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BARDA [baʀdɑ]
n. m.

Rem.

Variantes graphiques : (au sing.) bardas; (d'après des variantes de prononciation) berda, berdasbeurda, beurdasborda, bordasrare breda, bredas.

1

VieilliMénage, ensemble des travaux d’entretien (incluant le soin des enfants, la préparation des repas, etc.) qu’on effectue dans et autour de la maison.

Faire le barda de la maison. Faire son barda, du barda. Commencer, achever, finir son barda. Faire du gros, du grand barda. Être dans le barda (par-dessus la tête, jusqu’au cou).

 (Spécial.). Grand barda : ensemble des travaux qu’on entreprend une ou deux fois l’an pour nettoyer de fond en comble une pièce ou toutes les pièces d’un intérieur.

Faire le (son) grand barda. Être dans le (son) grand barda. Le jour, la semaine, le temps du grand barda. Le grand barda du printemps.

Rem.De nos jours, on dit ménage, ou grand ménage.

En arrivant j’ai trouvé que ta maman a eu bien mal aux yeux, suite de La fatigue qu’elle s’est donné a faire son grand Berda, lessive de linge, de couvertes [...]. 1825, J. Papineau, dans RAPQ 1951-1953, p. 220.

La femme du vieux charretier faisait le grand bardas de la maison. Les catalognes avait [sic] été lavées, on avait renouvelé les rideaux en papier vert de chaque fenêtre. Le poèle [sic] à fourneau avait été miné, les tuyaux était [sic] vernis et tout reluisait dans la maison. 1898, H. Berthelot, Les mystères de Montréal, p. 105.

Une sourde douleur la surprit; elle se tut, une main contre sa robe gonflée. – Va te recoucher, sa mère; je ferai ton bardas aujourd’hui, dit-il doucement. 1945, G. Roy, Bonheur d’occasion, p. 121.

Dès le lendemain de son arrivée, Marie-Amanda entreprit le grand barda qu’Alphonsine avait toujours retardé. Toute une journée les poulies grincèrent sous le poids de la corde où des pièces de linge pendaient [...]. Une odeur de propreté, de confort, s’épandit dans toute la maison et les hommes prirent des précautions inusitées afin de ne rien salir. 1945, G. Guèvremont, Le Survenant, p. 89.

Les jeunes mariés couchaient en haut, pis le vieux pis la vieille ils couchaient en bas. Pis dans le temps des noces, le père avait dit à son garçon, il a dit, Là, pour une huitaine de jours, il a dit, dérange-toi pas le matin, je vais me lever, moi, il a dit, faire le barda. 1973,Baie-des-Sables (Matane), AFEUL, Fr. Bernier 67 (âge de l’informateur : n. d.).

À la maison, Françoise se débat avec ses montées de lait, fait son barda et s’occupe du bébé à plein temps. 1977, J.-P. Filion, Les murs de Montréal, p. 257-258.

VieilliEnsemble des travaux de la ferme; (spécial.) traite des vaches.

Aujourd’hui, ce n’est plus la même chose [dans le temps du sucre] [...]; on entaille aux chalumeaux; on ne couche plus à la cabane; et, à l’étable, le ‘bordas’ est moins long et moins pénible [...]. 1953, E. Arsenault, Les loisirs d’un curé de campagne, p. 189.

Fig.

Vous arrive-t-il comme à tout le monde de classer des vieux papiers, de relire des lettres jaunies par le Temps? On fait un grand barda dans le passé et cette besogne n’a rien de futile. Au contraire. Elle nous révèle des faits que l’on croyait morts depuis longtemps. Ils ressuscitent tout à coup et cela seul nous donne un coup au cœur. 1958, Cl.-H. Grignon, « Le père Bougonneux », dans Le Bulletin des agriculteurs, septembre, p. 88.

2

Fam.Bruit, en partic. bruit assourdissant, tapage, vacarme; remue-ménage.

Faire un barda épouvantable, terrible, du diable. Faire du barda. Entendre du barda. S’accoutumer au barda.

 bardi-bardabeding-bedang.

Celui-ci lui répond : Pourquoi trembles-tu comme ça? Vois donc le curé Labelle sur sa galerie. Il n’a pas peur du tonnerre, lui. Il regarde le ciel et les éclairs et il semble y prendre plaisir. – Ce n’est pas surprenant, reprit l’autre, le curé est un homme qui aime tant le bordas, que ça ne lui fait pas grand chose. 1887, Le Violon, Montréal, 6 août, p. 2.

Il y avait un gars qui s’était acheté une terre, et il fallait que la maison fût réparée. Il s’en est allé là seul, et la nuit, il entendait des bruits, du borda dans toute la maison. Il entendait des chaînes, des morceaux de fer qui culbutaient, toutes sortes de choses. 1965, Saints-Anges (Beauce), dans J.-Cl. Dupont, Le légendaire de la Beauce, 1974, p. 59.

Rapidement, souvent sans même avoir avalé un premier repas, on charge les outils dans la charrette, on attelle le cheval pour gagner le champ. Le « bardas » mené par les travailleurs a tôt fait de réveiller ceux qui dormaient encore [...]. 1982, J. Provencher, C’était l’été, p. 104.

Fig.

C’était presque institutionnalisé, au ministère. Tu répondais à ceux qui faisaient du bardas sur la place publique. Les politiciens achetaient la paix en donnant de l’argent. 1990, Le Soleil, Québec, 31 mars, p. A23.

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Fam.Désordre matériel; ensemble de choses hétéroclites, mises pêle-mêle.

Quel barda! Un barda épouvantable. C’est un vrai barda. Être, se trouver dans le barda.

SYN. fam.bordel.

Rem.Le sens d’« attirail, bagage encombrant » est usuel au Québec comme en France.

J’arrive à la maison au milieu d’un « barda » monstre, maman en a la spécialité. Hélas! [/] Il faut un grand courage pour se plonger dans ce chaos et essayer d’en faire sortir notre intérieur, d’ordinaire si ordonné et si méthodiquement rangé! 1878, extrait de Fadette, Journal d’Henriette Dessaulles 1874/1880, 1971, p. 222-223.

Le barda que l’on retrouve dans les corridors du parlement depuis le quinze novembre dernier achève... finalement. [...] Dans l’opposition, ils sont un peu plus à l’étroit. Beaucoup même. Ce qui fait que depuis six mois, les filières, les chaises et les bureaux s’accumulent dans les corridors du parlement comme en fait foi notre photographie. 1977, Le Soleil, Québec, 23 mars, p. B4.

Quelle maisonnée! De quoi faire s’arracher les cheveux à bien des mères de banlieue! Du barda dans chaque pièce et dans chaque recoin, sur deux étages. Assis par terre, tous ces jeunes, de quinze ans ou plus, se tirent aux cartes, feuillettent des magazines, choisissent des disques, circulent entre les chaises, les jambes, les boîtiers de guitare, préparent le café, font des blagues. 1979, Perspectives, Montréal, 1er décembre, p. 2.

4

VieilliSouci, tracas, problème qui provoque de la contrariété ou de la confusion.

Ça me donne, ça me cause bien du barda.

Nous avons encore la question de Riel ce qui cause ben du bordas. Sir John maigrit à vue d’œil. Il me fait l’effet d’un homme qui a mangé de l’éléphant et que ça lui serait resté sur l’estomac. 1885, Le Bourru, Longueuil, 12 septembre, p. 2.

C’est une bonne laitière [une vache]. Pour ça, oui, c’est une vraie bonne laitière. Mais il y a pas une clôture qu’elle passe pas au travers. Je la vendrais bien, parce qu’elle nous donne un bardas du diable, qu’on est obligé de lui mettre des carcans. 1935, G. Bugnet, La forêt, p. 50.

C’est du bordas sans bon sens, garder deux enfants. Ben non, Alma-Rose, ça passe encore. Elle est commode, elle peut aider. Mais Télesphore... Y’a des fois qu’il est ben difficile. On dirait que ça vient par secousses. Y’est une semaine, deux semaines, ça va bien, pas de trouble. Tout d’un coup, pendant six ou sept jours, c’est pas de service. 1954, Y. Thériault, Maria Chapdelaine, 17 septembre, p. 4 (radio).

Comment vas-tu? Moi, ça va mais ici, il y a bien du barda et du chagrin dans l’air. Le docteur ne donne pas plus que trois jours à ton oncle Jean-Baptiste. 1987, Fr. Noël, Myriam première, p. 266.

Histoire

De bardasser.

1Depuis 1810 (VigerB, s.v. bredas). De bardasser (sens 2). 2Depuis 1810 (VigerB). De bardasser (sens 3); cp. bardi-barda. 3Depuis 1810 (VigerB). Cet emploi paraît se rattacher à l’homonyme barda au sens (fam.) de « bagage, chargement encombrant », attesté en français depuis 1848 en parlant de l’équipement d’un soldat (v. TLF); il y aurait eu ici rencontre de ce mot, qui se rattache à l’arabe bardaʻa (v. FEW 19, 25a), avec le déverbal de bardasser (cp. le sens 3 de ce verbe) auquel le mot est associé naturellement. 4Depuis 1885.

Version du DHFQ 1998
Pour poursuivre votre exploration du mot barda, consultez notre rubrique Saviez-vous que.
Trésor de la langue française au Québec. (1998). Barda. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 17 avril 2024.
https://www.dhfq.org/article/barda