ANIMAL [animal], ANIMAUX [animo]
n. m.
Autrefois, souvent prononcé avec [l] à la place de [n] (voir Histoire).
(Général. au pluriel). Bête d’élevage, en partic. bête à cornes.
Élever, garder des animaux. Rentrer, sortir, soigner les animaux.
Rem.En usage un peu partout au Québec et en Acadie, mais concurrencé par bête.
Nous faisons défenses à tous les habitans du premier rang de la dite paroisse de la Pointe-de-Lévy, de laisser aller leurs animaux sur les grèves, depuis le quinze mai jusques après les récoltes de chaque année; leur ordonnons de les garder sur leurs terres dans des clos qu’ils feront à cet effet, à peine contre les contrevenans de dix livres d’amende applicable à la fabrique de la dite paroisse. 1749, Québec, dans Arrêts et réglements du Conseil supérieur de Québec, 1855, p. 401.
M. Welsh [...] nous faisait son rapport et nous n’enregistrions comme canadiens que les animaux qui étaient pur sang; et je vous porte le défi de prouver que nous ayions enregistré dans nos livres comme canadien une tête de bétail qui eût du sang étranger. 1900, J. A. Couture, dans « Dix-huitième rapport de la Société d’industrie laitière de la province de Québec », Documents de la session, no 34, vol. 1, 1901, p. 139.
Puis il fallut se lever, car le jour venait, préparer le gruau et les crêpes pendant que les hommes allaient à l’étable soigner les animaux, les servir quand ils revinrent, laver la vaisselle, nettoyer la maison. 1916, L. Hémon, Maria Chapdelaine, p. 117.
Le chien servait de cheval. Pis on gardait des animaux à part de ça. Assez souvent on attelait des animaux. On attelait soit un bœuf ou des chevaux. 1972, Fleurimont (Sherbrooke), Corpus de l’Estrie 4-180.
Puisque votre tournée témiscamienne ne saurait être complète sans la visite d’une ferme, la famille Champagne vous y convie. On y trouve bouvillons, vaches laitières et veaux de grain; au total 500 animaux. 1989, Abitibi-Témiscamingue. Guide touristique, p. 30.
Fam. Un animal de (suivi d’un subst. désignant un animé ou, par ext., un inanimé). Sert à exprimer le caractère extrême de la taille ou de la puissance d’un être, de la dimension d’un objet.
Il est arrivé avec un animal de lion, comme on a jamais vu. Il y avait des gros arbres là, des merisiers. Il [le lion] t’a tordu ça, une force épouvantable. 1949, Les Éboulements (Charlevoix-Ouest), AFEUL, L. Lacourcière 807.
Partent à la pêche. Il croche [prend à l’hameçon] un animal de brochet. [...] Ils prennent un brochet, monsieur, assez gros, qu’ils étaient vingt-sept hommes, ils en ont mangé trois jours de temps dessus, pis au bout de trois jours, il en a resté encore pour un repas. 1954, L’Anse-Saint-Jean (Chicoutimi), AFEUL, C. Laforte 17.
Tout d’un coup, ils te voyent un animal de château. Une bâtisse, j’en ai jamais vu de pareille moi. Ils disent [qu’] à New-York, il y en a des semblables, mais j’y ai jamais été. 1960, Acton Vale (Bagot), AFEUL, C. Laforte 975.
Un moment donné, il ressoud [« survient »] un géant, un animal de géant. Enragé noir. 1965, Saint-Jean-des-Piles (Champlain), AFEUL, P. Carignan 22.
Histoire
La prononciation [alimal] résulte de l’hésitation entre [n] et [l] à l’intervocalique dans certains mots, tendance bien attestée anciennement en québécois et dans de nombreux parlers de France (v. JunPron 175-177).
1Depuis 1749; hérité de France. Relevé au pluriel dans un parler du Centre de la France (lz animo « le petit bétail », v. FEW anĭmal 24, 591b) ainsi que dans les créoles seychellois et réunionnais (v. D’OffSeych, s.v. zannimo, et ChaudRéun 219 et 221). Cp. encore animal « cochon, porc » dans les parlers des îles anglo-normandes de Jersey et de Guernesey (aussi sous les formes annînma et anima) ainsi que dans ceux de la Suisse romande (v. FEW id., et GPSR). Signalé dans les parlers franco-américains du Missouri et de la Louisiane (v. DorrSteGen et ReadLouis, s.v. animaux). Découle du sens général de animal « être animé privé de raison (par oppos. à homme) », attesté en français depuis la fin du XIIe s. (v. FEW 24, 590b). 2Depuis 1949; sans doute hérité des parlers de France. Relevé en jersiais dans un annima dé j’va [= cheval], annimale dé vaque [= vache] (v. LeMJers, s.v. annima, où le sens de ces expressions n’est cependant pas précisé).