BANDÉ, BANDÉE [bɑ̃de]
adj.
Vulg.Qui est en érection.
Bandé ben dur, ben raide. Bandé comme un cheval, un chevreuil, un taureau.
Une bonne apres midi jétais couché sur un banc sur la galerie et ça fesais trois heures que je dormais la [...] je commance à mouvrir les yeux et ses la que je mesuie aperçu que monsieur Binette avais la flail ouvert et qu’il étais bandé. 1964, J.‑G. Labrosse, Ma chienne de vie, p. 88.
Il s’assoyait dans la chaise berceuse, bandé comme un étalon, la tête remplie d’impuretés dont il avait honte. Il croisait les jambes pour cacher sa queue. Tout cela allait mal finir, c’était certain. 1972, V.‑L. Beaulieu, Un rêve québécois, p. 45.
Mais franchement, pendant ces trois quarts d’heure, je pensais. Pas au sexe. J’me sentais loin dans le ventre de l’univers. Ma queue bandée, c’était qqchose [sic] comme une galaxie, un quasar ou autre chose qu’on a négligé de découvrir à cause de notre ignorance. 1973, J.‑J. Richard, Centre‑ville, p. 94.
Napoléon dans son cercueil [bis], il était bandé comme un chevreuil [bis]. La belle-mère est en calvaire, pas capable de fermer le couvert. Un, deux, son of a bitch, ôte ta graine dans mon sandwich. 1975, Victoriaville (Arthabaska), AFEUL, G. Beaudet 115 (âge de l’informatrice : n. d.).
Seulement, voilà qu’on trouve cet innocent (comme dans l’hostie d’innocent!) de Lance pendu au bout d’une corde dans son studio, nu et bandé comme un cheval. Pour expliquer son geste, il n’a laissé qu’une lettre d’adieu sibylline comme l’étaient parfois ses paroles de chansons et les autres textes qu’il écrivait pour lui-même. 2001, S. Péan, La Presse, Montréal, 2 septembre, p. B7.
Je le retourne de bord et lui descends son boxer. […] Pis Ray, quand il bande, il m’aime. […] – Regarde, t’es bandé, aussi ben en profiter. – Je suis pas juste une queue, j’ai mon orgueil. – T’as l’orgueil plus grand que la queue. 2007, J. Bertrand, Le Bien des miens, p. 84.
L’auteure de 26 ans parle de « chatte ben serrée », de pogos rappelant la forme phallique, de « gars bandé comme un cheval ». « Maudit cul! », écrivait un certain auteur, plus âgé, à une époque où la sexualité était taboue au Québec, et où les femmes ne pouvaient pas en parler, encore moins au théâtre. 2017, La Presse (site Web), Montréal, spectacles, 19 novembre.
Fig., vulg.Bandé(e) sur qqn : qui est pris de désir pour qqn, en est très épris.
Bandé(e) sur qqch. : qui est vivement intéressé par qqch., en est passionné.
Être bandé sur la musique, sur les autos de course.
La jeune fille peut [...] vous faire manger de l’avoine à tous et à chacun de vous qui soupirez après la belle, qui êtes bandés sur elle. 1974, Gh. Lapointe, Les mamelles de ma grand-mère, les mamelles de mon grand-frère, p. 49.
De loin, de très très loin, la plus jolie chose [une gymnaste bélarusse] de ces Jeux. Gracile et fluide comme les figurines que l’on trouvait jadis sur le couvercle des bonbonnières. […] Quand que je pense que mes collègues de la salle de presse sont bandés sur les pétards bronzés du volley-ball de plage, ces horribles clônes de Baywatch. Wouache. 1996, P. Foglia, La Presse, Montréal, 25 juillet, p. S5.
« Le monde sait que je ne suis pas un tripeux de hockey. Pour moi, aller au Centre Bell, c’est une job. Si je ne suis pas payé pour regarder un match de hockey, je vais regarder autre chose, dit le scénariste de Lance et compte. Selon moi, c’est le comportement qu’il faut avoir. Parce que sinon, ça donne des journalistes qui sont bandés sur le Canadien de Montréal et rien d’autre. Comment peut‑on avoir un regard critique après ça? » 2020, Métro, Montréal, 19 novembre, p. 39.
« Je travaillais pour une compagnie québécoise, j’avais accepté un contrat à l’étranger, et un jour, une personne en situation de pouvoir m’a dit quand on était seuls : « Tu sais, il y a d’autres femmes qui ont beaucoup de contrats quand certains producteurs sont bandés sur elles… » Je n’ai pas très bien compris où il voulait en venir, mais je n’ai pas voulu en savoir plus, j’ai dû prendre un air bête. Je me suis tenue à distance, mais je me suis sentie inadéquate pour travailler dans ce milieu. […] » 2020, La Presse (site Web), Montréal, spectacles, 24 août.
Histoire
1Depuis 1964. Cet emploi, qui dérive de bander « entrer, être en érection » (courant en français depuis le XVIIIe s., v. FEW germanique *bindō‑ 151, 113a), est sans doute connu en français de France, mais son absence des dictionnaires est peut-être l’indice d’un usage moins bien fixé qu’au Québec. 2Depuis 1950 (AF, J. Côté, ms. 6). Sans doute un héritage de France; cp. bandé de « épris de », en Bretagne (v. FEW id.). Ces emplois sont à mettre en relation avec bander pour qqn, pour qqch. « éprouver le désir sexuel pour qqn, avoir un vif intérêt pour qqch. » en français argotique ou familier (v. TLF, Robert 1985 et Robert (en ligne) 2022‑08; également GuirÉrot).