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BOUILLI [buji]
n. m.

  

Mets composé de légumes (pommes de terre, navets, carottes, haricots, général. appelés fèves, chou et parfois épis de maïs) et de viande (surtout de bœuf) bouillis dans l’eau avec du lard salé.

2022, TLFQ, Bouilli de boeuf et de légumes [photo].

Un bouilli aux légumes, de légumes. Un chaudron de bouilli. Vieilli(parfois encore dans des menus) Du bouilli canadien.

SYN. pot-au-feu (dans des livres de cuisine).

Rem.En France, désigne le morceau de viande bouillie (général. dans un pot-au-feu).

Le midi, le vieillard avait mangé beaucoup d’un bouilli au lard et aux légumes, et en se levant de table, il dit aux gens de la maison que s’il mourait en ce moment, ce ne serait certainement pas de faim. 1887, L’Événement, Québec, 3 août, p. 4.

L’excellente Madame Cadorette avait dit, le matin : « Qui casse le blé-d’Inde le mange! » et, pour mettre sa menace à exécution, elle chauffa le gros poêle, sortit le fameux chaudron de Ste-Anne, dans lequel s’engouffrèrent tous nos épis, et prépara un « bouilli ». [...] Son bouilli, nous le vanta-t-elle!!!! « C’est du bœuf de par icitte, avec une belle brique de lard au travers, des carottes de chez nous; y a aussi dix beaux p’tits paquets de fèves, un par personne... Mangez... mangez... y a qu’ça de plaisir dans le monde! » 1917, G. Cordon, « Vieux-Temps », dans La corvée, p. 101-102.

La pauvreté, la misère, le mauvais bouilli sans viande dans chaque marmite de chaque jour. 1950, Y. Thériault, La fille laide, p. 76.

On s’était fait un bouilli, un bouilli qu’on s’était fait le soir, là. On s’achetait, dans ce temps-là, pour trente sous, on avait [un] ben plein siau [= seau] de gigot de porc, pis on se faisait des bouillis avec ça. Pis, pour dix cennes, on avait des légumes, [ça] fait qu’on se faisait des beaux bouillis, pis durant qu’on déchargeait le bateau, arrivés ici, bien notre manger était prêt, on n’avait seulement qu’à le mettre réchauffer. 1960 env., Isle-aux-Coudres (Charlevoix-Ouest), AFEUL, P. Perrault 560 (âge de l’informateur : n. d.).

L’été, les gens cultivaient tous un jardin potager. Outre les patates et navets, principaux légumes récoltés au grand champ, les femmes jardinaient fèves ou fayots, betteraves, oignons du pays, échalotes, carottes, petits pois et laitue. On en faisait d’excellents bouillis aux légumes, relevés de carreaux de lard salé dans le grand chaudron de fer qui laissait échapper des odeurs capables de déclencher l’appétit des moins affamés. 1976, U. Arsenault, Patrimoine gaspésien, p. 84.

Elle mangea avec appétit un bouilli de légumes fait avec du chou, des pommes de terre, des carottes, de l’oignon et de la volaille, mais Jan, lui, dévora. 1992, A. Cousture, Ces enfants d’ailleurs, t. 1, p. 250-251.

Histoire

Depuis 1887 (le mot est attesté déjà en 1609 dans M. Lescarbot, Histoire de la Nouvelle France, p. 813 : & apres le roti nous eumes du boüilli & du potage; mais, dans ce passage, bouilli a probablement le sens de « morceau de viande bouillie », cp. l’exemple de 1825 cité dans TLF). Bouilli au sens de « pot-au-feu » est relevé en Suisse romande et dans le Nord de la France (v. GPSR et GuichSav; BarbELys, s.v. [buli]).

Version du DHFQ 1998
Trésor de la langue française au Québec. (1998). Bouilli. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 20 avril 2024.
https://www.dhfq.org/article/bouilli