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BOBO [bobo]
n. m.

1

(Parfois avec valeur péjorative). Fam.Toute maladie ou blessure.

2019, TLFQ, Bobo [photo].

Parler sans cesse de ses bobos. Penser à ses bobos. Une équipe, un joueur qui soigne ses bobos.

Rem.En France, le mot ne paraît désigner qu’une douleur ou une blessure légère (dans le langage enfantin ou la langue familière), emploi également courant au Québec.

Le champ centre des Yankees est affecté par toutes sortes de « bobos » qui pourraient bien l’obliger à couper court une carrière qui s’annonçait la plus fabuleuse dans l’histoire du baseball. 1957, L’Événement, Québec, 7 octobre, p. 17.

– J’ai été malade, bonté de bonté, depuis hier soir que je renvoye pis que je renvoye, j’ai rasé proche de rendre l’âme, les enfants viennent dans ma chambre, ça dérougit pas de visite... [...] Y s’occupent pas des courants d’air, rien, je dois avoir pogné une grippe, cherche si ça se jettera pas ailleurs... – Tu trouves encore le moyen de parler de tes bobos. 1974, J.-M. Poupart, C’est pas donné à tout le monde d’avoir une belle mort, p. 34.

Oui, malgré son âge, [il] paraît encore « une jeunesse » d’abord de par ses activités, sa bonne santé et sa volonté de vivre. « Je suis un jeune avec les bobos d’un vieux », lance-t-il. 1988, Le Nouvelliste, Trois-Rivières, 23 juillet, p. A27.

[...] les enfants ont ainsi pu se familiariser [lors d’une visite guidée à l’hôpital] avec les divers instruments qui servent à faire disparaître tous les « bobos » qu’ils auront peut-être à endurer un jour. [...] Pour bien des enfants, la chance de se faire poser un plâtre « juste pour le fun » n’est pas une chose sur laquelle il faut lever le nez. 1989, Le Soleil, Québec, 15 octobre, p. A3.

Par métaph.

Le plus désolé, le plus confondu, dans cette histoire, était Willy Ouellette qui venait, sans le vouloir, d’humilier le plus grand orateur de taverne du quartier, son nouvel ami, et de semer le doute, ce bobo, cette plaie inguérissable, dans le cœur de ses frères. 1978, M. Tremblay, La grosse femme d’à côté est enceinte, p. 204-205.

2

Fig. Problème.

Mettre le doigt sur le bobo, trouver le bobo, raretoucher le bobo (du doigt) : trouver la cause du problème.

– Mais, en attendant, j’ai envoyé à Arthur [en visite au Caire], une boîte d’onguent merveilleux à la graisse de rôti concentrée, pour le cas qu’il attrapperait les dix plaies d’Égypte, dont parlent les gros livres. – T’as bien fait, Baptiste, ça serait pas drôle si le ministre des postes se ramenait avec les plaies d’Égypte. Y a déjà assez de bobos à Bytown, comme c’est là. 1934, La Presse, Montréal, 20 janvier, p. 64 (chron. humor.).

Dans cette curieuse de province, on a mis la finance au service de la population. Ces gens sont-ils assez bizarres?... Nous, nous professons le contraire; nous suons et peinons pour servir la finance; c’est bien plus intelligent! Avons-nous besoin de méditer bien longuement pour constater que là est le bobo? Qu’avons-nous fait pour le corriger? 1940, Vers demain, Rougemont, 1er août, p. 7.

Nous n’avons pas suivi toutes les joutes du Royal, mais nous serions surpris que Greg soit le véritable « bobo » de l’équipe. Si son club est en dernière position, c’est tout simplement parce qu’on ne lui a pas donné du matériel qui est réellement de calibre pour la ligue Internationale. 1957, L’Événement, Québec, 3 juin, p. 13.

J’ai connu, moi aussi, plusieurs ennuis avec ma voiture, malgré l’entretien régulier que j’ai respecté. Voici d’ailleurs un bref aperçu des « bobos » de mon véhicule. Changement de démarreur, « salenoïde », conduit électrique du démarreur, mise au point et installation de trois nouvelles valves, qui étaient brûlées. 1981, Le Journal de Québec, 12 septembre, p. A5.

Histoire

1Depuis 1931 (Le Goglu, Montréal, 6 février, p. 5). Par extension du sens de « douleur ou blessure légère », attesté en français depuis le XVe s., dans le langage enfantin ou la langue familière (v. TLF, PLar 1989, PRobert 1990). Un emploi métaphorique a été relevé en français des XVIIe et XVIIIe s. (v. Fur 1690-1727 : « L’amour est un grand bobo »). 2Depuis 1934. Pour mettre le doigt sur le bobo, cp. mettre le doigt sur la plaie « trouver la cause du mal », attesté en français depuis le XIXe s. (v. TLF et Robert 1985, s.v. plaie).

Version du DHFQ 1998
Pour poursuivre votre exploration du mot bobo, consultez notre rubrique La langue par la bande.
Trésor de la langue française au Québec. (1998). Bobo. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 7 décembre 2023.
https://www.dhfq.org/article/bobo