BER [bɛʀ]
n. m.
Variante graphique : (dans les glossaires) bers.
VieilliBerceau.
Un vieux ber. Tailler un ber dans du pin, du merisier.
Qui de nous n’a assisté à une de ces ventes de départ, un jour gris d’automne, car c’est l’automne qu’on part de préférence. [...] Lits et couchettes démontés, chaises, tables, tous les meubles, ustensiles de cuisine, vaisselle en désordre [...] et pour finir, le ber, le vieux ber où dormit plus d’une génération, tout pêle-mêle attend l’adjudication à des prix ridicules. 1926, G.-M. Bilodeau, Pour rester au pays, p. 6-7.
Je lui avais appris à aimer toutes ces vieilles choses transmises qui font les races stables, le sol tout entier de son pays, le sillon creusé comme un ber pour la génération du blé et la nourriture de l’homme [...]. 1937, F.-A. Savard, Menaud, maître-draveur, p. 159.
Dans la cuisine, le ber criait, sous la poussée du gros pied de Didace. 1947, G. Guèvremont, Marie-Didace, p. 186.
Il y avait un petit bébé dans un berceau, on appelait ça un ber, autrefois, là. Le petit bébé était dans le ber pis, à chaque fois que le monsieur passait à ras le ber, bien le petit bébé pleurait. 1965, Saint-Joseph-de-Beauce (Robert-Cliche), AFEUL, M. Dionne et Cl. Bellavance 142 (âge de l’informateur : 75 ans).
Depuis le temps. Que les bers n’oscillent plus à chaque printemps, que les maisons connaissent le silence, que les galeries se taisent et se vident, que les terres se laissent vendre au premier chèque venu. 1975, P. Filion, Sainte-bénite de sainte-bénite de mémère, p. 67-68.
Fig.
[...] au fond de mes bras meurent mes enfants [/] que ne puis-je leur être un ber [...]. 1967, G. Godin, Les cantouques, p. 16.
VieilliPartie de la charrette à fourrage comprise entre les ridelles; son contenu.
Rem.Le sens de « ridelles d’une charrette » (voir Histoire) est également attesté (de façon marginale) au Québec.
C’est nous, les petits, qui foulions, avec Catherine. Besogne facile, pensez-vous... On voit bien que vous n’avez jamais foulé! Je gage que vous ne sauriez pas comment recevoir les premières fourchetées, ni comment les disposer au fond de la charrette, jusqu’à hauteur d’aridelles, pour établir un bon et large ber, sur quoi pourra s’élever la charge. 1914, A. Rivard, Chez nous, p. 56.
Assis, droits comme des fioles, sur les pieux qui remplissaient le ber de la charrette, nous partions, heureux combien! pour aller voir relever les clôtures de nos champs immenses. 1918, Frère Gilles, Les choses qui s’en vont, nouv. éd., p. 162.
Histoire
Les deux graphies ber et bers figurent dans les principaux dictionnaires français où le mot est présenté de nos jours comme appartenant à des vocabulaires spécialisés (v. TLF).
1Depuis 1684 (ANQM, gr. A. Adhémar, 21 décembre, p. 7 : Un ber d’osier). Héritage français. Ber dans ce sens a eu cours en français du XIIe au XVIe s., puis a disparu au profit de berceau; le proverbe ce qu’on apprend au ber dure jusqu’au ver est un vestige de cet usage ancien (v. Littré et GLLF). Le mot s’est par ailleurs maintenu dans de nombreux parlers de France, notamment dans ceux de l’Ouest et du Nord-Ouest (v. FEW *bertiare 1, 337a; v. aussi JunLex 115 et 119-122, qui signale que ber et berceau sont tous deux bien attestés dès le XVIIe s. en Nouvelle-France; ber était à cette époque, et l’a été pendant longtemps par la suite, la dénomination usuelle). 2Depuis 1914. Emploi hérité des parlers de France où on le trouve attesté en Anjou et dans le Centre (v. FEW id., 337b). Découle, par extension, du sens de « ridelles d’une charrette », relevé dans la langue générale depuis 1611 (v. TLF et RobHist).