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BABOUNE [babun]
n. f.

1

(Souvent par plaisant.). Fam.(Général. au pluriel). Lèvres, souvent charnues, épaisses.

Avoir des grosses babounes, une paire de babounes.

SYN. babines.

 (Au sing.). Partie inférieure de la figure.

Avoir, recevoir une claque, un coup de poing, une tape sur la baboune. Se cogner la baboune. Avoir la baboune enflée.

Rem.Dans cette dernière acception, baboune peut commuter avec gueule mais n’est pas un synonyme exact de ce mot en raison de sa connotation plaisante.

Tapez-leur fort sur la baboune. 1931, Le Goglu, Montréal, 20 février, p. 2 (section « Lettres que nous recevons »).

J’avais beau essayé [sic] d’y parler, mai y était toujours saoul comme une botte et en plusse de ça, un soir, y s’est battu et a mangé une vrée ramasse [« raclée »]; y avait les yeux noirs comme le poêle et les babounes toutes fendues; y s’est aussi fait voler son butin [« effets personnels »]. 1981, L. Proteau, Grand-mère ’Toinette m’a raconté..., p. 112.

VieuxPersonne qui a de grosses lèvres, personne qui a l’air idiote. (BPFC 3/1, 1904, p. 19; Dionne, GPFC).

2

Fam.Air de mécontentement, de contrariété, attitude maussade.

Se lever avec la baboune.

 Avoir la baboune, faire la baboune (à qqn) : faire la moue (pour manifester sa déception, son mécontentement), être d’humeur maussade; bouder (qqn), être fâché (contre qqn).

2022, TLFQ, Faire la baboune [vidéo].

Faire la grosse baboune.

– Tobie : Voyons m’sieur Brie choquez-vous pas, j’voulais seulement que vous taquiner une p’tite bit [« un peu »]. Envoyez-donc, m’sieur Brie, faites-donc pas la baboune! 1950, A. Brie, Le père Tobie, 17 octobre, p. 2 (radio).

« [...] je pense que t’as pas crû [sic] en moi et aux immenses possibilités que je t’offrais en voulant te faire entrer dans mon organisation, et à matin non seulement tu me fais la baboune mais tu me regardes aussi comme un chien de faience [sic], moi qui suis ton sauveur » [...]. 1969, V.-L. Beaulieu, La nuitte de Malcomm Hudd, p. 101.

[Il] avait la « baboune » quand il s’est présenté au Colisée, hier matin. Il avait presque passé une nuit blanche à visionner le film du match [...]. « Ce n’était pas beau à voir, a-t-il grogné. » 1980, Le Soleil, Québec, 1er février, p. C1.

Les Chinois me font la gueule. Je suppose qu’ils font la gueule à tous les étrangers, mais comme j’ai l’impression d’être le seul étranger en ce moment à Canton, je prends ça personnel! La baboune partout. Dans la rue, au restaurant... 1990, La Presse, Montréal, 10 mars, p. A1.

 Babouner v. intr. Faire la moue, bouder.

Il baboune dans son coin.

 Rarev. tr.  Babouner qqn.

 Babouneux, babouneuse adj. et n. (Personne, général. un enfant) qui est grognon, boudeuse. (PPQ 1832a et 1835).

Histoire

Formé de la racine onomatopéique bab- (qui a donné notamment babine « lèvre », v. FEW bab 1, 192a, et TLF, s.v. babine) et du suffixe -oune.

1Depuis 1930 (GPFC). Relevé dans un parler du Centre de la France (baboune « lèvre », v. JaubCentre2). Le sens de « personne qui a de grosses lèvres, personne qui a l’air idiote » (depuis 1903, BPFC 2/3, p. 96 : baboun) est probablement aussi un héritage des parlers de France; cp. babiau « homme à grosses lèvres » dans le Centre de la France, bâbau « niais » ou bâbô « ignorant, qui est sans étude » en Wallonie, babouin « nigaud, jeune sot » dans le Nord-Ouest et le Centre de la France ainsi qu’en Suisse romande (v. FEW 1, 192a et b, RemWall2, s.v. bâbô, GPSR); il ne paraît pas nécessaire d’avoir recours à l’anglais baboon (comme le fait Dionne et, dans une certaine mesure, GPFC) pour expliquer cet emploi. 2Depuis 1950. Également héritage de France; cp. faire les babounes « faire la moue », attesté dans le Centre de la France (v. JaubCentre2); cp. en outre baboue « moue, grimace », attesté en français des XVIe et XVIIe s., notamment dans faire la baboue (v. Godefroy, s.v. baboe, Cotgrave 1611, s.v. babou) et relevé encore parfois au XIXe s. mais présenté comme vieilli (v. Besch 1847-1892, Larousse 1866, DG; v. aussi VerrAnj). Babouner, depuis 1953; babouneux, depuis 1970.

Version du DHFQ 1998
Pour poursuivre votre exploration du mot baboune, consultez notre rubrique Saviez-vous que.
Trésor de la langue française au Québec. (1998). Baboune. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 17 avril 2024.
https://www.dhfq.org/article/baboune