APPOINTER [apwẽte]
v. tr.
VieilliDiriger, pointer (sur, dans).
[...] l’artillerie que tiroient fréquemment les Hollandois, a été appointée sur les sujets non-armés de sa Majesté, qui travailloient à se mettre à l’abri de l’effet de ces inondations. 1785, La Gazette de Québec, 10 mars, p. [1].
I’ attachait une ligne ça avec dix, quinze, vingt hameçons ou des mouches. Il l’appointait dans le vent. 1968, Saint‑Urbain (Charlevoix‑Ouest), N. Lafleur, La vie traditionnelle du coureur de bois aux XIXe et XXe siècles, 1973, p. 136 (entrevue avec Amédée et Vézina Fortin).
VieilliNommer (qqn) à (un emploi, une charge quelconque), le désigner (pour faire qqch.).
Vous ayant présenté pour Sergent dans sa compagnie, et informé de vôtre conduite et capacité pour remplir cet emploi; je vous approuve et appointe en conformité à l’Acte qui règle les Milices de cette Province, pour Sergent de la dite compagnie. 1797, Montréal, BAnQQ, AP‑P 287B.
[...] je me suis rendu chez monsieur Garneau à son office avec monsieur Robitaille, où nous avons été appointé [sic], monsieur Robitaille et moi, pour organiser les comités dans Saint‑Colomb, dans Sainte‑Foye et Bergerville. 1887, BAnQQ, Cour d’appel (Québec), cause no 3, factum de l’appelant, p. XXXIII.
Mais le contremaître lui avait expliqué dès le début : – Vous savez, Moisan, c’est le boss qui vous a appointé icitte. I’ était supposé prendre un mechanic de nuit à trente‑cinq piastres par semaine. Mais i’ s’est arrangé pour vous faire avoir la job, malgré qu’i’ avait ben des hommes qui la voulaient. 1938, Ringuet, Trente arpents, p. 284.
Pour la Québécoise… qui possède une dactylo solide ainsi qu’une bonne connaissance du français et de l’anglais : voici le poste « par excellence ». Elle sera appointée au département de la facturation, y prendra les commandes téléphoniques et s’occupera du Kardex. Expérience, un atout. 1975, La Presse, Montréal, 25 juin, p. H4 (annonce).
Il [un footballeur] admet qu’avec la venue de nouveaux propriétaires, président et directeur général, c’est l’inconnu : « C’est difficile de prédire ce qui va se passer. Je suis simplement content de voir qu’il y a quelqu’un qui a été appointé à ces postes. Ça va permettre à l’organisation des Alouettes de préparer la prochaine saison, de mettre les choses en place et d’attribuer de nouveaux contrats à des joueurs autonomes. Pour le futur de l’équipe, je suis heureux de cette décision. » 2020, Les Versants, Saint‑Bruno, 22 janvier, p. 28 (sports et loisirs).
VieilliDonner rendez-vous (à qqn). (BPFC 1/9, 1903, p. 171, Blanch1‑3, GPFC, Bélisle1‑3).
VieuxAppointer un jour, une heure : fixer, désigner un jour, une heure (pour faire qqch., rencontrer qqn). (Manseau 114, Clapin).
VieilliAppointé, appointée adj. Nommé, promu. Les huissiers appointés pour le district de Québec.
Il y avait pas une automobile qui sortait de la ville de Montréal qui passait sur le pont Jacques‑Cartier sans qu’elle soit examinée par la police montée ou la police locale, la police spécialement appointée pour fouiller les chars qui se dirigeaient sur Ottawa. C’était formidable, à ce moment‑là, la marche sur Ottawa [...]. 1964 env., Montréal, AFEUL, P. Perrault 1279 (âge de l'informateur : n. d.).
Histoire
1Depuis 1785; relevé en français des XVIe et XVIIe s. (v. FEW pǔnctum 9, 592a, GodCompl, s.v. apointier, LaCurne, s.v. appoincter) et signalé dans les parlers de la Belgique wallonne et de la Suisse romande (v. RemMalm et GPSR 1, p. 524a). 2Depuis 1779 (ANC, ms. « Papiers Askin », vol. 12, p. 4262 : Le Capitene Varnoulle m’a dite hihiere que vous aviez éttez apoiéntez Seur Éntandan [= surintendant] a Makimac; lettre écrite par J.‑B. Barthe à Détroit). A eu cours en français depuis le XIIIe s. jusqu’au XVIIIe (d’abord sous la forme apointier, v. FEW id.); encore relevé dans certains dictionnaires du XXe s., mais donné comme vieux (v. Robert 1953, GLLF); s’est maintenu plus longtemps en français du Québec probablement sous l’influence de l’anglais to appoint « to designate, to place in an office or post » (v. OED et Webster 1986), notamment dans la langue administrative. Le sens de « donner rendez‑vous (à qqn) » (depuis 1903) est probablement dû à l’anglais to appoint « to make an engagement » (v. OED et Webster 1986); cp. cependant appointer « assigner un rendez‑vous à » signalé en ancien français et, sous la plume de Voltaire, au XVIIIe s. (v. FEW 9, 591a, et Godefroy, s.v. apointier aussi GPSR qui atteste un emploi similaire en Suisse romande). Appointer un jour, une heure (depuis 1772) vient probablement de l’anglais to appoint « to fix by arrangement the time or place of (a meeting) » (v. OED et Random 1983); cp. cependant appointer un lieu « fixer, désigner », attesté dans quelques dictionnaires du XIXe s., où il est considéré comme vieux et inusité (v. Boiste 1834 et Larousse 1866).