d.).

Elles [les Indiennes] ont ramené un orignal. [...] C’est un mâle, un gros buck, fait Harold en ouvrant ses mains pour évoquer la forme des bois. Deux mille livres. 1981, D. Szucsany, Le violon, p. 20.

Mais si vous êtes à la recherche de gros bucks portant des bois majestueux, vous devrez vous enfoncer assez loin en forêt en vous orientant à la boussole. C’est surtout vrai durant le mois d’octobre, alors que les chevreuils mâles se tiennent dans les fourrés très denses [...]. 1992, Le Soleil, Québec, 8 octobre, p. S7.

RareMâle chez d’autres espèces animales.

Chance exceptionnelle de vous procurer un trio ou un troupeau de lapins de choix. [...] Angora blanc, six femelles, deux bucks, le lot $ 25.00. 1920, Le Devoir, Montréal, 31 juillet 1920, p. 2.

 Buck fever n. m. Trac, tremblement qui s’empare du chasseur (général. un chasseur inexpérimenté) au moment où il découvre son gibier et qui l’empêche de réagir adéquatement.

Quand vous apercevez un chevreuil clairement et qu’il est à bonne portée de tir, tirez immédiatement. Le fait d’attendre qu’il soit plus près encore, n’augmente pas vos chances, à moins que vous n’ayez des nerfs d’acier. Si vous attendez trop, vous risquez qu’il vous sente, qu’il vous entende ou vous êtes pris d’un accès de ‘buck fever’. 1972, Québec Chasse et Pêche, novembre, p. 17.

– Le buck fever, vous connaissez ça? – Oh oui, je l’ai eu une fois, la première fois que j’ai été à la chasse. Ah, c’est un tremblement qui nous prend, c’est un tremblement qui nous prend quand l’orignal approche, quand il arrive en face de nous autres. 1980, Saint-Mathieu (Saint-Maurice), AFEUL, S. Fournier 16 (âge de l’informateur : n. d.).

 Buck law n. m. Loi restrictive qui n’autorise que la chasse aux cervidés mâles adultes.

[...] au cours de ces cinq dernières années, durant la saison de chasse, les citoyens ont été soumis à la ‘loi du mâle’, (le ‘buck law’), c’est-à-dire que seuls les cerfs mâles ou portant des cornes mesurant au moins trois pouces de longueur peuvent être abattus. 1980, Le Soleil, Québec, 12 janvier, p. C3.

2

Par anal., Très fam.Homme, général. considéré dans sa virilité.

Le plus beau buck du village.

 Fig., vieilli Un gros buck (plus rarement un big buck) : un personnage important, influent, bien nanti.

Qu’on nous permette de conseiller aux gros « bucks » qui se croient plus fins que nous en parlant de colonisation et qui se permettent de nous traiter de fous, qu’il est à peu près inutile pour eux de crier contre la « torche incendiaire du colon » pour maintenir l’état de chose actuel, qui est leur œuvre, vu leur influence sur les gouvernements, car l’opinion publique en a assez. 1909, Le Travailleur, Chicoutimi, 19 août, p. 1.

(Ontario). Pis y avait un hôtel pas loin, là, un nommé Conry [Conroy], un gros buck, c’étaient rien que des gros bucks qu’il recevait là. Du pauvre monde, il en voulait pas de ça, lui. 1959, Sturgeon Falls, dans G. Lemieux, Les vieux m’ont conté, t. 7, 1976, p. 248.

Lô se méfie depuis le jour où il n’a pas pu contenter une des sœurs du couvent de son pays, faute d’espace. Les sœurs ont fait toutes sortes de niques, ce qui a hâté l’exil du « buck » de la place, un dénommé Malo Malouin, dit Lô. 1971, J.-J. Richard, Carré Saint-Louis, p. 16.

Histoire

1Depuis 1899; depuis 1906, appliqué à une autre espèce animale que les cervidés (d’après FSPFC : « taureau »). De l’anglais (« the male of several animals », v. OED; v. aussi Webster 1986, Gage 1984). Buck fever (depuis 1951) et buck law (depuis 1957) ont été empruntés à l’anglais nord-américain (v. Webster 1986, Craigie, OAD 1980). 2Depuis 1906 (d’après FSPFC : faire le buck « faire son homme »); attesté une première fois en 1850, appliqué à un esclave robuste dans un texte faisant référence aux États-Unis (v. G. Boucher de Boucherville, « Une de perdue, deux de trouvées », dans ALBum littéraire et musical de La Minerve, p. 220); de l’anglais (v. DARE, Webster 1986). Gros buck, depuis 1909.

Version du DHFQ 1998
Trésor de la langue française au Québec. (1998). Buck. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 18 avril 2024.
https://www.dhfq.org/article/buck