BARDI-BARDA [baʀdibaʀdɑ]
adv. et n. m.
Variantes graphiques : bârdi-bârdâ; (d’après des variantes de prononciation) berdi berda, berdi-berda, bredi breda, bredi-breda, bordi borda, bordi-borda; (au singulier) berdiberdas, berdi-berdas.
adv. VieilliAvec précipitation et confusion.
n. m. Agitation vive et souvent désordonnée (dans la préparation de qqch. ou lors d’un événement provoquant la surprise, le chaos).
Le bardi-barda de la fin d’un spectacle, d’un mariage.
(adv.). Le lendemain matin, il se leva à trois heures pour boulanger, grèyer la table et le reste. Jaloux de le voir si actif, les fermiers décidèrent de lui jouer un mauvais tour, à l’occasion de la visite prochaine du roi. Quant à lui, pour mieux recevoir le roi, il prépara un beau repas, fit du pain sucré, cueillit toutes les roses du jardin, bordi, borda. 1914, Saint-Victor (Beauce), dans Jaf 29/111, p. 138.
(n.). Amédée : On n’est pas encôre morts puis ça se chamaille pour le bien! Tu voé là, Nastasie, le bardi-bardas puis le harakiri que ça serait si follait que je meure sans testament [...]. 1953, J. Bernier, Je vous ai tant aimé, 16 mars, p. 3 (radio).
(n.). Le « régisseur » de la terre comme c’est là, c’est moi. Or, moi, j’navigue. Dans le berdiberdas du mois d’avril, l’arrimage du bateau, tout ci tout ça, EdwiDGe, ses arias, ses problèmes, j’ai ch’naillé ça aussi loin que j’ai pu. 1957, G. Dufresne, Cap-aux-Sorciers, 28 mai, p. 22 (télév.).
n. m. VieilliGrand bruit, tapage; remue-ménage.
Un bardi-barda du diable. Faire du bardi-barda. Entendre du, un bardi-barda.
barda (sens 2).
(Ontario). À neuf heures, mes vieux, qu’est-ce qui commence? Un bârdi-bârdâ dans la cave : les chaînes qui sonnaient, les portes cassaient... Bedigne-bedagne sus un sens, bedigne-bedagne sus l’autre! 1953, Sudbury, dans G. Lemieux, Les vieux m’ont conté, t. 1, 1973, p. 125.
Monsieur Chaussegros de Léry [...] fait tout refaire les chemins d’eau [« canalisations »]. Trois pieds plus bas. Écoutez-moi le « berdi-berda » que ça fait derrière le fourneau et jusqu’aux Forges! Vous n’entendez donc pas? 1972, G. Dufresne, Les Forges de Saint-Maurice, épisode 54, 15 mai, p. 32 (télév.).
(Variante). RareCaliberdas n. m.
Il traversa le rang des Caribous, en deux escousses atteignit la mare à Josime où le grand caliberdas des grenouilles s’arrêta sec tandis qu’un héron s’enfuyait des clajeux en trainant [sic] ses béquilles. 1937, F.-A. Savard, Menaud, maître-draveur, p. 258.
n. m. VieilliDésordre matériel.
barda (sens 3).
J’ai eu beau chercher dans ma valise, je ne trouve rien, c’est un berdi-berda où une chatte perdrait ses petits. 1909, dans Dionne (s.v. berdi-berda).
Histoire
Dérive sans doute de bardasser.
1Depuis 1914. L’emploi adverbial est hérité de France; bredi-breda a été relevé dans la langue familière depuis le XVIe s. mais est donné comme vieux de nos jours (v. FEW brittus 1, 541b, qui relève en outre diverses variantes dans les parlers du Nord et du Nord-Ouest de la France ainsi qu’en Suisse romande; aussi FEW 23, 196a; Robert 1985 et GLLF, s.v. bredi-breda; DudPerch, s.v. berdi-berda; CallVaud, s.v. bredi-breda). 2Depuis 1953. Relevé dans l’Ouest et le Centre de la France sous diverses formes apparentées (berdi-berdas « onomatopée exprimant le bruit que fait un corps en tombant », berdic-berdoc « onomatopée du bruit d’une brouette dont la roue est cassée », v. FEW 1, 541b; MinVienne2, s.v. berdic-berdoc; DavTour, s.v. bardadâ!, bérdadâ! et bérdâ, bérdâ!). Caliberdas (depuis 1909, Dionne) a été relevé en Normandie au sens de « bruit qu’on fait en tombant » (v. FEW 1, 541a). 3Depuis 1904 (BPFC 3/4, p. 125). Sans doute hérité des parlers de France; cp. les variantes berdin-berdiau « pêle-mêle » dans le Nord de la France et berdic-berdac « sans ordre » en Franche-Comté (v. FEW 1, 541b, et DubPic 19).