BLOND, BLONDE [blɔ̃, blɔ̃d]
adj. et n.
adj. (En parlant du pelage d’un animal, généralement celui d’un cheval). D’un châtain très clair tirant sur le jaune doré.
Des poils blonds. Par méton. Une jument blonde. Un labrador blond.
(En emploi subst.). Nom donné à un cheval ou à une jument dont la robe est de cette couleur.
Le Blond, la Blonde.
Rem.En France, l’adjectif blond est sporadiquement attesté dans des contextes semblables, mais cet emploi n’est pas décrit dans les grands dictionnaires (voir Histoire).
Aussi – une paire de Chevaux bruns, très bien domptés pour la voiture et dans le meilleur état – Un Cheval brun pour la charrette – Une Jument grise pour la selle […] – Un fameux coursier d’un brun foncé, et une Jument Angloise de couleur blonde, âgée de 7 ans. 1799, La Gazette de Québec, 18 juillet, supplément, p. [1] (annonce).
Or il faut que vous sussiez que j’ai une petite jument blonde sous poil roux, votre Excellence, qui ne boite que d’une patte, mais comme je ne regarde pas au visage des gens mais à leur caractère, j’aime ma petite jument blonde presqu’autant que ma défunte femme, le bon Dieu veuille avoir son âme […]. 1840, Le Fantasque, Québec, 23 mars, p. 110.
– Lozet : Allons! ôtez vos capots, déshabillez-vous. Pas de gêne, mes enfants! pas de gêne! Mais, sapristi! les chevaux! faut dételer les chevaux. […] – Lozet : Ont-ils chaud? – Paton : Oui, parce que l’on est venu [sic] vite. – Ruzard : Je vous ai toujours bien enfilés de la belle façon avec ma grise. – Joson Vidal : Si mon blond avait été mieux ferré. – Langlois : Tut! tut! ton blond se dérange. – Blanchet : Ah! pour ça il n’est pas franc comme la grise à François. 1876, P. LeMay, Les Vengeances, p. 11.
Le grand Sem à Gros-Louis Champagne m’accompagnait et nous faisions le voyage en grand’charette avec ma pouliche blonde – la meilleure bête de la paroisse, sans me vanter ni la pouliche non plus. 1900, H. Beaugrand, La chasse-galerie, p. 62.
Délassé de l’oisiveté de l’écurie, le Blond reprit le petit trot, sa vaste croupe soyeuse, d’un flic flac en cadence, ondulant sans repos. 1945, G. Guèvremont, Le Survenant, p. 192.
(Ontario). Les bidons sont soulevés à force de bras et placés dans l’express déjà attelé de la grande jument blonde. Jean-Paul entre ensuite dans la maison prendre son tabac et des allumettes. En vérité, il vient aussi me chercher, moi, son indispensable passager de tous les matins. – Viens-tu mener le lait, à matin? demande-t-il inutilement. 1988, M. Henrie, La chambre à mourir, p. 9.
Copain, ce labrador blond de six mois, fréquentera désormais le centre d’entraînement des chiens-guides de la Fondation Mira. 1992, Le Soleil, Québec, 14 octobre, p. B3.
Du côté de Saint-Éphrem-de-Tring, on cultive encore et toujours l’amour des chevaux de trait, vous savez, ces percherons ou ces belges, blonds, lourds, énormes et magnifiques. 1993, N. Cazelais, Le Devoir, Montréal, 9‑10 octobre, p. D7.
C’est une véritable renaissance que s’apprête à vivre le Musée du Bûcheron à Grandes-Piles. Après quelques difficultés financières, la saison 2010 s’annonce prometteuse. […] Le musée présente également cette année sa nouvelle porte-parole, Maggie. Le choix des organisateurs s’est arrêté sur cette jolie jument blonde parce que celle-ci réussira vraisemblablement à rejoindre des personnes de tout âge. 2010, L’Hebdo Mékinac – Des Chenaux, Saint-Tite, 23 juin, p. 3.
n. f. Fam., vieilliJeune femme à qui l’on fait la cour; cour.jeune fille, femme avec laquelle une personne entretient une relation sentimentale, sans partager sa vie; petite amie.
Par ext. Femme qui vit en couple avec une personne, qu’elles soient mariées ou non.
Ma blonde. Première blonde. Ancienne blonde. Ex‑blonde. Nouvelle blonde. Se faire une blonde. Changer de blonde. Être en amour avec sa blonde, aimer sa blonde. Embrasser, coller sa blonde. Tromper sa blonde, être fidèle à sa blonde. Voler la blonde de qqn.
Casser avec sa blonde : la laisser, rompre avec elle.
amie de fille (s.v. ami, sens 2); chum.
Rem.1. Dans la documentation consultée, ce n’est qu’à partir du dernier quart du XXe siècle que blonde est attesté en parlant de la petite amie ou de la compagne amoureuse d’une autre femme, quoique cet emploi soit sans doute un peu plus ancien (voir, p. ex., la citation de 1978 et celle de 1986). 2. Dans le cadre d’une relation maritale, le mot blonde revêt une connotation chaleureuse et affectueuse; les synonymes conjointe, épouse et femme ont, quant à eux, un caractère plus formel et plus officiel.
[États-Unis]. Pour moy je ne fais ocune blonde dans cette androy [= endroit] quoiquille y à des de moiselle qui ne sesse [= cessent] de me faire des reproche encore que je ne vas pas les voir[.] Tu te diras[,] qui est venté [= vanté] par soy même nes [= n’est] pas grand-chose[,] mest [= mais] tu me connaits. 1820, Prairie du Chien (Michigan Territory [Wisconsin actuel]), Lettre de Joseph Brisbois à Jacques Porlier, 16 juin, The Green Bay and Prairie du Chien Papers 1789‑1836, 1976 (Corpus Vézina).
Puis assis ensemble sur un large coffre bleu, (classique témoin de tous les amours de la campagne) le garçon au bonhomme Richard, (le même que Marichette avait refusé,) et la petite Rose Tremblay, sa première blonde, qu’il avait abandonnée pour Marichette, et auprès de laquelle il avait été bien venu de nouveau, après avoir été éconduit par sa rivale… 1853, P.‑J.‑O. Chauveau, Charles Guérin, p. 116.
Vive la Canadienne, [/] Vole, mon cœur, vole, [/] Vive la Canadienne [/] Et ses jolis yeux doux. […] On danse avec nos blondes, [/] Vole, mon cœur, vole, [/] On danse avec nos blondes; [/] Nous changeons tour à tour. 1865, Vive la Canadienne, dans E. Gagnon (éd.), Chansons populaires du Canada, p. 6‑7 (chanson).
« Vous avez vu Joseph ce matin? » nous dit le père Siouï […]. – Il est allé lever ses pièges. – Par un temps pareil? – Oh! il n’y avait rien qui pût le retenir; il a fait un bon rêve; je crois qu’il a rêvé de sa blonde, et c’est un rêve de chance. Il était tout souriant ce matin […]. 1876, A.‑N. Montpetit, Neuf jours chez un trappeur, L’Opinion publique, Montréal, 13 juillet, p. 330.
Chaque dimanche après-midi, Euchariste attelle Mousseline, sa jument, et s’en va avec Alphonsine chez les parents de celle-ci. […] Avec elle, il refait ce même chemin qu’il avait tant de fois fait vers elle, alors qu’elle était sa blonde, et qu’il la courtisait. 1938, Ringuet, Trente arpents, p. 58.
Les femmes! Les femmes! Je connais quelque chose de bien mieux qu’une blonde. Ça dure plus longtemps et on le conduit : un bon bicycle de course. Une blonde, ça dure deux ans au plus. Ensuite le mariage. Le plus drôle, c’est qu’on peut jamais croire que notre femme, ça a pu être notre blonde. 1948, R. Lemelin, Les Plouffe, p. 140.
À cette époque, la jeunesse s’occupait à de nombreuses réceptions, danses et excursions de toutes sortes. Vous croyez bien que je ne participais à aucune. Mes confrères, eux, y allaient, accompagnés de la demoiselle de leur choix. Or il arriva que l’un d’eux m’accosta, un bon matin, et me dit : – Dis donc, ta blonde… y aurait-il moyen de me la prêter ce soir? – Ma blonde! Quelle blonde? – Ta blonde de Ste-Thérèse! – Je n’ai pas de blonde à Ste-Thérèse. – Alors, je peux la prendre? – Bien sûr, […] prends-là! Je ne la connais même pas. 1961, L. Landry, Mémoires de Louis l’Écrevisse, p. 60.
– Tu parles très peu, disait soudain Louise à Geneviève en la serrant contre elle, c’est émouvant, le silence des êtres, quand on prend le temps de l’écouter bien sûr… […] Mais ne ferme pas les yeux, je veux te raconter une histoire : encore une histoire d’amour, oui, à quinze ans, j’aimais bien l’une de mes camarades de classe, elle m’aimait aussi, mais c’était comme ton silence à toi, nous n’osions jamais en parler […]. Je me souviens souvent de ce premier amour, nous étions dans la maison de son grand-père, il nous avait demandé pourquoi nous aimions nous coucher si tôt… Il réparait le toit de la maison pendant que nous apprenions à faire l’amour… Aimer, c’est un jeu si subtil quand on se connaît à peine, soi-même… Pour nous, tout était découverte… Et puis, ma blonde de ce temps-là avait toujours des scrupules, je la rassurais en allant me confesser avec elle le lendemain matin, cela me donnait au moins le plaisir de la voir si belle à genoux, avec son visage tout ému par le repentir… 1978, M.‑Cl. Blais, Les nuits de l’Underground, p. 156‑157.
La Poune lui donna un petit carton blanc sur lequel elle avait griffonné quelques mots. « Viens nous voir n’importe quand, mon p’tit chien, pis emmène ta femme avec toé! » Le conducteur lui sourit et elle se rendit compte pour la première fois à quel point il était beau. « J’ai pas de femme mais c’est pas les blondes qui manquent! » 1982, M. Tremblay, La duchesse et le roturier, p. 100.
Je sais depuis longtemps que j’aime mon père, que je suis peut-être même follement amoureuse de lui, aveuglément, au point de ne jamais avoir vu ses vrais défauts. Dernièrement, je disais à ma « blonde » que je mourrais avec lui, en même temps. Depuis quelques jours, j’ai également pris nettement conscience que, pour moi, mon père est Dieu-le-Père lui-même. […] J’ai cru que c’était à cause de ça que j’étais lesbienne. 1986, La Vie en rose, no 32, p. 39.
Écoute, […] tu dois être assez grand maintenant pour t’en être aperçu… Dans la vie, c’est normal de changer parfois de blonde ou de chum… Ça marche un temps et puis après, ça marche plus… et on se remet à chercher la bonne personne… […] Tu verras, t’auras plusse qu’une blonde, toi aussi, quand tu seras en âge de sortir avec les femmes. 1989, Y. Beauchemin, Juliette Pomerleau, p. 607.
[Le guide pédagogique sur la diversité sexuelle] donne également des « trucs » sur la façon d’aborder la clientèle. Par exemple, « au lieu de demander à une fille si elle a un chum, on peut lui demander si elle a quelqu’un dans sa vie […]. Si elle a une blonde, elle ne le dira peut-être pas, parce qu’elle ne se sera pas sentie à l’aise » […]. 2005, Le Soleil, Québec, 18 novembre, p. A6.
Aux alentours de ma chaloupe qui prend l’eau, je perçois encore la beauté du monde, je m’accroche aux frissons inédits. Je veux profiter de ce calme, de cette immobilité, je souhaite m’installer dans la routine de mes maux, profitant des répits, du passage du temps, bien à l’abri dans ma loge, observant la tempête, les glaces, les canards, les pluies d’automne, appréciant mon café, le manger, l’histoire, les documents, la visite de mes amis, les bons mots, face à face avec mes propres textes, imaginant la vie, domestiquant mes peines et mes souffrances, émerveillé devant la répétition des nuits et des jours, dans les bras de ma blonde et puis elle dans les miens, ce qui est le sens du monde […]. 2017, S. Bouchard, Les yeux tristes de mon camion, p. 77.
Petite blonde : jeune fille avec laquelle une jeune personne noue une relation sentimentale qui est perçue par leur entourage comme peu sérieuse et à caractère éphémère.
As-tu une petite blonde?
– Voilà; c’est que Lucile a un cavalier. – Un cavalier? Elle veut déjà faire sa petite blonde à 11 ans! – Tu ne l’as pas vu, son cavalier? – Non! – Ah! si tu le voyais : il a 15 ans, il est tout petit, plus petit qu’elle. Il fume, il sacre, il dit de mauvaises paroles. 1922, Le Progrès du Saguenay, Chicoutimi, 27 juillet, p. [1].
Il [l’adolescent] ne dit mot de ce qu’il sait, sourit gauchement, sans adresse. Il sait bien, au fond, que les risettes ne sont pas faites pour les garçons de son âge, pas plus que les amies de sa mère, qu’au salon il faut saluer avec des grâces de chien savant, en échange de quoi il faut subir de ces remarques qui vous donnent l’air plus sot que jamais : « Dieu qu’il a grandi! Cet enfant a poussé comme une mauvaise herbe! […] A-t-il commencé à se faire des petites blondes? Que fera-t-il plus tard, ce jeune homme suivra-t-il les traces de son papa? [»] 1956, L’Action catholique, Québec, 20 mai, p. 8.
Selon la psychologue, les parents devraient aussi cesser de vieillir inconsciemment leurs enfants en leur demandant constamment s’ils ont un « petit chum » ou une « petite blonde ». Ils ont déjà le réflexe d’aller trop vite, alors rien ne sert de leur mettre de la pression… 2001, Le Soleil, Québec, 10 février, p. A4.
n. m. Vieilli, fam.(Sans égard à la couleur des cheveux). Un beau blond : un joli garçon, un bel homme.
Appellatif amical ou affectueux à l’adresse d’un garçon, d’un homme (parfois teinté d’ironie, de condescendance).
Viens ici, beau blond! Hé, le blond!
C’est bien dans les Territoires, que le proverbe « Il n’y a pas de sot métier, il n’y a que de sottes gens. » trouve son application. Je vous disais plus haut que je loge au « Queen’s Hotel, » Mon propriétaire est un charmant garçon, 27 ans, très grand, beau blond, ancien soldat de la Police montée. 1897, La Patrie, Montréal, 13 octobre, p. 2.
Baptiste Canayen revient du pèlerinage. « Comment s’que [sic] ça va à Québec? interroge Tanfan. – Ah! mon blond, y a ben du bon, mais çà [sic] paraît que la vie est chère. […] » 1915, Le Bien public, Trois-Rivières, 11 novembre, p. 4.
– La Camélia : Ton nom, beau blond! – Armand : Duval, Joseph Armand. 1943, Gr. Gélinas, Fridolinons ’43, scénario du film « La dame aux camélias, la vraie », p. 6 (radio).
La fille dit : – C’est toé l’beau blond qui reste pas loin? – Pas ben loin. – J’t’ai vu descendre de ton char. 1973, A. Loiselet, Un bel enfant d’chienne, p. 64.
Une main s’était posée sur son épaule, et il entendit alors Marline qui lui répétait, d’une voix basse et implorante comme celle de la mère qui tente d’apaiser un enfant trop turbulent : « Reste donc tranquille, beau blond. Viens-t’en. T’as même pas fini de boire ton verre. » 1974, A. Major, L’épouvantail, p. 35.
Elle était si belle… j’ai décidé de garder l’homme et la bague! Je ne m’attendais pas à recevoir un diamant, mais mon beau blond est du genre à faire des surprises! 1978, Le Devoir, Montréal, 25 septembre, p. 5 (annonce).
Quelques fillettes avaient toutefois posé de timides questions, genre :« Ousqu’y’est, le beau blond d’à matin? » Elles s’étaient vu répondre par sœur Sainte-Catherine : « Il n’était pas blond, il était noir. Vous voyez comme votre sens d’observation n’est pas développé! » 1980, M. Tremblay, Thérèse et Pierrette à l’école des Saints-Anges, p. 247.
Juliette, Rachel, Martinek, Denis, le plombier et son apprenti se regardèrent en silence. […] – Va chercher le coffre dans la cave, mon blond, ordonna le plombier, on s’en va. 1989, Y. Beauchemin, Juliette Pomerleau, p. 181.
Si une madame a un gros derrière, si elle est ministre à Ottawa, si elle est libérale, on fesse. Sans se gêner. Si une madame a un gros derrière, si elle est ministre à Québec, si elle est péquiste, on se retient. Cette règle d’or, mon blond, elle est facile à retenir. Non? 2000, D. Fessou, Le Soleil, Québec, 25 mars, p. G10.
Histoire
Blond et blonde seraient issus du germ. *blunda- (v. FEW *blunda- 151, 170b).
1Depuis 1724 (Île Jésus, BAnQM, fonds Cour supérieure (district judiciaire de Montréal), gr. Fr. Coron (CN601, S99), 11 janvier : Item unne cavalle [« jument »] sous poille belon). Héritage de France. Cet emploi, non consigné dans les grands dictionnaires français, est cependant attesté dans des sources européennes variées, dont des sources régionales, en référence à différents animaux. Ainsi, l’adj. blond a été relevé dans des parlers du Nord en parlant d’un cheval (v. HaignBoul et VassPic) ainsi que chez un auteur d’origine belge (v. Al. t’Serstevens, L’itinéraire espagnol, 1963, p. 284 : petits chevaux à crinière blonde). On le relève également chez un écrivain français en parlant d’un chien (v. É. Moselly, Terres lorraines, 1907, p. 183 : Une jeune chienne épagneule, aux poils blonds et soyeux). On trouve également cet adj. dans un roman de l’écrivaine Colette pour désigner une chienne (La maison de Claudine, 1930, p. 152 : Son pelage ras de vache blonde), ainsi que sous la plume de Baudelaire en parlant d’un chat (v. Robert 1985, s.v. fourrure : De sa fourrure blonde et brune). En outre, il se dit d’une couleur claire de pelage chez certains bovins, notam. la race blonde d’Aquitaine (v. Larousse 1982); v. aussi PRobert 2021, s.v. froment : « se dit de la couleur blonde de la robe des bovidés ». Par ailleurs, en Normandie, l’adj. blond est utilisé en parlant d’une vache à la robe claire et parsemée de grandes taches fauves (v. LepNorm 249‑250). Blond a aussi été relevé en emploi substantif : comme nom, il sert à désigner un bovin dans le Centre de la France de même qu’en Suisse romande (v. JaubCentre2, s.v. bœu, bœuf, et GPSR). Enfin, plus anciennement, blond s’est dit en français de la couleur claire tannée du pelage des cerfs, du XIVe au XVIIe s., et de celle du plumage des faucons au XVIIe s. (v. LaCurne, s.v. blong, Nicot 1606 et Cotgrave 1611). 2Depuis 1810 (Viger 141). Héritage de France, à rattacher au sens de « personne dont les cheveux sont d’une couleur entre le doré et le châtain clair », attesté en français depuis 1100 env. (sous la forme blund) (v. TLF, s.v. blond, onde). La motivation sémantique de blonde « jeune fille, femme avec laquelle une personne entretient une relation sentimentale » semble ne jamais avoir été dûment expliquée. On sait cependant que les femmes blondes « obtenaient tous les suffrages au moyen âge tandis que la mode négligeait brunes et noires » (v. A. Grisay, G. Lavis et M. Dubois-Stasse, Les dénominations de la femme dans les anciens textes littéraires français, 1969, p. 194). On peut ainsi supposer que le haut niveau de désirabilité des femmes aux cheveux blonds dans la culture populaire s’est perpétué au-delà du moyen âge et que ce trait physique a été transposé par analogie à toute femme qui suscite du désir amoureux, peu importe sa couleur de cheveux. Autrement dit, dans le contexte des relations amoureuses, blonde a peu à peu cessé de véhiculer l’idée de « blondeur » pour ne conserver que celle d’« objet de désir », d’où celle de « maîtresse ». On peut tracer un parallèle avec le substantif belle qui, bien que véhiculant au départ l’idée de « beauté » dans la littérature du moyen âge, n’avait pas de réelle valeur discriminative : les héroïnes sont pratiquement toujours présentées comme étant jolies peu importe leur apparence physique. Son recours répond en fait plus à une convention littéraire, qui en fait une dénomination de la femme (en alternance avec dame et pucelle, entre autres), qu’à un réel besoin descriptif (v. ibid., p. 141, 193). Ce type de démotivation sémantique caractérise également l’emploi de blonde comme désignation de la femme aimée. Cet emploi est notam. mis en valeur dans la célèbre chanson traditionnelle française Auprès de ma blonde, bien connue au Canada français, dont la version actuelle date au moins de 1704 (v. M. David et A.‑M. Delrieu, Aux sources des chansons populaires, 1984, p. 219‑221). C’est à compter de la seconde moitié du XIXe s. qu’il commence également à apparaître dans des chansons folkloriques typiquement canadiennes-françaises (v. la citation de 1865 sous le sens 2; v. aussi M. Béland, Chansons de voyageurs, coureurs de bois et forestiers, 1982, qui recense plusieurs chansons du fonds folklorique canadien-français contenant le mot blonde, notam. aux pages 117, 162, 175, 258 et 384). En France, cet emploi de blonde a été relevé dans la langue populaire et argotique au XIXe s. (v. Boiste 1812, Besch 1847‑1892, Landais 1853, DelvArg 1883 et FrVerte, qui glosent blonde par « maîtresse », mot qui, encore au XIXe s., pouvait signifier « fille ou femme recherchée en mariage ou simplement aimée de quelqu’un », d’après Littré et RobHist), ainsi que dans un dictionnaire érotique (v. J. Choux, Le petit citateur : notes érotiques et pornographiques, 1869, p. 65). De plus, en 1835, le poète français Alfred de Musset emploie le mot blonde dans un poème en référence à sa compagne, l’écrivaine George Sand : Ô ma pauvre Muse, est-ce toi? [/] Ô ma fleur, ô mon immortelle! [/] Seul être pudique et fidèle [/] Où vive encor l’amour de moi! [/] Oui, te voilà, c’est toi, ma blonde, [/] C’est toi, ma maîtresse et ma sœur! (cité par R. F. Bradley et R. B. Michell, French Literature of the Nineteenth Century, 1935, p. 135). Au XXe s., cet emploi est notam. consigné dans TLF et dans Robert 1985, qui renvoient à des chansons traditionnelles françaises, dont Auprès de ma blonde, à laquelle le célèbre auteur-compositeur-interprète français Georges Brassens fera d’ailleurs référence dans sa chanson La route aux quatre chansons : Voulant mener à bonne fin [/] Ma folle course vagabonde [/] Vers mes pénates je revins [/] Pour dormir auprès de ma blonde (cité par A. Bonnafé, Georges Brassens, 1963, p. 174). Cet emploi a été relevé également dans bon nombre de parlers régionaux, notam. du domaine d’oïl (v. FEW germ. *blunda- 151, 170b, VerrAnj, MartVend, JaubCentre2, BaudClairv, GuillBresse et TavBourg), ainsi que dans le domaine francoprovençal et en Suisse romande (v. DuPGrCôte2 et GPSR), en plus d’être attesté en Belgique (notam. sous la plume de l’auteur Georges Simenon; v. La Piste du Hollandais, 1963, p. 179 : Ah! tu faisais le fier en descendant de voiture avec ta blonde entre deux âges!). Guérin et EncXXe l’enregistrent d’ailleurs comme « terme villageois qui se dit dans plusieurs provinces ». Blonde est attesté dans les français d’Acadie, d’Ontario, du Manitoba et de Louisiane (v. Mass 653, PoirAc 219, BénMots, GabLang, DitchyLouis 51 et DLF). Petite blonde, depuis 1922. 3Depuis 1897. Héritage de France. Cet emploi résulte sans doute d’une évolution semblable à celle de blonde (sens 2). Le syntagme beau blond « phœbus, damoiseau » est attesté dans un dict. de « bas langage » du début du XIXe s. (D’Hautel 1808); l’emploi ironique beau blond « homme ni beau ni blond » a également été relevé dans la langue argotique à la fin du XIXe s. et au début du XXe s. (v. LarchArg 1872 et FrVerte; v. aussi TLF), et beau blond « blanc-bec » a été signalé par Wartburg dans la langue familière de Paris (v. FEW id.). Par ailleurs, cet emploi a sporadiquement été relevé dans la littérature française du XXe s., notam. chez Jean-Pierre Enard (Le dernier dimanche de Sartre, 1978, p. 74 : Tu m’invites au bal, beau blond? À nous deux, on fera une jolie paire) et Jacques Pessis (Pierre Dac : mon maître soixante-trois, 1992, p. 331 : il porte un chapeau mou, qu’une ravissante et longue créature doit lui ôter pour lui caresser son crâne chauve en murmurant « Salut beau blond »). De même, il figure dans quelques feuilletons littéraires d’origine européenne publiés dans des journaux québécois au XIXe s., ce qui pourrait avoir contribué à sa diffusion au Québec (v. p. ex. cet extrait de L’idée de Jean Têterol (1878), de Victor Cherbuliez, publié dans Le Courrier du Canada, Québec, 10 février 1882, p. [1] : Il leva le nez, et aperçut à dix pas de lui l’abbé Miraud en compagnie d’un beau blond, qui à la vérité n’était plus de la première jeunesse).