BABOUNER [babune]
v. intr.
Faire la moue, bouder.
Il baboune dans son coin.
Rarev. tr.
Babouner qqn.
« On est parti et on est descendu chez madame Delongchamp avec une bouteille de bière, moi et Conrad et Robert Roy. En sortant de là, Poléon Lecours était couché dans le truck et dormait. On l’a réveillé pour le faire “tasser”. […] D’après moi, il était choqué et “babounait” […] ». 1943, Le Canada, Montréal, 5 juin, p. 7.
Un film comique de bandits heureux [L’Aventure, c’est l’aventure] avec sweet Lino [acteur] qui bougonne et boude et baboune dedans et qui dévore force spaghetti pour calmer ses nerfs de chef de gang, ça devient drôlement intéressant. C’est foux [sic], frais, léger et facile à avaler comme un yogourt. 1973, G.‑H. Germain, La Presse, Montréal, 7 juillet, p. D9.
Sophie, en pleine forme : Tu boudines, pas-fine? Tu me babounes à cette heure? Esprit que ça va bien! Mimi, en pleine peine : Je baboune pas personne, je te demande bien pardon! (Elle prend une gorgée de vodka.) Sophie : C’est ça, prends une petite gorgée : ça va te remonter le Canadien. 1982, R. Ducharme, HA ha!…, p. 76.
Autoproclamé « maître de la foire », Roger, décrocheur moche et mou, entraîne dans sa descente aux revers sa compagne Sophie, plus bouillonnante qu’une bouilloire, et Bernard, aussi « chaud » que chic. Pleure à côté de la plaque : Mimi, femme de Bernie, la « Gogoune qui baboune », qui tente de résister au trio infernal qui boit et se titille dans les coins, fume un joint ou joue à la tag! entre sonnerie de téléphone et sonnette de porte. 1989‑1990, Théâtre du Nouveau Monde, p. 8.
À chaque étape il y a du plate aussi, franchement. Mais je ne raconte pas à Julie les fois où fiston babounait parce que je lui refusais des permissions. Où il boquait [= refusait d’avancer] sur le trottoir en revenant de la garderie simplement par envie de boquer. 2017, É.‑A. Héroux, Mara M., p. 245.
Quand je suis arrivée à l’école de 2e année, je babounais et je sortais de la classe. Maintenant, je ne sors plus de la classe et je ne baboune plus pour rien. 2022, L’Écho de Compton, avril, p. 12.
Babouneur, babouneuse adj. et n. Qui est grognon, boudeur. (PPQ 1832a et 1835).
(Variante suff.). Fréq., fam.Babouneux.
Rem.Écrit quelquefois avec un double n.
Autrement dit, [un joueur de hockey] est un trop grand leader, un homme trop solide pour qu’on le sacrifie au beau coup de patins et à la shot d’un surdoué un peu babounneur. 1983, R. Tremblay, La Presse, Montréal, 9 juin, cahier Sports, p. 5.
En ressortant [de l’eau], je me suis retrouvée face à face avec un mérou babouneux et j’étais bien contente que mon Tarzan l’écarte pour me laisser passer. Après cet agréable moment passé au fond de la mer, ma mauvaise humeur était dissipée. 1996, L. Gulliver, L’univers Gulliver, t. 4, p. 119.
Et si, à défaut de ne rien obtenir d’intéressant, on ne donnait pas une dernière chance à [un joueur du Canadien de Montréal]? Une autre, oui! Pensons à tous ces départs dans l’amertume qui ont marqué l’histoire de l’équipe, précipitant son déclin. Damphousse, Turgeon, Roy, Carbonneau… La claque dans le visage que [l’entraîneur de l’équipe] a servi à son joueur trop souvent égoïste et babouneur pourrait, peut-être, rapporter. 2009, D. Poissant, Le Journal de Montréal, 19 février, p. 109.
« […] – D’après moi tu t’enlignes pour te croiser les bras puis faire la baboune. » Il était très fort. Je me suis donc forcée à garder mes bras de chaque côté de mon corps, ce qui me rendait soudain beaucoup trop consciente de ces deux membres, et j’ai dit sur un ton que j’espérais le moins babouneux possible : « C’est pas lui qui m’a rappelée, c’est moi qui l’ai appelé. » 2012, R. Germain, Volte-face et malaises, p. 224.
Intitulé Paul dans le Nord, le récit plonge dans l’adolescence de Paul, qui partira sur le pouce découvrir les Laurentides, les filles et les beuveries entre amis. À cet âge, « Paul est systématiquement désagréable avec ses parents ». […] « J’étais moi aussi particulièrement exécrable avec mes parents, quand j’avais son âge. Je voulais m’évader, m’affranchir. Et à l’adolescence, il n’y a aucun conseil qui rentre. Ça m’amusait d’explorer ça. Ma fille, qui a 20 ans, a été très babouneuse. Ç’a aussi sonné une cloche », indique Michel Rabagliati […]. 2015, Le Droit (site Web), Ottawa, archives, 20 novembre.
[Un politicien] a à peine quelques semaines de présidence au compteur que déjà, il a fait siens les « faits alternatifs » et alimenté les dissensions à grands coups de gueule babouneuse et de décrets présidentiels abjects, dépourvus de sens commun. 2017, É. Bernier, Le Charlevoisien, Baie-Saint-Paul, 1er février, p. 18.
Histoire
Babouner, de baboune + er, depuis 1943; relevé dans le parler de la Beauce dès 1977 (v. Lorent). Babouneux, depuis 1970 (PPQ 1832a).