AQUEDUC [akədyk]
n. m.
1. Le [ə] de aqueduc ne s’amuït jamais dans l’usage qui a cours au Québec. 2. Variante graphique : (d’après une prononciation vieillie) aquaduc.
Réseau de canalisations assurant la distribution de l’eau courante dans une agglomération; les canalisations elles‑mêmes.
Les tuyaux de l’aqueduc municipal. Avoir, recevoir l’eau de l’aqueduc. Réseau, système d’aqueduc(s) et d’égouts. Bris, travaux d’aqueduc.
Rem.Aqueduc a aussi, comme en France, le sens plus restreint de « canal en maçonnerie, généralement aérien, destiné à capter et à conduire l’eau d’un lieu à un autre », mais il se dit alors par référence à l’Antiquité (les aqueducs romains).
Ne sont-ils [deux magistrats de Montréal] pas quelquefois en contact avec les autres juges de paix, par rapport aux rues de la ville qu’ils sont obligés d’ouvrir de tems à autres pour placer les tuyaux de l’aqueduc? 1829, Rapports et témoignages du Comité spécial de la Chambre d’Assemblée du Bas‑Canada, p. 59.
Pour tous les étrangers à la ville, bien prendre garde, quand ils y viennent, de boire de l’eau du fleuve, (dite eau de Québec), ou d’y faire usage des mauvaises boissons fortes, ou des méchantes bières qu’on leur offre dans les auberges; n’y boire que de l’eau salubre de l’aqueduc, ou, encore mieux, de bon thé ou de bon café. 1846, C.‑F. Baillargeon, Circulaire, p. 2.
Poser dans la maison tous les tuyaux de plomb necessaires pour la réception de l’eau de l’aqueduc avec champlures. 1853, Québec, BAnQQ, greffe J. Petitclerc, 21 février.
Une rupture sérieuse s’est produite [...] dans les conduites d’eau de l’aqueduc. 1910, Le Devoir, Montréal, 17 janvier, p. 4.
Puis quand il y avait une malade, par exemple, qui était malade, là, tu sais, on lui faisait prendre de l’eau de Pâques. Elle était mourante, là, puis l’eau de l’aqueduc, ils étaient pas capables de la prendre, l’eau de l’aqueduc, même mourants, puis on leur donnait de l’eau de Pâques, puis l’eau de Pâques, ils la prenaient. 1960 env., île aux Coudres (Charlevoix-Ouest), AFEUL, P. Perrault 374 (âge de l’informateur : n. d.).
Une rue comme celle-là aurait dû normalement leur donner goût de s’arrêter, de se choisir un lopin approprié, de se relier à l’aqueduc et à l’égout de la municipalité et d’avoir comme toute maison qui se respecte son maître et sa maîtresse, sans compter les petits enfants qui sont donnés par surcroît. 1968, J. Ferron, La charrette, p. 117.
Ce sont les problèmes soulevés par l’hygiène et la protection des incendies au cours de la seconde moitié du XIXième siècle qui poussèrent les municipalités à se doter le plus rapidement possible de réseaux d’aqueducs, faisant disparaître par la même occasion les porteurs d’eau. 1988, Y. Bergeron, Cap‑aux‑Diamants, vol. 4, no 1, p. 51.
VieilliGrand réservoir d’eau servant à alimenter un réseau de distribution d’eau courante; château d’eau.
Distribution de l’eau courante dans une agglomération au moyen d’un tel réseau de canalisations; le service qui en résulte.
Service d’aqueduc, vieilliCompagnie, département d’aqueduc. Avoir, poser, installer l’aqueduc dans la maison.
Entreprise, administration qui assure ce service.
Les employés de l’aqueduc.
Un des propriétaires de l’Aqueduc de cette ville [Montréal] nous informe que cette compagnie va bientot faire construire près de l’Eglise Bonsecours, rue du fleuve, une bâtisse où les citoyens pourront aller prendre des bains de toute sorte. 1834, L’Écho du pays, Saint‑Charles Village Debartzch, 11 septembre, p. 2.
Aqueduc, téléphone, électricité ne sont pas des choses que l’on connaît seulement dans les villes ou les gros villages, mais aussi dans les rangs de presque toutes nos campagnes. 1930, Le Devoir, Montréal, 18 janvier, p. 37.
La municipalité des Bergeronnes imposera une nouvelle taxe concernant le service d’aqueduc afin de pourvoir à une partie des dépenses du projet de mise aux normes du système d’eau potable. 2020, Haute Côte‑Nord, Forestville, 12 février, p. 4.
Robinet d’eau courante.
2017, A. Levine, Aqueduc [photo], PxHere. https://pxhere.com/fr/photo/203128Ouvrir, fermer l’aqueduc.
Son garçon a pas le temps d’approcher, il dit : « Vous empoisonnez, il dit, papa, il dit, vous empoisonnez! » Il pogne un seau, puis il le met sous l’aqueduc, puis il lui envoie le seau d’eau dans face. 1956, Chicoutimi, AFEUL, Laforte 401 (âge de l’informateur : n. d.).
Histoire
La prononciation avec [ə] a été usuelle en France du XVIIe jusqu’au XIXe s. (v. p. ex. Richelet 1680‑1732, Gattel 1797, Chambaud 1805, Besch 1847‑1892); la variante aquaduc a été relevée dans certains parlers de France, notamment en saintongeais (v. MussSaint).
1Depuis 1829; d’après l’anglais aqueduct (en usage notamment dans le vocabulaire du génie civil, v. p. ex. EncBrit 1980). 2Depuis 1834; également d’après l’anglais aqueduct (v. Craigie qui atteste notamment le mot dans Aqueduct Company et Aqueduct Department, d’où compagnie d’aqueduc et département d’aqueduc, calques bien attestés à la fin du XIXe s. et au début du XXe). 3Depuis 1930 (VachAp 523); par extension du sens 1.