BASCULE [baskyl]
n. f.
Jeu traditionnel par lequel on souligne l’anniversaire d’une personne et qui consiste général. à la soulever par les bras et par les jambes et à lui faire heurter le derrière contre une surface (plancher, mur, etc.) autant de fois qu’elle compte d’années.
Donner la bascule à qqn, lui faire subir ce jeu.
Des écoliers qui donnent la bascule à un copain pour sa fête.
Mes parents accordaient à ma « fête » une grande importance. Gâteau avec chandelles, « bascule » sur le plancher ou sur le mur, cadeau, rien ne manquait. 1965, Parent (Champlain), AFEUL, I. Couillard, ms. 3.
Les « bascules », à l’occasion des anniversaires [des bûcherons], étaient aussi en vogue. On s’emparait du type en question; plusieurs le saisissaient par les membres et le lançaient en l’air autant de fois qu’il avait d’années derrière lui. Souvent, on lui trempait le derrière dans un bassin d’eau glacée, à chaque saut dans les airs. Le derrière... quand ce n’était pas tout le corps. Bien sûr, on compensait, après la bascule, en lui donnant un cadeau, habituellement du tabac. 1971, AFEUL, R. Jean et G. Morissette, ms. « Le bûcheron québécois : son travail, sa vie, sa mentalité », p. 12.
« Un par un, mon père venait nous chercher en haut de l’escalier et nous donnait la bascule. Pour ce faire, on s’asseyait en haut de l’escalier, puis, chacun notre tour, notre père nous tirait par les jambes jusqu’en bas des marches, de sorte qu’on se faisait taper le derrière à chaque marche. Mais mon père ne nous brutalisait pas, on s’amusait » [...]. 1988, Le Soleil, Québec, 31 décembre, p. E7.
VieuxPratique de groupe qui consiste à promener une personne soulevée à bout de bras pour lui témoigner de bons sentiments.
Ce qu’on appelait la bascule, au collège de Sainte-Anne était une espèce d’ovation peu réjouissante à laquelle on soumettait les camarades qui, d’une façon ou d’une autre, avaient su provoquer quelque enthousiasme. 1892, L. Fréchette, Originaux et détraqués, p. 127.
AcadieJouer à la bascule : se tenir sur les mains, la tête en bas. (Mass no 1869).
Rem.Dans cet emploi, le mot peut se prononcer [bɔskyl].
Histoire
Depuis 1905 (d’après FSPFC; depuis 1892, chez Fréchette, dans un emploi voisin). Le mot a été relevé dans les parlers de France sous diverses variantes (bacu, bacule, bascule, etc.) désignant des jeux où l’on frappe le derrière (v. FEW cūlus 2, 1518). Cet emploi dérive de bacule « punition qui consiste à faire heurter le derrière du coupable contre un objet dur ou à le battre avec le plat d’une poêle », relevé en français des XVIIe s. et XVIIIe s., notamment dans donner la bacule (ibid.; Oudin 1640 : « on prend une personne par les bras & les jambes, & lui fait-on donner du derriere en terre »). Pour l’acadien jouer à la bascule (boscule), cp. jouer au boussecu « faire une pirouette, une culbute », dans le Centre de la France (FEW 2, 1519b).