BINERIE [binʀi]
n. f.
Variantes graphiques : binnerie; (jusque vers 1950) beanerie.
VieilliPetit restaurant modeste dont le menu se réduisait souvent aux bines, aux fèves au lard.
bean.
Par ext., Péjor., fam. Petit restaurant qui offre une nourriture de qualité médiocre, à peu de frais; gargote.
Une petite binerie.
Mais si, en ce moment, tu étais en Chine, sur les bords fleuris du Pei-Ho, au lieu d’être occupé à boire du « cream soda » dans une beanerie de Montréal, que ferais-tu? [/] Cette évocation du Pei-Ho fit monter des larmes aux yeux de Che-Man-Fou. 1900, Les Débats, Montréal, 5 août, p. 7 (chron. humor.).
Où sont, à l’étranger, aux Etats-Unis, par exemple, les restaurants canadiens où l’on ait un mets spécial à offrir à part une bâtarde soupe aux pois? Les « beaneries » sont universelles; nous ne pouvons pas les revendiquer comme nôtres. 1926, Le Terroir, juillet, p. 277.
Nous autres, quand on est avec des femmes bien, on ne va que dans des places chic, affirma Sirop, on va pas aux binneries de la rue Montcalm. 1929, Le Goglu, Montréal, 20 décembre, p. 7.
Le midi, on va manger dans le Chinatown, ou bien sur la Main dans des bineries à 25 cennes du repas. 1977, J.-P. Filion, Les murs de Montréal, p. 289.
Parce qu’elle est presque toujours sur la route, Michèle Bazin mange un peu partout en ville, « même dans des petites bineries, parce qu’il y a des clients qui aiment ça. Moi j’aime les petits restaurants sympathiques et où il y a des salades, parce que je suis constamment à la diète. » 1986, Le Magazine Affaires, mars, p. 46.
Vieilli(Dans le voc. des chantiers). Entrepôt du cuisinier.
Par ext., Péjor., fam. Petit magasin, souvent mal tenu, dans lequel on offre de la marchandise à bon marché.
Petite entreprise de peu d’importance; entreprise mal gérée, peu florissante.
Mon père avait un petit magasin à Rosemont, près des tunnels. Y avait pas de justice. Les gens payaient pas, ni l’épicerie, ni les liqueurs, ni les gâteaux, rien. Personne payait, c’était sa seule clientèle, les gens qui payent pas. Une binerie. C’était la belle époque, celle de la crise. 1965, Cl. Jasmin, Pleure pas, Germaine, p. 53.
Le Roi de l’habit, c’est comme ça que ça s’appelle, je n’y peux rien si c’est une binerie qui sent le moisi, le cani, le sur et le moins sûr, sans parler du vieux Phil Flanagan qui branle dans son manche... 1973, V.-L. Beaulieu, Oh Miami, Miami, Miami, p. 9.
Selon les critères nord-américains et même canadiens, les plus grosses entreprises francophones ne sont souvent que des « bineries » glorifiées. Parmi les 500 plus grandes entreprises canadiennes, 10 % seulement ont leur siège social au Québec. 1986, J. Paré, dans L’Actualité, août, p. 8.
Histoire
1Depuis 1900. Emprunt de l’anglais nord-américain beanery « a cheap restaurant (originally one where beans were served) » (depuis 1887, v. OED-Suppl 1972 ‘slang’; v. aussi Mathews ‘id.’ et Webster 1986). 2Depuis 1965.