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ANCRER [ɑ̃kʀe]
v.

1

v. intr. et pron. Vieilli ou région. S’enfoncer dans la boue, dans la neige au point de ne plus pouvoir avancer.

Rem.Relevé notamment autour de Montréal et en Abitibi.

Je ne l’ai jamais trouvée [la route] bien mauvaise. Je menais trois chevaux et ils n’ont jamais ancré nulle part. 1884, Québec, BAnQQ, Cour d’appel (Québec), cause no 11 (1886), factum de l’intimé, p. 46.

Il a ancré en bas de la côte. 1930, dans GPFC (glosé par : « sa voiture s’est enfoncée dans la neige, au bas de la côte »).

 Ancré, ancrée part. adj. Qui s’est ancré (dans la boue, dans la neige).

Après les quatre jours de pluie de la semaine dernière, j’ai été obligé d’en sortir trois de suite avec mes j’ouaux, [des automobilistes] qu’étaient ancrés dans le vent’-de-bœuf [‘fondrière’] devant chez nous. 1938, Ringuet, Trente arpents, p. 116.

2

v. intr. Vieux S’attarder chez qqn.

Ancrez donc une minute.

Histoire

De ancre1.

1Depuis 1884. Relevé en France dans le parler lorrain sous la forme du part. adj. ancré (v. ZélMos); cp. en outre le sens de « faire pénétrer profondément » en lorrain et celui d’« enfoncer la charrue dans la terre » en savoyard (v. FEW ancŏra 24, 543a). Tous ces emplois découlent de ancrer « immobiliser (un navire) en jetant l’ancre » (attesté en français depuis le XIIIe s., ibid.). 2De 1903 (BPFC 2/4, p. 118) à 1935 (JoüonAm 10). Se rattache à des emplois dialectaux et français; cp. anancrèy « très assidu chez qqn » dans un patois lorrain de Belgique (v. FEW 24, 544b), et ancre « personne dont on ne peut se débarrasser » dans le parler de Jersey (ibid., 542b); également le français jeter l’ancre « s’arrêter, s’installer, s’asseoir » (v. ReyExpr et TLF).

Version du DHFQ 1998
Trésor de la langue française au Québec. (1998). Ancrer. Dictionnaire historique du français québécois (2e éd. rev. et augm.; R. Vézina et C. Poirier, dir.). Université Laval. Consulté le 30 août 2024.
https://www.dhfq.org/article/ancrer