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BREUVAGE [bʀœvaʒ]
n. m.

  

Toute boisson (alcoolique ou non).

Breuvages chauds, froids. Un délicieux breuvage, un breuvage rafraîchissant. Des breuvages alcooliques. Servir, offrir des breuvages.

Rem.Depuis le milieu du XXe s., se dit surtout en parlant d’une boisson non alcoolique.

 (Spécial.). Cour. (Emploi critiqué). Boisson (lait, jus, boisson gazeuse, thé ou café).

Menu du jour incluant la soupe, le plat principal, le dessert et le breuvage. Qu’est-ce que vous prenez comme breuvage?

Rem.Dans l’usage courant en France, le mot ne se dit plus qu’en parlant d’une boisson ayant des propriétés particulières, notamment curatives ou prétendument magiques (voir Histoire).

Quelle boisson boit-on à l’ordinaire? Du vin dans les meilleures maisons, de la biere dans d’autres : un autre breuvage qu’on appelle du boüillon, qui se boit communément dans toutes les maisons; les plus pauvres boivent de l’eau, qui est fort bonne & commune en ce pays icy. 1664, P. Boucher, Histoire veritable et naturelle, p. 140.

Les jours de jeûne il est permis de prendre au déjeuner environ deux onces de pain avec un peu de thé, café, chocolat ou autre breuvage. 1897, L’Événement, Québec, 4 mars, p. [2].

Mon père tenait une auberge dans un gros village [...]. Le whisky surtout était fameux à cause d’un secret que possédait mon père. Quand il recevait un tonneau de cent gallons, il y ajoutait quelques gallons d’eau [...], et puis il y mettait un plein seau de belles cerises d’automne, ce qui donnait un goût fin et tout particulier au breuvage. 1930, Vieux Doc, En guettant les ours, p. 18.

Michel ne parlait qu’aux heures des repas pris à cette même crèmerie [sic] qu’il avait découverte le premier jour près de la gare. Pour vingt sous on avait, et dans un décor étonnamment propre malgré son inévitable mesquinerie, un potage, deux œufs ou un plat de viande, un dessert et « un breuvage » : thé, café ou lait. 1949, Ringuet, Le poids du jour, p. 124.

Toujours que rendu devers le coup du midi, elle lui dit, Tu dois avoir faim, elle dit, mon Jean, hein? – Oh, je commence à avoir faim, il dit, pas de manger comme ça. – Attends-moi, elle dit, je vais aller en chercher à manger, on va manger. Mon Jean est assis, il l’attend. Elle ressoud avec de la nourriture pour Ti-Jean, pis du breuvage pour boire, pis elle, eh bien elle ressoud avec son vin blanc, pis sa bouteille de vin blanc. 1960, Saint-Théodore-d’Acton (Acton), AFEUL, C. Laforte 972 (âge de l’informateur : 70 ans).

Sébastien m’a regardé manger mes toasts, m’a même « aidé » en trempant un biscuit dans mon café. Il a ensuite grimacé pour bien me faire comprendre que ce breuvage d’adulte était plutôt barbare et m’a demandé un de ces jus de fruits arbitrairement appelés « punch » et dont la seule couleur me donne mal au cœur. 1986, M. Tremblay, Le cœur découvert, p. 242.

Histoire

Depuis 1538 environ (J. Cartier, dans M. Bideaux (éd.), Relations, 1986, p. 172 : noz breuvaiges estoient tous gellez dedans les fustailles). Au sens général de « (toute) boisson », le mot est attesté dès l’ancien français (sous diverses variantes : bevrage, buverage, v. GodCompl, Huguet et LaCurne). Cet emploi du mot, qui est le seul que relève encore Richelet 1680 (« Tout ce qu’on boit »), est aujourd’hui sorti de l’usage en France (donné comme vieux ou littéraire dans les dictionnaires contemporains, v. TLF ou Robert 1985). Il a été concurrencé dès le XVIIe s. par le sens de « boisson ayant des vertus curatives ou destinée à produire un certain effet (empoisonner, faire aimer, etc.) » (v. Fur 1690-1727, Trévoux 1704, Laveaux 1820) et il a été peu à peu éliminé au profit de ce dernier avant le début du XXe s. Par ailleurs, l’influence de l’anglais beverage, qui connaît également le sens général de « boisson » (v. WebsterC 1989, Gage 1984), a pu contribuer au maintien de cet emploi au Québec. Cette influence a sans doute joué de façon particulière dans le domaine de la restauration, notamment par l’intermédiaire des menus bilingues sur lesquels l’anglais beverage était, et est encore souvent, traduit par breuvage (cp. dans Random 1983, s.v. beverage : The price of the meal includes a beverage).

Version du DHFQ 1998
Trésor de la langue française au Québec. (1998). Breuvage. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 9 décembre 2024.
https://www.dhfq.org/article/breuvage