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BALANCINE [balɑ̃sin] ou  BALANCIGNE [balɑ̃siɲ]
n. f.

Rem.

1. Balancine se rencontre plus fréquemment dans les régions situées à l’est de Trois-Rivières; ailleurs au Québec ainsi que dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean, balancigne est plus usuel. 2. Variante graphique : (d'après une prononciation vieillie) balancille.

  

Fam.Tout type de balançoire, en partic. planchette suspendue à deux cordes sur laquelle on peut se balancer.

2022, TLFQ, Balancines dans un parc de Limoilou [photo].

Faire une balancine. S’asseoir dans la balancine. Tomber en bas de la balancine.

Rem.De plus en plus concurrencé par balançoire, qui est le terme utilisé en France.

– R. : Je n’ai pas vu de gymnase, mais là, comme ça, j’ai vu une balancine. [...] – Q. : Ces jeux de toute sorte [sic], cet étang, cette balancine, les jeux de balles, etc., ça occupe un espace de terrain restreint, n’est-ce pas? 1883, Québec, BAnQQ, Cour d’appel (Québec), cause no 12 (1881), factum des appelants, p. 18.

[...] je suis tannée moi de me balancigner dans la cave... je sais pas si papa est déchoqué là... je pourrais monter. Hon, ça m’a l’air de marcher fort encore en haut... je vas me désennuyer en balancignant plus fort... c’est tout... si le tuyau peut être assez fort lui pour tenir ma balancigne! 1958, O. Légaré, Zézette, 21 février, p. 6 (radio).

C’est à cette rude époque qu’on a alors vu ces bonnes gens se procurer à gros frais des balançoires de fortune à quatre ou six places qu’on a appelées des balancignes et qui sont devenues source de joie pour les enfants [...]. 1972, H. Grenon, Nos p’tites joies d’autrefois, p. 70.

La balancine. C’est l’escarpolette. Elle est d’une fabrication simple : deux câbles ou chaînes suspendus à une branche d’arbre ou à une potence. Une planchette de soixante centimètres environ sert de siège. 1980, M. Doyon-Ferland, Jeux, rythmes et divertissements traditionnels, p. 70-71.

Par méton. Action de se balancer.

Il se trouvait tout simplement pendu par les pieds, au bout de not’ bouleau, qu’avait lâché son amarre; et l’indigne se payait une partie de balancine, à six pieds de terre et la tête en bas, sa longue crignasse [‘chevelure’] échevelée faisant qu’un rond, et fouettant le vent comme la queue d’un cheval piqué par une nuée de maringouins. 1892, L. Fréchette, « Tipite Vallerand », dans La Presse, Montréal, 22 octobre, p. 4.

Par anal., Vieilli Piège à levier, utilisé notam. pour la chasse au petit gibier; ce levier.

Tendre, piéger, prendre, capturer à la balancine. Balancine à lièvre, à castor, à loutre, à pékan.

On le capture [le pékan] encore à la ‘balancine’, afin de prévenir l’amputation d’une patte. On fait une ‘balancine’ avec une épinette de vingt-cinq pieds, placée dans une fourche. 1945, D. Potvin, Thomas, le dernier de nos coureurs de bois, p. 75.

 Région.et vieilliPerche à contrepoids pour tirer l’eau d’un puits. (Lavoie 2064).

 (Variantes). VieilliBarlancigne. (GPFC, PPQ 2047).

 VieuxBerlancille. (Viger 103, Clapin, Blanch1-8, GPFC).

 AcadieGalance.

On va s’ conter des histouères comme qu’on faisait dans la galance quand qu’on était plusse p’tites. 1975, L. Goupil, Le djibou, p. 35.

 Galancine. (Mass no 1870, PPQ id.).

Histoire

Depuis 1841 (Maguire 138; dès 1810 sous la variante berlancille, Viger). Sans doute héritage des parlers de France puisqu’on relève balansin « balançoire » abondamment dans les parlers créoles des Antilles (v. par ex. TournGuad, ValdHaït). Découle probablement de balancine « cordage qui part de la partie supérieure d’un mât et soutient les extrémités de la vergue », attesté en français depuis le XVIe s., dans le vocabulaire de la marine (mot de la même famille que balance, v. FEW bilanx 1, 362b, et TLF). Les prononciations avec [ɲ] ou [j] en finale de mot se rattachent à des tendances phonétiques anciennes en français (v. JunPron 122-126). Pour la variante barlancigne (depuis 1930), cp. les formes en ber- relevées dans les parlers de France, notamment dans ceux du Centre (v. JaubCentre2, berlançouère; DavTour, berlançouée; v. aussi ALB 1657 qui donne des formes similaires); la variante berlancille (de 1810 à 1949) a été signalée dans le Centre de la France (v. ThibBlais). La variante acadienne galance (depuis 1894) a été relevée dans les parlers du domaine franco-provençal (v. DurFrProv, ConstSav, s.v. galançhë, ALJA 1368, et GPSR, s.v. balance, qui renvoie à galansè; galance est bien attesté en Louisiane, v. DitchyLouis, HickmJeff, MontgLouis); cp. par ailleurs guérlincélle « balançoire » dans le Centre de la France (v. DavTour).

 balanciner.

Version du DHFQ 1998
Pour poursuivre votre exploration du mot balancine, consultez notre rubrique Les fins mots de l'histoire.
Trésor de la langue française au Québec. (1998). Balancine ou balancigne. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 19 avril 2024.
https://www.dhfq.org/article/balancine-ou-balancigne