BANDON [bɑ̃dɔ̃]
n. m.
Variantes graphiques : (d'après une prononciation vieillie) badon, bâdon.
VieilliDonner bandon aux animaux, les laisser paître librement à travers la campagne à certaines époques de l’année, en partic. dans des champs débarrassés de leurs récoltes.
Avoir bandon : avoir la liberté de paître ainsi.
Rem.On trouve aussi dans ce sens envoyer, laisser, mettre des animaux à l’abandon.
Vieilli(Général. dans les bandons). Terre que l’on rend accessible aux bestiaux à certaines époques de l’année, en partic. après les récoltes, pour qu’ils y paissent librement; l’herbe, le regain qui y pousse.
Par méton. Époque(s) de l’année où la terre est ainsi rendue accessible aux animaux.
Rem.Bandon réfère tantôt à un ensemble de terres mises à la disposition d’une communauté d’agriculteurs pour y laisser paître leurs bestiaux, tantôt à une partie de la propriété foncière d’un agriculteur (appelée aussi abandon).
Il y a une trentaine d’années, ces gardiens de la commune et des enclos finissaient l’exercice de leurs fonctions vers la mi-septembre, après la récolte. Alors on ouvrait les barrières de la commune, on en défaisait les clôtures, et les animaux qu’elle renfermait, ainsi que ceux des fermes de la région voisine, pouvaient paître en liberté sur toute l’étendue des Bas : c’était le temps des bandons. 1904, V.-P. Jutras, dans BPFC 2/7, p. 199-200.
Les bohémiens n’ont pas de chez euz [sic]. Ils voyagent, ils vivent, mangent et dorment dans leurs charrettes. Le soir venu, ils campent dans un champ, au bord d’une route, dans le Domaine, dans les Abouts, dans les Bandons. 1914, A. Rivard, Chez nous, p. 85.
Je me rappelle [...] que la moitié [...] du bout d’en-bas des terres, là, c’était en pacage pour les animaux. Tandis qu’aujourd’hui c’est tout en culture, ça, soit semé en grain ou en foin [...]; les animaux vont là rien que dans les bandons, l’automne. 1961 env., Baie-Saint-Paul (Charlevoix-Ouest), AFEUL, P. Perrault 68 (âge de l’informateur : n. d.).
Histoire
Bandon est issu du croisement de deux radicaux d’origine germanique : ban-, du francique *bannjan « bannir », et band-, du francique *bandjan « faire signe » (v. TLF, s.v. abandon).
1Depuis 1810 (Viger 103). Les locutions donner bandon et avoir bandon ont eu cours en français du XVe jusqu’au XVIIe s., époque où bandon avait le sens de « permission, liberté » (v. Godefroy, Estienne 1539, Nicot 1621). Cp. également balyè lo bandon « autoriser le parcours » (où bandon a le sens de « libre parcours pour le bétail »), relevé dans les parlers de la Suisse romande (v. GPSR); cet emploi peut être mis en rapport avec bandon « licence qu’on prend de laisser paître les bêtes, sans être gardées de personne », dans les anciens coutumiers de Meaux, d’Orléans et du Nivernais (v. Ménage 1750, s.v. abandonner); cp. également dounar lou band al bestial « faire sortir le bétail de l’étable et l’envoyer au pâturage » dans les parlers d’oc (v. MalvOc, s.v. band). 2Depuis 1904 (dès 1810 chez Viger 103, dans l’emploi métonymique, mais au féminin : La bandon commence au mois de... et finit au mois de..., énoncé dans lequel la bandon est peut-être une réinterprétation de l’abandon). Héritage de France; à rattacher à bandon qui a été recueilli en Suisse romande au sens de « pentes les plus élevées et les plus escarpées des alpages, où le bétail paît en liberté » (v. GPSR), et à bandun « district soumis à une juridiction, contrée en général » en ancien français (v. Godefroy, s.v. bandon).