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ANTICIPER [ɑ̃tisipe]
v. tr.

1

Rare Aller au-devant de (qqch.).

Anticiper les désirs de qqn.

C’est mon grand garçon, disait le père [...]. [...] Il est aviateur dans l’armée américaine. Officier aviateur. Il fait des raids sur l’Allemagne. [/] Il y avait là deux légères exagérations. Mais cela ne pouvait tarder à venir. Ce disant, il ne faisait qu’anticiper les événements; et de quelques semaines tout au plus. 1949, Ringuet, Le poids du jour, p. 352.

2

(Emploi critiqué). S’attendre à, prévoir (qqch.); (en partic.) considérer (qqch. que l’on désire ou que l’on redoute) comme devant se réaliser, s’en réjouir ou s’en inquiéter à l’avance.

Anticiper une belle récolte, un grand succès.

Anticiper de : prévoir, espérer (faire qqch.).

SYN. prévoirespérerappréhender.

Rem.1. Usité notamment dans la langue journalistique. 2. Connu également en France, mais ne paraît pas y être d’un usage aussi étendu qu’au Québec; en français de France, l’objet que l’on anticipe se limite le plus souvent à une tranche de destin personnel ou collectif à venir (p. ex. anticiper l’avenir; voir Histoire).

Les contribuables seront heureux d’apprendre que la Commission [...] n’anticipe aucune augmentation de la taxe scolaire. 1933, Le Soleil, Québec, 5 juillet, p. 1.

À cause du mélange extraordinaire de cette équipe [de baseball], qui se compose de vieux et de très jeunes joueurs, on ne peut s’attendre à ce qu’elle gagne le championnat de la ligue Nationale [...]. Il n’y a vraisemblablement qu’une couple de clubs qui peuvent anticiper de finir en avant des Giants. 1940, La Presse, Montréal, 3 mai, p. 31.

Je ne pouvais m’habituer à l’idée que c’était arrivé. J’avais toujours cru que ce malheur n’était pas pour moi. Et pourtant, ce n’était pas le désespoir que j’avais anticipé. Au contraire, il me semblait que, le destin tourné contre moi, je n’étais plus aussi accablé. 1941, R. Charbonneau, Ils posséderont la terre, p. 39.

Attentif aux progrès scientifiques issus des découvertes liées à l’énergie tirée de la vapeur ou de l’électricité, Duquet s’ingénie à appliquer ces nouveaux principes à l’orfèvrerie. [...] En 1870, il invente un garde indicateur, appelé aussi chronomètre [...]. Anticipant d’autres applications de l’électricité, Duquet continue ses expériences. En 1872, il réussit à électrifier le mouvement des horloges pour les tours et les clochers. 1989, A. LeBel, dans Cap-aux-Diamants, vol. 4, no 4, p. 46-47.

 Anticipé, anticipée adj. Prévu, attendu.

Un renouveau, un excédent, un revenu anticipé.

Histoire

1Depuis 1880 (Dunn). Hérité de France; bien attesté dans la langue des XVIe et XVIIe s. (v. Huguet et DubClass3; v. aussi FEW anticipare 24, 654a). 2Depuis 1855 (DictBarb). A cours également en français de France, où il est attesté depuis Estienne 1539 (v. FEW id.), mais y est considéré de nos jours comme appartenant à la langue classique, littéraire ou technique (v. GLLF, TLF et Robert 1985). Au Québec, la fréquence notable du mot dans la langue journalistique ainsi que la plus grande extension qu’il paraît avoir par rapport à l’usage de France s’expliquent probablement par une influence de l’anglais to anticipate (v. OED et Webster 1986).

Version du DHFQ 1998
Trésor de la langue française au Québec. (1998). Anticiper. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 19 avril 2024.
https://www.dhfq.org/article/anticiper