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BALANCER [balɑ̃se]
v. tr. et intr.

I

Dans le voc. de la comptabilité, du commerce.

1

v. tr. (Emploi critiqué). Faire en sorte d’équilibrer le total des revenus et le total des dépenses (par ex. en calculant les sommes reçues et dépensées, en faisant les entrées nécessaires).

Balancer les livres : dresser le bilan financier. Balancer le budget : établir l’équilibre budgétaire. Balancer la caisse : compter l’argent et équilibrer les recettes et les dépenses.

 (Employé absol.).

Arriver à balancer.

Rem.On dit aussi balancer un compte « équilibrer, rendre égaux le débit et le crédit d’un compte », comme en France.

J’ai dit que j’avais emprunté moi-même de monsieur Lepage le demandeur la somme de deux cent [sic] piastres, c’est une opération que je fais souvent pour aider à balancer la caisse et c’est l’usage de plusieurs maisons de commerce et des courtiers. 1883, Québec, BAnQQ, Cour d’appel (Québec), cause no 6, factum de l’intimé, p. 9.

Pour la vie, je balance avec le peu que je fais et ça fournit car nous savons nous contenter de peu. 1939, Mont-Joli (Rimouski), Correspondance de madame Coulombe, p. [2].

Le matin, sur la rue Saint-Jean, [...] la clientèle ne se montre pas avant 11 heures. [...] J’ouvre à 9 h 30. La première chose que je fais, c’est de « balancer » ma caisse de la veille. Je ne le fais pas le soir, parce que j’ai appris dans un livre que les erreurs dues à la fatigue étaient plus fréquentes le soir. 1978, Éducation Québec, avril, p. 6.

[...] ces personnes bénévoles doivent jouir d’une plus large marge de manœuvre, tant au niveau de la cotisation des utilisateurs (pour « balancer » leur budget) qu’au niveau de l’exercice des pouvoirs de réglementation (pour une exploitation mieux contrôlée de la faune). 1980, Le Soleil, Québec, 15 novembre, p. H2.

2

v. intr. Fam.(En parlant de totaux, de sommes, souvent avec ça comme sujet). Se balancer, s’équilibrer.

La caisse balance. Comment ça se fait que ça balance pas?

– Tu vas à la banque, ce soir? – Oui! Monsieur Jodoin m’a demandé de vérifier. Il y a une erreur de soixante sous. [...] Ce n’est pas pour le soixante sous, vois-tu. Mais il faut que cela balance. – Et si ça ne balance pas, qu’est-ce que ça peut bien faire? – Mais il n’est pas question que ça ne balance pas. Il faut que je trouve l’erreur. 1949, Ringuet, Le poids du jour, p. 58.

Je l’ sais qu’ ça balanc’ pas dans mes financ’ parc’ que j’ dépense à gauch’ pis à droit’, pis après? 1975, P. Châtillon, Le fou, p. 25.

II

(Dans le voc. de la mécanique.). v. tr. (Emploi critiqué). Balancer les roues, les pneus : procéder à l’équilibrage des roues, des pneus d’un véhicule.

Faites équilibrer (« balancer ») vos roues [titre]. Des roues déséquilibrées contribuent également à l’usure des pneus. 1971, J. Duval, Le guide de l’auto 71, p. 33.

À la station-service des Ateliers, il est heureux car, comme il dit, il apprend autre chose : changer des pneus, les balancer, graisser, faire le plein d’essence, etc. 1987, Le Soleil, Québec, 8 août, p. B3.

Histoire

I1Depuis 1883. Anglicisme sémantique, d’après l’anglais to balance « to make the credit and debit sides of (an account) equal » (v. Gage 1984 et Webster 1986); balancer un budget, balancer les livres et balancer la caisse sont des calques des locutions anglaises to balance a budget, to balance the books et to balance the cash (v. CollinsR 1988 et CobuildLD 1990, s.v. to balance). 2Depuis 1949. Anglicisme sémantique, d’après l’anglais to balance « to be or come into equilibrium » (v. FunkC 1982, sens 10 : « [t]he accounts balance »; v. aussi WebsterW 1988).

IIDepuis 1962 (Turenne1 19); calque de to balance the wheels (v. Harrap 1983, s.v. to balance).

 balancement.

Version du DHFQ 1998
Trésor de la langue française au Québec. (1998). Balancer. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 5 février 2025.
https://www.dhfq.org/article/balancer