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BOMBE [bɔ̃b]
n. f.

I
1

(Surtout chez les jeunes). Faire la bombe, une bombe : se jeter dans l’eau, plonger le corps recroquevillé de manière à produire un fort éclaboussement.

2022, TLFQ, Bombe [photo]. 2022, TLFQ, Faire une bombe [vidéo].

Faire des bombes dans la piscine.

Imiter le sifflement, l’éclatement d’une bombe.

Attention les enfants : on va faire une bombe tout le monde ensemble.

2

Bombe puante : petit récipient qui libère une substance nauséabonde lorsqu’on l’ouvre, ou lorsqu’on le fait éclater, et qui sert le plus souvent à jouer des mauvais tours.

Rem.En France, on dit plutôt boule puante.

Q. : J’ai comme rival un garçon qui vit en pension dans la famille de ma blonde. Comment surmonter cette difficulté? R. : Chaque fois que vous allez voir votre blonde, trouvez un prétexte d’aller dans la chambre du garçon et cassez-y des bombes puantes. 1932, Le Goglu, Montréal, 1er janvier, p. 7.

Non! c’est pas possible! Ça se peut pas! Quelqu’un a osé lancer une bombe puante dans ma classe! Qui c’est qui a faitte ça? 1975, M. Tremblay, Mademoiselle Marguerite, p. 49.

(Hapax). Obus à gaz.

Un médecin major de l’armée autrichienne vient d’inventer un projectile vraiment curieux, une ‘bombe puante’ [...]. En touchant le sol, la bombe n’explose pas, mais remplit l’atmosphère [...] de gaz délétères. 1904, Le Lac Saint-Jean, Roberval, 28 juillet, p. 2.

II

Région.et vieilliBouilloire; son contenu.

Bombe de cuivre, de fer, de fonte. Mettre de l’eau dans la bombe. Faire chauffer la bombe. Bombe électrique. Une bombe d’eau bouillante. Dans la croyance populaire, on dit que, quand la bombe siffle, c’est présage de mauvaises nouvelles.

Rem.1. Bombe est traditionnellement associé à la région de l’est du Québec comme canard l’est à celle de l’ouest (Viger en fait déjà la remarque en 1810) et coquemar à celle de l’Acadie (voir bouilloire, sens I.1, sous Notice encyclopédique); de nos jours, ces régionalismes sont en recul devant bouilloire. 2. Bombe a été relevé également en Acadie, surtout dans les zones québécoises ou voisines du Québec (voir Mass no 1267, CormAcad).

 bouilloire (sens I.1).

Une petite bonbe [sic] de cuivre avec une petite saspinte [« casserole »] de fer. 1779, Québec, BAnQQ, gr. J.-N. Pinguet, 14 septembre.

La « bombe » ronronne, sur le plus haut fourneau, près du tuyau, et laisse échapper par son bec étroit et recourbé un mince filet de vapeur blanche. 1923, D. Potvin, « Croquis du terroir », dans Le Canada français, vol. 11, p. 31-32.

[...] les Forges produisirent un nombre considérable de bombes. [...] Ces bombes, ils [les Canadiens] les mirent sur le feu. Elles n’éclatèrent pas, ne firent point sauter les maisons. Sur le feu elles se mirent à chanter. C’étaient d’innocentes bouilloires. On les nomma aussi canards. 1969, J. Ferron, Historiettes, p. 108.

Il va droit au poêle. Ouvre le fourneau et s’empare de la bouilloire. [...] – Il versait de l’eau chaude avec la bombe et moi je frottais. 1970, A. Hébert, Kamouraska, p. 219.

Il s’était réveillé avec le matin, avait pris le pain et les cretons pendant que l’eau, dans la bombe, chauffait. 1971, V.-L. Beaulieu, Les grands-pères, p. 85.

Pis un autre jour, ils étaient arrivés, pis ma mère était dans le jardin, pis elle avait fait une cuite de pain, pis ils s’étaient sauvés avec du pain, elle avait pris une bombe d’eau bouillante, pour les arroser, pour les ébouillanter. 1971,Carleton-sur-Mer, AFEUL, S. Poirier 6 (âge de l’informatrice : 42 ans).

Disparu Bombe à thé : théière.

A vendre [...] des Chaudiéres pour les Sauvages et des Bombes à thé [...]. 1766, La Gazette de Québec, 21 juillet, p. 3.

 VieilliBombée n. f. Contenu d’une bombe.

Une bombée d’eau chaude.

Histoire

I1Depuis 1980 (enq., FTLFQ). N’a pas été relevé comme tel ailleurs qu’au Canada; cp. cependant bombe humaine dans un emploi semblable sous la plume de l’écrivain français Ph. Labro (Un été dans l’Ouest, 1988, p. 65 : Lorsque j’étais petit garçon, avec mes frères nous jouions à ce que l’on appelait « la bombe humaine ». Nous nous encastrions l’un en l’autre, face contre face, jambes croisées de l’un autour des jambes de l’autre, le bras de l’un encerclant le dos de l’autre – afin de n’être qu’une entité, et nous sautions dans la piscine municipale en un éclaboussement savoureux, pour abandonner notre posture siamoise une fois arrivés sous l’eau). 2Depuis 1932. Sans doute calque de l’anglais stink(-)bomb (v. OED-Suppl 1986, s.v. stink); cp. cependant boule puante attesté dans le même sens en français de France depuis 1890 (v. Robert 1985, s.v. boule; v. aussi TLF, id.). Bombe puante « obus à gas » paraît également être un calque de stink(-)bomb (v. OED-Suppl 1933, s.v. stink, qui n’atteste cependant cet emploi que depuis 1915); il a été relevé dans quelques dictionnaires bilingues (v. par ex. LarFrAngl 1960 et 1979).

IIDepuis 1779 (dès 1766 dans bombe à thé). Sans doute hérité des parlers de France puisqu’on relève bombe avec le même sens dans le français de la Louisiane (bombe « kettle », aussi bombe à café « coffeepot », v. DLF) et en créole haïtien (v. FaineDict, s.v. : « En créole, une bouilloire s’appelle bombe »); le mot est en usage en outre dans le français des Antilles dans un sens voisin (une bombe de soupe, v. ThibFrAnt 121-122). Bombe « bouilloire » est sans doute à mettre en rapport avec bombe « vase sphérique en verre » qui avait cours en français du XVIIIe s. (v. Trévoux 1752 et TLF), ou peut-être, comme le suggère Thibault, avec bombe au sens de « projectile rempli d’explosif », compte tenu que « [l]es anciennes bouilloires avaient souvent une forme semi-sphérique. » (v. ThibFrAnt id.).

Dernière révision : septembre 2020
Pour poursuivre votre exploration du mot bombe, consultez notre rubrique En vedette (sens I.1, sens II) sur le site Web du Trésor de la langue française au Québec
Trésor de la langue française au Québec. (2020). Bombe. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 4 octobre 2024.
https://www.dhfq.org/article/bombe