BEURRE [bœʀ]
n. m.
Prononciation populaire : [bøʁ].
Par référence à la substance alimentaire obtenue en battant la crème du lait.
Beurre de ferme, d’habitant, vieillide laiterie, fabriqué à la ferme, artisanalement. Beurre de crémerie, vieillide beurrerie, vieillide fabrique, fabriqué industriellement et destiné à la vente.
Rem.En France, cette même distinction se fait entre beurre fermier et beurre laitier.
Il en a été vendu en gros, à raison de 10 à 13 cents, selon la qualité. Le beurre de laiterie choisie [sic] est très rare. 1860, La Gazette de Sorel, 24 avril, p. [2].
Le marché de New-York [sic], la semaine dernière, a été irrégulier; les arrivages de l’Ouest ont été moins nombreux et les beurres de beurreries de choix ont eu un ton plus ferme; les autres qualités se sont vendues lentement à des prix faibles. 1888, Le Prix courant, Montréal, 9 mars, p. 1.
Comme vous pouvez l’imaginer il y a du beurre de toutes sortes, du Beurre en rolls, petits ou gros, Beurre d’habitant en tinette, Beurre de Crémerie en pain d’une livre dans le papier soie, Beurre de Crémerie en tinette ou en boîte. Du Beurre enfin pour tous les goûts, et nous l’offrirons demain aux bas prix qui suivent. 1901, La Presse, Montréal, 11 mars, p. 7 (annonce).
De son large couteau la fermière trace une croix sur la miche dorée qui vole en éclats et se tend vers moi avec grâce… Un petit cube de beurre de ferme au goût d’amande met le comble à la satisfaction de mon estomac d’habitant… où le voyage et l’odeur du pain avaient fait un grand creux. 1926, G. Bouchard, Vieilles choses, vieilles gens, p. 82.
Tout notre hivernement : notre bois, tu le vois, de la plane des îles, de belle grosseur; la fleur de sarrasin, on en parle pas, on est à même. Nos pois cuisent en le disant sans l’aide d’une goutte d’eau de Pâques. Nos patates fleurissent, une vraie bénédiction. Notre beurre de beurrerie s’en vient. On a tout ce qu’il nous faut. 1945, G. Guèvremont, Le Survenant, p. 38.
« Au marché, les gens goûtaient toujours le beurre – ils sortaient de la monnaie de leurs poches […] et goûtaient le beurre avec. C’était pas hygiénique, mais c’était bon, le beurre de laiterie; ça goûtait quelque chose. Aujourd’hui le beurre goûte la graisse, mais autrefois le beurre goûtait la crème un peu acide; c’était un goût particulier. » 1950 env., dans N. Dawson, La vie traditionnelle à Saint-Pierre (Île d’Orléans), 1960, p. 84 (enq.).
Penser à cette école des années 30, c’est aussi penser aux heures de dîner où tous ceux qui venaient de loin restaient sur place et mangeaient sur leur banc. […] C’était des chamaillages, des rires, des pleurs, des échanges de beurrées de graisse de panne contre des beurrées de beurre d’habitant. 1975, J.‑P. Filion, Saint-André Avellin… le premier côté du monde, p. 189.
Après 1880, les méthodes de mise en marché des produits laitiers évoluent parallèlement à l’industrialisation de la fabrication. Le beurre de fabrique, probablement de qualité inférieure au meilleur beurre produit sur les fermes, offrait l’avantage d’être toujours de qualité égale […]. 1993, J. Saint-Pierre, dans A. Laberge (dir.), Histoire de la Côte-du-Sud, p. 225.
J’avais vu papa stationner son beau Ford 1935 Coupé V8, le mettre sur des blocs de bois, parce que les pneus étaient usés jusqu’à la toile. Je me souviens, papa m’avait amené avec lui jusqu’à la Baie-Saint-Paul afin d’acheter du bon beurre d’habitant, comme il disait. Mais le chemin du retour fut une véritable expédition, car c’en était une, en effet, que de faire deux crevaisons au cours du voyage. 2017, J.‑Cl. Turcotte, Le Charlevoisien, Baie-Saint-Paul, 20 décembre, p. 26.
(Dans une comparaison). Fam.Fondre, passer comme du beurre dans la poêle : disparaître rapidement (souvent en parlant d’argent).
Passer comme du beurre dans la poêle, facilement, rapidement, sans opposition.
Un mensonge qui passe comme du beurre dans la poêle.
Je m’en vais chez le bossu, de ce pas-là; il m’a promis une épinglette pour me mettre dans les oreilles. On est en amour tous les deux. Si je peux mettre la main dessus, je vous promets qu’il va la rouler sa bosse, une butte! J’ai une rivale, c’est mademoiselle Picounoc, mais, les rivales, quand je me montre, ça fond comme le beurre dans la poêle! 1878, P. LeMay, Picounoc le maudit, p. 171.
– Ross : […] qui viendra expliquer à la chambre comment les cinq millions empruntés des Français ont fondu comme du beurre dans la poêle? – Robertson : C’est Wurtele, parbleu. C’est lui qui a emprunté l’argent, ça sera lui qui se chargera de beurrer les Français et de les fourrer dedans, s’il y a moyen, pour un nouvel emprunt. 1881, Le Vrai Canard, Montréal, 2 avril, p. [3].
Pendant sept ou huit jours, je parcourus Montréal en tous sens, logeant tantôt dans une extrémité de la ville, tantôt dans l’autre, dînant ici, soupant là : mon argent passait comme le beurre ans la poële [sic]. 1887, J.‑B. Proulx, L’enfant perdu et retrouvé, p. 109.
Un bon coup, toujours, il avait fait quelque chose de pas correct. Il s’en va à confesse pis il commence à accuser ses péchés. Pis il commence par les plus petits, ça fait que mais que le gros arrive, ça va passer peut-être bien comme du beurre dans la poêle. 1970, Saint-Augustin (Portneuf), AFEUL, G. Dulong 63 (âge de l’informateur : n. d.).
– Eh bien! je vais y aller, moi, lance-t-elle d’une voix mal assurée. [/] Il lui jette un regard qui fait fondre sa résolution comme beurre dans la poêle. 1974, Y. Beauchemin, L’enfirouapé, p. 29.
Selon l’usage, je m’étais d’abord présenté devant mon association du comté de Laurier, où le projet de souveraineté-association avait passé comme du beurre dans la poêle, à l’unanimité ou presque. 1986, R. Lévesque, Attendez que je me rappelle…, p. 290.
Cette mise en scène grotesque accapara durant plusieurs semaines l’attention de la presse, de sorte que la vente du réseau de gaz montréalais passa comme du beurre dans la poêle. 1989, G. Filion, Fais ce que peux, p. 266.
On nous a livré un dépliant qui contenait de la publicité qui peut être qualifiée de mensongère, de fausse représentation. Et on a pensé que ça passerait comme du beurre dans la poêle. 2007, H. Dallaire, La Tribune, Sherbrooke, 12 janvier, p. 10.
Pourtant, selon les scanners que je passe régulièrement, il y a de quoi s’inquiéter. Mon oncologue croyait que le lymphome fondrait comme du beurre dans la poêle dès les premières séances de chimiothérapie. Mais ce n’est pas le cas. 2010, G. Corneau, Revivre!, p. 213.
À qui le tribunal rendra-t-il justice, si personne ne s’est plaint? Alors les dossiers de faillite à répétition passent comme du beurre dans la poêle. 2019, S. Grammond, La Presse (site Web), Montréal, chronique (actualités), 9 décembre.
Fig.
Fam.Passer, frapper dans le beurre : rater la cible en exécutant un mouvement, manquer son coup (en frappant à côté de la balle, du clou, etc.); (plus largement) ne pas atteindre l’objectif visé.
Tourner, virer dans le beurre, sans se fixer (en parlant d’une vis); à vide, sans qu’on puisse embrayer (en parlant d’un mécanisme, d’un moteur); sans avancer (en parlant d’une roue de véhicule qui patine). Pédaler dans le beurre, sans arriver à avancer.
Parler dans le beurre, dans le vide, sans être écouté.
Le lanceur ennemi fait un grand mouvement, lève très haut sa balle comme s’il l’offrait au ciel même. Livier bande ses muscles, frappe la balle à l’autre bout du champ et fait compter quatre points, ou frappe dans le beurre. 1965, J.‑P. Fugère, Les terres noires, p. 30.
Peut-être allez-vous me dire qu’il y a d’autres moyens de se faire entendre, je suis d’accord, mais voyez-vous parler dans le « beurre », c’est-à-dire parler pour ne pas se faire entendre, c’est « plate »; alors on descend dans la rue, on conteste, on revendique… alors les journalistes viennent… Vous voyez sûrement ce que je veux dire… 1971, La Tribune, Sherbrooke, 26 mars, p. 6.
Après avoir demandé au conférencier s’il avait déjà fréquenté une institution privée et s’il connaissait bien l’enseignement public, un auditeur a conclu abruptement que l’invité « parlait dans le beurre », qu’il ignorait le sujet touché et que de toute façon, il ne pouvait élaborer davantage sur la chose puisqu’il n’avait jamais été « au pouvoir ». 1972 Le Soleil (édition du Saguenay–Lac-Saint-Jean), Québec, 13 décembre, p. 14.
– Maurice : (haussant la voix). Attends que je retrouve mes mains, Jacky! […] – Jacky : (riant, sûr de lui). Ça sera pas pour demain. T’en as au moins pour trois mois, avant de pouvoir grouiller tes battoirs. – Maurice : (furieux, se dirige vers le ring). T’as ben menti, avant un mois tu vas les sentir passer mes poings! – Jacky : (riant). J’va les sentir passer dans l’beurre, oui. 1978, M. Riddez et L. Morisset, Rue des Pignons, p. 286‑287.
Appelé comme frappeur d’urgence en huitième manche, il est arrivé au bâton avec la démarche et l’air de celui qui ne se fera pas passer le même sapin que tout le monde. Santiago a accueilli le premier lancer de Langston – une glissante – d’un élan qui aurait décapité un grizzly, mais qui a fendu l’air. La rapide qui a suivi l’a complètement déculotté et le coup de gourdin est passé dans le beurre. C’est là que Santiago a perdu ses airs macho-gros-bras. 1989, D. Arcand, La Presse, Montréal, 29 mai, cahier Sports, p. 3.
Trou no 1, à normale 4, 83 verges. Lucie, une vraie de vraie avec un club entre les mains; handicap de 12, c’est pour vous dire… Élan et floush! Dans le beurre. 1993, Le Journal de Québec, 22 mars, p. 76.
La publication coup sur coup de trois sondages donnant des résultats radicalement différents a plongé les sondeurs eux-mêmes dans la confusion. […] « Peut-être est-ce dû à des erreurs méthodologiques. Peut-être est-ce l’effet du hasard, la fois sur 20 où un sondage est passé dans le beurre. » 1993, La Presse, Montréal, 30 juin, p. B6.
Le personnel infirmier était dans tous ses états. Je pissais dans mon lit et ça le rendait furieux. Je n’étais pas capable de percevoir mes envies d’uriner, seulement de voir des bactéries partout, partout, même les yeux fermés. Pour tenter de les aider, de m’aider aussi, j’entrais dans des explications qui sortaient en onomatopées; en cours de route, je devais oublier à qui je m’adressais, je devais oublier l’existence des autres et je recommençais à marcher, à parler dans le beurre. 2009, N. Arcand, Paradis, clef en main, p. 147.
Vos objectifs doivent être réalisables, atteignables dans un temps raisonnable. Idéalement, vous avez des objectifs quotidiens, hebdomadaires, mensuels et annuels. Vous saurez ainsi si vos efforts portent leurs fruits, ce qui est beaucoup plus gratifiant que d’avoir l’impression de pédaler dans le beurre. Et mettez-vous des limites. 2020, Fr. Lambert, Les Affaires (site Web), blogues, 28 octobre.
Fam.Avoir les yeux dans le beurre : avoir les yeux dans le vague, le regard absent; avoir un regard qui trahit la fatigue, l’ivresse, un désir sexuel, etc.
graisse (sens III).
Je m’éveilai [sic] une demi-heure plus tard dans ma chambre et j’avais l’air, selon des témoins oculaires, d’un chien battu cinq fois… les yeux dans le beurre, la bouche renfoncée, le nez à la même place, les cheveux à moitié gris et une grande coupure fermée presque hermétiquement… 1941, La Rotonde, 10e année, no 4, p. 12.
Mais le restant de la semaine, elle a eu les yeux dans le beurre… elle a oublié de récurer ses chaudrons, de cuire ses patates, de faire nos lits, de balayer. 1956, G. Dufresne, Cap-aux-Sorciers, 20 novembre, p. 7 (télév.).
« Je déteste la poésie romantique, les yeux dans le beurre et les déchirements intérieurs. J’aime les choses directes. Il faut que ça cogne dans les textes » […]. 1990, La Presse, Montréal, 25 août, p. D7.
Dans [une vidéo de concert live], […] [le chanteur du groupe] […] n’a vraiment rien d’un apôtre de l’abstinence. Il faut le voir, les yeux dans le beurre, balbutier quelque banalité sur l’immense joie de la musique qu’il compare tout de go à l’arrivée du printemps ou au lever du soleil… 1991, A. de Repentigny, La Presse, Montréal, 14 mars, p. E1.
Valérie m’interroge en regardant du côté de Marianne, qui, adossée à son casier et les yeux dans le beurre, semble en grande conversation avec Samuel. Depuis qu’ils forment officiellement un couple, ce qui fait de Marianne la fille la plus enviée de l’école, Valérie me bombarde de questions. 2013, T. Boulet, Les naufrages d’Isabelle, p. 19.
Gérald était aussi un musicien autodidacte à qui on demandait de nous jouer une « toune ». Il aimait bien interpréter les chansons du soldat Lebrun. On avait tous les yeux dans le beurre. 2019, Le Charlevoisien, Baie-Saint-Paul, 21 août, p. 10.
(Variante). Regarder dans le beurre.
Ça y’arrive pas mal souvent, à madame Gladu, de regarder dans le beurre, de même… J’ai souvent r’marqué ça… Pis c’est drôle… Ça doit être à cause de c’qu’à pense […]. 1973, M. Tremblay, C’t’à ton tour, Laura Cadieux, p. 72‑73.
VieilliPrendre qqch. comme, pour du bon beurre : croire candidement ce qui est dit, faire preuve d’une confiance aveugle.
Et voilà. Pendant vingt ans, le grand Laurier, avec l’incomparable talent que la providence lui avait donné, a prêché l’évangile du Ready! aye, ready! [formule utilisée pour montrer la volonté de participer à l’effort de guerre] Les provinces anglaises ont pris cela comme du bon beurre, la province de Québec en a eu des haut-le-cœur, et, aujourd’hui ces chers Anglais sont tout surpris de s’apercevoir que Sir Wilfrid, en définitive, était loin d’interpréter les sentiments de sa province en répétant partout et toujours : Ready! aye, ready! 1924, Le Progrès du Golfe, Rimouski, 19 septembre, p. [1].
Lorsqu’un combat est déclaré « no contest » les boxeurs accusés par le fait même de n’avoir point fait leur possible ne reçoivent pas leur bourse et doivent s’en retourner bredouille [sic]. Marin et Dougherty et leurs gérants, Drouillard et Gibbs, n’ont pas accepté cette intervention de la commission comme du bon beurre et ont protesté. Les deux pugilistes demeurèrent dans l’arène cependant que la foule réclamait une décision plus juste. 1938, L’Action catholique, Québec, 17 septembre, p. 12.
– Max : Mais, en te voyant mal prendre les choses, ça l’a froissée, et pour te punir, elle a fait semblant de porter son attention vers le gars qui était devenu roi. – Jos : Oui, oui, oui, pis, j’ai pris ça pour du bon beurre… 1942, A. Rousseau, Les amours de Ti-Jos et les mémoires de Max Potvin, 5 janvier, p. 4 (radio).
– Napoléon : As-tu une petite idée [de] ce qu’Ovide va faire à Québec? – Denis : Prendre une vacance… Aller rencontrer ses supérieurs, au bureau-chef? – Napoléon : Pis t’as pris ça comme du bon beurre? 1962, R. Lemelin, La famille Plouffe, 9 mai, p. 2 (radio).
Je ne peux pas accepter, prendre comme du bon beurre, tout ce que la vérificatrice générale dit. 2005, A. Ouellet, entrevue télévisée, Le Téléjournal/Le Point, 20 janvier (cité d’après Eureka).
VieilliPrendre le beurre à poignée(s). Agir avec précipitation.
Se montrer vorace, avide; chercher à tout s’approprier.
Chacun me faisait des questions sur le Canada et sur les chantiers. Je ne pouvais pas répondre à toutes leurs questions à la fois. Je dis aux filles : Espérez un peu. Faut pas prendre le beurre à poignée. Chaque chose en son temps. 1879, Le Vrai Canard, Montréal, 31 octobre, p. [2].
Il a été décidé que la prochaine exposition provinciale aurait lieu à Québec. […] Québec est devenu trop safre. Il persiste à vouloir prendre le beurre par poignée. Il voudrait tout avoir chez lui et ne rien payer. 1882, Le Grognard, Montréal, 13 mai, p. [2].
– Baptiste : Vous v’là débarqués du pouvoèr! Fini d’prende el’beûrre à’a poègnée! – Maria : À c’t’heure, vous allez manger ’a soupe dans vot’ bol. Comme les autes! – Beaugras : Pis vous allez vous contenter qu’y soye pas plus grand qu’celui d’tout l’monde! 1975, R. Lepage, La pétaudière, p. 131.
À distance Sam Pollock avait sans doute mis un certain temps à assimiler ce changement d’attitude. Il n’était pas sans réaliser que dans ce milieu économe, on ne prenait pas le beurre à poignée. 1982, Cl. Larochelle, Les Nordiques, p. 39.
– T’es aussi bien de laisser Nathalie tranquille! réplique Miville. Parce que sinon, prépare-toi à passer un méchant quart d’heure! – Prends pas le beurre à poignées de même! Après tout, j’ai autant que toi le droit de venir à l’hôtel. 1987, V.‑L. Beaulieu, L’héritage, t. 1, p. 422.
Les coupables sont les propriétaires [des équipes de hockey de la LNH] qui ont tiré l’argent par les fenêtres, et les joueurs et agents qui en ont profité pour prendre le beurre à poignée. 1995, G. Lafleur, Le Soleil, Québec, 9 juillet, p. S7.
Tant [que] les banquiers prendront le beurre à poignée, ils seront mal venus de se plaindre que le peuple ne les aime pas. 2013, A. Krol, La Presse (site Web), Montréal, 24 janvier (cité d’après Eureka).
Manger avec une avidité grossière, sans se soucier des règles de la bienséance. (JutrParl 171, DesRExpr1 34).
Par ext. Pour désigner divers produits faciles à tartiner.
Beurre d’érable : produit obtenu en brassant le sirop d’érable qui a d’abord été porté à un certain degré d’ébullition puis refroidi; (par ext., aussi sous la variante beurre de sucre) produit commercial à base de sucre aromatisé artificiellement à l’érable.
Beurre de caramel : produit commercial au caramel.
Sundae préparé avec du beurre de caramel et des noix. Mettre du beurre de caramel sur sa toast.
Beurre d’arachide(s), de peanut(s).
Rem.En France, beurre peut s’employer pour désigner des substances grasses extraites de certains végétaux (beurre de cacao, beurre de coco, etc.).
On vient de mettre en opération à Kokomo dans l’Indiana une manufacture de beurre d’arachides (pea-nuts). MM. Lane Brothers, de cette place, après plusieurs années d’expérimentation ont trouvé un procédé de fabrication de beurre de pea-nuts qui fait concurrence au beurre de ferme et se vend 15c la livre. 1898, Le Prix courant, Montréal, 23 décembre, p. 1698.
Le beurre d’érable est beaucoup employé sur la table pour remplacer le beurre et les confitures. Il est délicieux dans les gâteaux par couches, aussi pour sandwiches et il n’y a rien de meilleur pour glacer les gâteaux. 1917, La Presse, Montréal, 20 février, p. 4 (annonce).
Fabriquer, vendre et acheter du beurre de pistaches « peanut » butter, du beurre de caramel, du beurre d’érable, des bonbons, biscuits, friandises […]. 1928, Gazette officielle de Québec, 17 mars, p. 881‑882.
On devrait prohiber l’emploi du mot « beurre » pour désigner des produits où entre le beurre qui n’est pas fabriqué avec du lait de vache. […] Ce bill a pour objet d’empêcher l’emploi du mot « beurre » au détriment des producteurs de beurre, pour vendre des choses qui n’en sont pas, comme, par exemple, le prétendu beurre d’arachide. 1939, Le Devoir, Montréal, 19 avril, p. 9.
Un simple test chimique […] permet d’établir la teneur en lévulose. On sait que l’excès de ce sucre peut empêcher la fine cristallisation qu’on exige du sucre mou ou du beurre d’érable. 1967, É. Chamberland, L’acériculture au Québec, p. 30.
Au moment de mordre dans sa huitième rôtie au beurre d’érable (le pain servant de subtil prétexte au beurre), monsieur Émile aperçut Vertu devant lui qui l’observait, l’œil soupçonneux. 1981, Y. Beauchemin, Le matou, p. 338.
1930 […] La Coopérative des producteurs de sucre d’érable débute la mise en marché d’un nouveau produit, le beurre d’érable. 1995, D. Guay, Chronologie de l’acériculture au Québec : 1632-1993, Géographes, no 6, p. 103.
L’abbaye Mont-de-la-Rédemption [/] Ce très beau bâtiment est toujours occupé par les sœurs bénédictines qui vendent un délicieux chocolat et du beurre de caramel qu’elles fabriquent avec le lait des chèvres élevées sur place. 2011, La Presse, Montréal, 11 juin, cahier Vacances/Voyage, p. 12.
Un seul petit-déjeuner au restaurant du quartier où Pauline, contente de voir du monde, souriait à des livreurs de marchandise, tout en se gavant de beurre de caramel qu’elle mélangeait avec la marmelade pour en beurrer ses rôties. 2016, D. Monette, Pauline Pinchaud, servante, p. 83.
Quoi de mieux que de pouvoir se procurer, en toutes saisons, son sirop, sa tire, son sucre ou son beurre d’érable directement chez l’acériculteur et de s’offrir la possibilité de discuter avec lui […]. C’est une autre façon de désaisonnaliser l’érable, en même temps que de répondre à l’engouement du public pour l’achat local et à son désir de connaître d’où proviennent les aliments. 2020, La Terre de chez nous (site Web), actualités (vie rurale), 27 octobre.
(Mot de la même famille). VieuxBeurrade n. f. Toute substance grasse étendue comme du beurre (FSPFC).
Histoire
IA1Beurre de ferme, depuis 1852 (Le Pays, Montréal, 1er avril, p. [3] (annonce) : petit lot de beurre de ferme, en jarres); peut-être d’après l’anglais farm butter (v. Harrap 1983, s.v. farm). Beurre d’habitant, depuis 1877 (L’Événement, Québec, 13 août, p. [2] : six tinettes de beurre d’habitants). Beurre de laiterie, depuis 1849 (L’Avenir, Montréal, 3 novembre, p. [3] (annonce) : 100 Tinettes beure de laitrie [sic] de premier choix), probablement d’après l’anglais dairy butter « butter made at a private dairy » (v. OEDSuppl 1972, s.v. dairy), par opposition à beurre de crémerie, depuis 1881 (La Minerve, Montréal, 11 juillet, p. [1] : Des beurres de crémeries), lequel paraît avoir été calqué sur l’anglais américain creamery butter « butter made at a creamery, as distinguished from that made at a private dairy » (v. OEDSuppl 1972 et Mathews, s.v. creamery). Sur le même modèle, beurre de beurrerie, depuis 1881 (La Patrie, Montréal, 30 août, p. [1] : le beurre des beurreries de 20 à 21½c.), à partir de beurrerie « endroit […] où l’on fait le beurre », attesté en français depuis Raymond 1832, ainsi que beurre de fabrique, depuis 1869 (L’Événement, Québec, 6 septembre, p. [3] (annonce) : Fromage et Beurre de Fabrique), à partir de fabrique « établissement où l’on fabrique », attesté en français depuis 1666 (v. RobHist). 2Depuis 1878. Variante de l’expression fondre comme du beurre « disparaître » (v. TLF), attestée en français depuis le XVIe s. (v. RobHist). B1Passer dans le beurre, depuis 1906 (FSPFC); parler dans le beurre, depuis 1971. Cp. l’expression entrer comme dans du beurre « très facilement », attestée en français depuis le XVIe s. (v. TLF), qui fait aussi allusion à la consistance du beurre. 2Depuis 1941. 3Depuis 1924. 4Depuis 1879 au sens d’« agir avec précipitation », et depuis 1882 au sens de « se montrer vorace ». Expression construite à partir de la locution à poignée(s) « à pleine(s) main(s) » et, au figuré, « avec prodigalité, sans retenue », attestée en français depuis les XIIe et XIIIe s. (v. GLLF, s.v. poignée).
IIBeurre d’érable, depuis 1913 (La Presse, Montréal, 24 janvier, p. 17 (annonce) : Beurre d’érable, boite de 1 lb… .25.). L’emploi de beurre pour désigner des produits qui rappellent le beurre par leur consistance ou l’usage qui en est fait (pour tartiner) s’explique par une influence de l’anglais butter (v. Random 1983, Webster 1986). Beurre de caramel, depuis 1928. Beurre d’arachide(s), dès 1898 (v. aussi ce mot). Beurre de peanut(s), dès 1898 (v. aussi ce mot).