ANGUILLE [ɑ̃ɡij]
n. f.
Anguille de roche : nom donné à quelques espèces de poissons d’eau salée de l’ordre des perciformes caractérisés par leur corps allongé, et en partic. à la gonelle ou sigouine de roche (Pholis gunnellus).
– Q. : Que c’est ça l’anguille de roche? – R. : [...] C’est une anguille absolument pareille comme une anguille de rivière [...]. Et ça a la tête plus grosse pis c’est tout. À part de ça, c’est fait pareil à ça. C’est noir, c’est jaune, pis c’est dans les trous sur les roches. Et puis on prend ça avec un crochet [...]. 1961 env., Les Escoumins (Saguenay), AFEUL, P. Perrault 67.
C’est une anguille de roche ça [...] vous avez pus de ça à l’eau douce. C’est un poisson essentiellement à l’eau salée ça [...] c’est assez bon à manger [...]. 1963 env., île aux Coudres (Charlevoix-Ouest), AFEUL, P. Perrault 810 (âge de l’informateur : n.d.).
On pêche en bordure de la fosse de la baie, dans des profondeurs allant de 10 à 50 brasses. On y capture toute une variété de poissons d’eau salée, mais plus particulièrement la morue, le turbot, la plie et l’anguille de roche. 1981, J.-L. Paquet, Guide de pêche au Saguenay–Lac Saint-Jean, p. 86.
Région. (est du Québec). Queue d’anguille : nom commun de la lotte (Lota lota).
Très commune dans le bas du Fleuve où on la mange au printemps. La forme particulière des nageoires dorsales et anale de cette Lote lui donne une ressemblance frappante avec la partie postérieure de l’anguille, aussi, est-elle partout désignée dans le bas du Fleuve sous le nom de Queue d’anguille. 1876, L. Provancher, dans Le Naturaliste canadien, vol. 8, no 6, p. 163.
La lotte a beaucoup des mœurs de l’anguille [...]. Depuis l’ouverture du chemin de fer qui relie le lac Saint-Jean à Québec, il en vient de grandes quantités et de fort belle taille, sur le marché de cette ville, toutes provenant du grand lac. [...] Les Canadiens-Français de Montréal appellent improprement ce poisson la loche; à Québec, on lui donne tantôt le nom de queue d’anguille, tantôt celui de barbue, probablement parce qu’il porte, en impériale, un barbillon à l’extrémité de son maxillaire inférieur. 1897, A.-N. Montpetit, Les poissons d’eau douce du Canada, p. 175-176.
Et, au fil de toutes ces années, ils [les deux pêcheurs] ne se rappellent pas la rivière [Chaudière] autrement que généreuse de ses prises. Du poisson blanc, de la carpe et de la queue d’anguille d’autrefois. 1994, Le Soleil, Québec, 24 juillet, p. C1.
(Variante ancienne). Poisson à la queue d’anguille.
Mirai [mot montagnais]..... Loche [‘lotte’], poisson à La queüe d’anguille. (v. Fabvre, s.v. mirai).
Région. et vieilli (Charlevoix et Saguenay–Lac-Saint-Jean). Joint entre deux bardeaux d’une couverture; joint défectueux résultant de la mauvaise pose des bardeaux.
Ta couverture va couler, tu fais des anguilles. 1955, SPFC, « Nouveau glossaire », La Revue de l’Université Laval, vol. 10, no 1, p. 84.
Histoire
1Depuis 1875 (d’après L. Provancher, dans Le Naturaliste canadien, vol. 7, no 8, p. 197 et 226). Peut-être calque de l’anglais rock eel (v. Webster 1986); cp. cependant le syntagme poisson de roche qui désigne, en français de France, tout poisson marin vivant près des rochers (v. p. ex. Larousse 1960 et 1987, Robert 1985, s.v. roche). 2Depuis 1876, mais dès 1695 environ dans la variante poisson à la queue d’anguille, laquelle suggère que le nom de queue d’anguille est d’origine québécoise, résultant d’une ellipse à partir d’une appellation descriptive plus ancienne (cp. poisson doré qui a donné doré). 3Depuis 1955; sans doute d’origine dialectale. Cp. dans les parlers du Nord-Ouest, de l’Ouest et du Centre de la France, anguille au sens de « lézarde, fente dans un mur » (v. FEW anguīlla 24, 568a; v. aussi DugPoit, s.v. andile).